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La mobilisation contre la réforme des retraites à son plus haut ! Et maintenant, que faire ?

Derrière les retraites, c’est la question du pouvoir et de la démocratie qui est posée…

Par Jacques Cotta • Actualités • Jeudi 21/10/2010 • 10 commentaires  • Lu 2426 fois • Version imprimable


Après 6 manifestations contre la réforme des retraites, il est incontestable que la mobilisation des salariés dans la rue demeure massive. De plus, les sondages à répétition, une fois n’est pas coutume, indiquent une sympathie croissante de l’opinion pour les manifestants. Relativisés les discours sur les « français pris en otage par les grévistes ou les bloqueurs », c’est plutôt des messages de sympathie qui sont exprimés. A plus de 69%, les sondés indiquent leur volonté de voir le mouvement aller jusqu’au bout. Une façon d’agir ou de faire grève par procuration. En même temps, le président Sarkozy atteint son plus bas depuis 2007 avec seulement « 30% de satisfaits », entrainant son premier ministre et toute la majorité dans son sillon. Face aux défilés rejoints depuis peu par une partie de la jeunesse lycéenne et étudiante, face aux grèves qui éclatent ici ou là, face aux blocages notamment des raffineries ou dépôts de carburant, le gouvernement se veut cependant inflexible. Il affirme la volonté conforme aux impératifs dictés par Bruxelles de faire passer coute que coute, comme si nul ne protestait, la réforme des retraites baptisée réforme clé du quinquennat Sarkozy. Mais ce gouvernement sait qu’il marche sur des œufs. Pour tenter de clore administrativement le dossier, Eric Woerth annonçait jeudi 21 octobre dans la soirée une procédure accélérée au Sénat, alors qu’au même instant  les grandes centrales syndicales se prononçaient pour une nouvelle journée d’action. La question est politique est nul ne peut l’éviter. Maintenant, que faire ?

Un embarras général

 

Pour le gouvernement, ce dossier des retraites devient un véritable boulet. Contre toutes les prévisions en effet, les réactions populaires expriment un mouvement en profondeur des forces sociales tout autant dans la fonction publique que dans le privé.

Tout s’apparente en effet à une véritable vague de fond en train de rassembler l’énergie nécessaire à son déferlement. L’histoire même de ces mobilisations permet d’en comprendre la profondeur. L’argument selon lequel l’assemblée nationale avait déjà voté, et donc que rien ne pourrait être modifié, a fait long feu. Alors que tous les pronostics laissaient entendre que les manifestations seraient un baroud d’honneur tout juste bon à marquer le coup, une dynamique propre s’est mise en branle, démentant la coutume qui veut que les journées saute-mouton démoralisent et démobilisent.

Alors que le point de départ fixé par les confédérations, sous l’impulsion initiale de Bernard Thibault et François Chéréque, portait sur la négociation de la réforme, sur la pénibilité ou sur les femmes par exemple, offrant ainsi l’occasion à tous les protagonistes de trouver une sortie de crise négociée, peu à peu, la rue a exprimé la volonté du retrait du projet.

C’est donc l’affrontement direct, sans échappatoire, qui a été fixé par la base, entrainant avec elle les sommets qui n’avaient pas prévu de se laisser ainsi embarquer. D’autant que celui qui ferait défaut porterait alors la responsabilité de la division, mettant en péril des pans entiers de son organisation. C’est ainsi que les responsables des grandes confédérations se retrouvent pour le moment ligotés à la volonté qui vient d’en bas, pour le retrait du projet aujourd’hui, pour sa non application en cas de vote demain.

Sacré Sarkozy

 

Face à ce mouvement de fond, les réactions intransigeantes de Nicolas Sarkozy risquent fort de produire l’effet inverse de celui recherché.

D’abord il montre son mépris des principes les plus élémentaires de la démocratie. « Jai été élu pour réformer » dit-il pour couper court à tout débat sur le contenu de la dite réforme, oubliant d’ailleurs que lors de l’élection de 2007 il s’était engagé à ne pas toucher à la question des retraites. Mais qu’importe. L’attitude présidentielle qui affirme un diktat s’inscrit dans la foulée de la soirée du Fouquet ‘s et des amitiés entre forts et puissants au détriment du bas peuple. Sa réforme emblématique ne pouvait d’ailleurs être mieux portée que par l’ami de Liliane Bettencourt, l’ancien trésorier de la campagne présidentielle et de  l’UMP. Par le contenu de la réforme et par l’attitude du président de la république et de ses ministres, il ressort que le gouvernement, loin d’être neutre, conduit une politique au profit de quelques-uns, les amis du Cac 40, et au détriment du plus grand nombre.

