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Lutter contre des "textes scélérats"

Après la défaite de l'UMP et du président aux régionales

Par Denis Collin • Actualités • Dimanche 28/03/2010 • 8 commentaires  • Lu 3078 fois • Version imprimable


Lors de l’ouverture de la première session des nouveaux conseils régionaux les présidents socialistes de 23 régions ont lu une déclaration demandant au gouvernement et au président de la république de retirer la réforme des collectivités territoriales. Le lendemain, le conseil national du Parti Socialiste réitérait tout aussi solennellement cette demande. Lors de l’ouverture de cette réunion, Laurent Fabius s’exprimait clairement : « Nous disons aux Français: les textes gouvernementaux sont scélérats et nous voulons, à tout prix, les mettre à bas ».

 

Rien de plus juste. Mais il faut maintenant passer des paroles aux actes. C’est-à-dire mobiliser contre la mise à mort des départements, notamment dans la perspective des élections cantonales de 2011 qui seront le dernier grand rendez-vous avant la présidentielle de 2012. Des cantonales qui pourraient également faire basculer la majorité sénatoriale.

Les gauchistes de tous poils considèrent tout cela comme des questions secondaires et, après le fort taux d’abstention des régionales, on entend presque comme en écho ce vieux et stupide slogan de soixante-huitards attardés, « élections, piège à cons »... Mais non ! Les élections ne sont pas des « pièges à cons » mais un droit démocratique imprescriptible, un droit non suffisant certes, mais un droit nécessaire pour qu’on puisse parler de gouvernement par le peuple.

Tout ce qui peut gripper la machine à détruire la république est bon à prendre. Les élections de dimanche dernier sont bonnes à prendre. Faire chuter Sarkozy aux prochaines élections, 2011 et 2012, est tout aussi bon. Gagnant, au moins formellement, des régionales, le PS n’en a que plus de responsabilités. Il ne faut pas que les vigoureux discours de Laurent Fabius en restent aux effets de tribune. Il faut passer à l’action, tout de suite.

Abstention vertueuse ?

Michel Sérac dans « Informations ouvrières » (n°90 / 25 mars) fait de l’abstention l’expression d’une conscience de classe claire. Le POI diffuse d’ailleurs un tract qui analyse l’abstention comme l’expression d’un vote « classe contre classe » au motif que l’abstention est la plus massive chez les ouvriers _ « classe contre classe », c’était le slogan de Staline et des PC au début des années 30, dans cette période que Trotsky appelait la « troisième période d’erreur de l’Internationale communiste ». On ne s’attendait pas à voir le gauchisme à l’état pur se manifester du côté du POI qui défend lors des élections présidentielles un bon vieux programme rad-soc (et ce n’est pas pour nous une appréciation péjorative !). On comprend mal. La présidentielle, expression parfaite du « césarisme » de la Cinquième république ne serait pas un « choix électoral truqué » alors que les régionales le seraient … Plus : si on suit Sérac, ceux qui ont voté PS ou Verts ou Front de gauche seraient des suppôts des « régionalistes de tous bords engagés dans le démantèlement des départements et des communes ». Voilà donc les défenseurs de la « république une et indivisible » devenus à demi anarchistes.

Mais Sérac dit à peu près n’importe quoi. Ceux qui ont voté pour le PS, EE ou le FdG n’ont pas voté pour le démantèlement des communes, mais contre Sarkozy. Ils ont aussi demandé aux « régionalistes » du PS, de EE et du FdG de mettre en accord les paroles avec les actes et d’utiliser leur victoire aux régionales comme un bouclier contre la politique gouvernementale. Sérac oppose les bons abstentionnistes aux « crétins » de votants. Mais les « crétins de votants » que stigmatise le gauchiste Sérac sont aussi et très souvent ceux qui s’engagent sur les autres terrains, contre les suppressions de classe, contre la réforme des retraites, etc.

