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Le sionisme et l'anti-sionisme comme idéologies

Ou pourquoi le sionisme et l'anti-sionisme sont les deux mâchoires du même piège

Par Denis Collin • Internationale • Samedi 06/03/2010 • 8 commentaires  • Lu 3919 fois • Version imprimable


Poursuivons notre enquête sur les questions centrales auxquelles est confronté quiconque œuvre à la reconstruction d’une politique de l’émancipation. Après avoir replacé la question de la liberté (et donc des libertés dans leur ensemble) au cœur de la notion d’émancipation, après avoir défini les relations dialectiques qui constituent la politique internationale, je voudrais revenir sur une des questions épineuses qui servent aujourd’hui de clivage, la question du sionisme et de l’État d’Israël. Comme l’État d’Israël est le grand allié des États-Unis au Proche-Orient, cette question est évidemment liée à la précédente. Ceux qui coupent le monde entre pro- et anti-américains utilisent généralement l’attitude à l’égard d’Israël comme un bon critère pour distinguer les amis des ennemis. 

Sans reprendre toute l’histoire de la création de l’État d’Israël, rappelons que les attitudes tranchées, pour ou contre le sionisme, n’ont pas toujours prévalu. Le premier État à avoir officiellement reconnu Israël fut l’URSS et l’État hébreu était plutôt bien considéré à gauche, notamment parce que des Juifs socialistes ou sociaux démocrates avaient joué un rôle clé dans sa construction et que les mouvements palestiniens hostiles au « foyer national juif » (constitué avant la seconde guerre par la déclaration Balfour) étaient du mauvais côté, ayant manifesté leur soutien aux nazis et cherché des accords avec eux. Israël fut même, un temps, l’un des modèles d’un socialisme non étatique et non bureaucratique. Le kibboutz israélien était l’un des pôles de la réflexion autogestionnaire, avec l’autogestion yougoslave et les essais d’autogestion dans l’Algérie de Ben Bella. Une des grandes figures intellectuelles de l’anti-impérialisme militant, Jean-Paul Sartre, fut, sa vie durant, et même après son épisode « mao », un ami constant de l’État d’Israël. Le dépérissement des kibboutz, la transformation d’Israël en un État capitaliste comme les autres, notamment après que les travaillistes qui le dominaient depuis sa création ont dû céder le pouvoir au Likoud, mais aussi surtout le développement des mouvements de la résistance palestinienne et les deux « intifadas » ont modifié du tout au tout cette situation.

Historiquement, le sionisme n’est rien d’autre que l’idéologie nationale du peuple juif, c’est-à-dire l’ensemble de récits largement mythiques au travers desquels s’est constituée l’identité nationale juive. Il se développe d’ailleurs au XIXe siècle comme une des expressions des mouvements nationaux européens et a pu prendre son plein essor avec l’apparition de mouvements antisémites de masse – à distinguer de l’antijudaïsme chrétien traditionnel – révélés par l’affaire Dreyfus en France puis par l’antisémitisme allemand, dont les premières manifestations systématiques datent du milieu de la première guerre mondiale. De nombreux juifs doivent alors faire le constat que l’assimilation – idéal révolutionnaire démocratique – semble avoir échoué. Le discours ultra-minoritaire des amis de Herzl commence alors à trouver un certain écho. Après la première guerre mondiale, on voit même apparaître un nationalisme juif fasciste ou fascisant, celui de Jabotinsky, fondateur de la « Légion juive » qui n’hésita pas à s’allier aux dirigeants pogromistes ukrainiens par anticommunisme. Son mouvement est à l’origine du Betar et de l’Irgoun, une organisation terroriste d’où est issu le Likoud.

Deux remarques s’imposent. La première est que le sionisme est né en Europe et fut longtemps le propre des Juifs d’Europe et il s’inscrit dans des mouvements d’idées proprement européens. Il a comme tous ces mouvements une composante plutôt égalitariste et populaire et une composante nationaliste autoritaire. On retrouverait sans peine les mêmes tendances dans le panslavisme ou dans le nationalisme français ou dans les mouvements nationaux polonais, irlandais, basques, etc. La deuxième remarque est qu’une partie des Juifs d’Europe orientale a été longtemps réfractaire au sionisme. Ce fut le cas du Bund, un mouvement ouvrier, marxisant, principalement basé en Pologne et qui joua un rôle important dans la résistance juive au nazisme et notamment dans l’insurrection du ghetto de Varsovie. L’extermination des Juifs d’Europe orientale a entraîné la disparition du Bund, les survivants, à quelques exceptions près, émigrant en Israël.

