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Chers amis, nous avons discuté longuement dans le cadre de l’association « Roya Citoyenne » des questions politiques posées par l’afflux des migrants dans la vallée de la Roya. Nous avons décidé cette conférence et je vais, comme cela m’a été demandé, poser quelques questions incontournables, apporter mes réponses –ce sont les miennes et pas celles de l’association dans laquelle les points de vue peuvent être divers- et livrer tout cela à notre discussion collective. C’est donc des faits –la situation dans la Roya et à la frontière à Vintimille- tels que les ont rappelés en introduction Nathalie, Philippe et Soline, que je vous invite de partir.
Nous sommes là pour tenter de Comprendre comment et pourquoi des centaines de migrants sont sur nos routes… Certains diront « on s’en fout » ce qui compte c’est ce qu’on fait pour les aider. Moi je crois que pour faire efficace et ne pas se tromper de cible, il faut discuter et comprendre même si au départ cela semble un peu éloigné des préoccupations immédiates. Comprendre notamment la valeur des arguments mis en avant par les uns et les autres.
L’existence des migrants a mis à jour un fantastique mouvement de solidarité dans la vallée. Des dizaines et des dizaines d’habitants, de Vintimille à Tende, se donnent sans compter. Et pourtant nous savons que cela a des limites. La question des migrants trouvera une solution politique ou n’en trouvera pas. L’humanitaire a une longue histoire dans notre pays. Les restaus du cœur devaient durer un an. Nous en sommes à 25 ans d’existence avec des files d’attente de plus en plus fournies et un pouvoir, quelle que soit la majorité, qui déplore officiellement la pauvreté, qui encourage les restaus, et qui continue de mener une politique qui aggrave l’écart des richesses, augmente la détresse et développe la faim… Les restaus du cœur sont un bon exemple d’humanitaire institutionnalisé qui permet au pouvoir d’éviter ses responsabilités… Concernant les migrants, nous sommes en fait dans la même situation. Un pouvoir qui avec hypocrisie condamne d’un côté les marques de solidarité et qui de l’autre s’en sert comme d’une soupape de sécurité ! Bref, il laisse faire sauf lorsque c’est trop visible. Ce sont alors les gendarmes qui agissent.
Je voudrais donc aborder quelques points, même succinctement, sur lesquels nous pourrons toujours revenir dans la discussion.
Le point de départ de notre assemblée, c’est donc l’action qui a été menée depuis des mois par des habitants de la vallée qui par solidarité se sont largement substitués aux pouvoirs publics, parce que les pouvoirs publics ont fait ceux qui ne voyaient rien ou qui ne voulaient pas voir. Pire, ils ont bénéficié des efforts bénévoles de la population. Le constat est cruel. De fait, la charité malgré elle renforce le mal –la démission des pouvoirs publics- qu’elle se propose de contrarier.
Les marques de solidarité bénévole n’ont pas manqué. Des dizaines dans la vallée se sont donnés. Figure emblématique que je ne présente pas, Cédric qui pour avoir recueilli, nourri et aidé des gosses en perdition s’est retrouvé en garde à vue et doit être jugé. En fait jugé pour aide à personne en danger. Un comble. Je passe mais j’y reviendrai.
Si je pars de là, c’est uniquement parce que très minoritaires dès le départ, des opposants à cette activité bénévole ont fait courir les bruits les plus absurdes. Dernier en date, les « hébergeants » hébergeraient car ainsi ils gagneraient beaucoup d’argent. Argument aussi grossier qu’absurde. Sans commentaire !
Mais il y a eu plus. Nous l’évoquons dans le tract d’appel à cette conférence, parmi les élus que nous avons invités, une conseillère municipale de Breil, membre du Modem, conseillère régionale sur la liste de messieurs Estrosi et Ciotti, a sorti il y a quelques mois un communiqué dans lequel on peut lire :
« La vallée barbouillée… Fermer Fanghetto pour protéger les habitants… Un tas de trafics avec les migrants… Risque de laisser entrer des terroristes, des armes ou de la drogue… etc.»