Certes, une partie de l’abstention est une abstention politique. Nous l’avons montré sur ce site : dans les élections cantonales, on ne dépasse que rarement les 70% de votants. Donc l’abstention différentielle est de 20%. Comme une partie de cette abstention différentielle est clairement de droite, reste une partie (10 ou 15%) qu’on peut estimer comme une expression de la protestation des travailleurs et des jeunes. S’il ne faut pas faire de leçons de morale aux abstentionnistes, il reste que l’abstention est plus souvent la manifestation d’un véritable désespoir politique que d’une disposition à l’action révolutionnaire. L’abstention ouvrière massive va de pair avec la désertion des syndicats (à peine un salarié sur 10 est syndiqué et c’est encore bien moins dans le secteur privé) et la désertion des partis politiques ouvriers : pourquoi donc « Informations ouvrières » qui avait plus de 8000 abonnés il y a quelques années n’en affiche plus que 5730 cette semaine ? Les travailleurs abstentionnistes révolutionnaires s’abstiennent aussi d’acheter le journal de classe et de rejoindre les rangs des « anti-capitalistes » aussi bien que ceux des « ouvriers indépendants ».(*)

Le fond de la question

La réforme des collectivités locales pose un problème de fond. Il ne s'agit pas de savoir s'il faut deux, trois ou quatre étages pour gouverner le pays. On pourrait même penser qu'un découpage fait à l'époque où le chef lieu du département devait pouvoir être gagné à cheval en une journée n'est plus tout à fait pertinent à l'époque des autoroutes ou des TGV. La question est ailleurs: elle est dans l'essence du gouvernement républicain. Le principe fondamental que devrait défendre tout républicain est celui de l'unité de la loi et du “self government”, de l'autogouvernement local. Aujourd'hui, les collectivités territoriales sont de fait soumises à l'autorité de l'exécutif central, via cette invention napoléonienne que sont les préfets.
C'est une très vieille affaire. Elle s'est posée, par exemple, dans les années 1880, lorsque (qui a rencontré Clemenceau en 1880 à Londres) et Engels se posent la question de l'attitude à adopter vis-à-vis du programme de Clemenceau de 1882 est tout aussi révélatrice. Engels étudie avec attention l’évolution de celui qui est alors le représentant de la fraction la plus à gauche du radicalisme. Engels envisage à différentes reprises une évolution politique possible de Clemenceau en direction du socialisme, tout en défendant constamment le principe essentiel de l’indépendance politique du parti ouvrier à l’égard du parti le plus à gauche de la bourgeoisie. Dans la lettre du 22 septembre 1882 adressée à Bernstein, il affirme :

Guesde, lui, s’est mis une fois pour toutes dans la tête que la République athénienne de Gambetta est bien moins dangereuse pour les socialistes que la République spartiate de Clemenceau et veut donc rendre impossible cette dernière, comme si nous, ou quelque parti dans le monde, pouvions empêcher qu’un pays passe par les stades d’évolution historiquement nécessaires et sans prendre en considération qu’en France, nous passerons difficilement d’une République à la Gambetta au socialisme sans passer par une République à la Clemenceau.

Qu’est-ce donc que la « république à la Clemenceau » ? Le programme de Clemenceau vise à réformer les institutions de l’État de façon à accorder une large autonomie aux communes et aux départements. Il s’agit donc d’un programme qui a l’ambition de supprimer la bureaucratie. On voit bien la continuité avec les leçons de la Commune. Mais un tel programme s’il était appliqué serait en lui-même le début d’une révolution :

C’est s’illusionner soi-même que de croire que l’on peut introduire en France un auto-gouvernement communal à l’anglo-saxonne, encore plus à l’américaine sans pour cela foutre en l’air tout le régime bourgeois.

