Des limites de la tambouille électorale…
L’argument est assez simple. L’élection se déroulant à la proportionnelle, « moins il y aura de votants, moins il faudra de voix pour obtenir un élu. Les listes données parmi les favorites devraient donc y trouver avantage ».La tambouille électorale et l’arithmétique en lieu et place de la politique seraient donc sans appel. Et pourtant!
- Ceux qui invitent à « voter pour battre Macron » sont les mêmes qui hier invitaient aux présidentielles à voter Macron pour battre Marine Le Pen.
- Les mêmes qui invitent à « battre Macron et l’extrême droite » —le PCF et le PS notamment— sont donnés unanimement en dessous du seuil de 5%. Donc n’auront pas d’élu. Donc ne servent, sur le simple point de vue électoral, strictement à rien. Pourquoi ne s’appliquent-ils pas à eux-mêmes ce qu’ils demandent aux électeurs. En toute logique, les mêmes devraient en effet se retirer et appeler à voter pour ceux qui ont une chance de se faire élire pour battre Macron.
- Appeler à battre Macron. Mais qui est en mesure de lui passer devant, sinon le RN. Donc au nom de la tambouille électorale, les tenants du « votez pour n’importe qui mais votez pour ne pas faire le jeu de Macron » devraient appeler à voter pour Marine Le Pen qu’ils appelaient à battre il y a deux ans en votant Macron…
… Au respect des principes politiques
On perçoit assez simplement que ces arguments purement électoraux ne valent pas tripette et sont entachés de quelques contradictions évidentes.La question est de savoir si la parenthèse électorale des européennes peut aider les aspirations politiques, sociales et démocratiques qui s’expriment en France depuis plus de 6 mois contre Macron et son gouvernement.
Si oui, alors il faut choisir et voter.
Si non, il faut refuser ce mirage qui ne sert qu’à détourner le peuple de ses aspirations sociales et démocratiques.
- Les pouvoirs du parlement européens sont limités à un point tel que la politique menée par l’UE, concentrée dans les traités qui émanent de la commission ou du conseil des chefs d’états ou des ministres, sera inchangée, quelle que soit la majorité en son sein. Le discours « votez pour moi et ça ira mieux » est donc un leurre, un mensonge. Conclusion: mon vote ne peut rien changer.
- L’Union européenne dicte la politique qui s’oppose aux peuples lorsque les gouvernements tel celui de Macron-Philippe ne la devance pas, et cela quelle que soit la majorité au parlement. Conclusion répétée: mon vote ne peut rien changer.
- Les difficultés de l’UE ne viennent pas de son sein ou des majorités au sein des institutions comme le parlement, mais de son absence de légitimité, de son rejet par les peuples qui s’exprime ouvertement à chaque occasion, dans les référendum néerlandais ou français en 2005, dans les mouvements politiques et sociaux en Grèce, mais aussi dans les pays de l’Est, dans le Brexit en Grande Bretagne, et depuis plus de 6 mois en France dans le mouvement des Gilets jaunes. Conclusion: mon vote quel qu’il soit va contre mes intérêts.
- Le nombre d’élus que totalisera chaque liste est secondaire. Le principal est de savoir quelle légitimité aura l’institution pour affronter la volonté populaire et s’opposer aux nations. Que LREM ait deux élus de plus ou deux de moins est secondaire. Ce qui compte est plutôt de savoir si 60% du corps électoral refuse cette mascarade, ou 40% seulement. Conclusion répétée: mon vote va quel qu’il soit va contre mes intérêts.
Pour ces raisons, le taux d’abstention indiquera clairement la rupture qui existe entre le peuple, ses aspirations, et l’union européenne dont Macron et son gouvernement sont l’expression.
La dramatisation exprimée par le Président de la République — Moi ou l’extrême droite, Moi ou Le Pen — veut créer un élan électoral, mais sur le fond n’a aucun sens. Ce que tente Macron à cette occasion est évidemment de sauver les meubles qui peuvent l’être, sachant que de toutes les façons, quel que soit le résultat, outre l’effet médiatique, la politique suivie sera celle de la « concurrence libre et non faussée », donc de la liquidation des services publics qui ne l’auront pas encore été, de la privatisation, de la « liberté fiscale » qui fait le bonheur des très grandes fortunes, de la destruction des Nations et de leur souveraineté.
Voila pourquoi la défaite de l’UE exprimée par le rejet de ces élections, par le boycott et l’abstention, sera celle de Macron, de Le Pen et de tous les européistes de « gauche » comme de « droite » qui veulent enchainer les peuples à ces institutions antidémocratiques supranationales.
Jacques Cotta
Le 14 mai 2019
Ou comment appeler à ne pas voter pour le FREXIT et faire un cadeau aux 32 listes européistes.
LO avait déjà fait le coup en 1992 en aidant le oui de Melenchon.
Rien ne peut faire plus plaisir au régime en place que de voir une abstention massive. De toute façon les journalistes ne parleront que des suffrages exprimés et du triomphe des listes européistes (LREM, RN, LFI, LR, PS, EELV...)
Les journalistes de L'Humanité en ont rajouté une couche en qualifiant l'UPR de parti d'extrême droite, faisant (dé)plaisir aux communistes (PCF et LCR) qui en sont membres. Le pacte germano-soviétique est toujours vivant à l'Huma.
Décidément, la presse française...