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Le PS confirme officiellement son impuissance à proposer une alternative

Martine Aubry a cru habile de s’entourer de jeunes pour lancer le « socle commun » du PS pour l’élection présidentielle. En ces temps d’infantilisation médiatique et numérique, s’afficher ainsi avec des jeunes appelle plutôt à la méfiance politique. Et, hélas, le contenu dévoilé du programme à venir justifie cette méfiance...

Par Pierre Delvaux • Actualités • Mardi 05/04/2011 • 1 commentaire  • Lu 2167 fois • Version imprimable


Il s’avère, en effet, que quelques mesures à effet immédiat ciblent l’électorat jeune. Construction de logements accessibles et encadrement des loyers. Très bien mais on demande à voir. Depuis 1981 cette promesse récurrente n’a jamais été suivie d’effet de manière conséquente. Quant aux emplois jeunes, on sait depuis Jospin qu’ils ne stoppent pas la progression du chômage de masse. Que deviennent les plus de trente ans et les plus de cinquante ans ?  Les dirigeants du PS croient-ils vraiment remporter la présidentielle par de tels effets d’annonces qui s’appuient sur une supposée naïveté, un manque d’expérience et de culture politique des jeunes ?

Les autres propositions de ce préprogramme ne peuvent tromper personne et je m’étonne du grossier manque de discernement qu’elles traduisent. Ainsi, en matière de santé, le PS prétend en finir avec les « déserts médicaux » par des mesures coercitives pour pousser les médecins libéraux à s’installer en Lozère ou dans la Creuse. Ne serait-on pas en droit d’attendre d’un parti progressiste qu’en matière de santé il soutienne en tout premier lieu le secteur public ? qu’il généralise sur tout le territoire des hôpitaux de proximité ?  Il y aurait davantage de médecins libéraux mieux répartis sur l’ensemble de la France si l’Etat ne laissait pas à l’abandon d’immenses territoires. Mais, justement, le PS est, tout comme la droite, partisan des « eurorégions », des métropoles et de la disparition des départements. Par ailleurs, le recours à la coercition n’est guère républicain. Les dirigeants germanopratins du PS auteurs d’une telle mesure iraient-ils s’installer à Aumont-Aubrac ? (bel endroit cependant…).

Concernant l’Education (puisqu’on ne parle plus d’instruction publique…), le PS reste dans la même logique spectaculaire pouvant faire un thème de soirée d’Envoyé Spécial : priorité aux premières années scolaires et aux zones défavorisées. Là aussi la démagogie jeuniste fonctionne à plein, revivifiant l’esprit de 68 avec lequel on pensait en avoir fini. Le PS voudrait en finir avec l’élitisme républicain et faire réussir tout le monde. On évitera les redoublements, on notera moins sévèrement, on dotera prioritairement les établissements en zone difficile pour garantir le « lire-écrire-compter-cliquer » (sic). Quelle ambition pour le pays et quelle motivation pour les enseignants !...  Il est vrai qu’un pays qui n’a de cesse de détruire son industrie et sa recherche au nom de la concurrence libre et non faussée européenne n’a plus guère besoin d’élites !...  Comme pour les emplois jeunes et la santé, la logique du PS pour l’Ecole est celle du partage de la misère budgétaire, du nivellement par le bas, tout cela pour rester dans les clous du sacro-saint Pacte de stabilité.

En fait, la seule annonce vraiment cohérente du PS est qu’il ne compte pas déroger aux règles du dernier pacte européen. Dans ces conditions, on voit mal comment il pourrait relancer la croissance comme il le prétend, à savoir grâce à une « politique industrielle forte ». C’est vraiment la quadrature du cercle. Même Le MONDE-Economie  écrit que dans la dernière mouture du Pacte de stabilité « le remède » était « pire que le mal » et qu’il fallait d’urgence « une autre politique européenne ».

Dans le même registre et concernant le programme même du PS, le très politiquement correct journaliste économique Jean-Marc Sylvestre regrettait sur I Télé

que le PS n’avance pas un programme de lutte contre les effets de la mondialisation et, en particulier contre les délocalisations. Et de conclure que ce défaut de propositions alternatives allait favoriser les extrêmes !... Nous l’avons dit, il le dit, d’autres le disent. Mais personne à gauche ne veut l’entendre. Le PS et ses alliés seraient-ils revenus aux vieux démons de la social-démocratie d’après Rosa et Karl ?  Et, au train où vont les choses, allons nous voir, comme le déclarait récemment Emmanuel Todd, le programme économique du FN finir par s’avérer comme le plus raisonnable ?

 Pierre Delvaux  le 5 avril 2011 


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Commentaires

par regis le Mercredi 06/04/2011 à 02:28

Effectivement, à la lecture du « programme » du PS (rappelons qu’il n’a aucun caractère obligatoire pour son candidat), on a l’impression que, ma foi, tout ne va pas si mal, hormis quelques manques à corriger.

J’y vois là, confirmation du soutien apporté par ses dirigeants (les « jeunes » sont un alibi « moderne ») à la politique menée par l’actuel gouvernement pour laquelle il y a un accord profond.

Je ne m’en réjouis pas, rien de crédible en face.



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