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De la défaite du pouvoir en place à l'alternative politique

Après les élections régionales: bilan et perspectives

Par Denis Collin et Jacques Cotta • Actualités • Lundi 22/03/2010 • 13 commentaires  • Lu 3169 fois • Version imprimable


Les deux tours des élections régionales qui viennent de se tenir sont riches d’enseignements et doivent être analysés avec toute la précision nécessaire – ce qu’évidemment on aura du mal à trouver si on s’en tient aux commentaires bavards tant des commentateurs patentés que les chefs politiques qui courent de plateau en plateau de télévision.

  1. Le premier enseignement, celui que l'on cherche à minimiser ou à escamoter depuis le début des ces élections, c’est-à-dire depuis les premiers sondages, c’est la portée nationale de cette élection. Quand on nous dit qu’une fraction non négligeable des électeurs est incapable de citer de nom du président de région, que l’immense majorité ignore quelles sont les compétences de la région, cela prouve bien que les électeurs se sont d’abord déterminés par des considérations politiques nationales. La défaite en rase campagne de Sarkozy et son camp, confirmant l’élection européenne de 2009, les municipales de 2008 et les sondages d’opinion répétés, démontre à l’envi qu’il n’y a pas de majorité pour la politique et le pouvoir en place. Le pays légal, c’est le pouvoir sarkozyste ; le pays réel est en rupture radicale avec le pays légal. Que les listes du président de la république ne soient en tête que dans six départements, qu’elles soient battues et largement battues dans toutes les grandes villes, que les principaux ministres soient écrasés – les défaites cinglantes de Bruno Le Maire en Haute-Normandie, de Xavier Darcos en Aquitaine ou de Valérie Pécresse en Île de France – cela n’a pas d’autre signification de que celle-ci : le peuple de ce pays rejette la politique de démantèlement des services publics, de destruction de l’éducation nationale ainsi que la réforme des retraites que concocte le battu des battus qu’est Darcos. Cela démontre bien, si besoin était, le caractère totalement anti démocratique d’institutions qui concentrent le pouvoir dans les mains présidentielles au détriment de la volonté populaire exprimée à l’occasion d’élections intermédiaires. Du simple point de vue de la démocratie et de la légitimité qui découle du vote, les conséquences devraient être unanimement tirées : arrêt immédiat des suppressions de poste dans le fonction publique, notamment l’Éducation Nationale et la santé ; retrait de tout projet de réforme des retraites ; retrait de la loi Chatel dans l’éducation nationale, etc. Le président Sarkozy, pressentant le danger, avait parlé de « pause » en 2011. Ce n’est pas seulement sur le bouton « pause » qu’il faut appuyer mais aussi sur le bouton « arrêt » et sur le bouton « eject » !

  2. Pour minimiser le sens des résultats des 14 et 21 mars, commentateurs, sondeurs, responsables politiques insistent lourdement sur l’abstention. Les chefs de la droite en profitent pour soutenir la nécessité de leur réforme des collectivités locales, la région étant trop méconnue des Français et l’organisation des compétences illisible. On fait remarquer que l’abstention était nettement moins importante en 2004 où les régionales étaient couplées aux cantonales. L’argument ne manque pas de pertinence, mais il démontre le contraire de ce que croient pouvoir démontrer les dirigeants de la droite. Les citoyens sont attachés au département et connaissent leur conseiller général alors qu’ils ignorent qui sont les conseillers régionaux. Et par conséquent est parfaitement antidémocratique et antirépublicaine la réforme des collectivités territoriales qui vise, de fait, à supprimer les départements, en les transformant en un simple échelon administratif de la région ! On remarquera que l’abstention est aussi certainement due au fait que tous les partis (Front de Gauche et NPA inclus) ont passé sous silence l’enjeu principal de ces élections : la réforme des collectivités locales qui explique que les conseils régionaux ne sont pas élus cette fois-ci pour six ans mais seulement pour quatre ans. En évitant cette question essentielle, celle de la volonté du président de la république dans sa réforme de détruire l’organisation républicaine du territoire issue de la révolution française, de porter un coup à l’exercice de la démocratie, au rapport du peuple à ses élus, la gauche a volontairement diminué et la mobilisation et la signification de sa victoire.

