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Europe: le duopole PPE-PSE et sa signification

Par Denis Collin • Internationale • Jeudi 07/05/2009 • 8 commentaires  • Lu 3992 fois • Version imprimable


Selon l'Observatoire de l'Europe (étude à paraître), le PPE (droite) et le PSE (socialiste) ont voté dans le même sens au Parlement européen pour 97% des 535 votes de l'année 2008. Ils ne sont tombés en désaccord que 10 fois ... Quand on sait que près de 80% du travail du Parlement français consiste à transcrire les directives européennes, on comprend mieux ce que nous répétons dans ces colonnes: les catégories de droite et gauche sont privées de sens. Le cirque médiatique des leaders socialistes, l'antisarkozysme de façade qu'on arbore si volontiers du côté de la rue de Solferino doivent être jugés à l'aune de cette réalité.

Comme ces deux partis PPE et PSE se partagent l'essentiel des sièges à Strasbourg et comme le mode de scrutin français basé sur ces grandes régions arbitraires a été conçu en d'assurer la domination absolue du duopole PS/UMP, on voit que l'intérêt du vote est singulièrement restreint. Cette information renforce évidemment tous ceux qui pensent qu'on a mieux à faire le 7 juin que se rendre aux urnes. Mais au-delà de cette question tactique assez secondaire, cette convergence à 97% entre "droite" et "gauche" est révélatrice de l'évolution en profondeur de la social-démocratie européenne. La "droite libérale" et la social-démocratie ne sont que deux tendances et deux écuries concurrentes du même parti. Certes, au sein de la social-démocratie demeurent des contradictions comme demeurent des contradictions au sein de la droite. Mais ces contradictions s'opèrent sur de nouvelles lignes de clivages, liées à l'enracinement plus ou moins national ou à l'intégration plus ou moins avancée dans la "transnational capitalist class" pour reprendre l'expression de Leslie Sklair (voir The transnational capitalis class, Blackwell Publishers, 2000). Comme l'expliquent Martin et Labouret  (Commentaire n°125), les élus socialistes des petites et moyennes communes sont plus enracinés dans le national alors que les maires des grandes villes s'intègrent dans le lobbying européen et appartiennent de fait aux "élites mondialisées" que dénonçait Chevènement. On retrouve des clivages du même type dans la droite et y compris au sein de l'UMP. En Italie, les sommets du PD liés aux fractions les plus parasitaires du capitalisme transnational sont bien plus proches de Berlusconi que les élus de la Lega Nord appuyés sur la petite industrie de l'Italie du Nord, volontiers critiques à l'égard de la "mondialisation".

Sauf à prendre ses désirs pour des réalités, on sait bien que le scrutin du 7 juin n'a aucune chance de modifier sérieusement la réalité du prétendu Parlement de Strasbourg. On peut trouver judicieux d'utiliser ces élections comme une tribune politique. Vu le manque (justifié) d'intérêt pour ce scrutin, les tribuniciens risquent fort de prêcher dans le désert. Le plus important, c'est de comprendre la situation précise, les reclassements qui s'opèrent et les nouvelles lignes de fracture qui permettront réellement efficacement. Malheureusement, les défenseurs de "l'autre Europe" n'ont visiblement aucune visée stratégique.


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Commentaires

Vous avez dit bizarre, comme c'est étrange... par Serge_Gomond le Samedi 09/05/2009 à 05:11

Une autre lecture du partage du pouvoir entre PPE et le PSE (ainsi que l'UMP et le PS) au sein du parlement européen (et au sein de l'Assemblée nationale). Leur franche complicité, ou plus précisément leur alliance objective, n'a pas d'autre but que de confisquer le pouvoir, Ad vitam æternam, si le fatalisme continue son œuvre d'anasthésiant total et l’emporte sur la juste colère. Lorsque Serge Halimi dans son article « Éloge des révolutions » paru dans le "Monde diplomatique" de mai 2009, cite l’historien britannique Eric Hobsbawm : « … la Révolution française a révélé la puissance du peuple d’une façon qu’aucun gouvernement ne s’est jamais autorisé à oublier — ne serait-ce que par le souvenir d’une armée improvisée de conscrits non entraînés, mais victorieuse de la puissante coalition formée par les troupes d’élite les plus expérimentées des monarchies européennes … » (1) nous sommes en droit d’espérer que l’histoire bégaie à nouveau.