Politiquement, l’État d’Israël trouve sa légitimation théorique dans le sionisme, lui-même largement enraciné dans une théorie de l’unité ethnique du peuple juif, théorie dont Shlomo Sand (Comment le peuple juif fut inventé, Fayard, 2008) a démonté les rouages. Pour l’examen du contenu de l’idéologie sioniste, il suffira de lire le livre de Sand.

L’État d’Israël, indépendamment de son idéologie présente des traits particuliers qui le rattachent aux autres États colonialistes issus des colonies de peuplement : les États-Unis, le Canada, l’Australie ou l’Afrique du Sud ou la plupart des États latino-américains. Dans tous ces États, les colons s’assurent la prééminence et les conflits avec les peuples autochtones sont endémiques. Des situations de domination et de ségrégation perdurent. Aux États-Unis, les Amérindiens ont été pourchassés, exterminés et finalement réduits à une condition misérable dans des réserves – même si les gouvernements états-uniens au cours des dernières décennies ont tenté de réparer au moins moralement les crimes commis à l’encontre des tribus indiennes. À l’opposé, en Afrique du Sud, les Noirs, demeurés majoritaires, ont fini par l’emporter après avoir subi une cruelle oppression, notamment pendant la longue période de l’apartheid. Certes les structures fondamentales de la propriété n’ont pas été touchées, mais le gouvernement de l’ANC – sur lequel il y aurait beaucoup à dire – a fait de la RSA, création des colons Blancs l’État de tous les habitants d’Afrique du Sud, et d’abord des Noirs.

Comparaison n’est pas raison, mais l’examen objectif montre qu’Israël n’est pas une exception contrairement à ce que pensent, pour une fois d’accord, sionistes et antisionistes. La véritable différence entre Israël et ces États, c’est que premier semble sinon légitimé, du moins excusé par le déchaînement de l’antisémitisme et l’extermination des Juifs d’Europe. Du slogan sioniste « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », la première partie est indubitablement erronée – sauf à exclure les Palestiniens de la communauté des nations – mais les classes dirigeantes européennes ont tout fait pour rendre évidente la deuxième partie.

Israël est un État oppresseur d’un autre peuple mais ce n’est pas une exception et on s’étonne parfois de la focalisation des haines sur Israël au point que certains de ses défenseurs y voient la manifestation de l’éternel antisémitisme, ce qui n’est pas totalement déraisonnable. Par exemple, la Turquie, base de l’OTAN et grand allié d’Israël opprime sans remords sa minorité kurde sans que cela provoque beaucoup de réactions en dehors des milieux de l’immigration kurde. La Chine se conduit en puissance impériale au Tibet avec la bénédiction d’une partie de la gauche. Les classes dominantes du Nord-Soudan ont mené une guerre atroce contre le Sud et l’on n’a pas vu beaucoup de défilés pour protester contre le gouvernement islamiste de Khartoum. Les Tchétchènes sont victimes du chauvinisme grand-russe et on se contente de quelques remontrances à l’égard des maîtres du Kremlin. Enfin, on ne peut tenir le compte des guerres injustes menées par les USA, des dictateurs qu’ils ont soutenus – et parfois abandonnés par la suite, au prix d’une nouvelle guerre : Noriega, Saddam Hussein –, et des massacres, disparitions, enlèvements, tortures organisés avec la complicité des services secrets US et de leurs professeurs de torture. Mais tout se passe comme si Israël devait être le bouc émissaire, chargé de porter tous les crimes de tous les impérialismes. Ce qui est très exagéré.

