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Gaza: la logique de la guerre coloniale

Sur les derniers bombardements israéliens à Gaza

Par Denis Collin • Internationale • Samedi 03/01/2009 • 13 commentaires  • Lu 9020 fois • Version imprimable


Qu’ajouter à ce qui est dit maintenant un peu partout ? Les opérations militaires israéliennes contre Gaza sont des crimes et c’est tout. Selon les méthodes de leurs maîtres américains, les Israéliens pratiquent le bombardement des villes et considèrent les assassinats d’enfants, de vieillards, d’hommes et de femmes désarmés comme de regrettables « dommages collatéraux ».

Autre dommage collatéral : les dirigeants israéliens font chaque jour infiniment plus pour alimenter l’antisémitisme que les spectacles débiles de Dieudonné. Si les descendants des victimes de l’entreprise nazie deviennent à leur tour des massacreurs, à quoi bon la mémoire du crime contre l’humanité ? Je sais bien qu’on ne peut pas demander aux gouvernants de l’État hébreu d’être des saints et fermer les yeux sur les exactions que perpètrent la plupart des autres gouvernements. Après tout, les Israéliens se conduisent à Gaza comme les Russes en Tchétchénie, comme les Chinois au Tibet, comme les Rwandais au Kivu, comme les États-uniens en Irak ou en Afghanistan et ainsi de suite. Mais on s’étonne de la différence de traitement: nos intellectuels si prompts à courtiser le pape des bouddhistes ou à voler au secours des intégristes islamistes tchétchènes se taisent, dans le meilleur des cas, ou plus souvent accusent d’antisémitisme ceux qui dénoncent les crimes d’Israël.

Si on veut comprendre quelque chose, il faut rechercher les causes. Formellement, la cause immédiate de l’opération en cours est la reprise des tirs de roquette lancés par le Hamas sur les villes israéliennes proches (*). Longtemps financé par l’Arabie Saoudite, propulsé par la diplomatie et les services secrets israéliens pour lutter contre le Fatah et l’OLP laïque, le Hamas (sunnite) a échappé à ceux qui pensaient le manipuler et s’est allié au Hezbollah (chiite) et conserve un contrôle serré sur la bande de Gaza en dépit de la faible résistance du Fatah.

Mais à son tour l’évolution du Hamas et ses succès dans les territoires occupés découlent de ce qu’il est convenu d’appeler « échec du processus de paix ». En vérité, il n’y aucun échec du processus de paix. Ce « processus » mis en route sous autorité américaine vise à disloquer la résistance palestinienne (unie jadis dans l’OLP) et y pas plutôt réussi : « l’autorité palestinienne » de Ramallah devenue un représentant fantoche des puissances occidentales est minée par la corruption. Dans le même temps, la colonisation israélienne n’a aucun répit. Le soi-disant processus de paix ressemble à s’y méprendre à la stratégie des colons blancs face à aux Indiens en Amérique du Nord : les traités avec les nations indiennes ne servaient qu’à organiser la division, gagner un peu de temps avant la prochaine violation des traités, pour finalement réduire les survivants des peuples indigènes dans des réserves aussi inhospitalières que possible. Le but du « processus de paix » n’est rien d’autre que la colonisation complète de toute la Palestine et l’enfermement des Palestiniens dans des « bantoustans » selon les méthodes de l’Afrique du Sud raciste du temps de l’apartheid (**), ce territoire « léopard » soumis à l’auto-administration d’une autorité palestinienne bidon chargée surtout de servir de gardiens aux ilotes dont l’économie israélienne pourrait avoir besoin.

Cette situation elle-même n’est pas tombée du ciel. Elle découle directement de la colonisation sioniste en Palestine et de la proclamation de l’État d’Israël en 1948. Les Occidentaux ont pu se dédouaner à bas prix des crimes commis contre les Juifs en payant leur dette sur le dos des Arabes. Le mensonge inventé par la propagande sioniste (la Palestine: « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ») s’est vite heurté à la réalité et la création de l’État juif s’est faite par le massacre des populations civiles (par exemple le massacre de Deir Yassin perpétré par l’Irgoun de l’ancien premier ministre Menahem Begin) et la déportation en masse – ce qu’on n’appelait pas encore « épuration ethnique » nécessaire pour confisquer les terres et les biens des Palestiniens. Bref, une guerre de conquête coloniale typique, dont la nouvelle génération d’historiens israéliens commence à révéler la réalité.

