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Georges Marchais était-il un héros de la classe ouvrière ?

Par Denis Collin • Actualités • Dimanche 14/11/2010 • 13 commentaires  • Lu 3339 fois • Version imprimable


Le fantôme de Georges Marchais hante une partie de la gauche, paraît-il. Le président du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon qui s’est fait remarquer par sa manière de renouveler le fameux « Taisez-vous, Elkabbach ! » est souvent comparé à feu le secrétaire général du PCF et il revendique fièrement cette comparaison. Sans vouloir prodiguer conseils et mises en garde au président du Parti de Gauche, qui, du reste, n’a cure des conseils et mises en garde, on peut tout de même se demander si la comparaison avec Marchais est si flatteuse et si populaire qu’il semble le penser.

Georges Marchais, comme tous ses prédécesseurs, est devenu secrétaire général du PCF par la grâce du Politburo du PC d’Union Soviétique, dirigeant l’appareil stalinien international – que celui-ci ait eu une existence officielle, comme du temps du Komintern, avant-guerre, ou du Kominform, après-guerre, ou que cette existence soit une existence officieuse rappelée par les conférences régulières des « partis frères ». Et c’est de là qu’il faut partir pour comprendre quel a été le rôle politique de Marchais. Dans l’impitoyable sélection des dirigeants, la « bio » de Georges Marchais présentait des avantages non négligeables qui expliquent sa promotion. On sait que l’appareil stalinien tenait soigneusement à jour les « bios » de tous ses cadres et que celles-ci servaient toujours à un moment où un autre. Dans la « bio » de Marchais, il y a deux faits importants : 1° il n’a pas une « bio » nette ; elle commence au contraire par une zone d’ombre ; et 2° il n’a rien dit contre l’invasion soviétique en Tchécoslovaquie, à la différence de son prédécesseur, Waldeck Rochet qui l’avait condamnée assez vigoureusement et, en outre, cultivait des relations aussi amicales que possible avec les intellectuels en dehors des cercles habituels des « compagnons de route ».

Le premier élément parait curieux pour quiconque ignore les méthodes staliniennes.   Philippe Robrieux, un historien qui vient du « sérail » et était un ami proche des Thorez, en avait détaillé le fonctionnement dans sa monumentale Histoire intérieure du Parti communiste (Fayard, 4 volumes, 1980, 1981, 1982, 1984) ainsi que dans La secte (Fayard, 1985). Thorez faisait un bon secrétaire général parce que Moscou le « tenait » : il avait, un bref instant, soutenu l’Opposition de gauche trotskiste en 1924-1925 et par conséquent quand le moment viendrait, le cas échéant, de l’éliminer, on avait les premiers éléments d’un procès. Autre circonstance à charge : il avait été sélectionné par Boris Souvarine – qui allait devenir un des plus talentueux et des plus systématiques opposants au stalinisme. C’est aussi sur ordre de Moscour et contre son gré que Thorez a déserté en 1939 pour rejoindre Moscou. Inversement, les héros de la résistance, les vieux militants au parcours politique sans tache (ou presque …) comme Charles Tillon, André Marty (qui avait pourtant montré fidélité à l’appareil pendant la guerre d’Espagne) ou George Guingouin (instituteur, organisateur de la résistance armée en Limousin, dès avant que le PCF se lance dans la résistance) ont été exclus les uns après les autres à la fin des années 40 et dans les années 50. Et Marchais là-dedans ? Et bien, il n’était pas politisé ni engagé au moment de la guerre. En 1942, il part travailler en Allemagne chez Messerschmitt (fabricant d’avions), volontairement disaient ses détracteurs (notamment Charles Tillon) ou sous la contrainte comme lui-même l’affirmait. En tout cas aucun acte de résistance, au moment où de nombreux jeunes passaient dans les maquis précisément pour échapper au STO. Il revient en France en 1945 et commence à militer syndicalement à ce moment. Il ne s’agit pas de faire le procès d’un jeune homme qui n’a pas su être un héros. Ce serait absurde et même assez répugnant. Mais il s’agit de comprendre que c’est précisément parce qu’il n’avait pas été un héros de la résistance qu’il est monté aussi haut dans l’appareil ! Dire cela, ce n’est donc pas faire le procès de l’individu Marchais, mais rappeler ce qu’était le fonctionnement de l’appareil stalinien.

Le deuxième élément explicatif de l’ascension de Marchais est sa position au moment de l’invasion soviétique en Tchécoslovaquie, au mois d’août 1968. Invasion contre laquelle se mobilisa le parti communiste tchécoslovaque rénové, reconstruit, qui dut tenir clandestinement son congrès, avant que la « normalisation » ne le détruise pour remettre en selle les apparatchiks à la solde de Moscou. En France Waldeck Rochet, devenu un « réformateur », condamna l’intervention soviétique. Appelé à Moscou, il présenta dès son retour les signes d'une maladie neurodégénérative. Louis Aragon, bon connaisseur de l’appareil, cynique et revenu de tout, dira à ce sujet : « Je lui avais bien dit de ne pas aller à Moscou. Je l’avais prévenu, je savais qu’il n’en reviendrait pas vivant. » C’est ainsi qu’en 1972, Waldeck Rochet démissionnait « pour raisons de santé » et cédait la place à Georges Marchais qui allait bientôt signer au nom de son parti le « programme commun de gouvernement » avec François Mitterrand pour le PS et Robert Fabre pour les radicaux de gauche.