Ainsi, on voit même fleurir ici et là des analyses qui font des États-Unis la marionnette du sionisme. La politique de l’impérialisme US serait dictée par le lobby sioniste opérant à Washington et relayant les dirigeants de l’État israélien. C’est évidemment une plaisanterie – d’assez mauvais goût. Le gouvernement israélien soutient inconditionnellement Washington parce que sa survie économique et militaire en dépend. L’administration US soutient presque aussi inconditionnellement Israël parce que ce pays leur sert de tête de pont dans toute région et de gardien de leur intérêts, notamment pétroliers. Cependant, cette idée selon laquelle le lobby sioniste contrôlerait Washington entre malencontreusement en résonance avec la propagande antisémite traditionnelle qui dénonçait le « complot des Juifs » qui veulent se rendre les « maîtres du monde ». Après la révolution russe, la théorie du complot devait d’ailleurs s’enrichir puisque l’extrême-droite fasciste cibla ses coups contre « le complot judéo-bolchévique ». Il est vrai que les Juifs étaient très nombreux à la direction du Parti de Lénine : Trotsky, Zinoviev, Kamenev … sans parler de Lénine lui-même qui avait un grand-mère juive.

Pour manifester leur colère contre la politique israélienne, nombreux sont ceux qui dénoncent le « génocide » des Palestiniens mené par l’État hébreu. Là encore, on dit vraiment n’importe quoi. Les fautes, les injustices, les massacres et les crimes de guerre commis par l’armée israélienne sont assez nombreux et assez graves pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en rajouter. Quand la guerre menée par les islamistes du GIA fait cent mille morts en Algérie en une décennie, faudrait-il aussi employer le mot de « génocide » ? Ce n’est pourtant pas un génocide. Peut-être faut-il qualifier de génocide les massacres des Arméniens sur ordre du gouvernement turc, encore qu’il ne s’agisse pas d’un génocide au même sens que le génocide des Juifs par les nazis. Ces derniers voulaient faire disparaître non seulement le peuple juif mais aussi les juifs en tant qu’individus. Le gouvernement turc voulait faire disparaître le peuple arménien en le dispersant, mais il n’est pas sûr du tout que si mêlait, de manière consciente et planifiée, la volonté de faire disparaître tous les Arméniens en tant qu’individus. Les dirigeants du Rwanda ont sans doute conduit un génocide contre les Tutsis en 1994. Il y a quelque chose qui ressemble à un génocide rampant dans la longue guerre de conquête et d’occupation menée par les colons européens des États-Unis contre les peuples autochtones d’Amérique du Nord. Mais, ici, la planification systématique fait trop défaut pour qu’on puisse parler sans nuance de génocide. De même, les centaines de milliers de morts faits par la guerre d’Algérie ne relèvent pas de l’intention génocidaire. La bête et criminelle volonté de dominer suffit. La guerre d’Israël contre les Palestiniens ressemble, par bien des aspects, à la guerre des Yankees contre les Amérindiens mais en moins meurtrier et sans l’élément raciste dominant aux États-Unis. Elle peut s’apparenter à celle du gouvernement d’Ankara contre les Kurdes ou du gouvernement russe contre les Tchétchènes. Tout cela est hautement condamnable, moralement et politiquement, tout cela mérite qu’on agisse. Mais parler de génocide avec l’intention évidente de faire un parallèle avec le génocide des Juifs, c’est faux et absurde et surtout cela contribue à entretenir le révisionnisme rampant des Européens(*) : si les Juifs aussi sont génocidaires, cela excuse par conséquent le génocide véritable qu’a été l’extermination des Juifs d’Europe, conduite par le gouvernement nazi mais exécuté avec la complicité de larges fractions des appareils d’État (et parfois des peuples) des autres pays d’Europe et sous l’oeil pendant longtemps indifférent des États-Unis. Enfin, on remarquera que les massacres parmi les plus massifs de Palestiniens sont le fait du gouvernement de Jordanie, pays majoritairement peuplé de Palestiniens et qui a procédé à une répression sanglante du soulèvement révolutionnaire de septembre 1970, rasant les camps de réfugiés et tuant des milliers de victimes civiles (10.000 selon les sources palestiniennes).