Parce que les Palestiniens sont d’abord les victimes d’une injustice terrible, il n’y aura pas de paix juste et durable sans la reconnaissance de cette injustice fondamentale, c’est-à-dire sans que soit reconnu le droit au retour pour tous les Palestiniens chassés de chez eux et qui continuent de vivre dans des camps, notamment au Liban.

Sur cette base, rêvons une minute, pourrait être construit un nouvel État laïque et démocratique qui traite sur un pied d’égalité citoyens israéliens et citoyens arabes palestiniens, musulmans, chrétiens, juifs et mécréants ! Cette solution, seule conforme aux idées révolutionnaires de 1789 et aux diverses déclarations des droits de l’homme a malheureusement peu de chance de s’imposer, d’autant que tous qui dominent l’opinion ici et n’ont que les mots « démocratie » et « droits de l’homme » à la bouche pensent visiblement que cela ne peut pas s’appliquer aux Palestiniens – une manière propre à nos tartuffes démocratiques de dire que tous ces Arabes ne sont pas vraiment des hommes – tout comme les colons américains proclament en 1783 la liberté et l’égalité de tous les hommes en oubliant les esclaves noirs.

Si l’application de nos propres principes est utopique, on pourrait proposer aux grandes puissances de respecter au moins la légalité internationale dont elles se réclament. Par exemple en appliquant la résolution de l’ONU qui institue le partage de la Palestine en 1948. Cela demanderait l’évacuation de tous les territoires occupés de Cisjordanie, de Gaza, du Golan et de Jérusalem-Est et de démantèlement de toutes les colonies juives dans les territoires occupés. Cela créerait la possibilité de construire un État palestinien à peu près viable à côté de l’État israélien et avec le temps les blessures pourraient cicatriser et peut-être même une confédération israélo-palestinienne pourrait-elle voir le jour.

Malheureusement on ne semble pas s’engager dans les voies de la paix et du simple bon sens. Les Israéliens se conduisent comme les « pieds noirs » en Algérie et ils y sont excités par tous les fauteurs de guerre (Américains et Européens principalement) qui préfèrent laisser un abcès de fixation au Proche-Orient car le désordre les sert, notamment pour garder le contrôle de toute la région si importante du point de vue géostratégique impérialiste. Les États arabes, pour l’essentiel, marchent la main dans la main avec Israël – c’est le cas en particulier de ces deux relais importants de la politique US que sont l’Égypte et l’Arabie Saoudite, sans oublier la monarchie jordanienne, grande massacreuse de Palestiniens lors des événements de 1970 (« septembre noir »). La puissance militaire israélienne, avec plusieurs centaines de têtes nucléaires suffit à dissuader les autres. Une fois de plus, les Palestiniens peuvent vérifier que l’unité et la solidarité du monde arabe n’est qu’un slogan qui sert surtout à protéger les monarchies pétrolières et les diverses tyrannies amies des USA.

Quant aux soutiens internationaux sur lesquels pourraient compter les Palestiniens, la décomposition politique a atteint un tel degré qu’on ne peut guère espérer un mouvement de grande ampleur.

Pour les uns, l’antisionisme devient le point de départ d’un retour en force de l’antisémitisme (un amalgame qu’entretiennent de leur côté les lobbies des « amis d’Israël »). Contre tout bon sens, certains vont même jusqu’à affirmer que la politique américaine est dictée par « les Juifs » infiltrés partout. Comme si l’impérialisme US avait besoin de la pression juive pour se comporter en impérialisme. La réalité est bien différente : ce sont les impérialistes qui utilisent et instrumentalisent les Juifs, la mémoire de la Shah et le soutien à Israël pour leurs propres besoins – quitte à les laisser tomber d’ailleurs si l’affaire tourne mal. Le sort de certains anciens amis des USA devrait servir de leçon aux Israéliens qui croient toujours pouvoir compter sur l’Oncle Sam pour se donner le droit de faire n’importe quoi.