Ensuite, ce qui dans le scénario initial ne devait être qu’une « question syndicale » s’avère être au plus haut niveau une question politique. C’est Sarkozy lui-même qui a modelé cette réalité, rendant perceptible pour des millions d’individus que la question posée était en définitive celle du pouvoir et des intérêts défendus. Ainsi, Nicolas Sarkozy a réhabilité la lutte des classes. C’est l’affrontement contre le gouvernement et les forces sociales qu’il incarne qui domine, plus qu’une question particulière qu’il suffirait de régler pour permettre à chacun de tourner la page. Cet affrontement contre le pouvoir, contre Sarkozy lui-même permet d’ailleurs de comprendre ce que les médias dans leur ensemble tentent d’étouffer depuis que la jeunesse a fait sienne cette mobilisation. « S’occuper de sa retraite à l’âge de 16 ans, absurde » entend-on dire sur les ondes, pour mieux se persuader que la jeunesse n’a pas de pensée, pas de conscience. C’est très exactement l’inverse qu’exprime la situation présente. Les jeunes font irruption dans l’histoire poussés non seulement par une motivation personnelle –les difficultés à entrer sur le marché du travail- mais surtout par un sentiment politique, la volonté d’en découdre avec un régime qui produit inégalités, exploitation et qui n’offre aucun avenir.

Bernard et François sont dans un bateau…

 

La question posée est non seulement celle du pouvoir mais également celle du soubassement politique autour duquel un large consensus traverse les directions syndicales, les états- major de partis, les sommets du pouvoir.

Angela Merkel fait tout voler en éclat. Ainsi, sur les ondes françaises, la chancelière allemande est-elle venue en secours de Nicolas Sarkozy, fustigeant les français qui refusent le passage à 62 ans de la retraite alors que les travailleurs allemands ont dû accepter eux de passer à 67 ans. Depuis d’ailleurs, bon nombre d’éditorialistes étrangers viennent marteler sur le même thème, oubliant d’indiquer que dans l’ensemble des pays d’Europe les peuples expriment leur refus des mesures d’austérité qui les frappent.

Plus que l’aspect révoltant de voir certains nantis venir donner des leçons au peuple français auquel on voudrait dénier le droit de s’occuper de ses propres affaires, ces réactions ont un double mérite :

  • D’abord elles complètent la réhabilitation de la luttes des classes amorcée par le Président français, indiquant qu’elle est bien nationale dans sa forme, mais internationale dans son contenu.
  • Ensuite elle éclaire d’une lumière vive les débats passés et à venir sur la question européenne. Quelle Europe ? Celle du marché libre et non faussé dont les Merkel et Sarkozy sont les porteurs, ou celle des peuples, des grecs, des français, des espagnols, des italiens, des allemands qui refusent l’austérité que le capital veut leur faire subir ?

Dans ce contexte, les moins embarrassés ne sont pas les responsables des centrales syndicales, Bernard Thibault et François Chéréque en tête. Le second a déjà indiqué qu’il retirerait bien le tapis, prétextant « la nouvelle période ouverte par le vote du Sénat », et « les violences » amplifiées pour l’occasion là où en réalité elles ne sont, eu égard à l’ampleur des mobilisations, qu’assez marginales. Mais se retirer présente deux inconvénients majeurs :

  • Le premier, embêtant, mais surmontable. Le retrait serait sans doute suivi d’une désertion de bon nombre de militants de la CFDT réellement engagés dans la bataille.
  • Le second surtout. Il laisserait la direction confédérale de la CGT seule, prise en étau entre un durcissement en bas de masses devenues de plus en plus incontrôlables, rassemblant leur force pour en découdre avec le pouvoir, et le gouvernement incapable de sortir par  le haut de la situation ainsi créée.

