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Le Procès en appel des Goodyear. La sociale y était…

… avec les 8 dans la salle d’audience, avec des milliers en soutien à l’extérieur.

Par Jacques Cotta • Actualités • Jeudi 20/10/2016 • 0 commentaires  • Lu 1814 fois • Version imprimable


Durant la journée, les débats qui se sont menés dans la salle d’audience ont mis à jour le caractère totalement inique des peines qui avaient été prononcées contre les 8 de Goodyear en première instance. La seule conclusion qui peut en être tirée –dans le cadre d’une justice indépendante- selon les faits relatés, l’instruction menée, la jurisprudence établie- est la relaxe pour les 8 accusés.

On a pu constater dans ce procès en appel qu’aucun témoignage ne mettait en cause nominalement les délégués syndicaux attaqués. De plus « les séquestrés » tout comme la direction de Goodyear étaient tous absents. Et pour cause, ils se sont rétractés, ont retiré leur plainte. Impossible donc pour l’avocat des 8 de les interroger sur quelques faits troublants. Tout permet de penser en effet que cette fameuse journée durant laquelle les deux directeurs du site ont été retenus n’a été qu’une provocation permettant de parvenir à la fermeture définitive du site d’Amiens Nord. Le samedi précédent cette fameuse journée, le directeur du site indique dans sa déposition devant les officiers de police qu’il avait le sentiment qu’il allait être séquestré. Il indique même que tout le week-end il ne pensait qu’à ça. Et arrive alors le fameux lundi. Contrairement aux us et coutumes de l’entreprise, la réunion avec les délégués syndicaux ne se tient pas là où elle était prévue, dans le bureau du directeur, mais dans une salle dans laquelle la direction n’avait jusque-là jamais réuni les ouvriers. Elle n’avait d’ailleurs à ce jour jamais annoncé quoi que ce soit directement, préférant toujours passer par l’intermédiaire des délégués du personnel qui réunissaient alors les ouvriers sur le parking, donc à l’extérieur du site. Ce jour-là, c’est la direction qui appelle à quitter les ateliers et à venir écouter l’annonce de liquidation de l’usine et le refus de négocier des indemnités convenables. Mais il y a plus. Les accès sont grand ouverts. La barrière levée, les portes non gardées, les caméras de télévision conviées, les journalistes invités. Ce site, pourtant classé « Seveso 1 » devient un véritable moulin. Tout est donc en place, dans un climat qui dure depuis des années, alourdis, anxiogène de l’aveu même de l’inspection du travail, pour que la colère s’exprime. A l’annonce du refus de la direction située au Luxembourg de discuter quoi que ce soit sur les indemnités, le ton monte, le piège se referme…
Les délégués syndicaux qui sont là pour éviter le lynchage sont désignés par la direction comme les fautifs. « Fallait-il quitter les lieux au risque de se retrouver devant la justice pour non-assistance à personne en danger » questionne l’un d’eux. Peu importe les explications, les arguments, les faits pour l’avocat général venu donner la parole gouvernementale dans la salle d’audience. Celui-ci a donc réclamé 24 mois de prison avec sursis. C’est moins qu’en première instance où de la peine de prison ferme avait été prononcé. Mais même à un degré moindre, la politique gouvernementale défendue en l’espèce par le parquet est sans ambiguïté. Des ouvriers défendant leurs emplois doivent être sanctionnés. Des délégués syndicaux, dès lors qu’ils ne transigent pas et respectent le mandat qui leur a été donné, sont coupables et doivent être condamnés. Déjà atteint dans la vie par une politique qui voit les actionnaires s’enrichir lorsque l’ouvrier est liquidé, dans la salle d’audience il est demandé qu’ils soient à nouveau frappés pour avoir osé relever la tête en tentant de sauver l’essentiel, leur travail et avec lui leur site de production.
 
Le tribunal devra trancher. 
En toute indépendance, il devrait moralement, politiquement, et éthiquement prononcer la relaxe pour les 8 de Goodyear. 
En toute indépendance… 

Jacques Cotta
Le 20 octobre 2016

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