Ce qui croient être utiles au peuple palestinien en comparant la politique d’Israël à l’extermination des Juifs par les nazis se trompent tout aussi lourdement. Israël n’a nul envie de détruire les Palestiniens en tant que tels. Toutes les exagérations absurdissimes déservent la cause qu’elles prétendent servir. Répétons-le : s’il faut de précédents historiques, l’Afrique du Sud de l’apartheid ou la colonisation française en Algérie sont plus éclairants.

Enfin, on se demande comment tous les gauchistes et autres démocrates de gauche qui combattent farouchement les droits nationaux, ne cessent de déclarer la nation « ringarde » le « nationalisme » le premier danger nous menaçant, comment tous ceux-là donc peuvent sérieusement défendre les droits nationaux du peuple palestinien. Les partisans de la « multitude nomade », les disciples de Negri et les lecteurs acharnés d’Empire devraient condamner ces obstinés de Palestiniens qui ne bénissent pas leur nomadisme obligatoire et ne veulent pas s’intégrer dans « l’Empire » américain seul véritable porteur de l’universalité selon ces éminents maîtres à penser de toute une partie de la prétendue « gauche radicale ».

Le 29 décembre, l’Union Juive française pour la Paix publiait le communiqué suivant:

Du blocus à l’assassinat collectif

L’armée israélienne a attaqué Gaza cette nuit avec des moyens militaires énormes. Le premier bilan fait état de 150 morts, civils pour la plupart. Ce massacre était annoncé, envisagé et commenté ces derniers jours dans la presse israélienne, après la fin de la trêve respectée par le Hamas et rompue sans arrêt par l’armée israélienne. Ce crime a été rendu possible par l’impunité totale accordée à Israël depuis bientôt 9 ans et le soutien actif dont il bénéficie au sein de l’Union Européenne. Il est le résultat direct du «rehaussement de la coopération avec l’UE» imposée par la présidence française contre le vote de report du Parlement Européen.

Depuis maintenant des années, la bande de Gaza subit, avec le soutien complice de l’Union Européenne un siège criminel qui viole délibérément toutes les lois internationales : un million et demi de civils sont prisonniers de l’armée israélienne et privés de tout : de nourriture, de carburant, d’électricité, de médicaments, de matériel scolaire … Moins d’un dixième des camions nécessaires au ravitaillement normal de la population parviennent à passer. L’aéroport et le port ont été détruits avant même d’avoir jamais pu fonctionner. Il est interdit de pêcher. Seuls quelques bateaux affrétés par des militants ont pu forcer le blocus. La population subit une « punition » collective impitoyable pour avoir « mal » voté. La communauté internationale laisse faire, voire encourage ce siège. L’occupant a expulsé Robert Falk, le rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme de l’ONU.


Il n’y a aucun statu quo possible, aucune perpétuation envisageable de ce siège impitoyable et criminel. Tout peuple assiégé a le droit de résister à l’oppression.


Aucune symétrie ne peut être établie avec les quelques missiles qui sont tombées sur des villes israéliennes. Il n’y aura pas de sécurité pour les Israéliens sans sécurité pour la population de Gaza. Les politiques européenne et américaine depuis Annapolis, en évitant d’affronter la réalité de l’occupation, aboutissent à l’impasse attendue dont encore une fois le peuple palestinien paie tout le prix.

L’Union Juive Française pour la Paix dénonce le crime qui se déroule contre la population de Gaza. Elle appelle à manifester partout contre cette nouvelle agression. L’UJFP exige une réaction immédiate du gouvernement français, de la Communauté Européenne et de l’ONU pour faire cesser l’agression et pour mettre un terme au blocus de Gaza.

Communiqué du Bureau National De l’Union Juive Française pour la Paix

--- Notes ---
(*) La cause immédiate a elle-même une cause. Sur le site de l'UJFP on peut lire:

 

Une fois de plus, Gaza étranglé, Gaza affamé.

La trêve durait à Gaza depuis le 19 juin.