Tous les arguments peuvent se discuter et cela calmement, de façon posée. Mais le point de départ ce sont les faits, les centaines qui déambulent, parfois affamés, blessés, épuisés. Je passe sur les amalgames, les attentats, les migrants, le danger, la peur entretenue…
Mais à madame Boetti-Forestier comme à ses amis et responsables, messieurs Ciotti et Estrosi, qui se gobergent des « racines chrétiennes » de l’Europe, qui ont la charité à la bouche et la bible à la main, je me permets de demander quelle idée ils se font du christianisme quand ils proposent simplement qu’on refoule les migrants « chez eux » alors que la plupart n’ont plus de « chez eux » depuis longtemps. Si un Palestinien basané nommé Jésus se présentait à la frontière, nul doute que ces bons paroissiens le renverraient « chez lui » pour aller se faire crucifier par les Romains… Il faut donc que des mécréants comme moi rappellent à ces gens ce qu’il y a de grand dans le christianisme et quels devoirs s’imposent à quiconque se prétend chrétien.
2. Mon deuxième point portera sur les raisons de ces migrations.
Ils sont Soudanais, Afghans ou Érythréens. Les populations qui migrent du Soudan ou d’Afghanistan sont chassées de chez elles par la guerre et les massacres. Ils viennent en France et ailleurs dans l’espoir de trouver un eldorado illusoire plus au nord. Ils fuient les bombes, les nôtres en l’occurrence. Quant à l’Érythrée, c’est un immense camp de travail, qu’on appelle parfois la Corée du Nord- africaine.
Sommes-nous envahis par des hordes agressives et hostiles ? Seraient-ils là pour venir voler le pain de nos enfants et accessoirement le nôtre ? Vous m’avez compris, je vise là tous les discours qui nous parlent de migrants économiques avides de richesses au détriment de notre collectivité. Cela est doublement discutable.
D’abord la migration économique est bien une réalité. Elle est souvent le produit d’un pillage organisé des ressources naturelles et alimentaires des pays concernés par des impérialismes qui ne voient évidemment que richesses et profits.
Ensuite, Rebaptiser les Syriens « migrants économiques » comme on a pu l’entendre, c’est à l’évidence se moquer du monde. Ce pays est en proie à une guerre atroce, alimentée par les Occidentaux, les Saoudiens, les Russes, les Iraniens, les Turcs et le régime de Damas. Pris entre Daech, Bachar-el-Assad et les milices d’Al Qaida (celles qui, selon Fabius lorsqu’il était ministre des affaires étrangères de Hollande, faisaient du « bon boulot »), les réfugiés syriens n’ont aucun choix.
La Syrie s’inscrit dans une série de tragédies qui mettent à jour les responsabilités des gouvernements des USA depuis la première guerre du Golfe de 1991 (à laquelle Mitterrand et Jospin donnèrent leur bénédiction) jusqu’à la deuxième guerre du Golfe de 2003 (heureusement refusée par Chirac et Villepin).
Ces guerres dont les gouvernements occidentaux et atlantistes sont à l’origine ont détruit l’État irakien et produit le monstre Daech. La destruction des nations est synonyme de catastrophes. Ils ont détruit la Libye, destruction co-organisée par Obama-Clinton et Sarkozy. Je passe sur l’Afghanistan où le monstre Taliban a été enfanté, élevé, armé et entrainé par les services américains pour faire la peau aux russes. Cela devait bien se passer mais parfois le chien devenu fou se retourne contre son maitre !
Ces guerres se mènent au nom du combat contre le terrorisme alors que les pouvoirs successifs, Sarkozy hier, Hollande aujourd’hui, font ami-ami avec le Qatar ou l’Arabie Saoudite principaux bailleurs de fonds des groupes terroristes.
Les guerres, celles de nos gouvernants, sont une des causes premières des migrations. Les migrants sont ceux de nos gouvernements qui tous veulent se défausser, ni plus, ni moins.
3. Mon troisième point concerne l’appréciation de ces migrations.
Restons sur le côté humain. Certains nous indiquent qu’il y aurait là une chance pour la vieille Europe. Non, ces flux migratoires sont une catastrophe.
Catastrophe d’abord pour les migrants eux-mêmes, chassés de chez eux. Ils n’ont pas demandé à errer sur nos routes. Ils y ont été jetés après avoir bravé la mer. La seule solution à terme est que ces femmes, ces enfants, ces hommes puissent vraiment retourner chez eux, c’est-à-dire que le pays redevienne vivable. Et ici la responsabilité majeure repose sur les grandes puissances, la prétendue « communauté internationale » qui se révèle une fois de plus comme un « caverne des brigands ». Ils organisent le chaos par la guerre et le pillage, et ensuite ils se lavent les mains des conséquences.