  3. La droite s’annexe les abstentionnistes en prétendant ce sont ses électeurs qui sont restés chez eux pour lui demander de retourner à ses « fondamentaux ». La petite remobilisation du second tour ayant surtout profité à la gauche et aux troisièmes listes (quelles qu’elles soient: FN la plupart du temps, mais aussi MODEM, Front de Gauche ou EE) montre l’inverse de ce que feignent de croire Jean François Copé, le chef des députés UMP, et ses amis. Mais la prise en compte des résultats sous le seul angle des voix portées sur les différents partis, dont découle que la gauche a une majorité absolue dans le pays, est trompeuse. En effet, l’abstention devrait surtout inquiéter la gauche : sa capacité de mobilisation et d’entrainement reste finalement faible et les « on a gagné » scandés au siège du PS le 21 au soir ont un côté un peu irréel. Le PS a gagné selon la loi électorale, mais on est loin d’une véritable victoire politique. Le peuple n’a pas le sentiment d’avoir gagné, même si la claque qu’a prise la prétendue « majorité présidentielle » fait toujours plaisir.

  4. Les divers groupes d’extrême gauche, de la gauche de gauche, révolutionnaires et anticapitalistes de tous poils, partis d’autant plus « ouvriers » que les ouvriers ne les suivent pas, s’annexent les abstentionnistes. Ceux-ci seraient de prolétaires conscients qui rejettent et Sarkozy et la « gauche » de gouvernement et seraient donc disponibles pour s’engager sur le terrain direct de la lutte des classes, loin des couillonnades électorales. Tous ces gens, comme d’habitude prennent leurs désirs pour des réalités et nourrissent les adhérents de leurs PME de paroles doucereuses et de consolations bien plus minables que celles que promettent les religieux. Outre les 15 à 20% d’abstentionnistes chroniques, on doit ajouter une partie (difficile à évaluer) d’abstentionnistes qui croient que les régions sont ces « machins » incompréhensibles et sans importance – vu les faibles budgets régionaux, ils n’ont pas complètement tort – et enfin des abstentionnistes de chaque camp, déçu par leur propre camp. Des abstentionnistes de droite qui ne voulaient pas voter pour le parti unique ni pour le FN et des abstentionnistes de gauche déçus par la gauche. En tout cas, l’abstentionnisme n’est pas la marque de la politisation mais plutôt celle de la dépolitisation et d’un certain fatalisme qu’on retrouve sur d’autres terrains – qu’on songe à la faiblesse des réactions des professeurs de lycée devant la réforme Châtel. L’abstentionnisme est plus fort dans les quartiers populaires que dans les quartiers bourgeois, mais cela ne prouve pas que ces abstentionnistes populaires soient des révolutionnaires en puissance. Il y a toujours eu un électorat populaire de droite, et même réactionnaire et, d’autre part, une partie de l’électorat ouvrier traditionnel est démoralisée et ne croit plus au « parti ouvrier ». Si les abstentionnistes l’ont été seulement par dépit envers le PS, on se demande bien alors pourquoi ils ne sont pas allés voter pour le Front de Gauche, le NPA ou LO – l’offre à gauche du PS était variée ! Les chiffres indiquent que l’abstention est l’expression en partie d’une défiance envers la gauche dans son ensemble, et plus généralement envers la politique dont nombreux sont ceux qui considèrent avoir été continuellement trompés depuis des années. Ainsi, les grands succès du Front de Gauche, dans l’Allier au premier tour et surtout dans le Limousin au second tour n’ont pas du tout été obtenus dans l’électorat populaire des quartiers, mais sur le terroir traditionnel du communisme rural français.