Signalons encore deux moments importants. En 1977, après la victoire de la gauche aux municipales, Marchais engage le PCF dans la rupture de l’union de la gauche, s’avisant brutalement que le programme commun n’est pas assez à gauche : c’est l’épisode fameux des vacances en Corse interrompues par un « Liliane, fais les valises, on rentre à Paris ». S’ensuit une campagne systématique contre le PS qui parfois semble retrouver les accents du « communisme 3e période » (début des années 30) quand les sociaux-démocrates étaient qualifiés de « sociaux-fascistes. En 1978, le résultat tombe : la gauche perd les législatives qu’elle aurait dû gagner dans la foulée des municipales.

En 1979, stoppant net la « déstalinisation » du PCF, Marchais fait l’éloge du « bilan globalement positif » de l’URSS et des pays de l’Est. La même année, depuis Moscou, il approuve l’invasion soviétique en Afghanistan…

En 1981, Marchais dépasse tout juste les 15% des voix au premier tour de la présidentielle (alors que le PCF obtenait encore 20% aux Européennes de 1979). Allait commencer la descente aux enfers du PCF : 10% aux législatives de 1986 … jusqu’aux 2% de Marie-George Buffet en 2007.

On peut penser qu’avec ou sans Marchais, le déclin du PCF aurait suivi plus ou moins la même pente parce qu’il correspond à l’effondrement d’abord lent (voir La chute finale d’Emmanuel Todd, publiée en 1975) puis accéléré à la fin des années 80 du stalinisme comme système politique et étatique. La « gloire » de Marchais ne tient qu’à une chose : ses prestations télévisées, où il cultivait volontiers un non-conformisme et une certaine brutalité verbale envers les présentateurs de télévision. Son imitateur attitré, Pierre Douglas avait su en tirer parti au point qu’on ne sait plus toujours très bien ce qui est de Marchais et ce qui est du caricaturiste Douglas (en fait le « Taisez-vous Elkabbach » est … de Pierre Douglas). Pour les médias Marchais était déjà un « bon client » : spectacle assuré et ensuite les gens de médias pouvaient parler en boucle de la seule chose qui les intéresse vraiment, eux-mêmes, pauvres victimes du grand méchant Marchais. Comme dans le spectacle de Guignol, Marchais savait mettre le peuple de son côté contre les représentants du pouvoir. Mais comme dans le spectacle de Guignol, ce n’était que du spectacle … et dans la réalité ceux qui applaudissaient Marchais prenaient plutôt le chemin de l’abstention ou d’autres chemins que le PCF. Marchais à la télé : ce fut un moment important de la transformation de la politique en spectacle télévisé… Depuis on a fait mieux (ou pire) : les journalistes politiques ont cédé la place aux amuseurs ou variétés (Ruquier, Drucker ou Ardisson).

Les monarchies ont toujours besoin du « fou du roi ». Marchais a joué ce rôle. Suivre ce modèle, est-ce vraiment une bonne inspiration pour celui qui veut reconstruire la gauche aujourd’hui ? La « stalinostalgie » (déjà analysée sur ce site) frappe certains secteurs de la gauche. L’approbation de la répression chinoise au Tibet en 2008 (avec des arguments qui rappellent terriblement ceux de Marchais en 1979) ou la défense d’une « alliance stratégique avec la Chine contre l’impérialisme US » s’inscrivent à l’évidence dans cette perspective. Tout cela ne mène évidemment nulle part. Si la président du parti de gauche cherche une inspiration dans le passé, il devrait plutôt ouvrir ses vieilles malles pour relire les textes du trotskisme de sa jeunesse qui, pour critiquables qu’ils soient, tiennent mieux le choc que le fameux bilan « globalement positif ».

 

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Commentaires

par LEMOINE le Dimanche 14/11/2010 à 15:56

C'est dommage Denis Collin, vos analyses sont souvent d'une très grande intelligence mais dès qu'il s'agit du PCF vous réduisez tout au "stalinisme" et cela vous aveugle.
Vous tombez dans une variante du complotisme très en vogue chez les "sovietologues".

Contrairement à ce que vous pensez, je suis persuadé pour l'avoir vécu de l'intérieur, que le stalinisme n'avait pas de sens pour le PCF des années 70 et 80. La grande masse des militants et surtout des plus jeunes et des plus actifs n'avaient pas lu une ligne des écrits de Staline et ne s'intéressaient pas à l'URSS. La politique du PCF telle qu'on pouvait la lire dans des opuscules comme "pour une démocratie avancée et une France socialiste" n'avait rien à voir avec le Stalinisme.

Le déclin du PCF s'explique aisément si on considère les transformations de la classe ouvrière pendant les "trentes glorieuses". Un des livres qui permet de bien le comprendre est "l'établi" de Robert Linhart où l'on voit ce militant maoïste plein des meilleurs sentiments qui découvre une classe ouvrière émiéttée, des ouvriers qui ne sont pas encore sortis de leur origine rurale, des militants syndicaux dévoués mais lucides qui mesurent les limites que leur impose cette situation. Le PCF a connu un regain de jeunesse après 1968 mais la "mondialisation" l'a achevé. La classe ouvrière en France n'est plus pour longtemps en mesure de s'ériger en classe dominante. Tout le problème est là.

