Voilà les deux hommes que les électeurs se réclamant du centre gauche, votant en masse, ont choisi dimanche passé pour diriger la coalition et sans doute le futur gouvernement, deux hommes qu'ils départageront par un second tour dimanche venant... 44,9% pour le secrétaire Bersani, 35,5% pour son jeune rival Renzi, l'écolo-communiste Vendola n'obtenant que (?) 15,6% des suffrages et les deux autres candidats (dont une candidate) se partageant les miettes.
Plus de trois millions de votants... Nombre de commentateurs se félicitent de ce succès de participation, dans un pays qui semblait plutôt sensible aux sirènes populistes anti-partis... Succès qui conforte l'influence du PD, crédité par les sondages de quelque 30 % des suffrages aux prochaines élections (en fait le score de l'ancien PCI : on voit bien que la coalition centre gauche n'a pas élargi son influence au delà de celle des anciens communistes).
Mais on cherchera en vain, en lisant ce qui leur tient lieu de programmes, quels sont les vrais désaccords entre les deux hommes, en particulier en ce qui concerne l'engagement européen de l'Italie, et la soumission aux fourches caudines de Bruxelles, de la BCE et de Mme Merkel, encore confirmés par Monti....
Autant dire qu'en cas de succès électoral du centre gauche, et d'inévitable alliance avec un centre modéré, c'est à nouveau la politique de rigueur des Zapatero et Hollande qui sera pratiquée, avec plus ou moins de considération pour "les classes laborieuses", comme on dit.
La nature, paraît-il, a horreur du vide. Quoi que puissent penser vraiment les électeurs potentiels du centre gauche de leurs dirigeants et de l'orientation du PD, ils se sont engouffrés dans le vide à gauche. Devant Berlusconi le revenant, la Ligue Nord xénophobe et séparatiste, les clowneries populistes de Grillo, un centre chrétien démocrate qui se cherche, il y avait une place à réoccuper d'urgence. Reste à savoir pourquoi faire...
(Article déjà publié sur le blog de René Merle)