  5. Répétons-le : la défaite de Sarkozy et ses amis n’est pas une victoire de la gauche. Le trio des dames (Buffet, Duflot, Aubry) symbolisant la nouvelle « gauche solidaire » est largement une illusion. On pourra projeter en surimpression les photos anciennes en remontant à Robert Fabre, Georges Marchais et François Mitterrand ou même Blum, Herriot et Thorez, rien ne fera renaître la vieille « union de la gauche » ni le « front populaire ». Europe-écologie n’est ni un parti ouvrier ni un parti républicain. C’est un parti centriste à vagues sentiments sociaux qui occupe très exactement la place laissée vide par la fin de la démocratie chrétienne – une partie ayant été absorbée par l’UMP et l’autre partie ayant été disloquée par l’incohérence de son chef Bayrou qui n’a pas compris que la logique des institutions de la Ve république lui interdit son projet un peu fou d’être élu contre les uns et les autres. Après avoir cogné comme un sourd (et souvent très justement) contre Sarkozy, au dernier moment, il renvoie droite et gauche dos-à-dos, de manière assez incompréhensible (voir les papiers de Jean-François Kahn, élu MODEM dépité par les errances du chef). Bayrou pouvait tenter de jouer une carte à la Prodi et se placer comme le leader potentiel d’une coalition du type « l’Olivier » à la française. En proposant une alliance à gauche, il aurait créé la zizanie au PS et avait une petite chance de garder sa boutique. Mais, comme dit le proverbe, Jupiter rend fous ceux qu’il veut perdre. ET donc EE a ramassé la mise en fédérant les « CSP++ » anti-sarkozystes, les dépités du PS, les pieds écrasés d’un peu partout (y compris du PCF) et même des gens de gauche peu attirés par le couple infernal Mélenchon-Buffet ou le gauchisme pro-voile de Besancenot. Cohn-Bendit a cassé les Verts à l’ancienne et créé assez habilement un partenaire incontournable pour le PS, mais un partenaire qui ne peut que tirer le PS du côté où il penche, c’est-à-dire l’européisme et la défense d’un capitalisme « à visage humain ».

  6. À l’autre aile de la « gauche solidaire », le Front de Gauche ne pèse pas bien lourd. Il aide le PCF à limiter les dégâts mais aucune dynamique n’est enclenchée. L’apport du PG au PCF est nul ou peu s’en faut et la carte du vote FDG recoupe exactement celle du PCF. Là où le PG était allié avec le NPA sans le PCF, le résultat de cet attelage gauchiste est égal à celui de feue la LCR. Ce n’est pas glorieux. En Île-de-France, le FDG fait nettement moins bien que le PCF en 2004. Le pire, c’est que maintenant les communistes doivent faire les comptes : ils ont perdu des dizaines et des dizaines de conseillers régionaux et fait élire des gens qui ne représentent qu’eux-mêmes, qu’il s’agisse de membres du parti de Jean Luc Mélenchon ou même de la « gauche unitaire ». Du côté du parti de gauche, la situation n’est pas meilleure. La perspective d’un nouveau parti sur le modèle de « Die Linke » s’éloigne chaque jour un peu plus. Reste un groupe de pression sur le PS, mais extérieur au PS. Il est difficile de ne pas retracer l’évolution du discours de Jean Luc Mélenchon au cours de cette campagne électorale. Dans un premier temps, il s’agissait de se placer non pas partout, mais dans certaines régions, en position de gouverner pour faire la preuve des changements induits par une majorité située à la gauche de la gauche. Puis au fil des jours, il s’agissait de peser comme une force incontournable aux côtés du PS, le contraignant à une politique plus à gauche qu’il ne le voudrait. Enfin, il s’agissait de passer devant le Modem. On voit bien la façon dont l’adaptation aux durs principes de la réalité ont conduit le responsable du PG à un certain rabougrissement de l’ambition. L’orientation des dernières semaines qui a en effet vu Mélenchon se mettre à chasser les dahus (c’est-à-dire le Modem) est très révélatrice : il a repris le rôle qu’il s’était donné pendant ses dernières années au PS : combattre l’alliance des socialistes avec Bayrou. Comme ligne alternative et mobilisatrice, on doit pouvoir faire mieux !