Le risque dés lors serait grand de voir la vague en formation tout emporter sur son chemin le jour où l’énergie accumulée lui  permettra de déferler. Les centrales elles-mêmes pourraient se trouver menacées. La contenir nécessite pour le moment un front des appareils, jouant les prolongations dans de nouvelles journées d’action, malgré leur volonté de prendre du recul et de se retirer… Soit de nouvelles journées de manifestations viendront momentanément à bout de la mobilisation, soit il faudra alors aviser et trouver d’autres moyens pour s’extraire de la situation…

Et maintenant que faire ? L’action…

 

Les confédérations ont donc décidé de nouvelles journées d’action, journées de manifestations. La bataille des chiffres, gonflés par les uns, minimisés par les autres, totalement absurde, va donc reprendre. A Paris les trajets traditionnels ont été épuisés. Faudrait-il visiter de nouveaux quartiers ?

De toute évidence, l’ampleur déjà atteinte nécessite –pour paraphraser François Chéréque- de prendre en compte la situation nouvelle. Il faudrait donc contraindre le pouvoir à ne pas appliquer un texte qu’il aura fait voter, comme cela fut le cas pour le CPE. Mais un texte ordonné par Bruxelles, dans la lignée des mesures d’austérité dictées par le FMI à la tête duquel se trouve Dominique Strauss Kahn. Pour parvenir à un tel résultat, il faut établir un rapport de force total.

De nouvelles journées d’action, avec manifestation sur des grandes artères loin des centres de décision, pourraient-elles répondre à la question ? Mais pourquoi ce qui n’a pas permis jusque là de faire reculer le gouvernement le pourrait soudainement ?

Ne faudrait-il pas, comme le suggère la confédération FO et la CFTC, décider une journée de grève générale, préparée, organisée, démontrant la force et la détermination des travailleurs du privé et du public réunis ?

Ne faudrait-il pas, à tout le moins, décider d’une grande manifestation nationale, à l’Elysée, pour exiger la non application du texte qui aura été voté et que le peuple refuse ? Une montée nationale à Paris avec des trains réquisitionnés pour l’occasion.

N’est-ce pas à la hauteur de l’enjeu qu’il faut se positionner ? Et n’est-ce pas ainsi la meilleure façon de soutenir ceux qui depuis des semaines sont déjà engagés dans la grève, avec les efforts que cela suppose ?

… Ou attendre 2012 ?

 

Ceux qui refusent, notamment à la tête des organisations politiques, d’aller à l’affrontement maintenant avec le pouvoir, préconisent d’attendre 2012.

La réalité sociale est telle qu’il est évidemment absurde de demander, comme le font certains responsables socialistes, d’attendre les futures élections présidentielles pour rediscuter un texte qui prendrait effet prochainement. Une telle position démontre une incompréhension totale des forces sociales en mouvement et des processus en cours de formation. C’est maintenant, tout de suite que le retrait de la réforme s’impose. C’est pour cela que la contestation a pris corps. Pas pour des lendemains d’autant plus hypothétiques que la position de plusieurs responsables socialistes, dont celle de Martine Aubry, laisse pour le moins pantois. Dans le contexte actuel, la première secrétaire a en effet annoncé qu’elle comprenait l’allongement de la durée de cotisation et s’inscrivait dans les 41,5 annuités fixées par François Fillon en 2003.

Pourtant, ce que les masses du pays désirent et ce qu’elles expriment dans leur opposition à Nicolas Sarkozy, c’est très exactement l’inverse. Retraite à 60 ans et à taux plein pour tous ! Ce qui inévitablement nécessite non seulement de ne pas reculer sur les 40 annuités exigées, mais pose le problème par souci d’égalité, d’un retour à 37,5 années de cotisations pour tous.

Puisque certains préconisent 2012 contre l’obtention par le rapport de force d’une solution tout de suite, il serait sans doute utile par souci de clarté et d’efficacité d’obtenir une position commune sur ces questions. « 60 ans, 37 ans et demi, taux plein » ! Une telle base, un tel engagement qui implique l’affrontement avec le capital, permettrait de réaliser l’unité tout de suite et serait sans nul doute à la fois la voie tracée à l’unité sur des questions plus large, l’emploi, les salaires, la ré-industrialisation, le crédit, la monnaie… mais aussi la meilleure garantie qu’un candidat unique de la gauche batte à plate couture celui de la remise en cause des retraites des français.

A l’inverse le risque encouru par le consensus sur la remise en cause des acquis historiques du peuple français est grand. C’est la reconduite du candidat de la droite, sinon de la droite extrême, forte de la démoralisation qu’engendrerait une nouvelle capitulation.

