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L'économiste Pragmatique

La crise vue par Daniel Cohen et corrigée par Serge Gomond

Par Serge Gomond • Débat • Samedi 25/10/2008 • 1 commentaire  • Lu 4368 fois • Version imprimable


Je suis contraint de rappeler, les déclarations, envolées lyriques faites ça et là par Sarkozy, d’enchaîné ces discours sur l’actualité au point de vue développé par  Daniel Cohen. J’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur. J’ai ajouté mes propres réflexions, un peu comme le faisaient certains lecteurs en marges de volumes. D’autre part, il me semble que cela ne gênera en rien la compréhension qui se dégage de son texte, et pour plus de clarté j’ai pris la précaution de surligné en jaune clair ce qui émanait de son article. 

L'économiste pragmatique.

 Les quelques lignes que vous lirez ci-dessous sont en partie tirées d’une analyse de Daniel Cohen. Pour en suivre le détail, vous devez vous reportez au supplément du quotidien Le Monde, Le grand entretien/La crise vue par Daniel Cohen (de la  p.28 à la p.35 incluse). 

En ce qui concerne la longue saga des épisodes des avis contradictoires qui se sont exprimé ça et là dans les médias, sur l'effondrement du système économico-financier du capitalisme occidental, alors que certains parlaient dans les médias (il y en a une foule, il est impossible de tous les citer) il y a encore peu, de « crise financière » pour  minimiser l'événement, la plus ambiguë à mon sens, est certainement la démonstration que Daniel Cohen a bien voulu accordé à ses amis de ce quotidien.

Une présentation rapide tout de même, Daniel Cohen est un  économiste bardé de diplômes dans le seul domaine économique, une reconnaissance internationale, professeur d'économie à l’École normale supérieure, à  Paris-I, et à l'École d'économie de Paris (directeur du Centre pour la Recherche Économique et ses Applications (CEPREMAP). Il est notamment membre du Conseil d’Analyse Économique (CAE) auprès du Premier Ministre et conseiller scientifique auprès du Centre de Développement de l’OCDE.[1] Il s’intéresse en particulier à l’économie des pays en développement, à leur dette et leur productivité. On ne peut que l'en féliciter. 

Daniel Cohen se définit comme un « économiste pragmatique ». Il est par ailleurs éditorialiste au quotidien  Le Monde et animateur d'une émission radiophonique sur France-Culture“. Proche de la gauche et notamment du Parti Socialiste, il est membre du Comité d'orientation scientifique de l'association « A gauche l'Europe »  fondée par Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn[2].  Il a signé la liste des économistes soutenant Ségolène Royale pour l’élection présidentielle de 2007. 

Ses études : École normale supérieure (1973-1976),  Agrégation de mathématiques (1976), Doctorat de 3e cycle ès sciences économiques (1979) (Paris X), Doctorat d'État ès sciences économiques (1986) (Paris X), Agrégation des facultés de droit et de sciences économiques (1988)

Prix et décorations : Lauréat de l’Association française de sciences économiques (1987), Special Merit Award de l’American Express (1987), Économiste de l’année , 1997, décerné par “Le Nouvel économiste“, Prix Léon-Faucher de l’Académie des sciences morales et politiques (2000), Prix du Livre d’économie 2000, Lauréat du prix européen 2000, Prix Synapsis 2000 du livre Mutation et travail, Chevalier de la Légion d’honneur, Brussels Lectures in Economics (2003)…

Deux articles précédents : Mort annoncée du système capitaliste occidental, Deux camps atteints d'exubérance irrationnelle idéologique, où il y est traité de tromperie, de fourvoiement, et autres minimisations des évènements macroéconomiques actuels, tous les médias sous contrôle traitent de tous les sujets  sans exception sauf d'un seul, et quel est le sujet passé à la trappe ?  

Les réelles raisons de la cause de l'effondrement du système économico-financier du capitalisme occidental.

Daniel Cohen n'échappe pas à la règle, et dans sa brillante démonstration, où d’ailleurs il est parfois un peu lénifiant, s'accompagne d’un commentaire de présentation réellement complaisant de la part de ses amis du quotidien Le Monde, dans cet article en forme d'interview qu'il a bien voulu accorder, et dont le titre est  : « Personne n'imaginait que la situation était grave au point que le paralytique doive racheter l'aveugle ». Et si vous le voulez bien jugez par vous-mêmes :

(…) A tous ceux qui se demande comment l'économie mondiale a pu en arriver là, comment un système financier a pu s'effondrer aussi brutalement (...) et (…) La démonstration, limpide, est dressée dans l'entretien que nous a accordé l'économiste Daniel Cohen (...)

Ensuite il y est question de « naufrage intellectuel », de « l'économie de l'avidité », de l’ « euphorie idéologique du laisser-faire », de la  « perversion du capitalisme traditionnel » et que pour le comprendre (Daniel Cohen je suppose ?), il est urgent d'en finir avec la « politique de l'argent ». L'article débute ainsi : 

« Personne n'imaginait que la situation était aussi grave », et qu'est-ce qui était aussi grave ? Le rachat de la banque d'affaires Bear Stearns par la banque JP Morgan, pour quasiment « un franc symbolique », ce qui aurait fait chuté le dollar, en déclenchant un vent de panique chez les investisseurs qui se sont précipiter sur l'or et les emprunts d'État. C'est le scénario habituel, quasi un rituel, les investisseurs délaissent les actions à risques et se précipitent sur des valeurs "sûres", comme l'or et les emprunts d'États. 

D'abord « le franc symbolique », nous fait penser à d'indécrottables « anti-européens » primaires. Bien qu’évidemment il est hors de question de douter de l’engagement de Daniel Cohen en faveur de l’Europe, mais cette expression prête à  confusion.