L'armée israélienne l'a délibérément rompue le 15 novembre. En quelques heures, la bande de Gaza a été privée d'électricité, de nourriture, de médicaments. Les 7 points de passage frontaliers ont été fermés. Les 750000 réfugiés qui dépendent quotidiennement de l'aide de l'UNRWA sont menacés de famine car cette aide n'arrive plus. (...)http://www.ujfp.org/modules/news/article.php?storyid=433

(**) Le rapprochement avec l’Afrique du Sud de l’apartheid n’est évidemment pas fortuit. Israël a été le principal soutien des gouvernements sud-africains racistes et les spécialistes israéliens ont joué un rôle décisif sans l’équipement de la police et la formation des tortionnaires qui poursuivaient les militants de l’ANC et les libéraux opposés à l’apartheid.


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Commentaires

par Anonyme le Dimanche 04/01/2009 à 00:14

Le but effectif du blocus de Gaza
Jonathan Cook *

Ce 31 décembre 2008, Euronews insistait sur l’entrée de camions visant à assurer «l’aide humanitaire aux habitants de Gaza, par la seule entrée contrôlée par les Israéliens». Plus de limites au cynisme et à l’intoxication. Le 17 novembre 2008, dans le quotidien The National d’Abu Dhabi, Jonathan Cook publiait un article de fond sur les objectifs du blocus de Gaza imposé par Israël. Cet article permet de mettre en lumière une autre dimension de l’offensive meurtrière en cours, fin décembre 2008, contre la population de Gaza. (Rédaction) (...)

 

Les paroles de plus en plus véhémentes des officiels , culminant en février avec la remarque infâme du député Matan Vilnai (ancien militaire, membre du Parti travailliste) à propos de créer une «shoah» ou holocauste à Gaza, correspondaient aux mesures israéliennes. Les Forces de l'Occupation ont bombardé la centrale électrique de Gaza en juin 2006, et, depuis lors, ont coupé les livraisons de fuel.

En janvier, Mr Vilnai a affirmé qu'Israël devrait se désengager de «toute responsabilité» envers Gaza et deux mois après, Israël signait un accord avec l'Egypte pour qu'elle construise une centrale électrique dans le Sinaï.

Toutes ces actions sont faites avec le même objectif en tête: persuader le monde que l'occupation de Gaza par Israël est terminée et qu'Israël peut donc ignorer les lois de l'occupation et utiliser une force constante contre Gaza.

Les ministres ont fait la queue pour exprimer de tels sentiments. Ehud Olmert, par exemple, a déclaré que les Gazaouis ne devaient pas être autorisés à «avoir une vie normale»; Avi Dichter (membre du nouveau parti Kadima et depuis mai 2006, Ministre de la Sécurité intérieure) croit que des punitions doivent être infligées «sans tenir compte du coût pour les Palestiniens»; Meir Shetrit (ministre des Transports) a recommandé qu'Israël «choisisse un quartier dans Gaza et le rase» — c'est la politique discutée par les ministres la semaine dernière.

En même temps, Israël a relativement fermé les yeux sur l'augmentation du marché de contrebande par les tunnels entre Gaza et l'Egypte. Le bien-être matériel des Gazaouis est actuellement en train de peser plus lourdement sur les épaules de l'Egypte.

La question demeure: quelle réponse attend Israël des gazaouis pour leur appauvrissement et l'insécurité toujours plus grande en face des représailles militaires israéliennes ?

Eyal Sarraj, le chef du Programme de Santé Mentale à Gaza, a dit cette année que l'objectif à long terme d'Israël était de forcer l'Egypte à mettre fin à son contrôle le long de sa petite frontière avec la Bande. Dès que la frontière est ouverte, prévient-il, «Attendez-vous à un exode».


par Anonyme le Dimanche 04/01/2009 à 00:20

Gaza: une agression préméditée !

Gilbert Achcar


L'assaut meurtrier qu'Israël a perpétré contre Gaza était tellement prémédité qu'il était annoncé à l'avance hier (samedi) matin dans plusieurs quotidiens arabes.  (...)

