Ma porte est ouverte, je suis prêt à partir de janvier à ouvrir la grande négociation qui n’a jamais eu lieu dans ce pays sur la refondation du métier d’enseignant. Il y aura bien entendu les contenus. Qu’est-ce qu’on fait quand on enseigne, on vient de mettre en place les écoles, la deuxième phase c’est les carrières, le développement de carrière… » « Vous prenez le modèle allemand, qu’est-ce qui se passe en Allemagne ? Les professeurs travaillent en moyenne 25 heures par semaine, 50 % de plus que notre temps de travail dans le secondaire. Ils enseignent souvent deux disciplines, les chefs d’établissement eux-mêmes enseignent. Alors pourquoi garde-t-on uniquement le salaire et pas tout ce qui justifie le salaire ? »
Ces propos appellent quelques commentaires:
- Obligation de service = temps de travail. Le professeur Peillon ne préparait donc pas ses cours et ne corrigeait aucune copie.
- Les professeurs sont trop payés. Pour que l’on consente à les augmenter, il faut qu’ils augmentent de 50% leur temps de travail !
Car la prétendue réfondation républicaine de l'école n'est rien d'autre que la poursuite et l'aggravation de la réforme Chatel des lycées et plus généralement la mise en oeuvre systématique des orientations de la loi Fillon en matière de régionalisation de l'enseignement, de soumission de l'école aux collectivités locales, de destruction du secondaire au nom du prétendu "socle" de compétence qui efface la frontière entre le primaire et le secondaire, l'éclatement des disciplines et finalement la destruction de l'école comme moyen de transmettre le savoir. Nous ne pouvons que renvoyer nos lecteurs à l'excellente analyse qu'en fait le SNFOLC/Force Ouvrière.
Le ministre se targue d'avoir obtenu un "consensus": effectivement, les "syndicats-maison" ceux qui accordaient déjà leur soutien à Chatel ont voté avec le ministre au conseil supérieur de l'enseignement: UNSA (l'ex-FEN, qui milite depuis toujours pour l'école unique de la maternelle à l'Université), le SGEN-CFDT et le SNALC (qu'ont quitté, pour rejoindre FO, les militants attachés à la défense de l'école républicaine) et l'inénarrable FCPE, représentante patentée des classes moyennes supérieures.
Mais la question scolaire ne saurait être séparée de la politique d'ensemble. Hollande avait fait miroiter pendant la campagne électorale que le traité de stabilisation européen ne pouvait pas être signé sans une sérieuse renégociation. Moyennant la promesse de mise en oeuvre de prétendues mesures de relance déjà annoncées depuis plusieurs mois par Merkel et Sarkozy, Hollande et les socialistes font avaliser à la virgule près le traité concocté par le duo infernal. Dès lors tout s'enchaîne.
- après l'agitation des prétendus pigeons, toute velléité de réforme fiscale sérieuse est abandonnée et la TVA sociale (en fait "antisociale") fait son grand retour avec le pacte de relance proposé par Gallois et adopté pour l'essentiel par Hollande-Ayrault.
- la triste pantalonnade de Florange, avec l'humiliation publique de Montebourg et les courbettes devant Mittal complète le tableau.
- la signature avec les médecins d'un accord sur la maîtrise des dépenses de santé est encore une preuve de la capitulation en rase campagne de ce gouvernement devant tous les lobbys un peu friqués. Ainsi, les médecins "modérant" (?) leurs dépassements d'honoraires verront leurs cotisations sociales partiellement prises en charge par l'État!
- Valls fait expulser des lycéens "sans papiers" en cours d'année scolaire .... ce que Guéant n'osait plus faire!
Complaisant avec les riches, ce gouvernement est ferme avec les pauvres. Pour le SMIC, on repassera: pas de coup de pouce. Les salaires des fonctionnaires gelés depuis deux ans le seront encore cette année. Pour l'immense majorité de salariés, c'est une baisse sérieuse du pouvoir d'achat qui se profile. "Ça va saigner en 2013" annoncent les experts.
Les éminences socialistes connaissent déjà le prix à payer: la gauche perdra une bonne partie des régions, des départements et des grandes villes qu'elle administre. Et à la prochaine échéance nationale se présentera une droite arrogante et encore plus droitisée qui ne rencontrera aucune résistance parce que les prétendus socialistes ayant passé leur temps à cogner sur leur propre "base sociale". En réalité, le PS au pouvoir met en oeuvre le programme de la fondation "Terra Nova": changer la base sociale du PS qui doit se libérer de tous ces ouvriers, employés et enseignants conservateurs pour prendre sa place dans le vaste monde de la gouvernance.
Évidemment, le PS reste un parti de gauche, puisqu'il se situe à gauche de l'UMP sur des questions aussi vitales que le mariage gay et l'insémination artificielle pour les lesbiennes (Ouaouh! quelle audace!). Mais précisément, droite et gauche sont des termes privés de signification politique réelle, de simples attrape-nigauds pour les périodes éloctorales. Beaucoup d'électeurs de Hollande disent d'ores et déjà qu'on ne les reprendra plus et qu'ils resteront au lit lors des prochaines élections. Ils ont parfaitement raison: que reste-t-il aux citoyens, à part la grève du vote, le retrait sur l'Aventin comme l'avait fait la plèbe romaine (495 avant Jésus-Christ) pour protester contre les exactions des grandes familles romaines.
Ca va, pas trop fait d'effort pour écrire ça ? Parce que s'il y en a bien qui savaient ce qu'il allait se passer avec les socio-libéraux au pouvoir, c'est bien les rédacteurs de "La Sociale", non ? Alors pourquoi faire comme si c'était une découverte ? Comme en plus vous concluez "que reste-t-il aux citoyens, à part la grève du vote", cet article plein de vide vaut un zéro pointé.