En ce qui concerne la chute du dollar (le fameux billet vert), des conseillers économiques en tous genres et de tous horizons, (la liste serait beaucoup trop longue à énumérer ici), nous en donnaient de toutes autres interprétations (là aussi j’ai fait un choix pas forcément objectif, mais là encore la liste serait trop longue et les intérêts que certains dissimulent derrière leurs déclarations sont trop souvent des non-dits).

La première explication dans le classement de celles qui sont les plus avancées : Cela devait aider les exportations étasuniennes, car leur balance du commerce extérieure en avait bien besoin,                                                                          

La seconde explication dans le classement de celles qui sont le plus souvent avancée : Le dollar très bas tombait à pic pour les déficits étasuniens, car plus le dollar chutait, plus la dette se résorbait dans les mêmes proportions que la chute à répétition, mais celle-ci était accompagnée et la situation totalement maîtrisée, car en " haut lieu " on prenait les meilleures décisions, et le hasard n'avait pas sa place dans ses scénarios. Cet accompagnement était maîtrisé de mains de maître, et dans les règles de l’art, à l'aide du levier de la baisse des taux directeurs.

C'est comme je vous dis : essayez, vous verrez, ça marche ! Ne déclarait-on pas à l'époque, que les chutes répétitives de la monnaie étasunienne, étaient décidées et encadrées par les autorités monétaires étatsuniennes ?

Une démonstration limpide...

Alors que tout le monde navigue à vue, Daniel Cohen aurait une vision limpide de la situation, et en ferait profiter les lecteurs du quotidien Le Monde. On pourrait dire : « C'est trop généreux Monseigneur, tant de largesses, c'est beaucoup trop ! » 

On a l'impression d'entendre en fond sonore Sarkozy, quand il prétend assainir la planète financière à lui seul. Il veut dit-il, mettre de la morale dans les mœurs financières. Pas seulement pour les financiers français, et de plus le fric s'est mondialisé, et il aura d’autant plus de mal à le suivre dans le dédale des circuits financiers, en particulier lorsqu’il transite par des territoires off-shore ou  des paradis fiscaux.

Voici quelques chiffres qu'il faut avoir en tête : les deux tiers des « hedge funds » sont déclarés dans les paradis fiscaux, et deux millions de sociétés y sont déclarées ; certaines sont des sociétés écrans appartenant à des États. On est abasourdi par tant de naïveté !

Soit il feint, soit il découvre le « Grand Casino Mondial » ? Comment ce monsieur qui prétend gouverner la France, l'Europe et le Monde, peut ignorer à ce point les règles des jeux de hasard ? On n'a pas dû lui dire que la morale n'avait pas cour, dans le  « Grand Casino Mondial », il a pourtant la possibilité de se renseigner sur les règlements qui régissent les circuits financiers. Et les nombreux conseillers, qui coûtent si chers aux Français, et dont il aime à s’entourer, ont bien dû lui glisser quelques mots sur le sujet ? Le peuple chinois c’est lui-même c’est intéressé à la chose, au point de jeter toutes ses économies sur les tables du  « Grand Casino Mondial » ! Il ne lâche pas les écrans géants mis à sa disposition où s’inscrit en direct le cours de leurs actions. Il peut à loisir surveiller la courbe des actions, et se rassurer en vérifiant le montant de sa cagnotte. Passionnés qu'ils sont les Chinois. Passionnés par le  « Grand Casino Mondial », ils en oublieraient presque la dureté du quotidien ; ils sont pourtant nombreux les problèmes de ce pays. Mais la passion du jeu, ça ne s'explique pas ! C'est comme une drogue, on ne peut plus s'en passer. Demandez à Sarkozy. Il l'a dit peu de temps après son élection à la tête de la Présidence de la République française :

 « Il faut décomplexer l'argent ! »

Il a la passion du fric et a déjà fait beaucoup pour le servir. N’est-il pas entré en politique, comme en sacerdoce, pour encore mieux le servir ? Il est comme ça Sarkozy, capable d'abdiquer toutes ambitions personnelles pourvu que son maître soit enfin reconnu à sa juste valeur. Il est désintéressé, c'est sa vraie nature qui s’exprime, généreuse, et tout et tout... Il est comme ça Sarkozy, c'est ainsi on n'y peut rien, et on ne le changera pas ! Si cela continue dans ce sens, on aura bientôt droit au farfelu inspiré (télévangéliste ou autre), qui lâchera dans une transe inspirée, qu'il est directement en relation avec le “Ciel”, et qu'une voix c’est adressée à lui, et lui a recommandé de nous guider, et lui a transmis ce message :

« Achetez ! Achetez mes frères ! Achetez mes sœurs ! Le temps est venu pour vous d’acheter. Jetez-vous sur les actions, elles ont suffisamment baissé comme ça. Sans perdre un instant, achetez mes frères, achetez mes  sœurs… » God is business !

Fillon ne nous avait-il pas prévenus ? 

« Nous avons la maîtrise de l'idéologie ! »

Mais de quelle idéologie s'agissait-il déjà ? Il ne le savait pas très bien lui-même et d’ailleurs ça n’avait pas grande importance puisque le but la manœuvre était tout autre. Il s’agissait d’occuper le terrain médiatique. Oh ! Colossale finesse... C'est de la tactique politique. Mais qu'est-ce qu'il est fort Fillon, et comme il maîtrise bien la stratégie médiatico-politique.  Sarkozy, le génial Sarkozy, savait qu'en le nommant au poste où il l’a nommé, il y plaçait  « le Big stratège politique ». Ils sont très forts ces deux là.  