On remarque ici l’appréciation laudative portée sur le « self-government » anglo-saxon qui est une des raisons pour lesquelles c’est dans ces pays que envisageait à titre d’hypothèse un passage pacifique au socialisme. Engels écrit encore à Bebel que l’application du programme Clemenceau serait la plus grande révolution depuis 1800, c’est-à-dire depuis la formation de l’État napoléonien. Donc, tous nos bons révolutionnaires, au lieu de faire des spéculations gratuites sur les nouvelles avant-gardes abstentionnistes feraient mieux de se reposer ces questions et de les poser aux "démocrates" et "républicains" autoproclamés. Une véritable régionalisation ne serait pas incompatible avec la république, bien au contraire, à condition qu'il ne s'agisse pas d'une région courroie de transmission des ordres du capitalisme mais bien d'un organe de décision politique. D'un point de vue républicain - c'est-à-dire du point de vue de la “liberté comme non domination”, la dispersion du pouvoir est une meilleure protection contre la domination et permet également la mutiplication des lieux dans lesquels les citoyens peuvent directement participer à l'exercice du pouvoir politique.

La réforme des retraites

Sarkozy, la mine déconfite, a annoncé qu’il maintenait le cap et, pour lui, le cap, c’est la réforme des retraites. C'est-à-dire l’alignement du régime français sur la « norme européenne » qui est de 67 ans. Évidemment, il ne s’agit pas de faire travailler les salariés jusqu’à 67 ans, en cette période de chômage de masse et de plans dits « sociaux ». Il s’agit tout simplement de rogner massivement sur les retraites par le système des décotes qui font que bientôt plus aucun salarié ne pourra partir avec une retraite pleine. Avec le régime actuel, comme ce sera le cas dès 2012, 164 trimestres de cotisations, un fonctionnaire qui a réussi ses concours à l’âge de 24 ou 25 ans, compte tenu de la décote, partira en retraite à 60 ans avec une retraite avec moins de 60 à 70% des 75% de son dernier indice... c’est-à-dire moins de la moitié de son dernier salaire. S’il faut non plus 164 mais 180 semestres de cotisation, on voit le sort qui attend les futurs retraités.

D’ores et déjà, le gouvernement peut compter sur la bonne volonté de la CFDT mais aussi de la CGT. À la veille de la journée d’action du mardi 23 mars, Chérèque et Thibault, invités sur les médias ont réussi le tour de force de ne pas prononcer le mot « retraite à 60 ans », indiquant clairement par là qu’ils étaient déjà prêts à toutes les concessions nécessaires pour aider Sarkozy à faire passer sa dernière grande réforme. Quant à FO, tout en critiquant la journée fourre-tout du 23 mars, qui noyait les revendications sur les retraites sous un amoncellement de revendications catégorielles, sa direction apportait sa caution à la politique de la CGT et de la CFDT. Comme cela a déjà expliqué dans nos colonnes, il y a belle lurette que, sous la direction éclairée de Mailly, FO s’est de facto ralliée au « syndicalisme d’accompagnement » des deux autres compères. Ils rejoignent d’ailleurs sur ce point la gauche officielle qui, par les voix autorisées de Martine Aubry, François Hollande et quelques notables de moindre calibre, a déjà annoncé son accord sur le principe d’une nouvelle « réforme » des retraites.

La question est posée d’un front uni, englobant toutes les bonnes volontés, politiques et syndicales, pour défendre les retraites et faire capituler Sarkozy en rase campagne. Non pas le carnaval des journées d’action où chacun reste dans son coin et manifeste de son côté, mais le rassemblement de plusieurs millions de travailleurs à Paris pour défendre nos droits : y a-t-il une autre voie et un autre moyen de préparer, si nécessaire la grève générale illimitée ? 
---
Notes:
(*) Dans le même numéro d'Informations ouvrières, on trouve côte-à-côte l'éditorial de Daniel Gluckstein, intitulé "Classe contre classe" et qui définit l'abstention comme un "vote de classe" (sic) et une analyse des résultats, beaucoup plus sérieuse, par Daniel Shapira qui remarque: «Si elle [l'abstention] touche toutes les catégories de la population, et particulièrement les banlieues ouvrières, elle a été plus marquée lors de ces élections régionales à droite», ce qui est le bon sens même. Comment concilier cette analyse avec la théorie de «l'abstention vote de classe»? Mystère. Shapira fait également remarquer le phénomène de «vases communicants» entre l'électorat UMP et l'électorat FN. Il oublie cependant de s'intéresser la géographie de l'électorat FN, particulièrement fort dans les vieilles régions ouvrières, mais aussi dans les bureaux populaires des cités de la périphérie des grandes villes, là on ne trouve pas un seul bourgeois et bien peu de "classes moyennes".

