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Lula, le capitalisme à visage humain

Par Jean-Paul Damaggio • Internationale • Mardi 14/09/2010 • 0 commentaires  • Lu 1980 fois • Version imprimable


L’élection présidentielle brésilienne approche et tout annonce qu’elle sera la plus belle victoire de Lula puisqu’il va l’emporter sans être candidat ! Contrairement à d’autres, qui souhaitent obtenir un troisième mandat ou un quatrième, Lula a joué le jeu de la Constitution, un jeu d’autant plus difficile que celle qu’il proposa à sa place Dilma Rousseff commença avec 8% dans les sondages. Voici un an, elle était seulement à 16% quand son adversaire en était à 40%. La candidature de Marina Silva, membre du camp Lula, porteuse de l’étiquette écologiste, dotée de 10% dans les sondages, n’empêche pas Dilma Roussef d’être dotée de 47%. Que se passe-t-au Brésil ? La vague de droite qui semblait s’imposer en Amérique Latine après l’élection chilienne est-elle en échec ?

 
Les acquis de Lula

La décision de Lula d’accepter d’en rester à deux mandats joue peut-être en sa faveur, mais pour l’essentiel ce soutien s’appuie sur une politique de redistribution rendue possible par la forte croissance économique du pays. Dans le pays le plus inégal du monde (1% possède 50%), si les pauvres sont devenus moins pauvres, les riches sont devenus plus riches. Sous la gestion de Lula les Banques ont gagné 420% en plus. Trois banques seulement qui représentent 80% du marché ont eu 95 milliards de dollars en plus, alors que la somme n’arrive qu’à 18 milliards sous le président précédent, Cardoso. Mais on connaît mieux les politiques d’aides aux pauvres qui touchèrent 50 millions de personnes (un Brésilien sur quatre) et qui sont aussi incontestables que le succès des banques. Cette évolution n’a pas donné lieu à un développement des mouvements sociaux qui comme partout dans le monde sont au plus bas. Porto Alegre est très loin ! Les tentatives de développement d’une gauche à la gauche du PT n’a pas réussi même si le PSOL est toujours là.

 
Toujours plus de capitalisme

Brasil Foods pour l’alimentation, Petrobras pour le pétrole, Vale do Rio Dolce pour la mine et Embraer pour l’aviation (la troisième compagnie après Boeing et Airbus) autant de multinationales qui arrivent à présent aux plus hautes places sur le marché international. Ce n’est peut-être pas un hasard si le B de Brésil est la première lettre du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) terme qui caractérise les pays dits émergents. Comme partout ce toujours plus de capitalisme a entraîné des coupes sombres dans la fonction publique.

 
L’heure est à la corruption institutionnelle

Cette situation a permis aux cadres du PT, à partir de positions dans l’appareil de l’Etat, de lier des relations avec le monde du privé. C’est d’ailleurs une vaste opération de démantèlement de la corruption du PT qui a permis l’apparition de Dilma Roussef. Cette tendance profonde vers la corruption a permis à la fois la domination des plus conservateurs sur le Parti des Travailleurs et la féodalisation de la politique. La bureaucratie devient alors une caste intermédiaire totalement acceptée à partir du moment où les citoyens admettent que l’accession au pouvoir doit bénéficier aux vainqueurs. Le clientélisme devient la marque d’une privatisation de la politique. Le parti qui n’est pas au pouvoir est donc en situation très défavorable même si au Brésil il a l’appui de la presse. Voilà comment une femme, ex-guerillera maoiste va remplacer l’ex-syndicaliste à la tête du pays !

14-09-2010 Jean-Paul Damaggio


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