Messieurs, « chapeaux la rue ! » 

C’est un vrai bonheur que d'être gouverné par ces deux-là. Vous faites honneur à la grandeur de la France, ah oui vraiment, merci messieurs.

Pardonnez-moi cette digression, mais qui a été rendu nécessaire, pour mieux apprécié le contexte politique actuel. Les prises de positions souvent contradictoires des membres du gouvernement Sarkozy, et de Sarkozy lui-même peuvent nous éclairer sur la déconnexion du microcosme politique en général et de ceux qui gouvernent en particulier...

Daniel Cohen, nous donne un cours magistral sur l'historique et le déroulement de la crise et de l'histoire du capitalisme managérial et de son pendant le capitalisme financier. L'un pourrait passer pour un capitalisme social, car les méthodes paternalistes dont usaient les managers de cette époque (elle se situerait au début de la « révolution industrielle » et s'achèverait au début des années quatre-vingt), c'est l'époque ou un ouvrier ou un cadre, peuvent espérer travailler toute leur vie dans la même entreprise. Il faut y inclure la période des « trente glorieuses », l'économie keynésienne qui sert de cadre aux décideurs, et dont raffolent tous les États occidentaux. Selon Daniel Cohen à un moment précis, ce système de gestion économique a été pris en défaut, qu'il situe en 1970, et à ce moment-là, et seulement à ce moment-là, tout à coup ce système ne produit plus les bonnes recettes.

Qu'est qu'on reprochait au système keynésien exactement ? On lui reproche, d'avoir à un moment donné produit une augmentation des charges de l'État providence et d'autre part l'augmentation conséquente de la courbe du chômage. Ces deux indices partaient à la dérive, seul un plan de rigueur pouvait, pensait-on, arriver à en corriger les effets. Les recettes du keynésianisme ne fonctionnaient apparemment plus, c'est alors que vint l'ère du reaganisme et du thatchérisme triomphants, et dont on paie aujourd'hui les conséquences désastreuses.

Nous assistons, après l'effondrement du bloc communiste, en 1989, à la mise en place du dérèglement systématique de pans entiers du secteur Public (secteur que l'on jugeait avant la privatisation, secteurs stratégiques), et surtout de la dérégulation du secteur financier.

C'est l'époque des goldens boys (les gars pommes jaunes, ou les gars couleur d'or), de la fuite en avant, du fric triomphant qui envahit tous les secteurs clés de la société capitaliste.

On ne parle que de fric ! Jusqu'à la nausée. 

Un axiome sévit dans tous les secteurs de l'activité financière et le microcosme politique, ce système est infaillible ! C'est une évidence, bien sûr, l'époque des grands managers est révolue.  Cette époque est systématiquement ringardisée, par tous les acteurs susnommés. Pour être considéré " moderne ", il faut s'endetter et prendre des risques à outrance.  C'est l'époque, pas si lointaine ou Sarkozy, rêve tout haut d'une France de petits propriétaires endettés jusqu'au trognon !  

Ne fait-il pas dire à ses proches que lorsque son mandat prendra fin en 2012, il aura plus réformé que tous ses prédécesseurs réunis, y compris Charles de Gaulle en personne. Le “Grand Charles”, comme certains aimaient à le nommer.

En fait il a dit qu’en un an de mandat il avait déjà fait plus que ses prédécesseurs, mais ce discours d’autosatisfaction paraissait peu plus plausible, alors ses courtisans en ont rectifié la durée.

 

Sarkozy, c'est le crapaud de la fable, il a un ego tellement surdimensionné, que rien ne peut l'arrêter.

 

Enfin, heureusement pour nous que la réalité rectifie les faits et qu’en fait de “réformes” il s'agit beaucoup plus d'opérations comptables que de réelles réformes ; ce n'est pas tout à fait la même chose.

Essayons si possible d'éclaircir l’époque du tout fric (qu’on peut situer au début des années quatre-vingt jusqu’à aujourd'hui) .

Le chômage se résorbe, soit en supprimant ou en abaissant les protections sociales et les acquis sociaux, soit en ce qui concerne les résultats (postérieures aux “années Mitterrand”) des chiffres du chômage en France, c’est la droite qui est aux affaires à ce moment là, et qui a tout simplement  bidouillé les chiffres du chômage. À ce sujet vous pouvez consulter les chiffres du B.I.T. (Bureau International du Travail, et l’annonce faite par le gouvernement Villepin, puis la non-publication des chiffres de l'INSEE pour raisons d'élections présidentielles, que la direction de l’Institut justifiait en arguant une réorganisation de ses services, puis de programmes informatiques défectueux).

Quand les représentants du gouvernement Sarkozy, successeurs du gouvernement Villepin paradaient sur les plateaux télé ou dans les médias pour tenter d’expliquer par le menu comment la politique énergique de lutte contre le chômage portait enfin ses fruits, on était stupéfait... Tout le monde savait qu'il s'agissait d'un phénomène purement “mécanique“. La génération du  “Baby-boom“, grosso modo la génération de l'après seconde guerre mondiale, faisait valoir ses droits pour partir à la retraite, et ce phénomène accentuait momentanément et mécaniquement le reflux du nombre de chômeurs. Heureusement que le ridicule ne tue pas. 

La politique de la droite française n'avait évidemment rien à voir avec ce résultat spectaculaire, et que bien évidemment ils ne maîtrisaient absolument rien. D'ailleurs dès que le phénomène s'est tari le chiffre des demandeurs d'emploi est reparti à la hausse. Les délocalisations ont une fonction que je ne développerai pas dans cet article. 