Mais là n’est pas la question, car dans un autre article on peut lire de Denis Sieffert : « … C’est à propos de cette démocratie infirme que François Bayrou, homme de droite, est sans doute le plus pertinent. La justesse de sa critique pour autant ne le transforme pas en parangon de justice sociale. Il est tout de même étonnant que, face à Sarkozy, ce soit sa voix, avec celles de Mélenchon et de Besancenot, qui porte le mieux… » puis encore ceci « … Curieusement, des sondages révèlent ces jours-ci que les Français désapprouvent massivement Sarkozy, mais que celui-ci serait réélu si la présidentielle avait lieu demain. Comme la preuve mathématique de l’inexistence de la gauche, et de l’urgente nécessité de la reconstruire… »

Et pour corroborer ce qu’écrit Denis : « … Sauf à prendre ses désirs pour des réalités, on sait bien que le scrutin du 7 juin n'a aucune chance de modifier sérieusement la réalité du prétendu Parlement de Strasbourg. On peut trouver judicieux d'utiliser ces élections comme une tribune politique. Vu le manque (justifié) d'intérêt pour ce scrutin, les tribuniciens risquent fort de prêcher dans le désert. Le plus important, c'est de comprendre la situation précise, les reclassements qui s'opèrent et les nouvelles lignes de fracture qui permettront réellement efficacement. Malheureusement, les défenseurs de "l'autre Europe" n'ont visiblement aucune visée stratégique… »

D’un côté, les seuls à pouvoir prétendre s’opposer sérieusement et dont "la voix porte le mieux", sont Bayrou (c’est sidérant ! Pourquoi pas Villepin tant qu’on y est…), Mélenchon et Besancenot, ce qui paraît plus logique. La seconde partie n’engage que lui, car il s’agit du résultat des décennies de pouvoir UMPS sur les chèrs(es) électrices-électeurs, et en fait d’un seul et même parti bloquant toutes perspectives politiques, grâce au jeu tronquer d’un système électoral à leur avantage (élections piège à cons ! Non, mais le système électoral, Oui !)

Donc, une pseudo-tribune aux élections européennes, est une aberration, soutenir le système électoral actuel est suicidaire.

 

Hérésie et aberration, programme passionnant que les chères électrices et les chers électeurs refusent mordicus. D’ailleurs, ils (les tenants du pouvoir et leurs alliés) n’y croient plus eux-mêmes (Sarkozy est le garant d’un échec patent), le succès de l’abstention est assuré haut la main. Combien ? On s’en fout, ce qui compte réellement, c’est doit-on invalider cette tartufferie ?

 

Dernier article, un entretien avec Jean-Luc Mélenchon, paru page 9 de "Le Monde" du dimanche 3, lundi 4 mai 2009, (il n’est pas question de dénoncer bêtement les déclarations, d’une telle ou d’un tel, et encore moins celles de J.L. Mélenchon, mais une ou deux remarques sont tout de même nécessaires)

Suite à une question sur "la crise que connaît le pays" et "la colère globale", il répond : « … Ils sont révoltés car ils trouvent que les conséquences de cette crise sont injustes. Mais annoncer tous les jours la révolution, c’est de la manipulation…» puis plus loin, suite à la question d’un éventuel un « risque révolutionnaire » pronostiqué par Villepin « … Il voit ça comme un risque ; pour moi, c’est plutôt une chance. Sinon, comment le pays va-t-il sortir du trou noir ? … »

Il "prêche" pour une autre Europe et pour la rupture avec le capitalisme, mais via les urnes, et sous-entend que pour sortir le pays du trou noir, il faut miser sur la (chance) révolution ?

Bizarre, bizarre…

Je vous assure mon cher cousin que vous avez regardé votre couteau et que vous avez dit : «  Bizarre, bizarre…»

Moi j’ai dit bizarre ? Comme c’est étrange…

 

(1) Une note afférente aux sarkozystes (soit-disant jeunes, ce qui est parfaitement contradictoire avec l’appellation sarkozyste, groupement d’individus qui ont inventé la machine à remonter le temps, donc des vieux de la vieille), se réclame de la Révolution française ?