Marchais est le dernier qui personnifiait la classe ouvrière. Il en avait conscience et le PCF avec lui. Cela c'est vu lors des funérailles de Jacques Duclos. Avec lui c'est un peu la classe ouvrière qu'on enterrait. Aucun des dirigeants communistes depuis n'a donné à voir la classe ouvrière en action. Jean Luc Mélanchon n'a aucun moyen de revenir là-dessus. Cela ne signifie pas qu'il faut baisser les bras. Il y a par ailleurs, il me semble, dans l'évolution du capitalisme au cours des 30 dernières années beaucoup de choses qui préparent le socialisme. Le capitalisme n'est qu'en apparence non régulé. Si on le prend au niveau de l'activité interne au grands groupes, c'est un système fortement planifié et il apparait de plus en plus nettement que sa faiblesse est qu'il ne planifie qu'à court terme et toujours en dernier ressort selon la variable du profit. Son évolution prépare une forme de socialisme dont nous n'avions pas idée mais que nous pouvons hâter.


Re: de Denis Collin par la-sociale le Dimanche 14/11/2010 à 23:13

  1. Tout d'abord, je vous rassure: je ne confonds pas l'appareil stalinien dont l'existence et le rôle ne sont niés par personne avec le parti communiste, militants, sympathisants, électeurs. Pas plus que je ne confonds le peuple avec les dirigeants et encore moins avec les appareils policiers et autres officines qui servent à garantir le pouvoir des chefs. Je suis bien d'accord: les militants et sympathisants ne lisaient plus Staline à l'époque de Marchais, d'autant que Staline avait été condamné en 1956 au XXe congrès, mais si le PCF a mis un peu de temps à admettre la réalité du "rapport attribué au camarade Khrouchtchev... Mais le stalinisme comme système politique et organisationnel n'est pas mort avec le XXe congrès, que je sache. Qu'il y ait, dans le PCF, un mouvement pour tenter de rompre avec le stalinisme, je le sais bien. Mais en des occasions décisives, Marchais est justement l'homme de la marche arrière, une marche arrière liée sans discussion possible avec la politique de Moscou. J'ai évoqué l'affaire de l'Afghanistan, mais on pourrait aussi rappeler que les dirigeants soviétiques préféraient, et de loin, Giscard à Marchais. Le "vote révolutionnaire" pour Giscard au second tour de 1981 est bien une réalité - compensée électoralement par le vote des chiraquiens pour Mitterrand.
  2. Vous me dites que le déclin du PCF est lié aux transformations de la classe ouvrière. Sans aucun doute.  Comme la social-démocratie, les PC français ou italien ont été des organisations d'intégration du salariat à la société capitaliste qui ont si bien réussi que leur propre existence est devenue un peu superflue. La thèse de l'origine rurale des ouvriers est peut-être de Linhart, mais c'est une grosse ânerie, car les ouvriers ont presque toujours été d'origine rurale et ce n'étaient pour cela qu'ils étaient les moins combattifs! Bien au contraire. A la différence de l'aristocratie intégrée au système du salariat, les jeunes ouvriers venant des régions rurales ont souvent été aux avant-postes de la lutte. Il suffit de rappeler les véritables insurrections ouvrières de Caen et Rennes au début de 1968, qui sont le fait de jeunes OS frais débarqués de leur campagne. J'ai longuement analysé tout cela dans mon Cauchemar de Marx.
  3. Marchais ne personnifiait pas plus la classe ouvrière que Duclos qui avait fait son dernier mille-feuille en 1920... Cette notion de personnification me semble d'ailleurs fort douteuse, non seulement par ses connotations théologiques, mais aussi par ce qu'elle signifie de renoncement à la perspective de l'émancipation des travailleurs qui sera "l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes" comme le disait Marx.  Si Marchais personnifiait quelque chose ce n'était pas la classe ouvrière, mais sa soumission à une idéologie de type religieux. Mais même cela, c'est encore trop fort.  Il n'y a jamais au le même rapport entre Marchais et les communistes qu'entre Thorez les communistes. Enfin, je crois qu'il faut tordre le cou à la vision mythique d'une classe ouvrière "communiste". Le PCF a certes été longtemps le principal parti parmi les ouvriers, mais les socialistes ont conservé des positions notables et une fraction non négligeable de la classe ouvrière a toujours été de droite.
Voilà quelques éléments de réponse d'un débat qui est loin d'être clos. Car il est hautement nécessaire de tirer, lucidement, toutes les leçons de notre histoire.


Re: par Pascale le Dimanche 14/11/2010 à 23:16

 "Inversement, les héros de la résistance, les vieux militants au parcours sans tache... comme Charles Tillon, André Marty ou G. Guingouin" ont été exclus les uns après les autres  à la fin des années 40 et dans les années 50". Vous citez toujours les trois mêmes, j'entends ça depuis des lustres. Ecoutez, je n'ai pas pour habitude d'annoncer les titres de gloire, mais quand vous pratiquez l'art de la caricature et de la réduction à ce point là, je ne peux pas m'empêcher.

