Dans la partie orientale de cette bande, le long du Rio Bravo, dans la région de Tamaulipas, les entreprises multinationales en provenance des pays occidentaux et aujourd’hui de Chine possèdent de gigantesques terrains qui leur ont été « octroyés » gracieusement par le gouvernement mexicain de Felipe Calderon et son parti le PAN( Partido Accion Nacional) membre de l’Internationale …..démocrate –chrétienne qui contrôle la majeure partie des 31 régions mexicaines dont Tamaulipas .
Calderon poursuit ainsi avec le concours du FMI et de la banque Mondiale le pillage du Mexique qu’avait commencé son prédecesseur lui aussi de droite Vicente Fox en 2000 dont Calderon fut le collaborateur . Pillage du pays destiné paradoxalement à accueillir les sociétés internationales en premier lieu américaines pour être en conformité avec les accords de l'ALENA ( Accord de Libre Echange Nord Americain). Afin de mettre à disposition de ces nouveaux arrivants une main d'oeuvre très bon marché Fox a préempté les terres des paysans des régions du sud , Guerrero, Chiapas, Oaxaca obligeant ceux-ci à émigrer vers le nord avec leurs familles où ils travaillent aujourd'hui pour des salaires de misère qui leur permettent à peine de trouver un toit dans les nouveaux bidonvilles toujours plus nombreux qui s'étendent dans le désert entourant les zones industrielles. Entre 2000 et 2007, la seule ville de Reynosa au centre de ce dispositif a vu sa population passer de 15000 habitants principalement des ruraux à plus de 650000 habitants parmi lesquels seuls ceux qui ont un emploi dans la plupart des cas précaire dans les sociétés multinationales s'en tirent à peu près bien.
Surpopulation générant un taux de délinquance en constante progression, morts violentes inexpliquées comme à Ciudad Juarez plus à l'ouest, corruption des autorités locales et de la police, trafic de stupéfiants en progression et totalement impunis aux postes frontières US et par -dessus tout l'édification d'un mur de la honte le long du Rio Bravo empêchant tout passage clandestin vers les Etats-Unis.
Aujourd'hui tout cela continue et s'accélère: les derniers lopins de terre appartenant à des familles cultivant leurs sols depuis des générations sont à leur tour brutalement préemptés pour construire encore plus d'usines et d'entrepôts. Aux côtés de Coca-Cola, Nokia, Ericson, Black & Decker, Alcan, Fiat, Massey-Ferguson , Daewoo, Gap , Hewlet-Packard, Dell et de centaines d'autres, va s'installer SOMAUTO ( Sociedad Mexicana de Automatizacion por Todoterrenos) gigantesque usine d'assemblage de véhicules 4X4 dans le capital de laquelle se trouvent unis dans un même élan de saccage et de spoliation des biens des plus modestes , RENAULT/ NISSAN, VALEO, SMART,et FORD. Bel exemple de coopération capitaliste apatride qui sur 15000 hectares , bâtiments et pistes d'essai compris , pourra produire des engins destinés aux pays les plus développés nouveaux désastres environnementaux du capitalisme et de la consommation. Et pendant ce temps là Carlos Ghosn affirme que son groupe veut être tout à la fois "leader du tout électrique écologique et de la bonne gouvernance sociale" ( déclaration du 24 octobre 2009 au salon automobile de Tokyo).
Le Mexique aujourd'hui le Brésil déjà, ainsi que le Chili ( qui voit ses mines de cuivre confisquées par les financiers), demain la Bolivie avec ses réserves de lithium, le Gabon et ses gisements d'uranium etc.... seront les proies d'une classe dirigeante prédatrice et cupide, mésusant du pouvoir, faisant obstacle au changement de cap qui s'impose. Cette classe ne porte aucun projet, n'est animée d'acun idéal, ne délivre aucune parole mobilisatrice. Après avoir cru triompher du soviétisme,l'idéologie néolibérale ne sait plus que s'autocélébrer. Toutes les sphères de pouvoir et d'influence sont soumises à son pseudo-réalisme qui prétend que toute alternative est impossible et que la seule voie imaginable est celle qui conduit à accroître toujours plus la richesse. Cette représentation du monde n'est pas seulement sinistre, elle est aveugle. Elle méconnaît la puissance explosive de l'injustice, sous-estime la gravité de l'empoisonnement de la biosphère, promeut l'abaissement des libertés publiques et du droit des peuples à vivre sur leurs terres. Elle est enfin indifférente à la dégradation des conditions de vie de la majorité des hommes et des femmes, et consent à voir dilapider les chances de survie des générations futures.
Jean Pierre Faliès
[1]Titre emprunté au livre de Philippe Grenier : « Des tyrannosaures dans le paradis, ruée des transnationales en Patagonie » ed. L’Atalante, Nantes 2003.