Les Bourses prennent le contrôle des entreprises 

Lorsque Sarkozy clame sur tous les médias qu'il appelle de ses vœux la tenue d'un sommet mondial des dirigeants du monde entier, pour dit-il, comme en 1944 à Bretton Wood, modifier les règles de fonctionnement des Bourses, afin d'assainir et de réglementer l'économie financière, est quand même stupéfiant.

Alors qu’il n'a pas hésité un instant, afin de fêter son élection à la Présidence de la république française, d’inviter tous ses amis et en particulier les patrons de banques et du CAC 40 au  “Fouquet's“, puis c’est exhiber sur le yacht de son ami Bolloré, l'un des nombreux amis et patrons de son carnet d'adresses, on se demande si toutes ses déclarations actuelles sont vraiment sérieuses.

Ces précisions m’ont paru indispensables pour restituer au développement de la démonstration de Daniel Cohen une cohérence locale indispensable aux événements mondiaux actuels. Sarkozy s'est autoproclamé le porte-flambeau de la réforme (encore une) du capitalisme mondial.     

Il faut tout de même savoir que lors de la grande mutation, l'économie managériale se prolonge en économie financière, les dirigeants de ces entreprises mondialisées et diversifiées, diversifiée pour ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier, n'ont pas hésité, pour consommer cette rupture historique, a indexé l'avenir de leurs entreprises aux aléas des Bourses. Ce faisant ils jouaient sur les deux tableaux, de l'économie dite  « réelle » et de l'économie dite  « virtuelle ».

Ils ont joué en Bourse et ont gagné des montagnes de pognon.

Je suis contraint de rappeler, les déclarations, envolées lyriques faites çà et là par Sarkozy, d’enchaîner ces discours sur l’actualité au point de vue développé par Daniel Cohen. J’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur. J’ai ajouté mes propres réflexions, un peu comme le faisaient certains lecteurs en marges de volumes.

Va-t-on arrêter de nous faire croire que les gesticulations de Sarkozy, vont changer la fait du problème ?  Alors que la situation actuelle réclame une réflexion approfondie et un certain recul, ses réactions d’émotivité n’ont pas leur place dans ce contexte. Il s’agit tout de même de l’effondrement irrémédiable du système capitaliste.  

Il gesticule, bien, c'est ce qu'il fait de mieux, mais la réalité le rattrape irrémédiablement, et cette réalité nous impose un devoir de vérité.

La Vérité, que nos anciens s'échinaient à démontrer chaque fois qu'un décideur laissait croire le contraire de ce qu'il faisait en réalité.

Sarkozy au nom de la morale, mais surtout pour rassurer le  “bon peuple“, nous fait le numéro du type à qui l'on a vendu des lentilles qui ne voulaient pas cuire !

Les Bourses sont par essence un " Casino Géant Mondial ", où la morale n'a pas sa place.

Pourquoi ramener cela à une affaire de morale ? Et que vient-elle faire là-dedans ? Il emploie toujours les mêmes trucs éculés, en l’occurrence il s’agit d’une dramatisation (oh combien inutile) et de l’émotivité, afin d’attirer l’attention à lui et pour jouer la énième fois son numéro de sauveur de l’Humanité. C’est lassant.    Sarkozy serait pour un capitalisme managérial parce que plus honnête. Mais ce capitalisme n'a plus court depuis belle lurette, et il le sait !

Ne nous a-t-il pas habitués à jeter aux orties ses postures de principe, ses dogmes, ou ses belles promesses dès qu'elles prenaient l'eau ? Souvenez-vous de sa fameuse phrase lors d'un dîner organisé à New York pour des gens fortunés, ( il fallait lâcher un bon paquet d'oseille pour prétendre s'asseoir à l'une des tables), le genre de manifestation dont il raffole (ne se donne-t-il pas l'illusion d'appartenir au  “club “ très fermé des  “ultra-riches “ ?) : Là encore je vous invite à lire la presse nationale régionale et les hebdos people ou pas, ou l’événement y est relaté avec moult détails.

« Je m'excuse Carla, mais je n'ai jamais été de gauche, et je ne serai jamais de gauche, je suis de droite et je resterai toujours de droite ». Une droite qui s'exonère de toutes ses erreurs, et quoi qu'il advienne, comme les chats, retombe sur ses pattes !

D'ailleurs à ce sujet voilà ce que déclare l’éminent économiste pragmatique. Cet axiome d'abord : « Pile je gagne face tu perds ». Pour ceux qui ont un peu vécu, il s'agit du coup du chapeau. Mais je ne veux pas dévoiler là un truc d'escroquerie qui pourrait donner des idées à certains. Cette époque du laisser-faire (c'est, en fait, un contre-paradigme à Keynes, le fameux éloge de  “la main invisible“, que remette au goût du jour les économistes de l'école de Chicago Friedrich Hayek et Milton Friedman, et qu'ils imposent aux politiques). La seconde vague remonte à l'époque des attentats du 11 septembre, à cette époque les fondamentalistes du marché (les ayatollahs du néolibéralisme), en remette une couche, le marché dérégulé et le laxisme du marché font le reste.

Greenspan mène une politique totalement laxiste des taux d'intérêt excessivement bas par rapport aux normes de ce qui est nécessaire, ce qui va accélérer le processus de décomposition du système.  Le reste vous le connaissez aussi bien que moi, les ménages étasuniens s'endettent à tout va, ils consomment et dépensent apparemment sans limites, les comptes sont dans le rouge, mais qu'importe, ce qui prime alors, c'est l'idéologie qu'imposent ces nouveaux héros du capitalisme, les génies incontournables du capitalisme financier.  Ils ont l'outrance et l'arrogance des nouveaux riches et se croient révolutionnaires.