Combien de militants héros de la résistance communiste sont restés à l'intérieur du P.C. à l'époque que vous citez? Moi aussi, je connais ce parti de l'intérieur, pour y avoir milité et aussi pour avoir vécu dans une famille communiste: mon grand père, militant au Parti communiste depuis sa création ou presque, déporté à Sachsenhausen (37 kilos à l'arrivée, résistant à l'intérieur du camp), sénateur jusqu'en 47, retourne à l'usine et est "révoqué" sans pension avec 12 autres "meneurs" lors de l'affaire Henri Martin: deux ans de chômage avec la bénédiction des "sociaux-démocrates". Fidèle à ses idéaux jusqu'à sa mort. Mon grand oncle, militant communiste de la première heure, à la tête des FTP sur la région centre, député communiste jusqu'à la fin des années 50. Fidèle à ses idéaux jusqu'à sa mort. Je les cite parce que je les ai connus, ces "staliniens", parce que j'ai vu, vécu, ce qu'ils pratiquaient. Leur honnêteté, leurs positions responsables. Leurs prises de risques. Leur humanité. Je pourrais parler des femmes aussi, même si elles n'ont pas eu de responsabilité politique: ma grand mère, internée à Sainte Anne dans le cadre de l'affaire Cadras, ma grand tante, torturée et déportée à Ravensbrück avec sa mère: rien que des sales staliniennes. Et combien d'autres, combien de centaines d'autres! Fidèles à leurs idéaux jusqu'à leur mort. Responsables politiques ou non, avant, pendant, et après la guerre. Que vous faites passer pour des imbéciles abusés par le grand méchant parti. Qu'est ce que vous connaissez d'eux à part des lectures type Robrieux, revanchards, amers? Qu'est ce que vous vous permettez de dire d'une période particulière? Vous ne remettez rien dans le contexte, vous parlez des faits sans parler des hommes. Pour vous, un vrai communiste, c'est un communiste exclu. Eh bien non!


Re: par jcotta le Lundi 15/11/2010 à 00:27

Il est évidemment impossible de s'inscrire dans une discussion basée sur des cas particuliers sans aucun doute respectables. Sinon pour convenir du fait que dans le parti communiste, comme dans les autres d'ailleurs, il y a eu des militants demeurés fidèles jusqu'au bout à leurs idéaux. Sans doute un vrai communiste n'est pas seulement un communiste exclu comme vous le dites. Mais les idéaux que les militants placent dans leur parti légitiment-ils la direction de ceux-ci? Cela conduit à poser une question: ces militants n'ont-ils pas été victimes deux fois? La première comme objet d'une répression sans concession du capital, sous toutes ses formes. Et la seconde, sans doute la plus importante car la plus inattendue, comme militants de partis dans lesquels ils plaçaient des aspirations qui ont été largement bafouées par leurs directions. C'est là que l'affaire Marchais intervient, qu'il nous concerne d'autant plus comme ancien secrétaire général du PCF, qu'aujourd'hui on veut au nom de la gauche de la gauche caricaturer celui qui faisait le plaisir des animateurs de télévision, au point de reprendre mot pour mot les expressions qu'il tenait à l'époque. Enfin il ne s'agit pas d'établir une hiérarchie qui serait absurde entre les uns et les autres, fidèles à l'idée qu'ils avaient du communisme. Mais tout de même, le fait que certains aient rompu, prenant des responsabilités qui souvent leur ont été fatales vis à vis de leur ancien parti, n'est pas sans importance. Les cas cités comme ceux de Tillon, Marty ou Guingoin ne sont que la pointe visible de l'iceberg. Combien d'anonymes qui ont été mis au banc du parti d'abord, de la société ensuite, parce qu'ils n'étaient pas ou plus dans la ligne. Ce qui est vrai en france l'est tout autant au niveau international. La guerre d'Espagne par exemple permettrait de s'engager dans un sinistre décompte des militants sincères, plein d'idéaux, tombés sous les balles franquistes certes, mais aussi staliniennes lorsqu'ils rejoignaient par exemple les rangs du POUM....


Re: par Pascale le Lundi 15/11/2010 à 10:26

 Ce ne sont pas des cas particuliers, j'insiste. Il s'agissait d'une majorité à l'époque, en phase avec la politique de la direction du parti, sur laquelle ils influaient largement et dont un certain nombre faisait partie. J'ai pris des exemples pour décrire plus "humainement" ce qui s'est passé. C'est ceux-là que vous appelez des staliniens. Et certes, ils l'étaient, mais pas de la manière caricaturale que vous dites. Pour vous en faire une idée, vous pouvez lire le bouquin de Ceretti: "A l'ombre des 2 T" (Thorez et Togliatti) qui décrit, entre autres, ce "stalinisme". Quatrième livre, chapitre 7.

Et ce "victimes" me gêne car eux-mêmes, et ils en sont pour cela respectables, exclus ou pas, mettaient en avant leur combat. Vous avez justement cité les Marty, les Tillon qui ne se prenaient pas eux-mêmes pour des victimes et qui auraient sans doute refusé le qualificatif. Quand on s'inscrit dans cette logique de victimes, on passe sa vie en jérémiades, ce qu'ils (les exclus comme les autres) n'ont en général pas fait.

Je parlais là uniquement de la France et du PCF avant, pendant et après la guerre jusque dans les années 60.

Quant à Marchais, qui n'est pas le représentant du PCF que j'appréciais le plus pour des raisons politiques, il avait le mérite de ne pas tomber dans le discours consensuel qui nous liquéfie à l'heure actuelle. J'apprécie de la même manière les qualités de tribun d'un Mélenchon, même si je ne suis pas en accord avec ses positions politiques. Je parle de la forme, pas du contenu.

Pour le reste (la guerre d'Espagne, le pacte germano-soviétique, Duclos qui va négocier pour la reparution de l'Huma, les pleins pouvoirs à Guy Mollet, les prises de position du PCF sur la Hongrie, la Tchécoslovaquie, l'Afghanistan, le rapport entre trotskystes et communistes "staliniens"...), autant de questions qui se lient entre elles du point de vue de l'Histoire, elles mériteraient un très long développement. Evidemment, ce n'est pas possible de le faire ici. Des historiens s'y sont attelés et le débat et la controverse ne sont pas finis, loin de là!