Leur chef, le citoyen Lancar a reçu un coup de fil "comminatoire" de Dati (pour reprendre l’expression du "Canard enchaîné" parue dans un article intitulé, "La garde des sots", du mercredi 29 avril 2009, en page 2, faisant suite à sa sortie :  « … L’Europe s’occupe de se qu’on lui donne à s’occuper…», elle aurait dit : « … Si tu ne bouges pas, lui a lancé Dati au téléphone, si tu ne dis pas qu’il s’agissait d’une parodie, je te pilonne… ». Le président des "jeunes" UMP a dû s’exécuter… )

Ce même chef faisait déclamer à l’un de ses collaborateurs :   « … Nous lançons aujourd’hui l’opération : les révolutionnaires ! Oui nous sommes les jeunes de la droite et de centre, nous portons la révolution (…) … »

Comique, non ?


Re: Vous avez dit bizarre, comme c'est étrange... par Patrick Delattre le Samedi 09/05/2009 à 10:42

Comique Lancar? Non.
il dit vrai en se présentant comme révolutionnaire. 
Son objectif est vraiment de renverser la République. Comme Pétain ou Besancenot.
C' est pour l' après République qu' ils divergent.
Il ne faut jamais rire des discours des politiques. Certains ont rit des discours d' Hitler en 1932. Et c' est bien connu, le rire est désarmant. Pour celui qui rit, pas pour celui d' on ont ri.
Lancar, Attali ou Besancenot ne me font pas rire.


Re: Vous avez dit bizarre, comme c'est étrange... par la-sociale le Samedi 09/05/2009 à 15:33

En effet, on doit prendre au sérieux les "révolutionnaires" de l'UMP. Ils ont déjà porté des coups importants système social et politique institué en 1945 sur la base du programme du CNR.En affirmant que l'égalité était contraire à la liberté, Sarkozy a même désigné sa cible: la déclaration des droits de 1789 et son complément, le préambule de la constitution de 1946. En proclamant la supériorité du curé sur l'instituteur et en brisant il y a quelques jours le monopole d'État de la collation des grades universitaires, ce sont les lois laïques qui sont brutalement violées. Il y a bien une ligne générale dont on ne saurait sous-estimer les ambitions. Évidemment tout cela n'est possible que parce que la gauche a renoncé depuis longtemps à toutes ses valeurs et s'est convertie aux bienfaits du système social et politique dont Sarkozy est le hérault aujourd'hui.


Re: Vous avez dit bizarre, comme c'est étrange... par Serge_Gomond le Lundi 11/05/2009 à 15:21

On a du mal a entré en conflit avec ses propres frères d’armes, mais bon…

En proposant une lecture autre de cet excellent article, il s’agissait tout bonnement de provoquer la réflexion rien de plus.

Maintenant, on peut citer un point de vue paradoxal, celui d’un ancien (une culture, la culture chinoise, assez méprisée ,avec la condescendance que l'on sait, par les tenants de la pensée occidentale), Sun Tse (ou Tzé). (1)

Donc citation de cet excellent tacticien et conseiller en stratégie guerrière : « …Quelques critiques que puissent être la situation et les circonstances où vous vous trouvez, ne désespérez de rien ; c’est dans les occasions où tout est à craindre, qu’il ne faut rien craindre ; c’est lorsqu’on est environné de tous les dangers, qu’il n’en faut redouter aucun ; c’est lorsqu’on est sans aucune ressource, qu’il faut compter sur toutes ; c’est lorsqu’on est surpris, qu’il faut surprendre l’ennemi lui-même… »

Tellement évident, qu’on ne peut que remercier, ce renard de  Ernest-Guy Debord, car c’est en exergue de ces "Commentaires" que ce texte est placé. Joli coup !

On nous rebat les oreilles avec des non-événements (ils ne font qu’appliquer un axiome mal assimiler des situs détourner par les marchands de soupe (les agences de publicité et leurs concepts pour faire soit-disant vendre), « il faut créer l’événement ! »  (2) (2bis)

En ce moment ce sont les tenants de l’abstention (aux élections européennes) qui tiennent le devant de la scène, et en toute logique ils devraient conserver la main.