On peut refaire l’histoire autant qu’on le veut, se dire que les Palestiniens n’avaient pas à payer pour les crimes des Européens, que l'on pouvait installer un État juif sur le territoire d’un Land allemand, etc. Mais Israël est un fait. Sur le plan international, en l’absence de loi commune et de pouvoir reconnu par tous et capable de se faire obéir, seuls les faits comptent, seuls les faits font droit. Et il est absurde de mettre en cause le droit à l’existence d’Israël. Du point de vue de l’esquisse de droit international que sont les résolutions de l’ONU, la partition de la Palestine est également reconnues par la plupart des États. Comme tous les États au monde, l’État d’Israël s’est institué par la violence et par la guerre. La seule question est de savoir comment concilier le droit d’Israël avec le droit à la nation et à l’État-nation du peuple palestinien. L’OLP avait jadis soutenu l’idée d’une Palestine unitaire, laïque et démocratique. C’était à l’époque où les courants chrétiens et marxistes jouaient un rôle souvent décisif dans l’organisation. Abstraitement parlant, cette revendication était juste, dressée à la fois contre l’État d’Israël comme « État juif » et contre les monarchies arabes musulmanes. Mais ce n’était qu’une perspective abstraite que ni le contexte politique ni l’état même de la société israélienne ne rendaient praticable.

Depuis, la situation s’est largement dégradée. La montée du fondamentalisme islamiste avec le Hamas (un mouvement encouragé par les alliés des États-Unis et les services israéliens) fait pendant à la croissance d’une mentalité « pied-noir » chez les Israéliens, pendant que la décomposition de l’OLP et notamment le discrédit et la corruption de sa principale composante le Fatah privent les Palestiniens d’une direction capable de se faire entendre sur l’arène internationale. Pourtant les conditions de la paix sont connues : le retour d’Israël dans les frontières reconnues internationalement, c’est-à-dire celles d’avant 1967, la création d’un État palestinien en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est, le démantèlement des colonies et l’établissement de relations de collaboration entre l’État hébreu et l’État palestinien – Shlomo Sand et de nombreux intellectuels pacifistes israéliens manifestent leur préférence pour un État confédéral entre Israël et la Palestine. On commence aussi à discuter, en Israël même d’une modification de la nature même de l’État israélien. Celui-ci aujourd’hui est un État juif, confessionnel, dans lequel seuls les Juifs sont véritablement des citoyens de plein exercice (même si l’égalité des droits est formellement reconnue) puisque les lois fondamentales définissent Israël précisément en référence à la religion juive, avec une place centrale accordée aux autorités religieuses rabbiniques en matière de mariage et de divorce. Les ultras, comme le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, veulent accentuer ce caractère confessionnel en exigeant des citoyens arabes israéliens un serment de fidélité à Israël – on demanderait en fait à un musulman de jurer fidélité à la religion juive… C’est si manifestement contraire aux droits civils élémentaires que même le gouvernement de droite ne semble pas trop pressé d’avancer dans cette voie. À l’opposé, des partisans de la paix et israéliens démocrates avancent l’idée que l’État israélien doit d’abord faire la paix avec ses propres citoyens arabes en laïcisant la constitution et en mettant israéliens juifs et israéliens musulmans arabes sur un pied d’égalité. Alors qu’Israël se propose d’adopter une constitution en bonne et due forme, des batailles importantes se jouent sur cette question. La droite souhaite renforcer le caractère confessionnel (théocratique) de l’État alors que des voix se font entendre pour laïciser les institutions et que des comités de citoyens arabes ont proposé de faire reconnaître Israël comme « État bilingue et multiculturel ».

Les partisans de la stratégie du pire, surtout ceux qui mènent toutes les guerres de la planète sans quitter jamais les salles de rédaction et les cafés parisiens, prônent des solutions « radicales ». C’est exactement à l’encontre de cette stratégie du pire qu’il faut aller. La guerre ne profite, en dernière analyse, qu’aux dominants et aux exploiteurs, quelle que soit leur nationalité ou leur religion. Et comme personne ne peut vouloir la paix des cimetières, il faut chercher la conciliation des droits et tenter de faire entendre raison aux parties en conflit.
 

