Dans ces quatre cas (et il y en a bien d’autres semblables), nous sommes face à ce que l’on pourrait appeler une stratégie « d’écrêtage social ». Au nom du principe d’égalité, le gouvernement organise, en fait, une politique d’équité, une discrimination positive sociale par le bas. Il confisque une partie des droits de ceux qui produisent la richesse pour la redistribuer à ceux que sa politique européiste précipite dans la survie. Cela n’a rien à voir avec les principes de solidarité et de répartition du CNR, et, plus précisément, avec la « solidarité interprofessionnelle » et « intergénérationnelle » des principaux régimes sociaux. Que ce soit pour les retraites, les allocations familiales, les allocations chômage ou la formation professionnelle, le travail effectué ou l’existence d’une famille ouvraient jusqu’à présent des droits pour tous les citoyens, basés sur les mêmes calculs. Pour ces droits essentiels la différence de patrimoine personnel n’entrait pas en ligne de compte. Celui-ci était considéré comme le fruit du mérite personnel, l’acquis intangible suscitant la nécessaire ambition des individus et le dynamisme des nations.
L’échec patent de François Hollande tient dans la conjonction de deux choix désastreux, le deuxième amplifiant les conséquences du premier. Le premier choix est la soumission totale à l’Union Européenne, actée dès le début du quinquennat par la première promesse trahie et l’adoption du traité Merkel-Sarkozy. Empêchant toute réindustrialisation et toute relance, l’application de ce traité ne pouvait que faire exploser le chômage et aggraver la précarité. Je voulais ici attirer l’attention sur la nature des solutions avancées dans ce contexte par ce gouvernement et qui en constituent, à mon avis, le marqueur idéologique. Si les recettes de Nicolas Sarkozy étaient purement et simplement libérales (au sens économique du terme) et bourgeoises, celles de l’exécutif actuel relèvent d’une sorte de gauchisme égalitariste contenu dans une fameuse déclaration de François Hollande en janvier 2007 dans laquelle ils affirmait ne pas aimer les riches, tout en précisant que la richesse commençait pour lui à 4000 euros par mois. Il y a donc, finalement, une certaine cohérence dans le « hollandisme », d’autant que la plupart des ministres en poste semblent partager ce gauchisme égalitariste qui caractérise les bobos et qui, dans le principe, rejoint celui des régimes staliniens : que les caisses soient vides constituent l’occasion de faire un bond en avant dans l’égalité, prenons à ceux qui ont encore un peu pour donner à ceux qui n’ont plus rien. Le pays est ruiné mais juste. Et au-delà du socio-économique, c’est ce même égalitarisme forcené qui dicte les réformes sociétales qui déstabilisent encore plus notre société déjà mal en point (mariage pour tous, droit de vote des étrangers, etc…). La remise en cause de nos grands équilibres républicains au profit d’une révolution de salon menée à l’échelle du pays par des Che Guevara de Saint-Germain-desPrès obère sans doute toute chance de revoir en France après celui-ci un autre exécutif PS et, plus largement, de gauche. Mais puisque cette gauche n’a pas su renouveler un fond idéologique qui a mené à l’échec tous les régimes socialistes du vingtième siècle, c’est peut-être mieux ainsi…
Pierre Delvaux
"Mais puisque cette gauche n’a pas su renouveler un fond idéologique qui a mené à l’échec tous les régimes socialistes du vingtième siècle, c’est peut-être mieux ainsi…"
Enfin une conclusion lucide après trente années de crétinisme électoral passées à appeler à voter pour un gouvernement ouvrier-bourgeois P"S"-P"C"F de 1983 à 2013.
Exit les gouvernements ouvriers-bourgeois devenus gouvernements bourgeois d'origine ouvrière. Exit les partis ouvriers-bourgeois devenus partis bourgeois d'origine ouvrière.
JFMD