4. Humainement toujours. Ce qui ressort de la situation c’est l’absence de racisme au sein des populations, l’absence d’hostilité aux migrants.
C’est vrai il y a eu ici ou là, porte de la Chapelle à Paris, ou encore à Calais, ou encore rue de Flandre à Paris toujours, des manifestations d’agacement soit dit en passant tout à fait compréhensibles. Je ne développe pas, mais vivre du jour au lendemain dans un campement organisé au pied de son immeuble, ce n’était ni prévu, ni souhaité.
En Italie par exemple… A Lampedusa ou on pouvait craindre, et certains d’ailleurs misaient là-dessus, des réactions de rejet au sein du peuple italien. Il n’en n’est rien. Le recueil chaque jour par les garde côtes d’embarcations de fortune en sont un autre exemple.
En Grèce, pays saigné par les politiques qui lui sont imposées par l’union européenne depuis plus de 6 ans, qui accueille, qui éduque en ouvrant des écoles, qui nourrit… Je vous renvoie aux papiers de mon amie et consœur, Effy Tselikas qui relate la rentrée des enfants venus du camp de réfugiés de Derveni, un mois après des petits Grecs… Elle raconte la façon dont là-bas aussi le premier réflexe des habitants peut être la crainte. Puis après discussion c’est la solidarité qui l’emporte. Un père de famille craignait ainsi pour la santé de son fils qui utiliserait les mêmes bancs que les petits migrants. Une heure plus tard, l’homme, boulanger de profession, proposait un gouter régulier aux gosses, à tous les gosses…
En Allemagne aussi avec l’accueil d’un million de migrants malgré les problèmes réels que cela a posé et continue de poser…
Et en France, ici par exemple… La vallée répond à son histoire, celle des immigrés italiens du début du siècle dernier, celle des harkis dans les années 60, celle du bassin méditerranéen, de ses mélanges toujours harmonieux dès lors qu’ils étaient organisés, toujours conflictuels dès lors qu’ils étaient anarchiques…
Les peuples des différents pays d’Europe ne sont pas de « sales blancs racistes » comme le clament quelques illuminés qui affirment ainsi une véritable haine de leur état ou de leur nation…
5. Mon cinquième point porte sur les droits. Tous les migrants sont-ils en droit d’entrer et de s’installer sur le territoire national ? Au risque d’être ici impopulaire, je réponds non.
Dans le domaine qui nous occupe, la souveraineté nationale suppose que chaque nation ait le droit de décider qui elle accueille sur son territoire. Les règles de l’hospitalité consistent à traiter tout homme qui se présente à la frontière comme un humain et non comme un ennemi. Sans que cette hospitalité soit un droit pour l’immigrant.
Le droit international, tout imparfait qu’il soit, devrait permettre de traiter ces questions comme il convient. Et si on ne part pas de là, on accepte de fait dans le débat public l’inacceptable, c’est à dire l’inhumain. L’inhumain, c’est par exemple l’assujettissement aux accords de Dublin qui interdisent à tout migrant de demander l’asile dans un pays autre que le premier dont il a foulé le sol. Autant dire ici la Grèce ou l’Italie qui servent, sous le diktat des accords signés sous l’égide de Bruxelles et de l’Union Européenne, certains penseront que c’est chez moi une obsession, mais il ne s’agit que d’une réalité, sous l’égide de l’Union Européenne donc, des accords qui transforment la Grèce et l’Italie en lieu de détention pour les réfugiés et immigrés.
A/ Le droit de demander asile partout, dans le pays de son choix, et dans l’attente de l’instruction des dossiers qui permettra à l’état de décider souverainement, assurer des conditions d’accueil décentes.
B/ Ceux qui peuvent prétendre au statut de réfugiés politiques doivent en bénéficier.
C/ Mais la jurisprudence française permet également d’autoriser à devenir résidents français des étrangers qui, sans être personnellement persécutés pour leur activité politique, peuvent craindre pour leur vie s’ils retournent dans leur pays. Tous les ministres de l’intérieur jusqu’aux années 2000 – M. Pasqua inclus, cela parlera aux plus anciens d’entre nous – avaient donné des directives dans ce sens à l’administration.