Voilà tout est dit, c’est pas très limpide, mais comme écrit plus bas, il y a des raisons à cela.    

 

(1)     En essayant d’en dire le moins possible, pour éviter que cette engeance, les flics politiques des R.G. et toutes les polices, puissent trouver matière à rapport. De nombreuses éditions contrefaites sont là pour perdre en conjectures leurs chefs, et c’est tant mieux !

(2)     A condition que les médias soient informés et qu’ils relaient le faux-événement, c-à-d, qu’il y ait micros et caméras à portée de ces mouvementistes (brasseurs d’air). Ça s’appelle de la com’ politique, et plus vous en causez plus ils en rajoutent…                                                   
Sans intérêt !

      (2bis) Dans le dernier éditorial de Denis Sieffert, paru le jeudi 7 mai 2009 sur le site Web de "Politis" et intitulé : 
            « Un pays sans dessus dessous », il explicite en  détail les ravages causés en deux ans de sarkozysme débridé (d’où le titre). 
            Rien de "révolutionnaire" dans tout ce merdier…     


rectificatif, additif par Anonyme le Mardi 12/05/2009 à 01:44

1ère ligne : On a du mal à entrer avec ses propres frères d'armes, mais bon...
10 ème ligne : (ils ne font qu’appliquer un axiome situasioniste mal assimilé et détourné par les marchands de soupe (les agences de publicité et leurs concepts pour faire soit-disant mieux vendre), « il faut créer l’événement ! » c'est à dire, mettre en situation...


rectificatif, additif par Anonyme le Mardi 12/05/2009 à 01:45

1ère ligne : On a du mal à entrer en conflit avec ses propres frères d'armes, mais bon...
10 ème ligne : (ils ne font qu’appliquer un axiome situasioniste mal assimilé et détourné par les marchands de soupe (les agences de publicité et leurs concepts pour faire soit-disant mieux vendre), « il faut créer l’événement ! » c'est à dire, mettre en situation...


par FABRE Gilles le Samedi 09/05/2009 à 20:02

Cher Denis Collin

L'UMP et le PS (voir el Manifesto)  cogèrent et codirigent le parlement européen. Les dirigeants des 27 états de l'Union Européenne, qu'ils soient de droite ou sociaux démocrates font la même politique libérale de démantélement des droits sociaux, des services publics, des droits collectifs et de la souveraineté populaire. Ils veulent tous mettre en place le grand marché transatlantique avec un  parlement commun qui se trouverait à Washington et aura comme bras armé et de conquète l'OTAN. En Europe, ce sera le grand marché où la concurence sera libre et non faussée (Traité de Lisbonne, directives sur les dérèglementations des services public...), une organisation qui tournera autour de l'Europe des régions et des communautés. On aura démantelé les Etats nationaux, les communes et départements, le droit social, les services publics et la souveraineté du peuple ! 
Les peuples et les salariés seront livrés à la loi de la jungle capitalisme. "Le renard libre dans le poulailler libre" ! Ils seront murs pour être livrés au fascisme et aux fascistes de tout poils et toute nationalités !

Une seule issue la révolution démocratique et sociale ! la Révolution par les urnes pour lutter contre la crise, le capitalisme et pour retrouver la république et la souveraineté populaire !

Gilles


par regis le Dimanche 10/05/2009 à 03:46

Il faut aussi rompre avec les méthodes importées de la publicité. Les slogans sur « l’autre Europe » ou « changer d’Europe » nous prennent pour des imbéciles : « Vous vous changez, changez de Kelton » ?

Idem pour la « R(majuscule)évolution par les urnes » aussi creux que le « grand soir ».

1-     ne pas « effrayer le bourgeois

2-     souligner que tout de même, c’est du sérieux, pas de la réformette

3-     tenter d’allier large donc, une sorte de nouveau juste milieu.

Stricto sensu, subordonner toute rupture à un mouvement électoral. Il serait souhaitable que ceux qui défendent ce slogan nous citent des exemples concrets.  

A contrario, jusqu’à présent, le peuple, lorsqu’il s’est révolté, a imposé ses revendications par son propre mouvement sans fétichisme (ni dédain, d’ailleurs) électoral.



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