Comme ces deux partis PPE et PSE se partagent l'essentiel des sièges à Strasbourg et comme le mode de scrutin français basé sur ces grandes régions arbitraires a été conçu en d'assurer la domination absolue du duopole PS/UMP, on voit que l'intérêt du vote est singulièrement restreint. Cette information renforce évidemment tous ceux qui pensent qu'on a mieux à faire le 7 juin que se rendre aux urnes. Mais au-delà de cette question tactique assez secondaire, cette convergence à 97% entre "droite" et "gauche" est révélatrice de l'évolution en profondeur de la social-démocratie européenne. La "droite libérale" et la social-démocratie ne sont que deux tendances et deux écuries concurrentes du même parti. Certes, au sein de la social-démocratie demeurent des contradictions comme demeurent des contradictions au sein de la droite. Mais ces contradictions s'opèrent sur de nouvelles lignes de clivages, liées à l'enracinement plus ou moins national ou à l'intégration plus ou moins avancée dans la "transnational capitalist class" pour reprendre l'expression de Leslie Sklair (voir The transnational capitalis class, Blackwell Publishers, 2000). Comme l'expliquent Martin et Labouret (Commentaire n°125), les élus socialistes des petites et moyennes communes sont plus enracinés dans le national alors que les maires des grandes villes s'intègrent dans le lobbying européen et appartiennent de fait aux "élites mondialisées" que dénonçait Chevènement. On retrouve des clivages du même type dans la droite et y compris au sein de l'UMP. En Italie, les sommets du PD liés aux fractions les plus parasitaires du capitalisme transnational sont bien plus proches de Berlusconi que les élus de la Lega Nord appuyés sur la petite industrie de l'Italie du Nord, volontiers critiques à l'égard de la "mondialisation".
Sauf à prendre ses désirs pour des réalités, on sait bien que le scrutin du 7 juin n'a aucune chance de modifier sérieusement la réalité du prétendu Parlement de Strasbourg. On peut trouver judicieux d'utiliser ces élections comme une tribune politique. Vu le manque (justifié) d'intérêt pour ce scrutin, les tribuniciens risquent fort de prêcher dans le désert. Le plus important, c'est de comprendre la situation précise, les reclassements qui s'opèrent et les nouvelles lignes de fracture qui permettront réellement efficacement. Malheureusement, les défenseurs de "l'autre Europe" n'ont visiblement aucune visée stratégique.
Une autre lecture du partage du pouvoir entre PPE et le PSE (ainsi que l'UMP et le PS) au sein du parlement européen (et au sein de l'Assemblée nationale). Leur franche complicité, ou plus précisément leur alliance objective, n'a pas d'autre but que de confisquer le pouvoir, Ad vitam æternam, si le fatalisme continue son œuvre d'anasthésiant total et l’emporte sur la juste colère. Lorsque Serge Halimi dans son article « Éloge des révolutions » paru dans le "Monde diplomatique" de mai 2009, cite l’historien britannique Eric Hobsbawm : « … la Révolution française a révélé la puissance du peuple d’une façon qu’aucun gouvernement ne s’est jamais autorisé à oublier — ne serait-ce que par le souvenir d’une armée improvisée de conscrits non entraînés, mais victorieuse de la puissante coalition formée par les troupes d’élite les plus expérimentées des monarchies européennes … » (1) nous sommes en droit d’espérer que l’histoire bégaie à nouveau.