D/ Quant à ceux qui ne peuvent satisfaire à ces critères, il est du devoir de la république de garantir leur vie en mettant sur pied des centres d’accueil, avec des logements « en dur », des sanitaires, l’intervention de médecins et la prise en charge des enfants, cela pour le temps nécessaire à l’étude de leur dossier.
E/ Les mineurs isolés doivent être mis sous la protection de l’état conformément au droit français.
F/ Le regroupement familial doit certes être contrôlé et lorsqu’il est avéré le droit au regroupement familial doit être exigé.
C’est dans ces direction que la bataille mérite d’être menée. En reconnaissant le droit, en reconnaissant la loi et en reconnaissant le pouvoir légitime de l’état de dire qui il accueille et qui il refuse sur les critères ci-dessus qui doivent être respectés. Mais les êtres humains sont des êtres humains et doivent être traités comme tels.
Nous savons qu’il y a, comme dans toutes les migrations depuis que le monde humain existe, toutes sortes de personnages peu recommandables. Les migrants ne sont pas le nouveau prolétariat chargé de sauver le monde. La misère qui les frappe ne leur confère pas un brevet de pureté. On y trouve aussi des délinquants, des trafiquants, et autres…. Ceux-ci doivent évidemment être traités comme tels. Sans faiblesse.
Enfin, qu’on ne vienne pas alléguer la crainte du terrorisme. Les terroristes des deux dernières années étaient le plus souvent de bons Français, bien de chez nous, qui n’ont nul besoin de se mêler à la cohorte des migrants pour accomplir leurs forfaits. L’amalgame, tel celui qui a été fait au lendemain de l’attentat du 14 juillet promenade des anglais à Nice, est odieux humainement, et exécrable politiquement. Il vise à tenter de nous dresser les uns contre les autres à des fins politiciennes minables.
6. La place de l’état constitue mon sixième point.
Evidemment, la force de l’état doit s’imposer, sinon jamais les principes que j’ai énoncés précédemment ne seront respectés. C’est à l’état et à nul autre de les faire respecter ! Lui seul d’ailleurs en a la capacité.
Cela pose la question épineuse des frontières. Contrairement à l’idée selon laquelle leur abandon réglerait la question migratoire, tout le monde pouvant aller partout selon son bon vouloir, il me semble que leur maintien est une garantie. La question n’est pas frontière ou pas, mais quelle politique nationale est mise en œuvre.
Un monde sans organisation devient une jungle, un enfer où la loi du plus fort s’impose au plus grand nombre. Cette vision est assez bien vue par les tenants du pouvoir financier pour lesquels en effet les frontières sont superflues, d’autant plus superflues qu’ils se livrent à la fraude fiscale ou tout autre exercice mafieux de dissimulation ou de pillage. Les frontières donnent le contour de la république comme organisation et le lieu d’application des principes qui y sont bafoués et qui doivent être respectés.
Une vision ultra libérale ne peut rencontrer que l’assentiment du patronat qui y voit l’opportunité d’une main d’œuvre gratuite ou presque, la possibilité d’une pression à la baisse des salaires et d’une remise en cause de nombreux acquis arrachés de longue lutte. Cette position à terme ne peut conduire qu’à la catastrophe. Pour les migrants bien sûr qui ne pourraient trouver aucune place sur le sol national. Mais plus largement pour la société toute entière, les seuls pouvant en tirer bénéfice étant l’extrême droite capable de jouer sur les peurs, les frustrations, les mécontentements liés notamment à l’installation de campements improvisés, et sur les injustices.
En niant les états et leur prérogative, notamment la gestion de leur souveraineté par la maitrise des frontières, il s’agit de priver de tout contrôle les frontières du Sud et de les laisser aux mains des forces armées privés et de celles des nombreuses ONGs, financées directement par les grandes puissances financières et spéculateurs.
L’un d'eux, l'investisseur devenu milliardaire en une nuit, Georges Soros, fondateur d’Open Society, lui qui est derrière de nombreuses ONGs, déclare, dans un article du Wall Street Journal, que les migrants seront son prochain objectif d'investissement, pour une somme de 500 millions de dollars.Ne rêvez pas, il ne s’agit pas de caritatif mais d’investissement avec retour attendu, sonnant et trébuchant. Dans un des documents officiels de cette même fondation, on peut lire : « la crise des réfugiés en Europe doit être acceptée comme la nouvelle réalité » et que « la crise doit être envisagée comme une nouvelle opportunité » pour la mission que la fondation de Soros a entreprise : influencer au niveau planétaire les politiques migratoires.