En fait la suite nous démontrera que la réalité rattrape toujours ceux qui décident d'appliquer à leur profit la politique du profit sans limite et de la fuite en avant, et puisque apparemment plus rien ne les arrête, leur succès les enivre au point de croire qu'ils sont les maîtres incontestés du jeu.  

La réalité ne peut s'acheter !

Je suis contraint de rappeler, les déclarations, envolées lyriques faites çà et là par Sarkozy, d’enchaîner ces discours sur l’actualité au point de vue développé par Daniel Cohen. J’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur. J’ai ajouté mes propres réflexions, un peu comme le faisaient certains lecteurs en marges de volumes. D’autre part, il me semble que cela ne gênera en rien la compréhension qui se dégage de son texte, et pour plus de clarté j’ai pris la précaution de surligné en jaune clair ce qui émanait de son article.  Sarkozy le sait pour l'avoir déjà payé  “cash“, très peu après son élection.

Il avait menti aux Français.

Le prochain règlement  “cash “ est pour bientôt. Le chômage s'emballe, le pouvoir d'achat en dessous de ce qu'il était il y a peu (quand les résultats économiques des ses partenaires européens étaient à peu près bons, mais que les caisses de l'État français étaient vides), c'est-à-dire en dessous du dessous. Peut-être il sera-t-il temps d'envisager un départ anticipé ?  L'erreur historique[3] trouvera-t-elle assez de raison, pour ne pas infliger davantage de déraison à la France ? Ça n'en prend pas vraiment le chemin puisqu'il veut proroger son tour à la tête de la direction européenne ![4] La France aura bien du mal à s'en remettre, mais on est à peu près sûr que l'hôte de l'Élysée s'en tirera plus facilement qu’elle ou que toutes celles et tous ceux que l’effondrement du système capitaliste aura lessivé. Bien que ses amis du CAC 40 auront laissé quelques plumes dans cette affaire d’effondrement du système capitaliste, peut-être l'aiderons-ils un peu ? 

Reprenons. La relance de la consommation est en panne, même le gouvernement de F. Mitterrand échoue. Quand les gains de productivité des entreprises fondent comme neige au soleil, il est temps de changer de politique économique. Le système de dérèglement de l'organisation du travail est promptement mis en place, c'est la relève du  « reaganisme » et du « thatchérisme », la mise à bas des organisations managériales, et la prise de contrôle par les Bourses du fonctionnement des entreprises. C'est la rupture, avec un grand "R".

Les managers changent de statut, de salarié leur condition sociale change du tout au tout, leur destin est indexé sur les Bourses. La " révolution " financière  est consommée. Les actionnaires ont tous les pouvoirs, et les rémunérations des managers sont indexées sur les résultats de la Bourse. Leurs salaires explosent, ils vont se soumettre aux impératifs des Bourses, puisqu'ils sont partie prenante. C'est l'époque de la main invisible ! 

L'école de Chicago reprend le dessus, les néo-monétarismes ont le vent en poupe, le marché est posé comme infaillible, le chômage comme naturel et l'inflation comme phénomène monétaire. Les " ayatollah " du néolibéralisme montrent le bout du nez. Tout est en place pour la  “Big catastrophe“.

Pour clore ce chapitre, il faut dire que l'ambiance intellectuelle et médiatique, y joue un rôle important. La collusion entre certains journalistes, les politiques et leurs amis financiers est évidente.  

L'apothéose, ou la goutte d’eau qui fait déborder le vase, c'est quand on décide d'attribuer le prix Nobel d'économie à l'un des fondamentalistes de la nouvelle doctrine, Joseph Stilglitz, ce geste a beaucoup fait pour encourager le capitalisme financier livré à lui-même.

Les crises se multiplient, et semblent être chroniques, pour ne pas dire systémiques. Déjà Bush (père), sera confronté à l'une d'elles, le krach de 1987, les savings and Loan, les caisses d'épargne étatsuniennes, seront sauvés de la faillite après l'injection de 125 milliards de dollars dans leurs caisses. Pour comparer à ce qui est fait aujourd'hui, pour l'instant le montant du plan Paulson s'élève à 1000 milliards de dollars.

Daniel Cohen analyse et démêle l'écheveau des crises, depuis le XIXe siècle jusqu'à nos jours. De cette analyse on peut lire une information très intéressante sur le pourquoi du comment de la crise actuelle.

Le changement de gouvernance des entreprises entraîne une réduction drastique de leurs champs d'activité, pour réduire les coûts de fonctionnement, on saucissonne pour ne produire que ce qui est du domaine de compétence, c'est-à-dire exclusivement leur " savoir-faire ", ce qui constitue l'avantage comparatif. Toutes les autres activités sont externalisées, misent en concurrence. La grande " famille " n'a plus de raison d'être, l'entreprise est rentabilisée au maximum. C'est l'époque des grands dégraissages.

On bazarde et on licencie à tout va ! 

On tend vers une  « entreprise sans employés », un processus qui s'accélère avec les nouvelles industries de la communication. La différence est de taille, les entreprises sont des unités misent en concurrence ne produisant que l'avantage comparatif. La mondialisation fait le reste, la concurrence s'élargit, la main d'œuvre bon marché fait son apparition et va parachever le processus.

Ensuite, Daniel Cohen, se pose la question de savoir comment cet aspect du capitalisme pourrait changer, et d'ajouter que les critiques mordront beaucoup plus efficacement au vu des critiques concernant l'écologie la question sociale et contre le  « court-termisme », éclatant la chaîne des valeurs au quatre coins de la planète. Mais ce point de vue serait pertinent au cas où les évènements en resteraient là.