 La collusion avec Israël des «Arabes de l'Amérique», comme les appelle «la rue arabe», c'est-à-dire les monarchies pétrolières du Golfe, la monarchie jordanienne et l'Égypte, est ainsi exposée au grand jour. Le général égyptien met au point avec Tzipi Livni le scénario du carnage offert par Israël aux Palestiniens en cette période de fêtes et de cadeaux, tandis qu'à Washington, on fait le bilan des présents offerts par les monarques arabes à son homologue américaine, Condoleeza Rice: des bijoux pour plusieurs centaines de millions de dollars, dont un collier d'un coût estimé à 170 000 dollars ainsi qu'une parure en rubis et diamants de 165 000 dollars de la part du roi saoudien Abdallah, et une parure en émeraudes et diamants d'un coût estimé à 147 000 dollars de la part du roi jordanien Abdallah II (Associated Press, 22 décembre). D es cadeaux d'autant plus extravagants – et scandaleux pour les populations des pays concernés – que ces souverains savaient pertinemment que Condoleeza Rice ne pourrait les étrenner que durant son mandat de secrétaire d'État et que, conformément à la loi américaine, ils sont propriété publique et seront déposés dans un entrepôt gouvernemental à la fin du mandat de l'administration sortante. (...)
.

Le changement d'administration à Washington, s'il ne laisse pas augurer d'un changement substantiel de la politique états-unienne au Moyen-Orient -à en juger par la composition de la nouvelle équipe- entraînera pour sûr un ravalement de façade: un passage de l'impérialisme à visage hideux et islamophobe à l'impérialisme à visage humain, noir et islamophile. (...)


Re: par regis le Dimanche 04/01/2009 à 23:09

"islamophile", "islamophobe" : qui peut sérieusement croire que ces catégories sont pertinente pour l'analyse ?


Re: par la-sociale le Dimanche 04/01/2009 à 23:24

En effet ce sont des termes à peu près dénués de sens. Faut-il aimer l'Islam (la soumission)? Un insoumis est stricto sensu un "islamophobe" (celui hait la soumission). Derrière ces termes, il y a la vieille lune débile que tous les gauchistes reprennent à leur compte selon laquelle il y aurait un "monde islamique" (c'est un concept digne de feu Huntington). Les pseudo-concepts d'islamophilie et d'islamophobie maniés par une certaine gauche qui se veut radicale, révolutionnaire, voire - ne reculons devant rien - "anticapitaliste", sont des symptômes de la décomposition intellectuelle de tous ces groupes et tous ces ex-marxistes.

DC


par Serge_Gomond le Dimanche 04/01/2009 à 05:06

Denis Collin écrit : Je sais bien qu’on ne peut pas demander aux gouvernants de l’État hébreu d’être des saints et fermer les yeux sur les exactions que perpètrent la plupart des autres gouvernements. Après tout, les Israéliens se conduisent à Gaza comme les Russes en Tchétchénie, comme les Chinois au Tibet, comme les Rwandais au Kivu, comme les États-uniens en Irak ou en Afghanistan et ainsi de suite. Mais on s’étonne de la différence de traitement: nos intellectuels si prompts à courtiser le pape des bouddhistes ou à voler au secours des intégristes islamistes tchétchènes se taisent, dans le meilleur des cas, ou plus souvent accusent d’antisémitisme ceux qui dénoncent les crimes d’Israël.

 

SG : Ils (les Etats-Unis, la Russie, La Chine etc.) évoquent le non-respect de lois internationales par les "petits " pays , ça c’est qui leur sert de prétexte pour commettre leurs exactions, et ne les respectent évidemment pas eux-même. Ensuite, c’est avec l’assentiment des dirigeants des pays arabes, dépendant financièrement des Etats-Unis et de l’Europe, d’où le mutisme réciproque, quand ce n’est pas une bienveillante complicité, par exemple pour finir financement, armes et munitions nécessaires aux agissements criminelles des Israéliens (tout le monde a en tête la livraison de missiles "Patriot" par les Etats-Unis), au prétexte que leur existence serait remise en cause (en quoi des caillassages ou des roquettes tirées à l’aveuglette peuvent porter atteinte à l’existence d’Israël ?).

La terreur et le mensonge, font partie de la stratégie sciemment adoptée par les dirigeants israéliens.

L’inconvénient immédiat, du moins de leur point de vue, serait un soulèvement des peuples des pays voisins, après tout c’est une éventualité qu’il ne faut pas exclure par les temps qui courent, (ce serait après tout un juste retour du balancier), et ce qui domine dans la région, c’est l’équilibre précaire, tout peu s’effondrer à tout moment.