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Commentaires

Les lapsus sont toujours digne d'intérêts par Nicrus le Dimanche 28/03/2010 à 20:48

Tu écris: le fort "tort" d'abstention... Joli lapsus... Puis comme à ton habitude tu fustiges la "vraie gauche" en la repeignant en gauchistes attardés... En reprenant en préambule de ton lapsus, cette phrase "Les gauchistes de tous poils considèrent tout cela comme des questions secondaires".
De qui parles tu? Par exemple le Parti de Gauche mais aussi toutes les composantes du Front de Gauche, qui ont animé et été les éléments les plus dynamiques et démocratiques de ces élections, ne prônent qu'une et une seule chose: "la révolution par les urnes", à l'instar de ce qui se passe en Amérique du Sud. On est loin de ce qui suit dans ton article, et la moquerie habituelle et devenue tellement conventionnel des soixante huitards... Non le monde change, le monde a changé, la gauche a changé et justement, les pseudos révolutionnaires ne l'ont encore pas compris. Dommage mais il est toujours temps...
Amitiés Denis.
Jean Marc


Re: Les lapsus sont toujours digne d'intérêts par la-sociale le Dimanche 28/03/2010 à 21:18

Merci pour la lecture attentive. Je suis tout prêt à accepter l'interprétation du lapsus que tu sembles donner. J'ai voté : pour le Front de Gauche au premier tour et pour la liste de gauche fusionnée au second. J'ai d'ailleurs signé un appel public à voter pour le Front de Gauche. Et je pense donc que c'était un tort de ne pas voter, bien que je comprenne parfaitement les motivations de quelques abstentionnistes de mes connaissances. Je m'en tiens en général à la ligne "politique" de mon maître Spinoza: entre deux maux choisir le moindre! Car je sais aussi - pour avoir lu Machiavel - qu'en politique nous n'avons souvent le choix qu'entre un plus grand mal et un moindre mal. J'avais aussi appelé il y a quelques mois à faire de ces élections un référendum contre Sarkozy et notamment contre la réforme des collectivités locales.

Pour qui sait lire, ma critique est clairement ciblée : je parle de l'article de Sérac et de l'éditorial de Gluckstein dans "Informations ouvrières". Et rien d'autre! Et évidemment avec eux, sont visés tous ceux qui se félicitent de l'abstention et y voient un vote de classe (je pense notamment à tous les groupes staliniens fossilisés dont le "comité Valmy" est le porte-parole imperturbable). Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu sembles prendre tout cela pour une critique du PG... à moins que ?

Par contre, tu me permettras d'être sceptique quant à la "révolution par les urnes" en Amérique Latine.  Personnellement, je ne suis pas révolutionnaire, car les révolutions sont des crises dont le peuple paie souvent les frais au prix fort. Quand elles arrivent, il faut faire avec - comme Marx avec la Commune de Paris. Mais je ne vois pas quel sens raisonnable on peut donner à l'expression "militant révolutionnaire". Mon but est une transformation des rapports sociaux et le remplacement du capitalisme par les "producteurs associés" mais je n'ai pas la moindre d'idée de la manière dont cela s'accomplira. Ce dont je suis certain, c'est que ce ne sera pas le fait d'un sauveur suprême ou d'un caudillo qui se prend pour Jésus. Du reste, on entend beaucoup moins parler du Vénézuela et le "socialisme du XXIe siècle" suscite moins d'enthousiasme chez ses sectateurs français. Que se passe-t-il?

Pour le reste, j'ai posé quelques sérieuses et programmatiques concernant l'avenir immédiat. C'est peut-être de cela dont on pourrait débattre.

