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LGV et Union Sacrée

Par Jean-Paul Damaggio • Actualités • Mercredi 07/06/2017 • 2 commentaires  • Lu 1708 fois • Version imprimable


L’intelligence de Macron c’est d’avoir compris que la France pouvait renouer avec la politique d’union sacrée et dans le cadre de la 5ème République c’est une révolution, certes une révolution de palais, mais une révolution. Nous commençons à le vérifier avec une presse aux ordres comme jamais.

Union sacrée

Les hasards de la vie ont fait qu’avec une centaine de citoyens nous conduisons depuis sept ans une lutte quotidienne (et ce terme n’est pas exagérée) contre un projet de LGV où nous avons pu voir à l’œuvre cette union sacrée. Nous avons rencontré une vingtaine d’élus de tous bords qui tous nous ont tenu le même langage ! Du PCF à la droite, la même « religion ». Quelques exceptions chez des élus Verts. Pour le Parti de gauche, le même phénomène qu’ailleurs : plus on gravissait l’échelle du pouvoir et plus le langage officiel nous était servi. Il y a eu une évolution à la fin 2014 avec l’enquête d’utilité publique, et en prévision du passage à la France insoumise. Cette union sacrée englobe bien sûr la haute administration de la SNCF qui pèse beaucoup sur la CGT. Des millions de Parisiens qui galèrent dans le RER ne peuvent donc comprendre que leur sort est lié à une politique ferroviaire de la grande vitesse, qui n’est autre qu’une politique au service de l’élite. Y compris le Front national est dans la même tendance : tout en se donnant l’image de la défense de la ruralité, les hautes sphères du parti sont pour la LGV quand des élus de base avaient cru qu’il fallait être contre !

Je rappelle ici que le dossier que j’évoque, un dossier à 10 milliards (pour donner un ordre de grandeur, Macron veut vendre les aéroports de Paris au prix de 11 milliards) touche à la démocratie, à l’écologie, au social, au transport, au déménagement du territoire etc. Le modèle LGV est en lien étroit avec la politique de métropolisation.

 

Donc France insoumise a fini, de manière cependant fragile, a rejoindre le combat anti LGV. Un des éléments de sa sortie de l’Union sacrée, le plus important étant son refus du front républicain au second tour des élections. Pour qui ne l’aurait pas compris, l’existence du Front national tient à ce besoin d’avoir un «repoussoir» pour promouvoir l’Union sacrée. Tous les chantres de l’union pour l’union finissent par prôner l’Union sacrée !

 

Retour à « classe contre classe »

Beaucoup considèrent que la position de FI sur le second tour signe un retour au sectarisme du PCF quand, de 1928 à 1935 il refusa de se désister pour le candidat de gauche arrivé en tête, cause d’un effondrement très grave de son influence. Je pourrais répondre que le PS d’aujourd’hui n’est pas celui de 1930 mais là n’est pas l’essentiel. La stratégie «classe contre classe» était directement importée de Moscou par rapport à des enjeux propres à l’URSS. Tout comme la stratégie du syndicat mis aux ordres du parti politique. Deux cas où les choix de l’Internationale communiste allaient totalement contre l’histoire du mouvement social français. Quand en 1935 Thorez invente la stratégie de Front populaire, qui deviendra ensuite et seulement ensuite une stratégie de l’Internationale communiste, le premier point n’est pas un retour vers des alliances avec le PS, mais un retour vers l’appropriation de l’histoire nationale. Si bien que quand le PCF décide de reprendre en main le drapeau tricolore, il se fait ridiculiser par des dirigeants du PS qui tiennent absolument à garder le seul drapeau révolutionnaire, le drapeau rouge !

 

Sortir du sectarisme

Les choix de France insoumise sont plus en lien avec les choix de Thorez en 1935 que les choix de Thorez en 1930, soit un retour vers l’histoire populaire nationale et un retour vers la fusion des cultures de contestation sociale.

Il n’y a sectarisme que si les miettes politiques existantes sont considérées comme des éléments majeurs de la vie politique, éléments auxquels il faudrait se plier !

J’avoue cependant que j’écris un peu vite car il faudra attendre le Congrès fondateur de ce nouveau mouvement pour voir comment, au-delà du fonctionnement pyramidal de la campagne électoral, nous allons voir naître un type d’organisation nouveau. L’appel à s’exprimer pour déterminer le rapport de force interne au sujet du second tour est cependant un élément de bonne augure qui admet et montre et une reconnaissance de la variété des opinions.

Mélenchon se voudrait un géant dont les médias font un nain. Sa stratégie politique est réduite, au sujet de la France, à un repli nationaliste, au sujet de l’écologie à une manœuvre pour capter un électorat, au sujet du PCF à une lutte d’égo, au sujet de la Russie à une soumission à de vieux démons etc.

France insoumise, avec l’expérience des législatives, fait la découverte de la sortie de l’ombre de Mélenchon. Il y a eu sur ce point une demie-erreur : oui les législatives et la présidentielle ne font qu’un dans l’ordre du politique, mais font deux dans l’ordre du pratique. Or Mélenchon surévalue le politique par rapport au pratique. Qu’est-ce que je veux dire ? La présidentielle se déroule sous un gouvernement Hollande, les législatives sous un gouvernement Macron et, qu’on le veuille ou non, ça change beaucoup de choses, surtout quand nous assistons à la révolution de l’union sacrée. Bref, le sectarisme est, pour moi, venue de «sectes» contre France insoumise, et non l’inverse !

 

Jusqu’où Macron

En 2007 Sarkozy avait lui aussi tenté une manœuvre équivalente avec ce qu’il avait appelé «l’ouverture» terme qui n’est plus de saison. Beaucoup d’amis m’assurèrent que le PS était alors mort vu la jeunesse de Sarkozy qui allait rester au pouvoir longtemps, et vu la guerre interne au PS où Ségolène Royal par une manœuvre « savante » avait été écarté de la direction. Jusqu’à quand Nicolas Hulot va-t-il rester dans le gouvernement ? Je le cite pour le symbole. Dans tous les cas nous savons que l’échec est au bout, et tout le monde pense que le FN va rafler la mise car il semble plus solide que France insoumise. Pour FI nous assistons au même rêve que pour le FN : l’âge du capitaine (certains disent du caporal) fait qu’avec sa disparition, ça sera la disparition de France insoumise. Je ne lis pas dans le marc de café, je sais cependant que le mouvement est profond, conscient et qu’il peut devenir la force hégémonique capable de faire trembler le système. Tristesse, un mouvement qui cherche l’hégémonie !

J-P Damaggio


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Commentaires

par apollonie le Mercredi 07/06/2017 à 11:05

 


la LGV par apollonie le Mercredi 07/06/2017 à 11:10

 Je ne sais pas ce qu'est la LGV ; pour le reste, j'apprécie l'analyse mais la fin me demeure un peu obscure : pensez-vous que FI ne durera pas après JLM ou êtes-vous convaincu des graines profondes semées et de l'adhésion et d'un retour d'espérance et de vigueur dans ce mouvement citoyen ? Qui le conduira à exister dans la durée et sans doute à se transformer.




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