(*) Le vieil antisémitisme n’a pas désarmé. « La Shoah en tant que telle est une invention juive », a déclaré le 25 janvier 2010 un évêque polonais à la retraite sur un site catholique traditionaliste italien (www.pontifex.roma.it). A deux jours du 65e anniversaire de la libération du camp d'extermination d'Auschwitz, journée mondiale de l'Holocauste, ce genre de déclaration ne facilite pas les relations entre catholiques et juifs. Mgr Tadeusz Pieronek, évêque de 75 ans, qui fut ami du pape Jean Paul II et l’ancien secrétaire et ex-porte-parole de l'épiscopat polonais, rajoute dans sa déclaration : « Eux, les juifs, jouissent d'une bonne presse parce qu'ils sont soutenus par de puissants moyens financiers, un énorme pouvoir et l'appui inconditionnel des Etats-Unis et cela favorise une certaine arrogance que je trouve insupportable», il nuance enfin ces propos « Certes, tout cela ne dément pas la honte des camps de concentration et les aberrations du nazisme ». (Lu dans le bulletin de la Libre Pensée)

 


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Commentaires

par quent1 le Samedi 06/03/2010 à 18:00

Juste un champ de 2 liens bleus en rajout, La Paix maintenant ? Un jour viendra couleur..? avec 2 Peuples 2 Etats ?

« La veuve de Moshé Dayan : Israël ne sait pas comment faire la paix par Gideon Levy Haaretz, 27 août 2009

article originel source  : "Moshe Dayan's widow: Israel doesn't know how to make peace"   Traduit de l'anglais par [JFG-QuestionsCritiques] http://questionscritiques.free.fr/edito/haaretz/Gideon_Levy/Ruth_Dayan_Israel_280210.htm  « …La veille de l’interview, Maariv a publié un poème déchirant qu’elle a écrit... Moshé Dayan disait toujours que j’étais romantique. Dans les lettres qu’il m’écrivait de prison, il disait toujours qu’un jour nous atteindrions un état de tranquillité et que je m’assiérais à ses côtés et que je tricoterais pour lui. Et je porterais mon kilt écossais. Les gens avaient l’habitude de dire que j’étais d’extrême gauche, mais j’aime ce pays…»


par quent1 le Samedi 06/03/2010 à 19:06

retour mémoriel alors 2ème comment taire en rajout :

Comme le BunD a été cité, à toutes fins utiles je signale le nom de l'auteur et le titre d'un livre lu en Octobre... de l’an 2008:  Bernard Goldstein L'Ultime combat. Nos années au ghetto de Varsovie, et puis aussi en deuxième signal d’alarme j'y rajoute un livre qui m'avait été offert par un ami, livre de Yitskhok Katzenelson, Le Chant du peuple Juif assassiné traduit du yiddish par Batia Baum, présenté par Rachel Ertel, livre Symphonie inachevée, cet auteur né en 1886 en Biélorussie dans une famille de lettrés avait repris en 1910 l’école paternelle qu’il dirigea jusque 1939, puis il vivra et luttera durant trois années au Ghetto de Varsovie puis sera interné dans le camp de Vittel (88) cela d’octobre 1943 à janvier 1944, c’est là qu’il écrira ce livre en yiddish puis il sera déporté à Auschwitz en avril 1944 et gazé dès son arrivée…


par Anonyme le Samedi 06/03/2010 à 21:06

 Le sionisme est-il un obstacle à une paix juste ?
 
 Pierre Stambul
 
 
(...) Le sionisme est bien sûr une forme de colonialisme. L’acquisition des terres dès la fin du XIXe siècle, l’expulsion progressive des Palestiniens, la confiscation du pays et de ses richesses, l’enfermement de la population indigène dans des camps, la séparation (Apartheid) rigoureuse entre les nouveaux arrivants et la population autochtone, tout ceci rappelle fort des phénomènes semblables à ce qu’a connu l’Algérie avec la colonisation française ou plus généralement l’Afrique. Mais le colonialisme sioniste a une grande spécificité. Sauf peut-être pendant une courte parenthèse entre 1970 et 1990, il ne vise pas à asservir le peuple autochtone en le transformant en peuple de travailleurs bon marché ayant pour seul avenir le statut d’auxiliaire du projet colonial. Le sionisme vise à expulser le peuple autochtone et à le remplacer. Les sionistes ont rêvé du crime parfait, celui réussi aux Etats-Unis ou en Australie où la population autochtone n’est plus en mesure d’exiger ses droits. Sur ce plan, les sionistes ont échoué. (...)
 