  7. Le PS s’en tire évidemment très bien en termes d’élus et de pourcentage des suffrages exprimés. Pour autant la voie royale (si nous osons dire) vers la reconquête du pouvoir est loin d’être assurée. Fondamentalement, ce parti reste un parti local et régional. Georges Frèche a écrasé la candidature socialiste soutenue par l’appareil national – il a d’ailleurs également battu largement le front commun FDG/NPA. La brillante réélection de Ségolène Royale lui redonne sinon des espoirs pour 2012 du moins la possibilité d’exceller dans son rôle traditionnel de grande organisatrice des défaites de la gauche. Bien qu’elle ait en apparence conforté sa position à la tête du parti, Martine Aubry pourrait bien se retrouver plus vite que prévu face à la coalition des grands féodaux régionaux – notamment ceux qui ont apporté leur soutien à Georges Frèche. La fragilité interne du PS est étroitement liée à son orientation politique et l’on n’a pas vu dimanche soir les dirigeants réclamer l’arrêt de la réforme des retraites ! Quant à la réforme des collectivités locales, ce sont surtout les conseils généraux socialistes qui l’ont condamnée, les barons des régions ne la voyant finalement pas d’un si mauvais œil. Des débats qui ont suivi les résultats du deuxième tour entre leaders de la droite et de la gauche, il ressort que les premiers attendent une bonne volonté constructive de la part des seconds pour faire passer les réformes annoncées. Ainsi, Xavier Bertrand ou encore Jean François Copé ont-ils demandé une aide directe à Pierre Moscovici, François Hollande, ou encore Benoît Hamon sur la question épineuse des retraites. Il ressort ainsi que l’application de la politique et des réformes voulues par le président de la République reposent maintenant sur la bonne volonté générale de la droite et de la gauche à trouver un terrain d’entente. Seule, la droite n’a pas plus la légitimité que les moyens politiques de faire passer la réforme des collectivités territoriales ou celle des retraites par exemple. Il suffirait que la gauche indique clairement l’exigence du respect de la démocratie, du vote populaire, pour dire « ça suffit, le peuple a parlé, il ne s’agit pas d’attendre deux ans de plus, assez de cette politique tout de suite ! » pour que la panique s’empare des institutions, de l’assemblée, de l’Elysée. Mais à première vue, telle n’est pas la direction prise. Un marché de dupe est en effet en train de se mener au grand jour. La question des retraites est illustrative. Pour s’opposer à la réforme gouvernementale, les responsables socialistes ont exprimé sur les plateaux de télévision une double exigence. D’abord « le maintien du système par répartition ». Ce que revendique pour leur part les responsables de la droite. On apprend donc que tout le monde serait d’accord sur ce point. Ensuite « le maintien de l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans ». Mais là aussi la droite peut être d’accord. Si le nombre d’annuités augmente, les pensions diminueront d’autant et le tour sera joué. Des retraites de misère, une remise en cause du salaire différé, voila le consensus qui risque de se réaliser.

  8. L’analyse qui découle des résultats ne serait pas complète, et ne permettrait pas de dégager quelques pistes pour l’avenir, si elle excluait la place particulière du Front National dont les scores sont assez remarquables. Outre les pourcentages de la famille Le Pen, père et fille respectivement dans le Sud et le Nord de la France, pour la première fois depuis que le FN concourt dans les élections, son score progresse partout entre le premier et le second tour. Pour les commentateurs, il semble rassurant de trouver dans Eric Besson l’explication idéale de ces résultats électoraux, de voir en lui un représentant de commerce efficace du Lepénisme au service duquel il s’est placé avec le débat sur « l’identité nationale ». Mais ce serait là donner à la fois beaucoup de crédit au transfuge socialiste du gouvernement Sarkozy et ne pas voir la réalité telle qu’elle est que de se contenter d’explications à courte vue. Le résultat du Front National est à rechercher d’abord dans le désarroi de couches populaires particulièrement sensibles aux discours qui condamnent pêle-mêle tout ce qui semble la cause de la misère sociale. De la mondialisation, de la destruction des emplois industriels, des immigrés venant voler le travail des français en période de crise, le front national a fait feu de tout bois. Sa démagogie et son racisme ne sont pas une découverte. Ce que révèlent ses scores dans les régions, c’est d’abord la nécessité de renouer avec l’électorat populaire en répondant aux véritables questions auxquelles il est confronté : l’emploi et le chômage, les salaires de misère, la précarité, la difficulté, sinon l’impossibilité de finir les fins de mois. Sans réponse précise sur ces questions, la porte est grande ouverte à la démagogie et au populisme d’extrême droite dont les résultats des élections régionales risquent fort de n’être, comme le promettaient le soir des résultats Le Pen père et Le Pen fille, que le début « de la reconquête ».

