Qui sait chez les syndiqués français ce qu'a fait la CSI pendant ces deux ans? L’immense majorité des syndiqués ignorent même son existence.
Une minorité se souvient de sa création en 2006 . Cette création a permis de revenir sur la recomposition en cours du syndicalisme des travailleurs au plan mondial, mais le descriptif de la situation a caché le vide de son activité. Sans doutes, les principaux dirigeants des confédérations sont-ils en capacité d'en dire plus. Mais quid des cadres syndicaux intermédiaires? Quid des syndicalistes locaux et es syndiqués de base? La journée du 7 octobre 2008 sur le "travail décent" a permis de signaler son existence et de s’intéresser à elle.
Udo Rehfeldt a publié en janvier 2007 dans Chronique internationale de l'IRES une étude de neuf pages sur la création de la nouvelle CIS. C'est la fin de l'article qui porte sur les objectifs de la CSI qui mérite relecture. En 2007, l'attention portait éventuellement sur l'historique mais surtout sur les membres regroupés et l'état des forces que représentait lla CSI. On y lira aussi avec intérêt la répartition des sièges entre les syndicat de la CMT et ceux de la CISL pour se faire une idée - assez floue au demeurant - du rapport de force interne. Mais là n'est pas là l'essentiel. Pas plus que la question de l'intégration de nouveaux venus : les chinois, par exemple.
La question essentiel, à mon sens, est de savoir quels sont les moyens financiers, matériels et humains pour que la CIS soit une véritable internationale des travailleurs? Autre question : quel va être son orientation générale face à la mondialisation capitaliste en crise? La réponse dans l'étude d'Udo Rehfeldt figure laconiquement en note finale et en tout petit, comme dans les contrats d'assurance ! La CIS n'a que très peu de moyens et de finances. De plus, son projet porte, outre la défense du "travail décent" précité, sur la réalisation des "Objectifs du millénaire pour le développement" (qui sont fixés par l'ONU), sur l’annulation de la dette des pays moins développés, sur la mise en place d'une taxe internationale sur les transactions en devises, une réforme des organisations internationales FMI, BM, OMC par incorporation de clauses des droits des travailleurs, sur un statut consultatif pour certains accords.
Pour que ces objectifs soient menés à bien - alors qu’ils peuvent être jugés minimalises au regard des enjeux et notamment de la crise capitaliste actuelle - il faut une volonté politique. Or celle-ci n'existe pas. Du coup la CSI, pour l'instant, se caractérise plus par sa bureaucratie de 25 membres dirigeants se réunissant une fois par an que par l’affichage de sa composition en organisations. Qu'elle soit "/composée de 304 organisations de 153 pays qui parlent au nom de 168 millions de membres/" ne doit guère impressionner l’oligarchie financière mondiale! Et pas plus les travailleurs.
Il pourrait en être autrement si déjà au niveau européen le syndicalisme de la CES était plus dynamique et plus offensif. La politique d'accompagnement social qui caractérise globalement la ligne de la CES ne facilite pas les choses pour aller vers une autre Europe et un autre monde. Car la question est là pour les travailleurs européens :
veulent-ils seulement limiter la casse ou inverser radicalement le processus? Radicalement signifie changer les bases fondatrices des institutions européennes.
Le changement viendra-t-il alors des syndicats d’Amérique latine ?
Difficile à dire. Il y a urgence pourtant à ce que des changements s’opèrent.
Christian DELARUE
Syndiqué CGT Finances à Rennes mais militant altermondialiste, membre du CA d'ATTAC France.
il faut une volonté politique. Or celle-ci n'existe pas. Du coup la CSI, pour l'instant, se caractérise plus par sa bureaucratie
Ne le prends pas mal Christian mais on a l'impression que tu découvres la lune. Quand à la CES elle avait appelé à voter pour le TCE en 2005 (dans une déclaration commune avec UNICE, le patronat européen). Dans mon syndicat nous avions été un certain nombre de camarades à militer contre l'adhésion à la CES et à la CSI.