Merci de m'avoir répondu.



Re: par la-sociale le Samedi 27/11/2010 à 13:19

J'ai lu quelques chapitres du livre de Cerutti: c'est vraiment un monument de mensonge, de mauvaise foi et d'autojustification. Dans le genre stalinisme cynique, c'est le pire. Cet apparatchik justifie totalement le régime stalinien et la politique du "Chef", c'était la seule politique correcte et quant aux crimes de Staline, il n'en savait rien. D'ailleurs selon ce guépéoutiste, Trotski aurait fait pire que Staline. Etc. Nous avons combattu le "révisionnisme" et le négationnisme (Nolte, Faurisson) concernant les crimes du nazisme. La question du révisionnisme et du négationnisme concernant les crimes de Staline est à nouveau posée. Et c'est le même combat.


Re: chappe 7 livre IV ! par quent1 le Samedi 27/11/2010 à 16:39

Extrait de ce que vous aviez écrit : ..."Pour vous en faire une idée, vous pouvez lire le bouquin de Ceretti: "A l'ombre des 2 T" (Thorez et Togliatti) qui décrit, entre autres, ce "stalinisme". Quatrième livre, chapitre 7..."
Comme je n'avais pas lu ce livre et qu'un ami francilien lit les commentaires posés sur ce site dont les miens, il m'avait proposé de m'envoyer par courrier le chapitre 7, j'ai acccepté et ai pu ainsi lire, surligner y compris avec points d'exclamations en rajout et même faire lire à un ami très cher. Cet extrait je n'aurais jamais dû le lire, il m'a encore plus cassé le moral et je préfère de loin les sauvetages de ceux qui, et pourtant au péril de leur vie, n'ont ni flanché ni n'ont migré, Vivent
entre autres Varian Fry à Marseille, vivent Victor Serge et son fils Vlady, vive Marc Chagall,etc. et vive Aristides de Sousa Mendes à Bordeaux, 30 000 visas ce n’est pas rien ! et dire que Varian Fry au soir de sa vie voulait encore sauver des vies lors de la guerre en Angola et sollicitait de ceux qu'il avait sauvé, peu l'ont entendu et on versé à l'obole, la mémoire oublie vite! et pour finir dire aussi qu'Aristide de Sousa Mendes est mort oublié de tous et dans la misère !
J’avais bien apprécié ce qu’avait répondu en commentaire P Montoya lui aussi relatant une partie de sa bio et disant qu’elle ne suffisait pas, je penserai toujours qu’on ne peut tirer un trait sur tous les procès, les déportés, morts etc., cela qu’ils soient militants de base ou plus hauts placés mais des invisibles de base mis en procès, déportés, morts qui donc en parle ? Passés aux oubliettes de l’histoire encore si récente et saignante, c’est un grand tort pour nous tous qui espérons encore en L’Espèce humaine, en un avenir qui soit un peu meilleur pour nos suivants et c’est aussi pour tous ces disparus de façon dramatique leur faire subir une 2ème mort, donc tant que je vivrai je ne tirerai jamais de trait, si, comme tant d’autres, je suis libre et vis dans ce pays de France encore un peu libre je sais le devoir à tous ceux de la Résistance qui, bien qu’au péril de leurs vies et de toutes tendances et appartenances n’ont pas flanché quand il le fallait, souvent je me demande qu’aurions-nous fait ? 


Re: par LEMOINE le Lundi 15/11/2010 à 23:12

Juste un point de détail : comme Robert Linhart et vers la même période, j'ai travaillé chez Citroën. Il était dans un atelier au sud de Paris, j'étais à l'atelier Saint Charles quai de Javel. Quand j'ai embauché, j'étais avec un groupe de Yougoslaves qui descendaient directement du train et ont laissé leurs valises aux vestiaires. Après quelques formalités dont une photo de face et de profi, nous avons été conduits aux ateliers. Ces yougoslaves étaient là pour trois mois, d'autres allaient venir et prendre leur place. Ils étaient à la chaîne, moi j'étais sur une machine et je travaillais aux pièces. Nous ne pouvions pas nous parler à la fois à cause du bruit infernal et surtout parce que nous ne parlions pas la même langue. Ces ouvriers ne se vivaient pas comme ouvriers mais comme paysans avec la certitude de rentrer chez. Ceux que Robert Linhart venaient d'Algérie, ils n'avaient que l'espoir de rentrer un jour chez eux. C'est cet espoir ou cette certitude qui faisaient d'eux plus des paysans que des ouvriers. Il suffit d'avoir vécu cette expérience pour comprendre les limites du possible.

Je suis bien incapable de rendre toute la richesse du petit livre de Robert Linhart. Lisez le, quand on en a lu une page on ne peut pas le quitter sans l'avoir lu jusqu'au bout et dès qu'on l'a fini, on ne peut que se dépêcher de le lire à nouveau. Il est écrit dans une langue parfaite et, sans en avoir l'air, il dit plus que tout un traité.