  9. Pour transformer la défaite de la soi-disant « majorité présidentielle » en alternative politique réelle, il vaut mieux ne pas compter sur les discussions entre les états-majors et conciliabules dans les couloirs de la rue de Solferino ou d’ailleurs. Il faut un programme mobilisateur et une unité de bas en haut. On peut reprendre ici la méthode exprimée dans la proposition de « Gauche 2012 » qui demande « rassemblement pour l’alternative ». L’appel de Gauche 2012 se poursuit :« cette dynamique unitaire doit partir de l’établissement d’un manifeste, d’orientations partagées, d’une base commune en vue d’une nouvelle majorité législative et gouvernementale.  Nous pensons indispensable d’associer étroitement à cette démarche, celles et ceux qui, engagés dans les syndicats, les associations, la vie citoyenne, constituent les forces vives de la gauche et de l’écologie. Nous refusons d’être prisonniers des institutions actuelles de la 5ème République qui tendent à réduire la démocratie à des choix de personnes. La gauche et les écologistes doivent et peuvent privilégier des choix de société et des changements engagés par l’action collective. Nos concitoyens savent que celle-ci est plus efficace, d’autant plus qu’ils constatent les dangers et les limites de l’hyper-présidentialisation. Cette volonté unitaire ne pourra se manifester que si une confrontation large et constructive est organisée, au cours d'États généraux, où seront débattues et élaborées les grandes orientations d’une politique de gauche et écologique pour la France. »

  10. Si cette méthode est la bonne, on peut d’ores et déjà proposer des axes de lutte dans lesquels reconstruire une alternative qui dépasse les bonnes intentions mais s’affirme et se construise dans l’action : la bataille pour l’arrêt des suppressions d’emploi dans la fonction publique, l’abandon de la réforme des retraites, l’abrogation de la réforme Chatel des lycées, l’abandon de la réforme des collectivités territoriales, l’interdiction des délocalisations, le combat pour la défense des droits fondamentaux, dont évidemment le droit au travail contre les licenciements, le droit au logement, à la santé, etc…. La bataille pour la reconnaissance de la souveraineté des peuples, contre tous les diktats venus d’institutions telles les institutions européennes, la banque mondiale, l’OMC ou tout organisme au service du capital financier. Mais ces mesures immédiates, aussi importantes soient-elles, ne peuvent suffire. En vérité, il n’y aura de véritable alternative que si se dessinent des solutions positives pour demain, si la république sociale redevient un idéal émancipateur, qui donne sens à toutes les initiatives transformatrices qui peuvent être engagées ici et maintenant, à travers toutes les formes associatives et tout ce qui peut reconstituer un tissu communautaire populaire. Les projets ne manquent pas, les solutions du « socialisme associatif » ou du communisme républicain et non utopique sont connues et devraient être largement diffusées. Mais ici la question clé reste politique : il faut libérer ce pays de la chape de plomb bureaucratique corporatiste des institutions de la Ve République, casser le système qui conduit au bipartisme et redonner vigueur à tous ces foyers de démocratie et d’action collective que sont les communautés territoriales et au premier chef les communes, le lien le plus direct entre le citoyen et l’action politique. Car sans la vigueur civique que donne la liberté politique sous toutes ses formes, rien ne sera possible.

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Commentaires

Rien de nouveau par aubron le Mardi 23/03/2010 à 09:47

Votre analyse , au demeurant bien argumentée , n'apporte cependant rien de nouveau. Vous faiyes preuve de journalisme, mais il n'ya aucune proposition afin que les choses changent vraiment dans ce pays. Propos intellectualistes et non pas d'action.
G. Aubron


Re: Rien de nouveau par jcotta le Mardi 23/03/2010 à 17:34

Pour décider d'agir, pour s'en donner les moyens, encore faut-il savoir dans quelle situation on se trouve, donc en débattre, en partant non de ce que chacun pourrait vouloir, mais des faits tels qu'ils sont. Tel est l'objet de l'analyse au lendemain des élections régionales, déterminer en quels termes se posent les conditions de l'action politique. Lisez bien notre papier, il existe une proposition d'action pour modifier les choses en profondeur: décider de s'engager dans des états généraux qui permettraient que s'élabore un programme dont les propositions seraient débattues et décidées par les participants à travers tout le pays. Qu'en pensez-vous? Déja ici existe des pistes de réflexions et de discussion: sur l'état, les services publics, la question européenne, l'emploi et les licenciements, l'école, les institutions, la 5ème république, la démocratie, la république sociale... Autant de sujets incontournables pour agir maintenant et préparer les lendemains auxquels nous pouvons aspirer.... La question qui demeure est la suivante: comment donner consistance à ce débat nécessaire? Qu'en pensez-vous?