Les Israéliens en ont décidé autrement, pour des raisons électoralistes ; calcul cynique qui aura un prix.

Quant aux "intellectuels", les motifs de leur courroux consensuels et médiatiques sont à géométrie invariable, toujours dans le sens du poil, en parfaite harmonie avec les lobbies de ceux qui orientent l’opinion. A force ils pourraient se renouveler un peu, c’est lassant.


Re: droit international et barbarisme par Serge_Gomond le Vendredi 09/01/2009 à 15:08

voici l'extrait d'un article paru sur le site du « Monde-diplo » de janvier 2009, qui corrobore ce que j'avais écrit au sujet du droit international, et son application (ou sa non-application) à géométrie très variable. Quant à nos deux philosophes hexagonaux, ils usurpent le titre de philosophe, car pour prétendre porter ce titre il faut au moins être à l'origine d'un mouvement philosophique, ce qui n'est pas leur cas. En ce qui concerne leurs chroniques ou leurs commentaires de l'actualité, c'est assez médiocre et désespérément  répétitif (ils auraient tout intérêt à s'inspirer des travaux de Noam Chomsky, un des plus grands penseurs actuels, et beaucoup moins égocentrique.) A bon entendeur !
 
 

Gaza, le droit, la « disproportion » et les « barbares »

jeudi 8 janvier 2009, par Alain Gresh

  (voir la suite sur le site du « Monde-diplo »)

(...)  Nous pourrions être impressionnés par ces quelques déclarations, et penser que l’intervention israélienne est disproportionnée, quels que soient les critères adoptés. Heureusement, il existe des philosophes en France pour nous éclairer et pour nous guider sur le droit chemin. Il était resté silencieux depuis le début de la crise, mais, indigné par ce qu’il a vu et lu, il a décidé de parler. Dans une tribune publiée le 6 janvier par Le Monde et intitulée « Gaza, une riposte excessive? », André Glucksmann écrit :

« Force est de relever le mot qui fait florès et bétonne une inconditionnalité du troisième type, laquelle condamne urbi et orbi l’action de Jérusalem comme “disproportionnée”. Un consensus universel et immédiat sous-titre les images de Gaza sous les bombes : Israël disproportionne. »

(...)

« Dès qu’on creuse les sous-entendus du bien-pensant reproche de “réaction disproportionnée”, on découvre combien Pascal a raison et “qui veut faire l’ange, fait la bête”. Chaque conflit, en sommeil ou en ébullition, est par nature “disproportionné”. Si les adversaires s’entendaient sur l’usage de leurs moyens et sur les buts revendiqués, ils ne seraient plus adversaires. Qui dit conflit, dit mésentente, donc effort de chaque camp pour jouer de ses avantages et exploiter les faiblesses de l’autre. Tsahal ne s’en prive pas qui “profite” de sa supériorité technique pour cibler ses objectifs. Et le Hamas non plus qui utilise la population de Gaza en bouclier humain sans souscrire aux scrupules moraux et aux impératifs diplomatiques de son adversaire. »

Ainsi donc, selon notre philosophe, nous aurions deux adversaires disposant chacun d’un certain nombre d’atouts et qui en joueraient au mieux de leurs intérêts.

Déjà, durant la guerre de l’été 2006 menée par Israël contre le Liban, un autre philosophe bien-pensant, Bernard-Henri Lévy, écrivait, dans sa chronique du 20 juillet dans Le Point, complaisamment mise en ligne par l’ambassade d’Israël à Paris, que, n’étant pas « grand expert en affaires militaires », il ne comprenait pas le sens du mot « disproportion ». Et il justifiait le bombardement des routes, des infrastructures, de l’aéroport, qui tous servaient au transport des armes du Hezbollah.

Nul besoin d’être expert en affaires militaires pour savoir que le droit international a, depuis longtemps, codifié les règles des conflits armés, et qu’il s’applique à tous les protagonistes de la guerre, étatiques et non étatiques, quelle que soit la légitimité de leur cause. Ce droit international, ces deux philosophes n’arrêtent pas de l’invoquer quand ils parlent de la Tchétchénie, du Tibet ou du Kosovo. Mais, pour eux, il s’arrête aux frontières d’Israël.