Le sionisme n’est pas un nationalisme comme les autres. Il puise ses sources dans le terreau de l’explosion de tous les nationalismes européens, ceux qui propagent l’idée simple et incroyablement dangereuse : 1 peuple= 1 Etat. Il reprend les théories raciales en vigueur à l’époque (les Aryens, les Sémites …) aussi fausses que dangereuses en imaginant qu’il y a une race juive descendante des Hébreux. (...)
 
Les sionistes ont été confrontés à la nature même des communautés juives dispersées. Une communauté de destin liée à la situation de minorité religieuse, mais des langues, des cultures et des situations sociales très différentes. Les sionistes ont fait une construction intellectuelle. Pour l’historien Shlomo Sand, ils ont inventé la notion de peuple juif. Cette idée fait débat dans l’Ujfp. Personnellement, elle me paraît pertinente. (...)
 
Shlomo Sand va plus loin. Il explique qu’il n’y a pas eu d’exil et qu’il n’y a donc pas de retour. Bref, il met par terre tout ce qui est au centre du projet sioniste. Qu’on accepte ou non la notion de peuple juif, il rappelle une vérité largement connue des historiens : il n’y a pas eu d’exil. (...)
 
Les sionistes se sont acharnés à présenter la diaspora comme une parenthèse, alors qu’elle est l’essence du judaïsme. Ils se sont acharnés à détruire tout ce qui évoquait la diaspora. Pour créer l’Israélien nouveau, il a fallu tuer le Juif, le cosmopolite, l’universel, le minoritaire luttant pour l’égalité des droits. Il a fallu détruire les langues, les cultures, les mémoires, les histoires et les identités juives. À la place, on a créé un peuple artificiel sans passé, militariste et colonialiste. (...)
 


Colons par hasard par Peretz le Vendredi 12/03/2010 à 10:35

L'analyse est pertinente. Mais il aurait fallu aussi insister sur la difficile (impossible ?) intégration d'une entité démocratique dans un environnement qui en est l'opposé, et  surtout sur l'aspect économique  qui donne son aspect colonisateur à cet Etat qui au départ n'avait certainement pas l'intention de le devenir. (www.citoyenreferent.fr)


CJPJ par jedwab le Dimanche 14/03/2010 à 16:30

Cher Denis,

Bravo pour ton texte dont je partage toutes les perspectives politiques. En revanche je suis en désaccord partiel sur certaines propositions, sur un plan historique et épistémologique. Je ferai une réponse plus longue ultérieurement. Je te fais part, ainsi qu'aux lecteurs de la constitution d'un nouvel espace de débat auquel tu es convié, ainsi que tous ceux qui le désirent

Palestine : une parole juive contre l’occupation…
publié le dimanche 14 mars 2010

Cercle Juif pour une Paix juste (CJPJ)
 
 
Après plus d’un demi-siècle de guerre, quelles sont actuellement les perspectives pour une paix juste et durable au Proche-Orient ?

Depuis les accords d’Oslo, de « plan de paix » en « processus de paix » - du Quartet à Annapolis - toutes les tentatives de négociations ont échoué. Israël a poursuivi sans relâche la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est et le blocus de Gaza.

Pendant ce temps, le monde a changé. L’échec de la politique américaine depuis l’ère Bush junior, la crise mondiale du système capitaliste, l’évolution du rapport de force géopolitique (avec l’émergence de nouvelles puissances et de nouvelles alliances), les bourbiers irakien et afghan l’ont rendu plus dangereux encore. Le terrorisme et l’intégrisme, loin d’être vaincus, ont prospéré sur le terreau de l’arrogance des grandes puissances et du militarisme occidental.

La lutte de résistance - constante, tenace - du peuple palestinien lui a coûté des milliers de victimes, de prisonniers. Cependant, malgré des sacrifices inouïs en Cisjordanie occupée et morcelée et à Gaza assiégée et meurtrie, le peuple palestinien refuse de se laisser détruire. Toute femme, tout homme épris de justice ne peut qu’être à ses côtés.