Amitiés
DC


Re: Les lapsus sont toujours digne d'intérêts par Anonyme le Lundi 29/03/2010 à 11:09

Le Venezuela pourrait devenir ingouvernable

Entretien avec Heinz Dieterich, 27 mars 2010
 


"Revolutions par les urnes"... par Nicrus le Dimanche 28/03/2010 à 23:26

"bien que je comprenne parfaitement les motivations de quelques abstentionnistes de mes connaissances" moi aussi et parfaitement, surtout que pour l'essentiel c'est le Peuple, ceux qui ont voté majoritairement Non au référendum de 2005 et qui ont vu et compris que désormais leur vote (majoritaire) ne sert à rien et que l'expression démocratique est devenue "inutile" puisque bafoué.... "entre deux maux choisir le moindre!" oui, tu as raison, et c'est pour cela que pour ma part et sans aucune illusions ni adhésion, j'ai appelé à voter pour Royal en 2007.... "Car je sais aussi - pour avoir lu Machiavel - " moi aussi je l'ai lu et apprécié, surtout Le Prince qui est d'une fulgurante actualité.... "qu'en politique nous n'avons souvent le choix qu'entre un plus grand mal et un moindre mal". Et surtout que la politique consiste surtout à prendre le pouvoir et ensuite à le conserver par tous les moyens... 

 

"Pour qui sait lire, ma critique est clairement ciblée : je parle de l'article de Sérac et de l'éditorial de Gluckstein dans "Informations ouvrières". Et rien d'autre!" Soit et c'est possible, je ne sais pas lire, soit ton texte n'est pas si lisible que cela, et c'est possible aussi... "Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu sembles prendre tout cela pour une critique du PG... à moins que ?" A moins que quoi, je suis membre du PG et ici, et avec toi et d'autres camarades nous avons eu des débats, il y a un peu plus d'un an, sur la porté politique et l'opportunité politique de participer à ce nouveau parti. Moi, et d'autres, avons fait le choix avec toutes les réserves possibles, d'aller et de militer dans ce parti et d'autres, dont toi, de ne pas y aller... Questions de choix et peut être de génération et aussi peut être d'une certaine désillusions des "gens vraiment de gauche" ou qui pensent l'être... Besancenot aussi pense l'être, il perd toutes les élections depuis la création du NPA, et son obstination à ne pas rejoindre le Front de Gauche devient à terme assez incompréhensible voir suspect, pour qui fait il de la politique?

 

"Par contre, tu me permettras d'être sceptique quant à la "révolution par les urnes" en Amérique Latine.  Personnellement, je ne suis pas révolutionnaire, car les révolutions sont des crises dont le peuple paie souvent les frais au prix fort. Quand elles arrivent" Tu as raison, pour moultes "révolutions de gauches" ces 30 dernières années. Mais la différence avec celles qui se passent en Amérique du Sud, y compris au Venezuela, mais surtout en Bolivie, c'est que ces révolutions et ces changements provoqués par le Peuple et au profit du Peuple se passent, enfin et uniquement, par le biais de votes démocratiques. Les Peuples de ces pays, sans doute les premiers depuis des décennies dans le monde, ont enfin compris que: 

1/ ils sont les plus nombreux.

2/ Que les votes et la démocratie peuvent changer la vie et leurs vies.

3/ Que les urnes sont plus fortes que les armes et surtout plus efficaces et surtout que cela, génère plus de progrès et de transformations réelles que les mouvements armés...

"le remplacement du capitalisme par les "producteurs associés" mais je n'ai pas la moindre d'idée de la manière dont cela s'accomplira" Oui, nous sommes d'accord, même si on ne le dit pas de la même façon, il faut dépasser, surpasser et éradiquer le capitalisme. Les producteurs associés, on peut, peut être s'inspirer des coopératives, des scoops et sans doute nationaliser (ou renationaliser) à peu près tous les moyens de productions et surtout ceux qui ont un caractère de service publique.... 