Quant à cette idée qu'en 1981 des militants communistes aient pu voter pour Giscard : c'est ridicule.
Certains (dont je suis), peut-être beaucoup, se sont abstenus d'aller faire la fête place du Panthéon car ils voyaient bien que notre "allié" n'était pas fiable, que la trahison était déjà consommée. Il s'est écoulé bien des années depuis ce temps mais je n'ai jamais rencontré un communiste qui m'ait dit avoir voté pour Giscard.


par regis le Lundi 15/11/2010 à 01:46

Une émancipation réelle de l’humanité ne peut, aussi, se concevoir sans une rupture nette avec des idéologies d’aliénation. Le stalinisme, avec ou sans celui qui le premier a construit ce système monstrueux en est une. J’ai toujours été effaré par le distinguo subtil opéré par certains avec le « mais il y a propriété collective ». Une « belle jambe » pour le salarié contre qui on envoyait la milice réprimer les grèves et qu’on ne se gênait pas d’emprisonner, de priver de travail… la propriété étatisée dans le cadre d’un régime dictatorial de parti unique n’a jamais été celle du salariat ou du peuple mais celle des chefs de ce parti qui, en fait, en disposaient souverainement.

Issu du PS et particulièrement de son courant « gauche » (il a quand même participé à un gouvernement qui ne fut pas spécialement tendre avec le travail, mais laissons à tout un chacun la possibilité de changer), Jean-Luc Mélenchon, a, il me semble, décidé de sa sortie du PS après avoir reçu des assurances de Marie Georges Buffet, ce qui en soit ne peut être considéré comme un crime, bien sûr. Très vite, la stratégie du « Front de gauche » avec pour point d’appui essentiel le PCF, s’est mise en place.

Il me semble que, dès ce moment, en relation avec la faiblesse numérique de ses propres troupes, l’expression propre du PG, se rétrécit au profit de la nébuleuse « front de gauche » et que Mélenchon tient, plus que tout à incarner, y compris en multipliant les clins d’œil en direction du PCF. Il a rappelé qu’il avait souhaité, dès le départ, une fusion. Ses références, du slogan « une autre Europe est possible » à Die Linke (où il ne voit pas d’inconvénient à rapporter un texte de sa présidente invoquant les « ERREURS » de la RDA) et à son soutien constant et enthousiaste à la tactique « unitaire » de Thibaut durant la bataille des retraites, ses positions ambiguës sur la Chine et, maintenant, ne pas s’insurger de la comparaison avec Marchais dont je ne suis pas sûr qu’il est ou a été un admirateur.

Il me semble que les choix opérés par le président du PG, engeant son parti, quelque soit les degrés de sincérité ou de calcul, mènent à l’impasse. 


par Pierre Montoya le Lundi 15/11/2010 à 17:12

                  Le stalinisme a été une dramatique et épouvantable réalité, dont les principales victimes ont été justement des communistes et des révolutionnaires. Ces crimes ont été tus pendant longtemps ou justifiés par l'injustifiable. Les militants ne sont pas en cause, ils répétaient ce que disaient les dirigeants. Lecoeur explique parfaitement , lui qui a été un dirigeant de premier plan , avant de tomber en disgrâce. Jacques Duclos, lui il savait et il agissat dans ce sens comme agent du gépéou. Des milliers de militants, trotskystes, socialistes de gauche, anarchistes ont pourtant expliqué pendant des décennies ce qui se passait réellement. Qui les croyait? souvent ils se faisaient casser la figure par des nervis  Mais de quelle chair faut il être fait pour croire un instant à la légitimité des procés de Moscou, à la condamnation du POUM. Les militants du Poum eux aussi étaient des hommes et des femmes pleins d'humanité et qui se sacrifaient, comme les militants de la CNT et de la FAI. Des Mercaders, il y en a eu beaucoup. On ne peut faire l'impasse, ni balayer d'un revers de manche ce que fut le stalinisme, ce serait faire injure et condamner à nouveau des centaines de milliers de révolutionnaires et banaliser le crime.
                   Chacun a son histoire personnelle et elle ne suffit pas, pourtant, mon père a été un dirigeant du PSUC en Espagne et fondateur de la revue "El pasionario". En 37 à Barcelonne, il refuse de faire tirer ses mitrailleuses sur les comités révolutionnaires, Place de Catalogne. Il est exclu et doit la vie à la protection armée de militants du POUM et de la CNT. Ses camarades dissidents du PSUC, ont eu moins de chance. Les interprétations du marxisme et du léninisme en ont beaucoup souffert et en souffrent encore, comme l'image du socialisme et y compris au sein même de la classe ouvrière. Le stalinisme a été un repoussoir à dimension internationale et une justification pour les bourgeoisies et elles lui doivent le salut.
                   Je n'en tieny pas rigueur aux militants communistes mais à un système dont tout n'a pas encore été dit et dont bien des complices jouissent encore de la considération politique. Mais pour revenir à la question, certes la classe ouvrière a évolué mais cela n'explique pas seul le recul du PCF, il y a la découverte progressive d'une histoire, ce qui a détourné bien des militants du PC. La méfiance est apparue . Dans le même temps des organisations qui hier encore étaient confidentielles apparaissent avec une radicalité nouvelle. Il y a la convergences de plusieurs facteurs historiques politiques et sociaux qu'il serait trop long d'expliquer ici.
                   La comparaison entre Mélenchon et Marchais me parait osée et il n'y a que la droite pour s'y aventurer de manière "utilitaire". Ils n'ont ni le même parcours ni la même histoire et quoi de plus normal de vouloir comme Marchais, l'union des foces de gauche, pour un ancien adepte du "Front Unique ouvrier" et un militant de l'Union de la Gauche. Quoi de plus normal pour celui qui est partisan de la rupture de se tourner vers des forces dont les militants (communistes) sont également pour la rupture. Il a au moins autant de cran que Marchais et le courage nécessaire pour faire face aux pressions médiatiques. Il y a une différence, JLM, lui , il inquiète les petites frappes du système et une parti de la bourgeoisie, d'autant plus qu'il se situe dans une phase ascendante  d'une certaine gauche de rupture. Ils essaient de se tranquiliser ainsi, par cette comparaison. Il inquiète d'autant plus que la méfiance apparait également à l'égard du PS, comme dans le reste de l'Europe, même processus que pour le stalinisme mais avec un temps de retard par rapport aux PC. La politique a horreur du vide et celui laissé par par les vieilles organisations, une autre forme moins consensuelle peut se développer à gauche. C'est une chance pour le PG et pour les communistes par la transformation en une organisation à terme qui aura rompu  avec les vieux démons et on peut l'espérer, définitivement aprés une parenthèse historique. C'est la seule issue pour le PC de redevenir un grand Parti populaire. Aprés tout un nouveau 1905 est possible et renouer avec "le communisme est la finalité du socialisme" figurant sur la Charte d'Unification. Partout en Europe la social démocratie est  en déclin et d'autres forces apparaissent qu'il faut dans un premier temps fédérer sans tomber dans les travers du passé. L'histoire doit servir de leçon sans en donner aux militants communistes mais avec eux, sans complaisance. Marchais et Mélenchon ne sont pas les mêmes produits mais les médias font comme si et ils n'ont pas les mêmes perspectives politiques. L'un voulait sauver ou sauvegarder un Parti, l'autre veut reconstruire une organisation nouvelle. L'un voulait l'union, l'autre veut unifier.les organisations de rupture et de transformation. Le PCF ne peut être absent des grands bouleversements à venir et ils sont nombreux les militants d'aujourd'hui à l'espérer.