Mais des crises gravissimes sont sans nul doute encore à venir. Et nous le voyons : le conflit au Proche-Orient représente un risque majeur d’embrasement de toute la région. D’où l’urgence à le résoudre.

La condition essentielle pour la paix est celle d’une justice pour le peuple palestinien basée sur des fondamentaux :

- respect du droit international, du droit humanitaire, des décisions de l’Assemblée générale de l’ONU ;

- arrêt de l’occupation israélienne en Cisjordanie ;

- levée du blocus de Gaza ;

- démantèlement des colonies et du mur dit « de séparation » ;

- instauration d’un Etat palestinien sur les lignes d’avant 1967, avec Jérusalem-est comme capitale, conformément au droit international ;

- juste solution négociée de la question des réfugiés palestiniens, sur la base du principe du droit au retour ;

- fin de l’impunité des responsables politiques et militaires israéliens coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Par son action d’information et de sensibilisation, le mouvement mondial de solidarité avec le peuple palestinien – dans lequel nous nous inscrivons – a contribué à une prise de conscience sur la situation réelle au Proche Orient et popularisé la cause palestinienne notamment auprès de la jeunesse et des opprimés du monde entier. Le massacre de Gaza par l’armée israélienne voici un an – médiatisé par les TV, dénoncé par les ONG et les instances internationales – a bouleversé le monde et provoqué une immense réprobation.

Un peu partout - aux Etats-Unis, en Europe - on observe des craquements. Même des milieux favorables à Israël prennent quelque distance. L’opinion publique s’oriente en faveur du droit des Palestiniens. Non seulement la campagne de « Boycott, Désinvestissement, Sanctions » (BDS) contre la colonisation israélienne des Territoires palestiniens se développe actuellement (suivant l’exemple du boycott contre l’Afrique du Sud pendant l’apartheid) mais elle remporte de premières victoires, notamment en matière de désinvestissements. Le rapport du juge Goldstone – adopté par le Conseil des droits de l’Homme et l’Assemblée générale des Nations unies – reflète cette évolution de la communauté internationale.

Cependant, les tensions qui perdurent et s’aggravent en Israël et dans les territoires palestiniens ont leurs prolongements dans nos sociétés. Les fondamentalismes religieux – tout comme le communautarisme - s’opposent à la paix en voulant celle-ci à leurs couleurs. L’instrumentalisation de la religion à des fins politiques - ou du nationalisme à des fins ethnocentristes – mènent et mèneront à la catastrophe.

Cependant, l’engagement pour la paix est lui aussi semé d’embûches :

- un certain nombre de militants axent leur combat contre le sionisme, perçu comme la cause de tous les malheurs du Proche-Orient quand ce n’est pas du monde. Nous ne partageons pas cette approche de la question israélo-palestinienne car nous considérons qu’elle débouche implicitement sur le refus de l’existence d’un Etat israélien aux côtés d’un Etat palestinien ;

- des courants d’extrême-droite ou intégristes cherchent à distiller une forme sournoise d’antisémitisme sous couvert d’antisionisme. Autant la critique du sionisme (comme de n’importe quelle autre idéologie) est légitime, autant la confusion soigneusement entretenue entre Israël et le judaïsme est inacceptable. Avec le camp du soutien au peuple palestinien, nous n’avons et n’aurons aucune complaisance pour ces groupes ni pour ceux qui font preuve d’indulgence envers eux ;

- il existe également une tendance à rejeter le peuple israélien dans son ensemble, à confondre les dirigeants (qui manipulent en jouant sur les peurs) et le peuple qui est ainsi aveuglé. Nous ne confondons pas l’occupant et l’occupé, l’oppresseur et l’opprimé mais nous refusons toute vision manichéenne condamnant en bloc la société israélienne. Cela d’autant plus qu’il existe en Israël des militants anticolonialistes qui luttent courageusement pour les droits du peuple palestinien.

Nous – qui voulons porter une parole juive universaliste – sommes sans exclusive aux côtés de ceux qui, en Israël et en Palestine, œuvrent pour une paix fondée sur l’égalité et le respect des peuples et pour qu’Israël soit, sans discrimination, l’Etat de tous ses citoyens.