Re: Rien de nouveau par quent1 le Mardi 23/03/2010 à 19:58

A l'Ouest rien de nouveau..
Que ce soit à deux et intellectuel ou pas, bien fort et bien malin qui a, ou aurait, ou dirait avoir en poche le bon programme ou la recette miracle pour savoir par ex. comment se sortir du gouffre de la vie de la cité en danger et de la folie des grandeurs partout, grand Paris, grand Evreux, grand Bordeaux grand Marseille, grand CREA-tort (Elbeuf, Rouen), etc., pour ces peut-être dernières élections régionales fallait pas aller voter ! J'en connais peu, et puis surtout demeurant du côté du sexe dit faible, qui l'ont fait la grève du bulletin bien que citoyens et républicains attachés à leurs villes et villages, communes et départements et à l’état central redistribruteur !


Il fut un temps où certains groupes, peut-être en avance ou peut-être analystes en détail des textes et décrets créatifs (ou doués de pressentiments ou de prémonitions sur l'avenir à venir et les défaillances étatiques à prévoir à plus ou moins long terme avec ces régions accolées bureaucratiquement) prônaient le boycott de la décentralisation programmée et donc aussi du vote à ces élections des régions, régions créés par qui déjà ?  les citoyens de Fr de par leur histoire et héritage sont plutôt départementalistes et communaux, mais qui dans les petits groupes ou partis l'a proposé cette fois le boycott, tous d’accord pour regretter l’abstention et tenter d'inculquer aux taiseux une leçon « d’éducation civique » ?

Qui, de même, a dit un mot sur les réformes territoriales à venir… ? Passons l’intro de la sonate et sans développement passons directement au final musical : bien que ni journaliste, ni intellectuel, et triple ni puisque ni encarté, je crois savoir qui ont été les majoritaires lors du 1er et 2ème tour de manège de mars 2010 et là dans lé médias, les "politologues", etc. chacun du haut en bas de la République, citadelle assiégée, se les revendique pour lui les non-votants en sortant son analyse partisane (ou pas) dite fine, mais si tout était si simple à étudier du qui et pourquoi cela se saurait sans aucune hésitation..

Alors sans "le grand tout" partout changeons d'épique époque et retrouvons ce qui était si bien dit il n'y a pas si longtemps, un siècle avant, un jour ancien sur ce site la sociale je l'avais posé-collé cet extrait puis ensuite faute de réponse définitive ou temporaire acquises et aussi faute de savoir pour ma part de quartier de pomme, fromage, crème fraiche non élitaire Que faire l'avais supprimé peut-être à tort alors le revoici : appel publié le 26 novembre 1964, quelques mois  avant l’au-revoir final La Loi Ici, ailleurs, autrement « Qu’est-ce que vous faites, les philosophes, les professeurs, les écrivains, moi-même, les intellectuels, comme on dit ? Les praticiens ne manquent pas, ce monde en est plein. Mais les penseurs politiques ? En attendant que revienne le temps de l’action, des actions politiques, une bonne, belle, grande utopie (comme quand nous pensions en 1945 que “l’homme nouveau” serait créé dans les dix années qui allaient suivre) ce ne serait peut-être déjà pas si mal... Je ne veux pas croire qu’il ne se passera plus jamais rien. Que les citoyens n’exerceront plus leur pouvoir qu’en mettant un bulletin dans l’urne pour désigner comme souverain (à leur place) un monsieur qui a une bonne tête à la télévision. Que le seul problème sur lequel le citoyen aura à se prononcer (par référendum) sera l’itinéraire de l’autoroute ou la puissance d’une centrale thermique... Comme citoyen, je veux qu’on me parle politique. » R Vailland. http://www.roger-vailland.com/ Ici, ailleurs, autrement