Ce qui ne semble pas du tout le cas, comme je l'avais signalé antérieurement, car les évènements risquent d'évoluer en pire. 

Mais personne, je dis bien personne n'a proposé de système de remplacement au capitalisme actuel (je fais l'impasse sur l'analyse historique du capitalisme de Karl , le système a évolué, il faudrait le repenser et l'adapter au monde contemporain, c’est un travail de longue haleine et pour le moment ce travail me paraît illusoire.) 

Qui se soucie de proposer un nouveau système économique ?

Les étatsuniens ne démordent pas du système capitaliste actuel, les Européens, Sarkozy mis à part, font le dos rond en croisant les doigts, et espèrent qu'ils ne s'en sortiront pas trop mal, les autres pays sont attentistes. On devrait dire à Sarkozy, que tout le monde se fout de son attitude nombriliste, ça n'amuse personne de savoir qui va remporter ou pas le pompon. Il classe et déclasse les uns par rapport aux autres de façon quasi obsessionnelle, serait-ce pour compenser le parcours laborieux de ses études ? Qu'il enjolive constamment, mais la réalité le ramène à ce qu'elles ont été, médiocres...

Donc Daniel Cohen pense très fort que les valeurs du « capitalisme monde » ne devraient pas être modifiées.

Et ajoute, pour bien enfoncé le clou, que ce serait naïf de le penser – alors on est nombreux à être naïfs. Ensuite il étaye sa théorie avec un argumentaire en apparence imparable. La crise actuelle constituerait selon lui une perversion du système financier, une excroissance dangereuse et inutile, jusqu'ici contenue. On peut à nouveau lui rétorquer, mais que se passe-t-il si rien ne va plus et que tout le système s'effondre en totalité ? Il pense qu'il aurait fallu, réfléchir après le krach boursier de 1987, mais avec l'arrivée de Greenspan à la direction de la Réserve fédérale c'est l'inverse qui s est produit et c'est la grande glissade, il autorise l'argent facile, libèrent des quantités énormes de liquidités .

Ceci va favoriser les opérations à haut risque. Au passage, il oublie le détail de la complexification des produits financiers proposés alors sur le Marché (un bouquet de produits financiers, est un tel mélange que plus personne n'y comprenait rien, trop complexe. Il fallait huit personnes pour proposer ces produits aux intéressés, et d'ailleurs ils se perdaient en explications). C'est l'époque ou la finance du marché va fabriquer une nouvelle intermédiation financière totalement affranchie des règles qui réglaient le système du marché financier classique.

Un bouquet de produits financiers, d'un tel mélange que plus personne n'y comprenait rien !

Puis comme ce n'était pas suffisant une seconde couche d'intermédiation va apparaître, qui va doubler les circuits financiers traditionnels. Les « shadows banking system », qui pèse 10 000 milliards de dollars, autant que le système bancaire classique, sauf que lui est affranchi des règles prudentielles qui s'appliquent aux banques de dépôts, échappant aux régulateurs. Les agences de notations palpaient avant les notations des nouveaux produits financiers proposés sur le marché, puisqu’elles participaient à leurs réalisations, et après leurs notations. Ces notations étaient exigées par certains investisseurs. 

Elles passaient deux fois à la caisse !

Daniel Cohen écrit : Elles étaient des deux côtés de la barrière : payées pour labelliser des produits qu'elles avaient elles-mêmes fabriqués. Juges et partis, le rêve de Sarkozy. Il n'a de comptes à rendre qu'à lui-même ! 

Ces banques d'investissement qui se financent sur le marché, sont les hedge funds (2/3 sont déclarés dans des  “paradis fiscaux “), les fonds de private equity, et les compagnies d'assurances. Tout le monde a en tête le renflouement d'AIG, American International Group, en tant que compagnie d'assurances, elle n'est pas soumise aux mêmes contrôles qu'une banque de dépôts, et a pu tranquillement créer un département AIG Finances, qui s'est retrouvé premier opérateur de ce qui est appelé les “crédits default swaps“, qui garantissent (normalement) un créancier contre les risques de faillite du débiteur.  

Les banques commerciales entrent dans le jeu, et développent des services financiers ad hoc, qui sont logés hors de leurs bilans, ce qui leur a permis d'acheter de grandes quantités de subprimes (mortgage). Cette combine aurait pu perdurer longtemps si...  Comme dit plus haut, les autorités de surveillance, ne surveillaient plus rien, emportés par l'euphorie ambiante des idées que véhiculait le nouveau paradigme, le laisser-faire du marché, qui aurait dû se réguler lui-même, la suite vous la connaissez.

La défense des autorités et des acteurs de ce gigantesque krach est désarmante de naïveté. Greenspan explique que les États-Unis voulaient vivre à crédit, que c'était leur choix, un choix de vie, une liberté fondamentale.

Une liberté fondamentale aux dépens de reste du monde !

La droite, et pas seulement étasunienne, évoque la liberté du chacun et la liberté du marché, et contrairement à ce que fait croire par opportunisme Sarkozy, elle refuse de reconnaître ses erreurs.  

Je suis contraint de rappeler, les déclarations, envolées lyriques faites çà et là par Sarkozy, d’enchaîner ces discours sur l’actualité au point de vue développé par Daniel Cohen. J’espère qu’il ne m’en tiendra pas rigueur. J’ai ajouté mes propres réflexions, un peu comme le faisaient certains lecteurs en marges de volumes. D’autre part, il me semble que cela ne gênera en rien la compréhension qui se dégage de son texte, et pour plus de clarté j’ai pris la précaution de surligné en jaune clair ce qui émanait de son article.  Comme le dit Daniel Cohn-Bendit, il faudrait qu'elle (la droite) commence par faire son autocritique, après on peut discuter !