L’accueil de migrants est indissociable de questions qui concernent en réalité la société toute entière, la grande majorité de nos concitoyens. Indissociable des politiques mises en œuvre dans nos frontières. Pour accueillir, il faut pouvoir donner. La question qui mérite d’être posée est donc celle de la politique permettant d’apporter des solutions réalistes et durables.
Certains penseront que je m’égare. Mais pas du tout, nous sommes en plein dans le sujet.
L’accueil des migrants pose la question de l’emploi d’abord, donc la nécessité d’une politique de réindustrialisation, contrairement à ce que nous subissons depuis plusieurs dizaines d’années avec la destruction de centaines de milliers d’emplois industriels ordonnés par l’union européenne.
Des frontières utilisées à bon escient pour ce qui concerne les flux financiers, un protectionnisme ciblé, la défense de l’emploi.
Une opposition résolue au CETA et au TAFTA qui fait du commerce le but ultime de toute existence humaine.
Des services publics et des fonctionnaires rétablis dans leur mission, leur maintien, leur reconquête et leur développement, contrairement à la « concurrence libre et non faussée » et au combat acharnée de l’union européenne pour leur réduction et leur privatisation.
Un véritable plan pour le logement…
L’accueil des migrants peut être une opportunité en posant toutes ces urgences, pour les migrants mais plus généralement pour les millions et millions de nos compatriotes qui n’en peuvent plus, l’exigence d’un enseignement réhabilité, d’une école faite pour instruire, de la laïcité porteuse de paix et de liberté.
La reconquête de notre souveraineté, c’est à dire du droit de décider nous-mêmes, à travers nos propres institutions, de nos propres affaires, est la condition politique et démocratique de ces exigences sociales.
Aider à résoudre la question des migrants passe par ces questions politiques. Les ignorer reviendrait à accepter une situation migratoire qu’on peut déplorer, qu’on peut vouloir combattre sur le terrain, mais qui s’imposerait de fait comme une fatalité.
Il est clair d’ailleurs que la classe dominante – qui n’accueillera pas un seul migrant dans ses hôtels particuliers et ses villas de luxe – voit d’un bon œil ces « flux migratoires ».
Le PDG d’Airbus Industrie vient de déclarer qu’il faut assouplir le code du travail pour intégrer mieux les migrants !
Les effets sont dramatiques en dressant les ouvriers français contre plus malheureux qu’eux, c’est une bonne vieille stratégie, souvent utilisée pour remplir les poches des actionnaires.
7. Dans mon 7ème point je voudrais aborder les limites de l’humanitaire et conclure sur les responsabilités.
Nous avons par exemple fait passer de l’autre côté de la frontière des migrants en perdition, « parce qu’ils le voulaient ». Mais est-ce une solution dès lors que la seule perspective que leur réserve la politique consensuelle mise à l’œuvre, c’est la rue de Flandres ou l’abandon contre les lois qui imposent pourtant assistance, aux mineurs notamment. Comme l’ennemi est souvent dans notre propre pays, en l’espèce c’est ici, dans notre département que les questions se posent.
Ce qui doit être dénoncé, c’est la politique des pouvoirs publics qui refusent de donner à ces problèmes les solutions juridiques et humanitaires qui conviennent et laissent pourrir la situation ouvrant la voie à toutes les exploitations politiciennes les plus malhonnêtes. Comme aucun État européen ne voudrait assumer le coût politique et moral d’une politique de répression tous azimuts, par exemple en renvoyant les migrants en Libye ou en les faisant périr en mer – je rappelle que le bombardement des bateaux de réfugiés a tout de même été envisagé- les gouvernements laissent les associations humanitaires et les hommes de volonté colmater les brèches, vider la mer avec une petite cuiller. Mais évidemment cela ne peut durer. Les meilleures volontés s’épuisent pendant que les craintes se propagent dans la population. Tout se passe comme si les gouvernements laissaient progressivement s’instaurer le chaos, dont les plus malins pourraient tirer le plus grand profit.