Rappelons-en quelques principes, codifiés par l’adoption des conventions de Genève relatives à la protection des populations, le 12 août 1949, et de deux protocoles additionnels en juin 1977. La convention de Genève interdit tout usage « disproportionné » de la force.

D’autre part, l’article 48 du premier protocole additionnel explicite une règle fondamentale : « En vue d’assurer le respect de la population civile et des biens à caractère civil, les parties du conflit doivent en tout temps faire la distinction entre la population civile et les combattants ainsi qu’entre les biens à caractère civil et les objectifs militaires. »

L’article 54 du même protocole précise : « Il est interdit d’utiliser contre les civils la famine comme méthode de guerre (…). Il est interdit d’attaquer, de détruire, d’enlever ou de mettre hors d’usage des biens indispensables à la survie de la population civile. »

Mais nos deux philosophes n’ont pas tout à fait tort. On le sait depuis la Grèce antique. Les dirigeants athéniens expliquaient ainsi à leurs homologues de l’île de Mélos, qu’ils voulaient asservir : « Dans le monde des hommes, les arguments de droit n’ont de poids que dans la mesure où les adversaires en présence disposent de moyens équivalents et, si tel n’est pas le cas, les plus forts tirent tout le parti possible de leur puissance, tandis que les plus faibles n’ont qu’à s’incliner. »

Il y a un autre argument sous-jacent à ces thèses et à celles de nombreux médias : c’est que le droit international ne s’applique pas aux « barbares ». Dans un article du Monde diplomatique de ce mois-ci, « La mémoire refoulée de l’Occident », je cite cet expert allemand de science politique, Heinrich von Treischke, qui écrivait en 1898 : « Le droit international ne devient que des phrases si l’on veut également en appliquer les principes aux peuples barbares. Pour punir une tribu nègre, il faut brûler ses villages, on n’accomplira rien sans faire d’exemple de la sorte. Si, dans des cas semblables, l’empire allemand appliquait le droit international, ce ne serait pas de l’humanité ou de la justice, mais une faiblesse honteuse. » L’universalisme des droits humains, oui, mais seulement pour les Blancs...

(...)

(voir la suite sur le site du « Monde-diplo » )


Lien croisé par Anonyme le Dimanche 04/01/2009 à 14:36

Rezo.net : " http://la-sociale.viabloga.com/news/gaza-la-logique-de-la-guerre-coloniale"


par Anonyme le Dimanche 04/01/2009 à 20:53

1er janvier 2008

A l'issue d'une rencontre avec Nicolas Sarkozy, la ministre israélienne des Affaires étrangères a réaffirmé ce jeudi que l'Etat hébreu déciderait «le moment venu» d’arrêter ses opérations militaires contre la bande de Gaza. (...)

Mme Livni a «remercié le président Sarkozy pour sa compréhension». «Il est très au fait de la situation de la complexité de notre région, il comprend la nature de la menace à laquelle Israël fait face».

«Ensemble, nous essayons de voir quelle est la meilleure stratégie, la meilleure tactique pour atteindre cet objectif, dans la compréhension qu’il ne s’agit pas d’un problème israélien, mais que d’une certaine manière Israël se trouve en première ligne du monde libre et est attaqué car nous représentons les valeurs du monde libre, dont la France», a ajouté Mme Livni.


Lien croisé par Anonyme le Mardi 06/01/2009 à 13:10

Rezo.net - Proche-Orient : "Gaza : la logique de la guerre coloniale"


par Anonyme le Mardi 06/01/2009 à 17:47

Le véritable but du carnage à Gaza, par Ilan Pappe.

(...) En cette nouvelle année, nous devons tenter d’ouvrir l’opinion publique à l’histoire de la Palestine et à ces horreurs de l’idéologie sioniste. C’est le meilleur moyen d’expliquer le pourquoi des opérations de génocide, comme celle de Gaza et d’envisager le pire à venir.
Académiquement, cela a toujours été fait. Notre challenge actuel est de trouver un moyen de démontrer la connexion entre l’idéologie sioniste, les politiques passées de destruction et la crise actuelle. Cela devrait être plus facile de le faire dans les abominables circonstances actuelles, pendant que l’attention du monde entier est axée sur la Palestine une fois encore. (...)