Ceci explique cela. Daniel Cohen, sait très bien que le monde à changer, aussi bien le monde capitalisé virtuel, que le monde capitalisé réel. Les intérêts des uns ne sont plus acceptables par les autres. Proposer un nouveau " Bretton Wood ", comme le fait Sarkozy est une aberration, que très certainement ses conseillés lui auront soufflée. En faisant cela il se couvre de ridicule, et ceux qui le suivent où font semblant de le suivre sur ce terrain glissant, sont coupables de légèreté.

Laisser dire ou faire n'importe quoi ne grandit personne !

Il n'y a pas un des dirigeants européens qui aura le courage de lui dire une bonne fois pour toute, qu'il n'est plus en campagne électorale ? La France ce n'est pas l'Europe ou le monde, c'est un pays qui n'a pas les moyens des ambitions de Sarkozy ! Cette politique de l'argent facile, a entretenu l'illusion que tous les étatsuniens étaient encore riches, les ménages n'épargnaient plus, ils auraient résisté à l'explosion des inégalités grâce à cette illusion. Le moteur de l'économie étasunienne était  la consommation des ménages, mais surtout l'immobilier. Partout y compris en France. Les prix ont été multipliés par 2,5 en dix ans.

L'un des pays les plus touchés par la crise immobilière est sans conteste l'Espagne, ils ont pratiquement, à quelques exceptions près, bétonné tout leur littorale. Un boom immobilier qu'ils vont payer au prix fort ! Certains emprunts s'étalaient sur 35 ans ! Du jamais vu. Ils sont plus de quatre-vingt pour cent à être propriétaires de leurs logements. Ce qu'il y a de certain, c'est que beaucoup vont vendre leurs logements à perte (les prix de l'immobilier vont s'effondrer.)

L'argent facile qui coule en grande quantité touchait aussi l'Europe. Le prix à payer, et contrairement à ce qu'ont déclaré les membres du gouvernement Sarkozy, sera très élevé. Beaucoup auront tout perdu, le mirage de l'argent facile aura fait beaucoup de dégâts. Ce système est bien évidemment mort, et sera forcément remplacé, par un autre système. Que sera-t-il ?  Personne ne peut le dire, mais il faudra un beaucoup de temps, pour proposer un nouveau système et réparer les dégâts de l'ancien système. Voilà ce qui nous sépare de Daniel Cohen, il a une vision relativement angélique de la situation. 

Il parle alors  “d'Aventurier de l'Arche Perdue“, un film étasunien, qui a pour héros Indiana Jones (Indy pour les intimes), pour parler des traders et des financiers. Je ne sais pas quel surnom ils laisseront dans l'histoire, la vraie, mais une chose est sur ils seront détestés du monde entier. Je plains les étudiants en économie qui choisissent un master pour un jour travaillé comme trader. Je les plains !

Le retour d’Indiana Jones

Bien que certains encore aujourd'hui s'en mettent plein les poches, ils spéculent sur la récession, et disent que la récession a du bon ! Un « tour opérator » organise via les agences immobilières, une visite en car dans les endroits où les gens ont tout perdu, et ils organisent la vente aux enchères des maisons saisies. Des petits malins achètent pour spéculer ! La récession va les rattraper...[5] 

Daniel Cohen ajoute, ils étaient l'avant-garde, leur arrogance de nouveaux riches n'avait pas de limite, ils disaient :  Oui j'ai gagné 100 millions de dollars, et je vous emmerde. Il faudrait que tout le monde puisse le faire“. L'ambiance intellectuelle et médiatique, faisait qu'ils n'avaient même pas l'impression d'avoir fauté, ni économiquement, ni moralement. C'est cette avidité, cette inconscience qui vont être sanctionnées. Oui j'ai gagné 100 millions de dollars, et je vous emmerde !

Oboma, si c'est lui qui est élu, parce qu'il est démocrate, mais surtout parce qu'il va se trouver dans une situation de croissance très limitée, avec une énorme demande de redistribution. Aux Etats-Unis, les inégalités sont devenues tout à fait extravagantes. Les données collectées par mes collègues Thomas Piketty et Emmanuel Saez montrent que le 1% le plus riche de la population a retrouvé le poids qui était le sien au début du XIXe siècle, à l'âge d'or des rentiers : ils gagnent plus de 16% du revenu national, contre 7% après la guerre. C'est une véritable perversion du capitalisme traditionnel. Weber explique que si le capitalisme ne se caractérisait que par l'avarice, l'envie d'argent, les inégalités, alors il se serait développé au Moyen-Orient chez les marchands phéniciens, ou dans la riche Venise du commerce des épices. Or il est apparu en Angleterre, puis s'est développé aux États-Unis et en Europe du Nord. S'il reconnaît la cupidité, le greed, constitue un des ressorts fondamentaux de l'activité humaine, il montre comment le capitalisme des origines rationalise cet appétit, construit des rapports de confiance et de contrat, rééquilibre l'ensemble avec la libre concurrence, des règles, des lois, etc.

Des lois, on revient toujours là, comment croire en l'autorégulation, c'est une illusion de croire que les humains les plus cupides peuvent se limiter, se contrôler seuls ![6]

D 'ailleurs les autorités, les politiques connaissaient parfaitement le problème, et le nomme même, c'est le  « mécanisme panglossien » de Pangloss, héros de Voltaire, qui croit vivre dans le « meilleur des mondes possibles ».