                                       


Notre héritage ? "L'âge des extrêmes" ! par quent1 le Lundi 15/11/2010 à 17:23

Que Faire, tout pouvoir et savoir expliquer sans appel et rappel à l’histoire récente ou même plus antique ? mais de l’histoire pouvons-nous vraiment nous en passer ?  Sont toujours si vivants et saignants les drames et défaites d’un passé récent… Comment parvenir à comprendre cette histoire fatale des 2 siècles sur lesquels « nous cheminons entourés de fantômes aux fronts troués ». On (ou je) ne le peut comprendre et concevoir et pourtant ?

Quelques signes au bord de chemins biens escarpés et de gouffres qu’il nous faudra encore pouvoir ou savoir éviter, cela aussi pour aider à ce que les jeunes générations puissent à nouveau s’engager tout en retenant, qu’ils soient partiels ou globaux, les bilans historiques non positifs, et pour cela il ne faut pas craindre de les leur rappeler ou leur apprendre les « faits têtus » avec nos mots et maux, sinon le risque existe de tout recommencer, des mèches et même bien plus que des flammèches un peu partout dans ce monde décrété global sont allumées, et ainsi serions-nous donc toujours condamnés à voir l’histoire des Peuples et ses échecs se répéter indéfiniment ? Notre héritage ?

Comme j’ai vu et lu et cité Togliatti dans un livre de Ceretti: "A l'ombre des 2 T", livre que je n’ai pas lu, m’est revenu en mémoire un autre livre lu Octobre 1999 et un passage démoniaque (pour ne pas trop désespérer encore de L’Espèce humaine, au risque d’importuner ou d’intéresser à se le procurer ceux qui ne l’auraient pas lu ou, qui tout en l’ayant lu, auraient oublié, en voici quelques courtes extractions que je pose ici sur La Sociale en rajout de l’échange et des commentateurs, rassurez-vous vous n’aurez pas tout et j’ai peut-être mal choisi, mais voici donc juste quelques passages recopiés laborieusement lentement de ce livre de 810 pages que j’avais dans nombre de ses pages énormément corné, souligné,  « postit-téisé », etc., cela pour pouvoir de temps à autre y revenir et retrouver ainsi les fantômes de l’histoire.

L’âge des extrêmes Histoire du court XXe siècle, 1914-1991 Eric J. Hobsbawm 

« Le siècle à vol d’oiseau, un des « 12 regards sur le XXe siècle »  p.19

« Nous qui avons survécu aux camps ne sommes pas de vrais témoins. C’est une idée embarrassante à laquelle je me suis peu à peu rallié en lisant ce que d’autres survivants ont écrit, moi compris, quand j’ai lu et relu mes écrits après quelques années. Nous, les survivants, ne sommes qu’une minorité infime, mais aussi exceptionnelle. Nous sommes ceux qui, la prévarication, l’habileté ou la chance aidant, n’ont jamais touché le fond. Ceux qui l’ont touché, et qui ont vu le visage de la Gorgone, n’en sont pas revenus, ou sont revenus sans paroles » PRIMO LEVI.

 1ère partie, p.42 à 300 L’ère des catastrophes 
Chap. 1 L’âge de la guerre totale, p. 43 à 84

p.43-44 : « Ici, (SARAJEVO) tout comme à Belgrade, je vois dans les rues un grand nombre de jeunes femmes aux cheveux grisonnants et même blancs. Leurs visages sont défaits, mais encore jeunes et les formes de leurs corps témoignent mieux encore de leur jeunesse. Il me semble voir comment au-dessus des têtes de ces êtres faibles est passée la main de la guerre et les a parsemées d’une neige précoce.