 

Jacques Cotta

Le 21 octobre 2010


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Commentaires

Maintenant que faire? Show must go on! par pereira nunes le Vendredi 22/10/2010 à 00:34

Au point où sont arrivées les choses, la mobilisation pourrait s'essoufler car, soyons réaliste, on ne va pas manifester ad vitam aeternam. La grève générale une vraie, si jamais on arrivait à la voir, face au réformateur compulsif et têtu plus sa clique, elle ne serait jamais assez longue pour le faire plier au point de le faire retirer le projet de reforme des retraites. Plutôt affamer le peuple que descendre de son piédestal.
Du moment qu'il n'y aura plus de pénurie de carburant le mouvement pourrait s'émousser assez rapidement. Si par exemple les camionneurs s'en mêlaient à fond ça pourrait rallonger la sauce, mais jadis ils ont déjà payé de leur personne pour le résultat que l'on sait.
Au Sénat l'opposition au projet se déroule d'une façon intéressante, compte tenu des forces en présence, même si, là encore, cela ne pourra pas aller beaucoup plus loin.
En définitif il est plutôt illusoire de prévoir la sortie des évènements. Ils ont duré plus longtemps que beaucoup l'auraient espéré. Désormais il faut se rappeler du grand Danton. De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! Aujourd’hui les héros existent encore. Laissons les monter sur la scène car c'est maintenant qu'il faudra agir, même si l'incontournable question des retraites n'a pas fini d'être remuée pour encore bien des fois.
Avec les retraites c'est autre chose qui gène le peuple de France pour ne parler que de lui, et la mobilisation de jeunes gens de ce pays, bien plus attentifs à la politique qu'ils ne le laissent paraître, l'illustre sans équivoque. La crise financière de 2007-2008, face à la faillite des banques et les scandales qui leur sont associés, nous mène à un poker. On ne paye plus sans voir le jeu.
Les réformes dont nous avons besoin demandent l'intervention d'authentiques hommes d'état contrairement à ce que nous avons pris l'habitude de voir défiler devant nos yeux depuis bien des années. Si actuellement nous avons un monsieur qui traite les affaires du pays à coups da Karcher, dans le trottoir en face c'est la bande d'éléphants pseudo-socio-démocrates que depuis Mitterrand semble plus que jamais portée à la lutte des places qu'à la lutte des classes. Si on attend que les socialistes pour gouverner la France, au mieux on se trouvera avec un Jospin bis. Non merci, on a déjà donné.


par regis le Vendredi 22/10/2010 à 01:15

« peu à peu, la rue a exprimé la volonté du retrait du projet » oui, mais toujours pas « l’intersyndicale » même si la direction de Solidaires a eu quelques petites velléités d’indépendance qui n’ont d’ailleurs pas duré.

Cette « intersyndicale » persiste à se f… de nous en lançant 2 journées d’action de loin en loin. Je vois le coup venir : il s’agira de tenir la distance…jusqu’à épuisement.

Le problème, c’est qu’on n’arrive pas à s’en affranchir. J’ai tenté la grève reconductible et même obtenu une incitation intersyndicale pour : résultat : seuls mes camarades et ceux de la CGT étaient là, les collègues passaient, faisaient le gros dos et…allaient bosser ! Et pourtant, ils ne sont pas pour la « réforme » ! Même si je sais que ma région n’est pas un bastion ouvrier, j’ai reçu le coup en plein coeur. Difficile de discuter sur ce sujet : les collègues sont fuyants, sans doute aussi culpabilisés ce que je ne cherche pas.

Exit, au moins provisoire de la grève reconductible.

Que faire ? (et je ne suis pas léniniste)

L’idée d’une manifestation des salariés de tout le pays à Paris pour laquelle je pensais à l’Assemblée Nationale pour lui dénier le droit de voter cette loi. A l’Elysée ? Peut-être avez-vous raison. Je ne sais.

Par contre, j’ai du mal à vous suivre sur le dernier paragraphe concernant 2012 : aucun candidat putatif ou surtout crédible ne se positionne pour les 37,5 annuités ; soyez sûr qu’aucun ne le voudra. Je peux me tromper mais j’ai le sentiment que tout se joue sur l’issue de cette bataille des retraites : un échec du pouvoir signifie la fin du sarkozisme, redonnerait confiance à la classe ouvrière et peut être un tremplin à nos aspirations.