Les fauteurs de guerre sont responsables des flux migratoires. Les migrants deviennent objet d’un business odieux. Le crime organisé s’était spécialisé dans le trafic de drogues, le trafic de putes. Le voilà investi dans le trafic de migrants. L’hypocrisie est générale. Celle de nos gouvernements, celle de l’union européenne qui se dit préoccupée d’une part, et qui menace l’Italie pour non respect des déficits et dépense excessive pour les migrants dont elle a la charge.
Avant d’aborder l’action dans la discussion il y a les principes encore et toujours.
Principe n°1 : Les intérêts des travailleurs français et des migrants de passage sont identiques : l’emploi, le logement, le salaire, les services publics, l’éducation, la culture. Et la reconquête de notre souveraineté accaparée par Bruxelles et la commission européenne est une des conditions pour répondre aux intérêts du peuple.
Principe n°2 : Respecter la morale élémentaire qui devrait rejeter les accords iniques avec la Turquie qui pour se débarrasser des migrants donne un label d’honorabilité et de vertu démocratique au régime d’Ankara qui est en train de tourner à une dictature implacable.
Principe n°3 : Appliquer les lois de la république, appliquer le droit international auquel notre pays a souscrit et appliquer le droit naturel qui fait de chaque homme un membre de la « société du genre humain », cela ne doit pas être trop compliqué ! Pour le droit international, il s’agit par exemple de la convention internationale de Genève et des protocoles concomitants pour les réfugiés.
Enfin, principe n°4 : Que les pouvoirs publics prennent leurs responsabilités. Ce n’est plus au citoyen de s’y substituer. Les pouvoirs publics à tous les niveaux, la commune, le département, la préfecture, donc l’état !
Tous ces éléments légitiment à mon sens quelques initiatives ciblées.
Les migrants en perdition sur nos routes doivent trouver refuge. Certains les ramassent et dès lors tout commence. Qu’en faire ? Nous ne sommes pas et ne pouvons devenir des « passeurs » bénévoles à plein temps.
Dès lors dans la commune c’est vers la mairie qu’il faut les diriger.
Ce n’est pas contre le maire, mais avec lui, que nous devons en effet les conduire si besoin vers notre maison du peuple, vers la mairie.
« La mairie de Breil-sur-Roya ne peut pas tout » dit Monsieur le maire. Il a raison de le dire, mais cela amène deux remarques.
-pas tout, d’accord, mais un peu tout de même, qu’il faut définir, histoire de décharger ses concitoyens, cela devrait être possible.
-pas tout sans doute. Alors élargissons ensemble, les élus et nous, en allant vers les autres mairies de la vallée. Dans ces autres mairies, dirigeons aussi ces sans abris. Demandons avec nos élus une coordination des communes pour parer à l’urgence.
Les pouvoirs publics renvoient en Italie. Qu’ils respectent la loi. Engageons tous les recours juridiques pour que cela soit !
Et les communes ne peuvent pas tout. Alors avec les maires, les conseillers, dressons-nous face au conseil départemental, face à l’état pour exiger ce que la loi prévoit. Il ne saurait être acceptable qu’on demande à de simples citoyens de respecter la loi lorsque les élus qui l’ont votée s’en dispensent…
Enfin, montrons que l’unité d’un peuple qui débat, décide, et agit, est plus forte que toutes les technocraties pour imposer à terme une politique qui réponde à l’intérêt général. Cette assemblée est un premier pas. Il y aura surement d’autres initiatives dans les temps à venir. En cela, cet après-midi du 19 novembre peut être le point de départ d’un engagement politique sans faille et s’inscrire comme une date historique dans la vie de la vallée. Il ne tient qu’à nous !
Bonjour, j'étais présente lors de votre intervention à Breil où vous avez donc lu l'article précédent. C'était la première fois que je vous voyais et vous écoutais. Je réitère ce que j'ai dit, dès le début du débat qui a suivi : vos informations sont biaisées. Votre discours pousse à la haine et à la violence. Je retrouve dans votre article, les mots qui m'ont fait dressé les poils. Pour moi, vous n'arrivez à rien avec vos prises de position clivantes si ce n'est au chaos.
En revanche, j'aurai bien aimé que vous répondiez à cette simple question que vous n'avez jamais abordé : Pourquoi les migrants migrent-ils ? Quand vous aurez fait le tour de la question, on en reparlera.