Cette image ne se conservera pas longtemps, ces têtes achèveront bien vite de blanchir, puis elles disparaîtront complètement du fleuve ondoyant des passants vivants. C’est dommage. Rien ne parlerait mieux et plus clairement aux générations futures de notre époque, que ces jeunes têtes blanches à qui l’insouciance et la joie de la jeunesse ont été en partie, ou complètement volées. Qu’elles soient mentionnées au moins dans cette note » Sarajevo, le 4 juin 1946 IVO ANDRITCH, Signes au bord du chemin, 1997, p.221. 

 

Chap. 2 La révolution mondiale, p. 85 à 121

p.85 : « Comme c’est terrible de lire le poème de Shelley (pour ne rien dire des chants des paysans égyptiens, il y a 3000 ans), qui dénonce l’oppression et l’exploitation. Les lira-t-on dans un avenir encore plein d’oppression et d’exploitation que l’on dira encore : « Même en ce temps-là… » BERTOLT BRECHT, en lisant « Le Masque d’Anarchie » de Shelley en 1938 (Brecht, 1964).

Chap.3 Au fond du gouffre économique, p.123 à 151 

« Car, loin d’amorcer une nouvelle vague de révolution sociale, comme l’avait prévu l’Internationale communiste, la Crise réduisit le mouvement communiste international, hors de l’URSS, à un état de faiblesse sans précédent. Il est vrai que celui-ci était dû, dans une certaine mesure à la politique suicidaire du Kominterm, qui, non content de sous-estimer grossièrement le danger du national-socialisme en Allemagne, mena une politique d’isolement sectaire qui paraît après-coup tout à fait incroyable : il décida en effet que son principal ennemi était le mouvement syndical des partis sociaux-démocrates et travaillistes (qualifiés de « sociaux-fascistes, note 8. »
p.296
note 8 : « Cette politique alla si loin qu’en 1933 Moscou demanda instamment à P. Togliatti, le dirigeant communiste, de désavouer ses propos, après qu’il eut suggéré que la social-démocratie n’était peut-être pas le principal danger, tout au moins en Italie. Et cela au moment ou H….. était déjà au pouvoir. Le Kominterm ne changea de ligne qu’en 1934. »

2ème partie, L’Age d’or, p. 303 à 524
Chap.8, Guerre froide

I « …De surcroît , à partir de 1949, la Chine fut dirigée par un gouvernement communiste, qui, non content de se lancer volontiers dans une grande guerre en Corée, était prêt, à la différence de tous les autres gouvernements, à envisager de se battre en pensant survivre à un holocauste nucléaire (note 2). Tout pouvait arriver. »

note 2 p.519 « Qui vous a dit que L'Italie devait survivre ? aurait déclaré Mao à Togliatti, le dirigeant communiste italien. Il restera trois cent millions de chinois et cela suffira pour que l’espèce humaine continue ». En 1957, Mao laissa pantois ses camarades d’autres pays par le joyeux empressement qu’il mettait à accepter l’inévitabilité d’une guerre nucléaire et son utilité possible pour obtenir la défaite finale du capitalisme «  (Martin Walker, The Cold War : And the Making of the Modern World, Londres, 1993, p.126)… »


déclin du PCF par pm le Mardi 16/11/2010 à 21:59

 Je ne suis pas tout à fait certain que le déclin du PCF ait pour facteur premier l'évolution de l'URSS et des pays de l'Est des années 70-80 dont l'épisode ultime fut la chute du mur. Le PCF a structuré la classe ouvrière pendant plusieurs décennies dans notre pays mais il n'a pas su la défendre. Depuis environ 35 ans, dans la continuité de Giscard, la gauche lui a porté des coups très durs. Le pays est aujourd'hui désindustrialisé. Les paysages de friches industrielles du Nord, de Lorraine ou de la grande banlieue parisienne en témoignent. Il y a 40 ans, des milliers d'ouvriers franchissaient chaque matin la porte de ces usines aujourd'hui désafectées. Beaucoup avaient une carte de la CGT ou du PCF dans la poche. Le PCF a largement pris sa part de la trahison de la gauche. Je me demande s'il n'a  pas sombré avec sa base sociale plus qu'avec l'URSS.
Cette interrogation rejoint le débat sur les retraites. Quelles conséquences à long terme sur le syndicalisme de l'orientation d'accompagnement des dirigeants syndicaux CGT et CFDT? Leur avenir est-il celui du PCF?


Re: déclin du PCF par LEMOINE le Mercredi 17/11/2010 à 17:02

Je ne vois vraiment pas ce qu'aurait dû faire le PCF qu'il n'a pas fait. La France avait besoin de main-d'oeuvre et est allée chercher cette main-d'oeuvre principalement en Algérie et au Portugal. Personne n'est maître du temps qu'il faut à ceux qui émigrent pour s'intégrer à la classe qu'ils rejoignent. La désindustriellisation qui a accompagné et continue d'accompagner la "mondialisation" donne lieu à des luttes mais qui se soldent toujours par des échecs. C'est ainsi que la classe ouvrière est aujourd'hui une classe faible et qui n'est pas en mesure de s'ériger en classe dominante.

Pourriez-vous soutenir aujourd'hui que la classe ouvrière pourrait devenir une classe hégémonique?

Tout est là pourtant. Le PCF ne peut rien trahir car il n'y a plus rien à trahir. La seule politique réaliste est celle qui allie la classe ouvrière aux salariés du tertiaire sous la direction des classes moyennes. Seule une alliance de classe large dont la classe ouvrière ne serait qu'une composante parait possible. Ce n'est pas désespérant, c'est juste comme cela : la France n'est pas un maillon faible du capitalisme.



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