Daniel Cohen ajoutent, à partir du moment où des traders et financiers s'enrichissent sur l'argent des autres, qu'ils ne mettent pas sur la table leur propre capital, se finances à crédit pour financer à crédit des opérations, un mécanisme pervers se met en œuvre. Si ce crédit génère des gains, vous les partagez avec l'investisseur qui les a financés, et vous remboursez votre dette. plus la mise est forte plus vous gagnez. C'est là que s'installe la spirale. Vous êtes poussé à jouer sur la plus grande échelle possible et à minimiser le capital investi pour avoir l'effet de levier maximum. L'inconvénient c'est que si l'investissement est un "crédit pourri", insolvable, les pertes sont forcément pour celui qui a prêté : la société, les déposants ou ceux qui vont se protéger en mutualisant les pertes. Lorsque l'investisseur n'est pas soumis à une réglementation qui l'oblige à apporter son propre capital, il ne voit que le meilleur des mondes possibles : “c'est le mécanisme panglossien“.

Il ignore rationnellement les risques, parce que le principe est asymétrique. Le spéculateur ignore la perte, parce que s'il gagne, il gagne  tout (j'ajouterai, et tout le temps), et s'il perd, il perd éventuellement son job, mais ce ne sera jamais au volume des pertes qu'il a fait subir aux autres. On ne peut réinternaliser sur un individu les risques qu'il a fait courir aux autres. Vous avez compris ? Les 1000 milliards de pertes sont pour nous, les 100 milliards qu'ils ont “gagné“ sont pour eux.

Quoiqu'il advienne nous sommes marron ! 

Les pertes c'est Bush, Sarkozy et consorts qui les ont offerts aux banques, compagnie d'assurances etc., pour ne pas prendre le risque de voir le système s'effondré. Mais c'est nous qui allons cracher au bassinet.Et si le système, malgré cette générosité forcée par personnes interposées (nous), s'effondre, les politiques auront alors chaud, très chaud à leurs plumes.

Daniel Cohen donne encore quelques précisions, et pense que de nouvelles lois financières sont indispensables, en particulier les dirigeants des pays du Sud, qui critiquent vertement le laxisme du gouvernement étasunien, et en appelle à une régulation mondiale du capitalisme financier. Et Daniel Cohen d'apporter cette précision de taille : “ Tout le monde se met à parler “régulation“. Soit. La première erreur à éviter serait de croire qu'après cette crise le capitalisme va se moraliser tout seul“.

C’est le coup de pied de l'âne, comme on dit. Les intérêts des uns ne seront pas forcément compatibles avec les intérêts des autres. Et se posera la question du leadership.

C'est Sarkozy qui va être déçu... Il ne sera pas le président du monde. Il faut dire, pour être honnête avec Daniel Cohen, que la citation de Spinoza qu'il nous donne à lire est pas mal vu :  “Comme dirait Spinoza, mieux vaut compter sur les lois que sur la nature humaine pour régler le destin des nations“, mais il allume bien la gauche, “Une gauche qui claironne : “c'est le coup fatal porté au capitalisme“  Mais le capitalisme, la mondialisation du marché vont continuer. Personne ne va mettre les Indiens et les Chinois à la porte, en leur demandant de ne plus vendre leurs produits sur le marché international. Et les nouvelles technologies permettront à qui le voudra d'externaliser les services en Inde et en Chine. cette course du capitalisme contemporain ne sera pas changée par la crise financière.

C'est le genre de conclusion que j'ai déjà lu et relu, dans les médias, elle a l'avantage de rassurer. Mais en ce qui concerne les nouvelles technologies, le Japon ce n'est pas les Etats-Unis et encore moins l'Europe. L'Inde non plus ne sera pas absente, la Chine, la Russie et les pays du Sud ne seront pas en reste non plus. Et la mondialisation continuera, et bien malin sera celui qui pourra dire de quel système il s'agira, et de quel type de système capitaliste ou pas il s’agira.

Mis à part ces petits détails, la boule de cristal ce n'est pas mon fort. Mais le temps d'une droite fière de ses certitudes et de son idéologie, semble révolu.

 

 

 

 

 

 



[1] Quatre volumes méritent d’être consulter, CEPII, L’économie mondiale 2009, collection « Repères » (La découverte) ; L’année stratégique 2009, sous la direction de P. Boniface Dalloz. Hors-série n°78, 4e trimestre 2008 de Alternatives Économiques ; Lexique d’économie, 10e édition Dalloz.

[2] Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn seraient de gauche ? Une petite parenthèse tout de même, j’apprends au détour d'un article que Michel Rocard et Dominique Strauss-Kahn sont de gauche ? Depuis quand sont-ils de gauche ? En sont-ils eux-mêmes informés ? Si toutefois ce n'était pas le cas, il faudrait les informer avec beaucoup de précaution, à leur âge il faut agir délicatement, cela risquerait de leur être fatal !

[3] Voir SARKOZY : l’erreur historique, Plon Tribune Libre, Jean Peyrelevade (c’est assez pénible à lire).

[4] Voir l’article paru dans le quotidien  “Le Monde“ date  jeudi 23 octobre 2008, Sarkozy veut présider de fait la zone euro en 2009.

[5] Théma France5 /ARTE Avoir vingt ans en Amérique (À voir sans modération).

[6] Vous pouvez vous connecter sur le site de Thomas Piketty et télécharger un excellent travail sur les retraites.

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Commentaires

Lien croisé par Anonyme le Mardi 28/10/2008 à 10:19

L'économiste Pragmatique : " Un article issu de : L'économiste PragmatiqueÀ voir en ligne ici : http://la-sociale.viabloga.com/news/l-economiste-pragmatique"



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