Re: par jcotta le Vendredi 22/10/2010 à 08:12

Je suis -malheureusement- d'accord avec quelques-uns des constats que vous tirez. Sur l'attitude des responsables de centrales qui composent l'intersyndicale, rien de neuf, sinon la déconvenue de voir persister jusque là la volonté populaire sur le retrait, contrairement à une position conciliante qui n'a d'autre effet que de permettre à cette réforme de passer. Sur le but des journées d'action aussi. Et surtout sur la réalité de la grève reconductible. J'ai pu faire le même constat que vous. La majorité, la grande majorité est opposée à la réforme mais pas pour autant prête pour le moment à se mettre en grève. La volonté de s'exprimer à moindre coût, par procuration, en utilisant ceux qui bloquent, domine. C'est un fait. Une montée nationale à Paris sur l'Elysée demeure donc une possibilité. En attendant, nul ne peut dire que la décision de Bernard Thibaud pour deux nouvelles journées d'action parviendra à régler le problème du pouvoir en démoralisant les troupes. C'est vraisemblable, mais rien n'est assuré. Les masses peuvent aussi se montrer obstinées... Par exemple, sans avoir la religion des sondages, on constate ce matin que BVA indique, aprés blocage des raffineries et manifestations lycéennes, violences mises à la "une" pour effrayer, que le soutien populaire est toujours de 69% pour le mouvement engagé. On verra bien si les appareils parviennent à l'emporter mais cela étant, ne peut-on considérer, vu l'ampleur, qu'il restera de toutes les façons quelque chose des mobilisations engagées. Aussi, peut-être suis-je d'un optimisme coupable, mais je ne suis pas du tout assuré que si Sarkozy gagne dans les conditions actuelles sa réforme, il pourra dérouler toutes celles qui sont dans les cartons jusqu'en 2012. Il n'est pas parvenu à être Tathcher, à briser le peuple comme celle-ci l'avait fait avec les mineurs. Sur la question politique, ce que vous dites est incontestable. Nul n'est pour les 37,5 ans de cotisation. Et alors? Tous se gargarisent de termes tels "l'équité", notamment pour ceux qui ont commencé tôt à travailler... prenons-les au mot. Si on veut au nom de "l'équité" comme ils disent concilier les 60 ans et une retraite à taux plein, alors c'est 37,5, pas une de plus. Personne n'est pour. Mais n'est-ce pas une bonne raison pour tenter d'enfoncer ce clou, du moins de livrer cela à la discussion en affirmant quoi qu'il en soit que plus de 40 ans, c'est exclu...


Re: par Anonyme le Vendredi 22/10/2010 à 14:11

"La majorité, la grande majorité est opposée à la réforme mais pas pour autant prête pour le moment à se mettre en grève"

- OUI, la grève est hors de prix !! Bien peu de monde peut se permettre de perdre une journée de salaire. Un fond de grève serait bien utile, et vu le soutien populaire, tout est possible ...

Une piste ici (pas lu,article payant)

"Dans les raffineries en grève, les chèques de soutien affluent"

http://www.mediapart.fr/journal/france/211010/dans-les-raffineries-en-greve-les-cheques-de-soutien-affluent


Re: par regis le Vendredi 22/10/2010 à 17:31

« Bien peu de monde peut se permettre de perdre une journée de salaire.». Pas simple lorsque je constate que le personnel de cantine des écoles de ma ville est gréviste pour participer aux manifestations et que mes (charmants par ailleurs) voisins de pallier qui sont tous deux profs ne le font pas…Mais, sans doute, tout est dans le mot PERDRE. Hésitations, manque de confiance dans la possibilité de faire céder le pouvoir qui correspond au manque de fermeté des responsables syndicaux ou politiques dans cette bataille (avez-vous entendu le mot retrait de la part de l’intersyndicale ?). Au contenu explicite correspond à une tactique où aucune journée n’est décisive, où une journée chasse l’autre et qui aboutit à remettre sans cesse la lendemain ce qui pourrait provoquer l’aboutissement. Comment voulez vous qu’il n’y ait pas d’attentisme ?

Et moi (et d’autres), pensez vous que nous avons les émoluments de monsieur Proglio ?

Cela dit, je constate aussi que la grève reconductible n’est pas d’actualité et ne suis pas opposé à un soutien financier à ceux qui bloquent mais nous ne pourrons déboucher positivement que si la grande majorité se met en mouvement sous une forme qui rencontre son adhésion et la manifestation nationale à Paris pourrait en être une.