Re: Rien de nouveau par c_berthier le Dimanche 28/03/2010 à 20:11

Je me retrouve assez dans l'analyse de Collin et de Cotta. 
Par rapport à celle de République Sociale il pourrait manquer:
- la politique résolue et systématique de la direction "ouiste" du PS d'éloigner tout contestataire possible des listes fusionables au second tour: verts, pégistes, divers gauche...
- ...avec la collaboration plus ou moins directe du coeur de l'appareil Buffet-Laurent et autres fifilles et fistons de vieux bureaucrates,
- l'explosion maintenant évidente du PC comme parti politique cohérent national.
Quant aux propositions, d'accord sur l'urgence de constituer un "front abrogatif" des lois scélérates...sans oublier les ARH et ARS auxquelles les "socialistes de gouvernement" se consacrent avec enthousiasme, sabrant dans les établissements et les services  de soins.
Comment ne pas dénoncer le coeur des "en 2012 et sutout rien d'ici là"!
Pour autant que la politique ait un sens, il faut oser réclamer des élections générales anticipées pour cause d'abstentions massives et de nécessité que les partis osent présenter au peuple leurs programmes...et ouvrir la perspectice de l'éléction d'une assemblée constituante répondant à l'évidence que le peuple n'est plus vraiment représenté.
Cela ne règle pas la question des partis qui présenteraient ces mots d'ordre. Est-ce une raison pour les taire? Les peuples ont fait quelques révolutions sans parti dirigeant  d'avant garde: à un certain moment, les cadres anciens sont débordés car il n'est plus possible d'attendre le ventre creux et sans perspectives, à 65 millions de français maintenant comme à 35 millions auparavant. 
Ce n'est que justice que les "Politiques d'en haut"soient effrayés par les risques de leur propre action ou incapacité: nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude.
En Islande, à la veille du referendum qui allait rejeter à 93% le remboursement des dettes bancaires par la population, tous les partis négociaient fébrilement un tel remboursement.


par Serge_Gomond le Mardi 23/03/2010 à 21:38

mes chers Compagnons,

j'ai lu cet article dans le Monde-diplo, si ça peut aider au débat ?

mardi 23 mars 2010

Après les régionales

Le président de la République, Sarkozy, a-t-il tiré des leçons des élections régionales du 21 mars 2010 ?

Il faut dire que pour son parti, l’Union pour un mouvement populaire (UMP) et ses alliés, la défaite est sévère. La majorité présidentielle ne recueille que 36,1 % des suffrages exprimés, contre 54,3 % pour les listes de gauche et 8,7 % pour le Front national, que certains avaient enterré un peu vite. Vingt et une des vingt-deux régions métropolitaines seront gouvernées par la gauche et même des fiefs traditionnels de la droite, comme la ville de Nice ou le département des Hauts-de-Seine, ont voté pour les candidats du camp opposé…

La réaction présidentielle n’a pas tardé. Dès lundi 22 mars, le gouvernement était remanié, le ministre du travail Xavier Darcos remercié, de même que M. Martin Hirsch, haut commissaire à la jeunesse et aux solidarités actives. MM. François Baroin, Marc-Philippe Daubresse et Georges Tron ont fait quant à eux leur entrée au gouvernement, sans déclencher, semble-t-il, d’effusions de joie incontrôlées dans les quartiers populaires du pays… Or les élections régionales se sont traduites par un taux d’abstention de 70% chez les ouvriers et de 64 % chez les employés (contre 44 % chez les professions libérales et les cadres) (1). Les mauvaises langues estimeront que le remaniement visait sans doute davantage à ressouder la majorité — en donnant des gages (et des postes) à certains courants tentés par la sécession — qu’à améliorer les conditions d’existence des milieux modestes, par exemple en leur garantissant un service public de qualité.

Or, sur ce terrain, le premier ministre François Fillon a été on ne peut plus clair, en annonçant dès dimanche soir qu’il fallait « garder le cap fixé par les élections nationales ». En d’autres termes, continuer la « réforme » libérale de l’Etat. La nomination de M. Eric Woerth, qui en avait hier la charge, comme ministre du travail, de la solidarité et de la fonction publique, va en ce sens. Car confier ce poste à un gardien de l’orthodoxie financière, architecte du « bouclier fiscal » et ancien dirigeant d’Arthur Andersen, le cabinet d’audit qui était basé à Chicago, en dit long sur les batailles qui se préparent.


Re: par quent1 le Mardi 23/03/2010 à 23:22

Ce cabinet d'audit Andersen, nous avons pu pour certains dans le passé du siècle précédent expérimenter dans la douleur ses comptes comptables et contes diaboliques cauchemardesques à France Telecom..Qui s'en souviendrait mieux que ce qui me reste avec ce nom, me faut-il resortir les archives enfermées dans des armoires vides ? non ce n'est pas la peine, juste un rappel dû à Andersen audit et mauvais conteur, il en fût d'autres de ce nom bien plus élégants dans la tournure littéraire des contes de fées, sirènes, cygnes et canards, etc.


