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Unir la Normandie, pour quoi faire ? (suite)

Par Jean-Louis Ernis • Actualités • Mardi 23/03/2010 • 0 commentaires  • Lu 2631 fois • Version imprimable


En date du 23 octobre dernier, a publié l’un de mes articles intitulé « Unir la Normandie, pour quoi faire ? » Je précisais en conclusion qu’ultérieurement j’apporterais des éléments montrant que derrière cette volonté d’unification de la Normandie se dissimulait, en fait, pour les plus actifs, la volonté de détruire les fondements de la République.
Les régionalistes sont ces ignobles démolisseurs.
Profitant des convulsions qui minent notre voisine la Belgique, même si depuis quelques mois la pression semble retomber, les pourfendeurs de la République lèvent le voile de leurs intentions.
Celles-ci sont consternantes et très dangereuses.

Tout d’abord, il est nécessaire de rappeler que ce petit pays de 10500000 habitants, créé en 1831 est géré par une monarchie constitutionnelle et composé de trois régions, la Flandre, la Wallonie et Bruxelles capitale.
Depuis une trentaine d’années des différends linguistiques menacent fortement l’unité de cet Etat fédéral.

Les risques de scission et d’éclatement sont bien réels.

Il n’en fallait pas plus pour aiguiser les appétits de nos régionalistes, y compris normands, d’autant que les européistes ne verraient pas d’un mauvais œil l’amoindrissement d’un Etat de l’Union, voire sa disparition.

C’est ainsi que dans l’une de leurs récentes publications, des régionalistes normands apportent leurs solutions. Pour cela, ils donnent la parole à l’un de leurs acolytes belges, leader d’un groupuscule appelé « rattachiste » Outre le fait que généralement quand on ouvre ses colonnes à un tiers, on partage ses orientations, l’article est rédigé d’une telle manière qu’il entretient l’ambiguïté sur la paternité de la rédaction. Ainsi, il est difficile de savoir qui s’exprime, le rattachiste wallon ou le régionaliste normand ? Et si c’était une paternité partagée ?

Mais, venons en au fond.

Après bien des atermoiements dus à des projets plus irréalisables les uns que les autres, voilà que le « rattachisme » wallon sort de son chapeau un ultime scénario montrant l’irrationalité de ce courant de pensée. Il préconise un rapprochement de la Wallonie et de Bruxelles francophone à la France. Outre cette préconisation plutôt curieuse, les conditions de celles-ci méritent d’être connues.
Au préalable, il serait question de la création d’une Belgique Française, associée à la France et non rattachée, disposant ainsi d’un statut particulier.

Pour le « rattachisme », la République Française serait compétente sur ce nouveau territoire en matière de nationalité, de politique étrangère, d’immigration… et la Belgique Française déterminerait librement les signes distinctifs permettant de marquer sa personnalité dans les manifestations publiques officielles aux côtés de l’emblème national et des signes de la République. Pour justifier cela, le couple « rattacho-régionaliste » s’appuie sur les statuts de la Polynésie et de la Nouvelle-Calédonie même si pour cette dernière le statut n’est pas encore appliqué.

Chacun pourra remarquer qu’au-delà de l’absurdité du système présenté, bien des compétences sont restées dans l’ombre. L’amnésie est utile pour éviter de traiter les questions embarrassantes.

Mais la curiosité ne s’arrête pas là.

La Belgique Française garderait son roi et nos funambulistes de la constitutionnalité  vont chercher leurs arguments jusqu’à Wallis-et-Futuna, archipel éloigné de l’hexagone d’environ 15000 kilomètres et géré par des royautés aristocratiques électives. Ces propositions sont bien évidemment dangereuses pour l’unité de notre République d’autant que les pourfendeurs de nos institutions se découvrent totalement quand ils précisent : « les élus locaux français, las de subir la pesante tutelle de l’Etat central qui leur impose des dotations de fonctionnement amoindries, des suppressions de tribunaux, des départs de garnisons et des fermetures d’hôpitaux, exiger, fort de cet exemple si proche géographiquement, eux aussi une plus grande liberté administrative »

En clair, ils préconisent le démantèlement de la République Française et l’indépendance régionale.

Pour couronner le tout, ces aventuristes de la politique ne s’embarrassent pas avec les questions gênantes. Le déficit de l’Etat belge est comme partout en Europe, bien présent, alors nos « rattacho-régionalistes » apportent une autre curieuse solution. Ils comparent ce problème à un divorce. Selon eux, il suffirait d’évaluer la dette en la proratisant au nombre d’habitants à accueillir et l’Etat français devrait s’acquitter, sur ses propres deniers, de la dette Wallonne et Bruxelloise auprès du reste de la Belgique !!!

L’argument ne manque pas d’aplomb. Ils le justifient ainsi : « Comme le contribuable français va éponger le lourd passif de Bernard Tapie, il pourrait très bien faire ce geste fort et symbolique envers la « Belgique Française »

A la lecture de l’argumentation de ces « rattacho-régionalistes » on est amené à relire certains passages tellement leur incongruité dépasse l’entendement. Leur perversité va jusqu’à exploiter la politique libérale actuelle que par ailleurs ils défendent comme la baisse des effectifs dans la Fonction Publique (suppression de tribunaux, de garnisons, d’hôpitaux etc…) pour saborder les fondamentaux de la République.

Le « jeu » consiste à utiliser à leur profit le mécontentement du peuple pour mettre en place une politique contraire aux intérêts de ceux qui pourraient les aider à cette transformation. Y aurait-il plus pervers ?

Je pense qu’il faut prendre au sérieux ces funestes manipulations intellectuelles. Les dernières élections régionales, après les européennes de juin dernier, ont montré par un taux d’abstention phénoménal, que le fossé se creuse dangereusement entre les citoyens et les élites politiques, essentiellement nationales.
C’est malheureusement un terrain propice pour faire passer les plus ignobles réformes. Le régionalisme, c'est-à-dire le repli sur soi, est un de ces pièges.

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