 

"Ce dont je suis certain, c'est que ce ne sera pas le fait d'un sauveur suprême ou d'un caudillo qui se prend pour Jésus" De qui parles tu précisément?. 

 

"Pour le reste, j'ai posé quelques sérieuses et programmatiques concernant l'avenir immédiat." Tu as posé quelques sérieuses et programmatiques ... Quoi?  "C'est peut-être de cela dont on pourrait débattre." Dès que je serais de quoi on peut débattre, je serais le premier à vouloir en débattre...

 

Amitiés Denis.

Jean Marc


Re: "Revolutions par les urnes"... par la-sociale le Lundi 29/03/2010 à 07:26

Débattre? Pour m'en tenir à cet article, débattre de propositions concernant les institutions politiques. Sommes-nous pour la défendre de l'État centralisé et de l'appareil bureaucratique napoléonien (préfets inclus) ou, au contraire sommes-nous pour une large décentralisation et l'autonomie locale, l'Etat central ayant deux fonctions essentielles: garantir la loi égale pour tous et les péréquations de ressources entre régions ? La réforme Sarkozy vise justement à transformer les collectivités locales en courroie transmission des décisions de la classe capitaliste transnationale qui nous gouverne. Il ne s'agit pas seulement du mode de scrutin et des places à prendre! Comme je m'inscris dans l'optique républicaniste, je suis partisan d'une large dispersion des pouvoirs, précisément parce que le seul pouvoir acceptable est celui de la loi. Donc, je suis pour la défense des communes et de leurs prérogatives - et pas des communes noyées dans des machins du genre agglomération et métropole. Je suis partisan de l'autonomie des départements et il me semble qu'on pourrait fort bien se passer de préfet et de préfecture (on pourrait la réduire à un bureau des cartes grises et permis de conduire...). Et, à l'usage, je crois qu'on peut faire quelque chose des régions - tout le monde sait que les lycées ont cessé de tomber en ruine du jour où leur entretien est passé aux régions, pour ne citer que cet exemple. Voilà des propositions qui ne sont pas ficelées mais indiquent une direction de réflexion. Il y a en d'autres, développées sur ce site au fil des années ou résumées dans mon livre Revivre la République paru voilà cinq ans.

Au fait, j'ai une bonne question: quand Marx et Engels veulent engager les socialistes français à soutenir la "république spartiate" à la Clemenceau, une de leurs motivations essentielles s'appelle "État à bon marché"! On dirait de vrais "libéraux". Je crois qu'il y a toute une réflexion à développer à ce sujet.