Nous nous retrouvons pleinement dans le mouvement international des peuples pour une paix juste, afin de faire pression sur les dirigeants mondiaux et obtenir du gouvernement israélien les changements de politique qui s’imposent.

Dans ce mouvement, nous accordons une place particulière à l’opinion des Français juifs. La soumission du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) à la propagande de l’Etat israélien, son alliance avec des courants de la droite nostalgique du colonialisme, son positionnement communautariste et sa prétention à parler au nom de tous les Français juifs nous paraissent porteurs d’un grave danger d’isolement et de désespoir chez les Juifs. Si la résurgence d’actes antisémites – qui prennent parfois prétexte de la situation au Proche-Orient – s’inscrit dans la montée générale du racisme en France, elle est également amplifiée par la propagande du CRIF et des groupes inconditionnels d’Israël qui n’hésitent pas à taxer d’antisémitisme toute critique de la politique israélienne.

Des Juifs, depuis plus d’un siècle et notamment depuis la seconde Guerre mondiale, ont mis tous leurs espoirs dans le sionisme. Ils ont longtemps refusé d’en faire le bilan critique. L’enjeu actuel est de permettre d’aider l’opinion juive à dépasser son adhésion irréfléchie à la politique d’Israël et à jouer son rôle dans l’amorce d’une solution de paix juste et durable au Proche-Orient. C’est un travail ardu. Mais nous pensons qu’il est nécessaire que les Juifs entendent, de la part d’autres Juifs, un discours qui les aide à sortir de cette impasse, de la même façon qu’aux Etats-Unis les lobbies pro-israéliens se voient actuellement contestés par des mouvements juifs pour la Paix condamnant la politique d’Israël.

C’est dans cet esprit que nous proposons un espace de réflexion et de débats où – sur les bases que nous énonçons – des femmes et des hommes pourront se retrouver sans exclusive, dans une recherche d’avancée commune. Actuellement une trentaine nous sommes un groupe en devenir. Sur la base du présent Appel, tous les apports seront bienvenus.

La Paix a besoin de nous tous !

Cercle Juif pour une Paix juste (CJPJ)

Premières signatures :

Doucha Belgrave, Journaliste ; Michel Bilis, Directeur d’hôpital ; Hervé Bismuth, Enseignant-chercheur ; Renée Blancheton-Sciller, retraitée de l’enseignement ; Bernard Ebstein, ; Patrick Feldstein, Responsable Centre médico-social ; Georges Feterman, Professeur ; Serge Grossvak, Directeur de Centre social ; Christine Jedwab, Psychologue hospitalière ; Jacques Jedwab, Psychanalyste ; Danielle Kahn, Biochimiste ; Roger Kahn, Architecte ; Jacques Lewkowicz, Professeur des Universités ; Jean-François Marx, Cadre gestion retraité ; Jacques Schweizer, Physicien ; Maya Vigier, Lectrice-Rédactrice ; Max Weinstein, ancien résistant de l’Union de la jeunesse juive.

 

Contact : http://groups.google.fr/group/CJPJ

et CJPJ@googlegroups.com


Lien croisé par Anonyme le Lundi 06/08/2012 à 13:24

palestine : Gaïa 2050 : " l’État d’Israël est le grand allié des États-Unis au Proche-Orient, cette question est évidemment liée à la précédente. Ceux qui coupent le monde entre pro- et anti-américains utilisent généralement l’attitude à l’égard d’Israël comme un bon critère pour distinguer les amis des ennemis. http://la-sociale.viabloga.com/news/le-sionisme-et-l-anti-sionisme-comme-ideologies "


Lien croisé par Anonyme le Samedi 02/08/2014 à 21:45

Le journal de BORIS VICTOR : "entièrement transformé une pure entreprise colonialiste (ce qu’il n’a pas"


Lien croisé par Anonyme le Dimanche 03/08/2014 à 20:37

Talkwalker Alert: 50 results for [(ALLIANCE OR VDI) AND (CPRO OR C'PRO OR "C PRO : " http://la-sociale.viabloga.com/news/le-sionisme-et-l-anti-sionisme-comme-ideologies"



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