Re: par jcotta le Vendredi 22/10/2010 à 18:50

Bien sur, le coût de la grève est un élément qui joue. Mais est-ce là la principale explication sur le fait que la gréve reconductible, ça ne prend pas? Je pense qu'il existe une série d'éléments qui devraient être pris en compte. 

  • D'abord sur le terrain syndical. Tous sont sur la ligne -mis à part FO et SUD- de la négociation du projet et non du retrait. Dés lors faire grève pour quelques amendements? La réponse vient d'elle-même non? Je voudrais d'ailleurs rajouter un élément: le piquet de la raffinerie de Grandpuits a été chassé par les gardes mobiles ce matin. Comme rien n'est laissé au hasard, la prochaine journée d'action décidée par l'intersyndicale sur proposition de Bernard Thibaud est pour le jeudi 28. Ce qui signifie que jusque là les bloqueurs et grévistes sont seuls face au pouvoir et la police et n'ont qu'à se débrouiller hors de tout soutien massif, hors de toute possibilité de généralisation! Tel est le message. On voit bien là le rôle que Thibault et Chéréque jouent contre la grève reconductible...
  • Ensuite sur le terrain politique. Faire la peau au gouvernement par la grève, oui, mais avec qui, pour quelle alternative? Lorsque Martine Aubry déclare en plein conflit qu'elle s'engage à ne pas revenir sur la loi Fillon de 2003 et qu'elle refuse les 40 annuités de cotisations pour tous, est-ce trés mobilisateur pour pousser à la grève tout de suite? Poser la question c'est y répondre. Je pense que ce sont les soutiens dont dispose là Nicolas Sarkozy qui sont le principal frein à la grève générale. Avec un élément supplémentaire: comme ça fait un moment que ça dure, les mentalités, les états d'esprit sont atteints en profondeur. N'y a-t-il pas là des ressorts qui ont animé durant des décennies les couches ouvrières et salariées qui sous les coups des responsables de syndicaux et politiques de gauche sont aujourd'hui touchés?


Soyez raisonnable... par Anonyme le Samedi 23/10/2010 à 10:41

"Soyez raisonnable, acceptez les discussions avec les syndicats, ne vous enfermez pas dans ce choix unilatéral", a déclaré le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault.

http://fr.news.yahoo.com/4/20101019/tts-france-retraites-paralysie-ca02f96.html


Le Militant/Vincent Présumey, 16 10 2010

(...) Pour les masses, c’est tout naturellement que ces deux aspects ne font qu’un. Les gens savent que Sarkozy «ne cédera pas» sur les retraites, que son projet de loi n’est pas le CPE de 2006, que c’est bien plus important. C’est pourquoi ils ont pendant tout le printemps été fort sceptiques envers les appels à «se mobiliser» qui n’étaient d’ailleurs pas des appels au retrait du projet alors déjà connu de Sarkozy. Si rien n’a pu enrayer la montée progressive de ce mouvement, c’est qu’il monte des profondeurs. Le mouvement vers la grève générale est toujours politique, c’est en cela qu’il s’oppose au capital : il pose la question du pouvoir. (...)

http://www.lemilitant.org/Militant/Actualite/Entrees/2010/10/16_A_chaud___lecons_politiques_du_mouvement.html








par sinziana le Vendredi 22/10/2010 à 07:28

Entièrement d'accord: tout se joue maintenant, ces jours-ci, sans quoi la mobilisation va retomber peu à peu, la réforme passera dans l'indifférence générale, les suivantes de même.
Les syndicats sont en dessous de tout et les étudiants (eux qui, à part tout simplement leur avenir, n'ont pas grand chose à perdre) sont dans le juste, comme en 68. Ras-le-bol des défilés bien ordonnés. Il faut tout bloquer, tout casser. Si on va en masse à l'Elysée, c'est pas pour crier des bouts rimés sous les fenêtres mais pour le démolir pierre par pierre!


Pour faire reculer le gouvernement par Julien Bézy le Vendredi 22/10/2010 à 15:39

Pour faire reculer le gouvernement, il faut créer une rupture dans l'entente sociale. La grève Générale est une chose mais il faut des manifestations ludiques, une marche sur l'Elysée est une bonne chose ou une marche sur le parlement. Il ne faut pas oublier que les députés de droite ont voté la réforme contre l'avis du peuple. Il ne faut pas les exonorer de quelques représailles bien ressentis. La pagaille n'a jamais fait de mal dans un pays en ébullition.



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