Bovarysme généralisé par Michel Gandilhon le Lundi 29/03/2010 à 12:30

L'exhumation par Denis Collin de ces textes d'Engels est vraiment intéressante. Elle montre s'il en était besoin que Marx et Engels étaient aux antipodes 
d'une position qui voudrait que les libertés dont jouissent les citoyens en régime capitaliste ne fussent que formelles. La république démocratique est pour eux
la forme suprême que peut atteindre l'émancipation des hommes dans le cadre d'un régime d'exploitation. La lutte pour les droits démocratiques (censure prussienne, droit à la séparation nationale) est inséparable de la lutte pour la république sociale dont Engels pensait que dans les pays capitalistes avancés de son temps elle pouvait être atteinte par le suffrage universel. Et Engels avait raison et a encore raison maintenant, a fortiori en des pays où le niveau de vie (droits sociaux), l'enracinement des traditions démocratiques, la composition de classe rend complètement illusoire la répétition de la prise du Palais d'hiver. En cela le modèle stratégique de prise de pouvoir politique d'Octobre est bel et bien mort pour nous même si la mémoire de l'héroïsme bolchévik ( notamment le refus de la guerre impérialiste), sur certains points,  est à entretenir. Ce n'est pas pour cela bien évidemment qu'il faut en revenir au Front populaire comme le voudrait Mélanchon. Et c'est bien là la limite du Front de Gauche. D'une part parce que le contexte historique et politique est différent, le PC et la CGT à l'époque était porté par une dynamique historique forte, et d'autre part parce que ce n'est pas souhaitable puisque le Front populaire a débouché sur Pétain et que l'alliance du stalinisme, de la social démocratie et du radicalisme bourgeois a été funeste pour les exploités.
Est-ce pour cela que le POI ressort le "classe contre classe" de non moins funeste mémoire ? Ils sont victimes à mon avis de leur vision délirante du fonctionnement du capital. Quant on pense que les forces productives se sont arrêtées de croître il y a soixante dix ans, que le capitalisme est en voie de décomposition et qu'il s'effondre sous nos yeux,  il est logique de transposer ce catastrophisme au plan politique  et de prendre les vessies de la dépolitisation des quartiers populaires en déshérence pour les lanternes de la révolution qui vient. A ce sujet il faut lire le livre "La Démocratie de l'abstention" sur les évolution politiques d'une cité, "Les cosmonautes" je crois, de la Seine-Saint-Denis pour comprendre qu'au sein de certaines fractions de la population on est entré dans un rapport à la politique qui s'apparente de plus en plus à ce qui se  passe dans les ghettos noirs des Etats-Unis où les gens ne se dérangent  plus pour voter, non parce qu'ils préparent la révolution mais parce qu'ils sont profondément dépolitisés. Quant aux fractions de la population d'origine ouvrière qui votent encore, elles le font en partie pour un Front national, qui compte tenu des évolutions en cours (question de l'Union européenne et de l'Islam) a probablement de très beaux jours devant lui.  On est donc très très loin d'une radicalisation en cours. Les pseudos analyses d'un Sérac en disent plus long en revanche sur le bovarysme qui règne dans certains milieux, où certains se prennent pour Thorez (Mélanchon) ou Guevara (Besancenot), d'autres pour Neuberg (Sérac) alors que d'autres encore se rêvent en Djamila Bouhired (Bouteldja et sa bande des Indigènes imaginaires), que sur l'état réel du rapport de forces entre les classes. 


Re: Bovarysme généralisé par la-sociale le Lundi 29/03/2010 à 12:55

Une précision et pour rendre à César ce qui est à César, c'est Jacques Texier qui a exhumé tous ces textes. Voir "Marx et la démocratie. Premiers parcours" in Actuel Marx n°12, 1993, ainsi que son livre "Révolution et démocratie chez Marx et Engels" (PUF,1998).


Re: Bovarysme généralisé par quent1 le Lundi 29/03/2010 à 18:02

Reprise d'une partie du questionnement de Nicrus:

"..Mais la différence avec celles qui se passent en Amérique du Sud, y compris au Venezuela, mais surtout en Bolivie, c'est que ces révolutions et ces changements provoqués par le Peuple et au profit du Peuple se passent, enfin et uniquement, par le biais de votes démocratiques. Les Peuples de ces pays, sans doute les premiers depuis des décennies dans le monde, ont enfin compris que: 

1/ ils sont les plus nombreux.

2/ Que les votes et la démocratie peuvent changer la vie et leurs vies.

3/ Que les urnes sont plus fortes que les armes et surtout plus efficaces et surtout que cela, génère plus de progrès et de transformations réelles que les mouvements armés..."

et pour corser le plat 1/2 grain de Grossel alréen l'eusses-tu cru ? de Quent1 en guise, en guise, en guise de nouvelles questions sans parasol
2010 moins 40 = 1970, bientôt un anniversaire de 2 fois Vingt ans après car qui donc avait été élu démocratiquement par le biais des urnes au Chili en 1970 ?
Parmi les réformes proposées :
* la transformation de l'actuel Parlement en Assemblée du peuple
* la nationalisation des richesses de base, de la banque privée, des assurances, du commerce extérieur
* le retrait du Chli de l'O.E.A.
Qui était dans les coulisses gouvernementales et aussi siégeait dans la même loge maçonnique que ce président et qu'a-t-il fait ?



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