Lien croisé par Anonyme le Mardi 23/03/2010 à 23:36

Carnet de campagne: retour de Limoges : "C’est ici http://la-sociale.viabloga.com/news/de-la-defaite-du-pouvoir-en-place-a-l-alternative-politique"


par regis le Mercredi 24/03/2010 à 01:53

Excellente analyse. Une précision que je me permets d’apporter : « Là où le PG était allié avec le NPA sans le PCF, le résultat de cet attelage gauchiste… », tout attelage gauchiste, comme peut s’en apercevoir tout militant un peu averti, n’est pas nécessairement incompatible avec la collaboration de classes, ainsi, dans ma région l’étonnante proposition de former une commission régionale composée d’experts, d’élus et de syndicalistes dont la mission serait de distribuer des subventions aux entreprises (méritantes ?).

J’ai manifesté aujourd’hui : seule satisfaction, dans mon établissement, nous étions trois syndicats à brandir en commun une banderole exprimant le tous ensemble contre tout recul sur les retraites, même si nous n’étions pas si nombreux, nous avons pu sentir une adhésion réelle de nos collègues. Aucune illusion sur cette journée de dupes mais tentative à un petit niveau de faire avancer les choses…

N’y a-t-il pas le même problème qui se décline sur le plan politique et celui syndical ?


réforme par janba le Mercredi 24/03/2010 à 14:24

 Bonjour
Merci pour votre analyse pertinente de ces résultats,mais je ne peux pas vous laisser dire que le sujet de la réforme des collectivités territoriales n'a pas été abordé.
Pour ce qui nous concerne Parti de gauche dans le var ,lors de plusieurs réunions publiques le débat a eu lieu,des réponses ont éte apportées par nos intervenants et par moi même,je veux bien reconnaître pas assez,mais en  avions nous le temps ?.
Cette réforme est trop complexe,elle mérite un débat approfondie,argumenté,c'est ce que nous allons essayer de faire vivre ,avec nos petit moyens.


par pm le Jeudi 25/03/2010 à 19:17

L'analyse de l'article est effectivement complète et très pertinente. Je rejoins votre position sur les abstentionnistes. Prétendre que l'abstention est un geste politique est ridicule. Non, il s'agit bien d'une dépolitisation. Et elle est en pleine croissance! Elle touche également le monde syndical. Les syndicats parviennent à mobiliser régulièrement lors des journées d'action car la classe s'en saisit pour s'exprimer mais cela masque mal la faiblesse des effectifs sur le terrain. La dépolitisation est l'expression de la coupure entre la société (car toutes les couches de la société sont concernées et pas uniquement la classe ouvrière) et les institutions. Sur le plan électoral, cela ne change pas grand chose. L'alternance droite/gauche n'est pas remise en cause. Il n'y a pas de force politique à l'heure actuelle capable de supplanter l'UMP ou le PS, quelque soit le degré d'abstention. Le problème politique est ailleurs. La société commence à ne plus répondre. Le fiasco de la grippe A est un événement politique majeur. L'absence d'adhésion à la vaccinnation malgré la campagne médiatique a mis en lumière la défiance de la société. Et il faut la mettre en relation avec l'abstention. Le risque est que le pays devienne ingouvernable. Mais en même temps, la dépolitisation est  une difficulté pour construire une alternative car le mouvement général est un mouvement de repli.


Re: par la-sociale le Dimanche 28/03/2010 à 23:17

Je partage en partie votre analyse, notamment sur le sens du fiasco de l'opération grippe A. Le métier du politique est celui du tisserand disait Platon. Comment fait-on pour le tisser la trame?
DC


Re: par pm le Lundi 29/03/2010 à 13:29

 


Re: par Anonyme le Mardi 30/03/2010 à 17:51

Bien entendu il ne faut pas renoncer à tisser. Mais il faut analyser la situation politique avec lucidité et objectivité. Le POI commet une erreur en parlant de vote politique. Il faut prendre acte de la dépolitisation. Elle existe et il ne faut pas la nier. La question est: comment la surmonter? 



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