Mais là n’est pas la question, car dans un autre article on peut lire de Denis Sieffert : « … C’est à propos de cette démocratie infirme que François Bayrou, homme de droite, est sans doute le plus pertinent. La justesse de sa critique pour autant ne le transforme pas en parangon de justice sociale. Il est tout de même étonnant que, face à Sarkozy, ce soit sa voix, avec celles de Mélenchon et de Besancenot, qui porte le mieux… » puis encore ceci « … Curieusement, des sondages révèlent ces jours-ci que les Français désapprouvent massivement Sarkozy, mais que celui-ci serait réélu si la présidentielle avait lieu demain. Comme la preuve mathématique de l’inexistence de la gauche, et de l’urgente nécessité de la reconstruire… »
Et pour corroborer ce qu’écrit Denis : « … Sauf à prendre ses désirs pour des réalités, on sait bien que le scrutin du 7 juin n'a aucune chance de modifier sérieusement la réalité du prétendu Parlement de Strasbourg. On peut trouver judicieux d'utiliser ces élections comme une tribune politique. Vu le manque (justifié) d'intérêt pour ce scrutin, les tribuniciens risquent fort de prêcher dans le désert. Le plus important, c'est de comprendre la situation précise, les reclassements qui s'opèrent et les nouvelles lignes de fracture qui permettront réellement efficacement. Malheureusement, les défenseurs de "l'autre Europe" n'ont visiblement aucune visée stratégique… »
D’un côté, les seuls à pouvoir prétendre s’opposer sérieusement et dont "la voix porte le mieux", sont Bayrou (c’est sidérant ! Pourquoi pas Villepin tant qu’on y est…), Mélenchon et Besancenot, ce qui paraît plus logique. La seconde partie n’engage que lui, car il s’agit du résultat des décennies de pouvoir UMPS sur les chèrs(es) électrices-électeurs, et en fait d’un seul et même parti bloquant toutes perspectives politiques, grâce au jeu tronquer d’un système électoral à leur avantage (élections piège à cons ! Non, mais le système électoral, Oui !)
Donc, une pseudo-tribune aux élections européennes, est une aberration, soutenir le système électoral actuel est suicidaire.
Hérésie et aberration, programme passionnant que les chères électrices et les chers électeurs refusent mordicus. D’ailleurs, ils (les tenants du pouvoir et leurs alliés) n’y croient plus eux-mêmes (Sarkozy est le garant d’un échec patent), le succès de l’abstention est assuré haut la main. Combien ? On s’en fout, ce qui compte réellement, c’est doit-on invalider cette tartufferie ?
Dernier article, un entretien avec Jean-Luc Mélenchon, paru page 9 de "Le Monde" du dimanche 3, lundi 4 mai 2009, (il n’est pas question de dénoncer bêtement les déclarations, d’une telle ou d’un tel, et encore moins celles de J.L. Mélenchon, mais une ou deux remarques sont tout de même nécessaires)
Suite à une question sur "la crise que connaît le pays" et "la colère globale", il répond : « … Ils sont révoltés car ils trouvent que les conséquences de cette crise sont injustes. Mais annoncer tous les jours la révolution, c’est de la manipulation…» puis plus loin, suite à la question d’un éventuel un « risque révolutionnaire » pronostiqué par Villepin « … Il voit ça comme un risque ; pour moi, c’est plutôt une chance. Sinon, comment le pays va-t-il sortir du trou noir ? … »
Il "prêche" pour une autre Europe et pour la rupture avec le capitalisme, mais via les urnes, et sous-entend que pour sortir le pays du trou noir, il faut miser sur la (chance) révolution ?
Bizarre, bizarre…
Je vous assure mon cher cousin que vous avez regardé votre couteau et que vous avez dit : « Bizarre, bizarre…»
Moi j’ai dit bizarre ? Comme c’est étrange…
(1) Une note afférente aux sarkozystes (soit-disant jeunes, ce qui est parfaitement contradictoire avec l’appellation sarkozyste, groupement d’individus qui ont inventé la machine à remonter le temps, donc des vieux de la vieille), se réclame de la Révolution française ?
Leur chef, le citoyen Lancar a reçu un coup de fil "comminatoire" de Dati (pour reprendre l’expression du "Canard enchaîné" parue dans un article intitulé, "La garde des sots", du mercredi 29 avril 2009, en page 2, faisant suite à sa sortie : « … L’Europe s’occupe de se qu’on lui donne à s’occuper…», elle aurait dit : « … Si tu ne bouges pas, lui a lancé Dati au téléphone, si tu ne dis pas qu’il s’agissait d’une parodie, je te pilonne… ». Le président des "jeunes" UMP a dû s’exécuter… )
Ce même chef faisait déclamer à l’un de ses collaborateurs : « … Nous lançons aujourd’hui l’opération : les révolutionnaires ! Oui nous sommes les jeunes de la droite et de centre, nous portons la révolution (…) … »
Comique, non ?