De la même manière, nous pourrions trouver le bon moyen de vulgariser, distinctement de ce que nous faisons à la faculté, la politique israélienne de ces 60 dernières années : Politique qui s’inspire d’une hégémonie raciste appelée sionisme, recouverte par des couches de rage d’être dans le bon droit.

En dépit des accusations d’antisémitisme dont vous allez être accusé, il est temps de répandre dans les esprits que l’idéologie sioniste est associée à la "marque" israélienne : l’épuration ethnique de 1948, l’oppression des lois militaires sur les Palestiniens israéliens, l’occupation brutale de la Cisjordanie et maintenant le massacre de Gaza. Très proche de l’idéologie de l’Apartheid qui fut une politique répressive du gouvernement sud-africain, cette idéologie a permis de façon consensuelle et simpliste, à tous les gouvernements du passé et du présent, de déshumaniser les Palestiniens où qu’ils soient, et de se battre contre eux. De temps en temps, selon l’endroit, la manière changeait, tout comme la manière de raconter et de couvrir ces atrocités. Mais il y a un modèle clair qui ne peut être discuté seulement dans les tours d’ivoires des académies, mais qui doit entrer en ligne de compte dans le discours sur la réalité contemporaine de la Palestine.

Certains d’entre nous, particulièrement ceux qui sont engagés pour la paix et la justice en Palestine, contournent bêtement le débat en cristallisant sur les territoires occupés et la bande de Gaza, ce qui est inévitable et compréhensible. Pour lutter contre ces politiques criminelles, il y a une chose urgente à faire. Mais il faut à tout prix éviter de transmettre le message que les pouvoirs occidentaux ont joyeusement adopté sur un signal israélien. Ce message, c’est que la Palestine est seulement la Cisjordanie, et la bande de Baza et que les Palestiniens sont seulement ceux qui vivent dans ces territoires.(...)

http://www.ujfp.org/modules/news/article.php?storyid=475


Lien croisé par Anonyme le Vendredi 09/01/2009 à 22:52

Loubnan ya Loubnan: Destruction de la société palestinienne: le modèle irakien : "contre eux.Témoignage recueilli par Amira Hass (Haaretz, 30 décembre 2008):«Cette agression n’est pas contre le Hamas. Elle est contre nous tous, contre l’ensemble de la nation.»Le but? Il est connu depuis longtemps: «une terre sans peuple». Dennis Collin le rappelle dans La Sociale (3 janvier 2009):Cette situation elle-même n’est pas tombée du ciel. Elle découle directement de la colonisation sioniste en Palestine et de la proclamation de l’État d’Israël en 1948. Les Occidentaux ont pu se dédouaner à bas prix des crimes commis contre les Juifs en payan"


Lien croisé par Anonyme le Lundi 19/01/2009 à 15:39

Les Communistes de Villeneuve d'Ascq : "Communiqué PCF: Gaza, le carnage et l'inhumainAlain Gresh, le choc et l'effroi. Monde DiplomatiqueAlain Gresh, l'UE capitule devant IsraëlDenis Collin, Gaza, la logique de guerre colonialeDenis Collin, Israël à l'assaut contre le peuple palestinienMonat Chollet, construire l'ennemiJean Bricmont, trois i"


Lien croisé par Anonyme le Mardi 18/11/2014 à 22:28

Loubnan ya Loubnan: Destruction de la société palestinienne: le modèle irakie : "ntre eux.Témoignage recueilli par Amira Hass (Haaretz, 30 décembre 2008):«Cette agression n’est pas contre le Hamas. Elle est contre nous tous, contre l’ensemble de la nation.»Le but? Il est connu depuis longtemps: «une terre sans peuple». Dennis Collin le rappelle dans La Sociale (3 janvier 2009):Cette situation elle-même n’est pas tombée du ciel. Elle découle directement de la colonisation sioniste en Palestine et de la proclamation de l’État d’Israël en 1948. Les Occidentaux ont pu se dédouaner à bas prix des crimes commis contre les Juifs e"



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