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Au moins réformiste ...

Les régionales françaises vues d'Italie

Par la-sociale • Internationale • Jeudi 25/03/2010 • 0 commentaires  • Lu 2492 fois • Version imprimable


En France, le Parti socialiste, Europe Écologie et de la gauche socialiste de Jean-Luc M. Mélenchon ainsi que ce qui reste du PCF, ont conquis toutes les régions sauf l’Alsace. L'abstention a laissé à terre la droite. Nicolas Sarkozy, jadis adoré en Italie, a admis une défaite sèche.

Qu’est-ce qui est arrivé depuis les élections présidentielles? Le Parti socialiste de Martine Aubry a abandonné la ligne d’alliance avec le Centre promue par Ségolène Royal. Lequel centre, admiré par Casini [leader de l’UDC, une formation centriste issue de la démocratie-chrétienne] et Rutelli [ex-PD, il a quitté ce parti, « trop à gauche » pour fonder une formation centriste, l’Alliance pour l’Italie], a disparu à la scène avec la même rapidité avec laquelle il y était entré. En ce qui concerne l'extrême gauche de Besancenot, qui n'avait pas souhaité s'associer aux autres formations de gauche, elle est tombé à 2,5 %. Si l'alliance continue sur le même pied, les prochaines élections présidentielles, dont la campagne électorale, de fait, commence maintenant, verrons la défaite de droite de Sarkozy.

Peut-on en tirer quelque conséquence pour l'Italie ? Les politiques des deux gouvernements sont les mêmes, même si Sarkozy n’est pas autant orienté par l’argent et n'a pas la vulgarité de Berlusconi. La différence est qu'en France, la gauche n'a pas cessé d'exister tandis que, chez nous, elle s’est suicidée ou s’est divisée. Dans les régions non livrées par avance au Pdl ou à Bossi, je ne vois pas de candidats opposés au gouvernement; je connais seulement Niko Vendola [Président des Pouilles, ex-PRC] et Mercedes Bresso. Je m’apprête à voter pour Emma Bonino, parce que c'est une personne claire qui respecte les règles, mais c'est une libériste de fer. Où y a-t-il une gauche? À résister au « cavaliere », il existe une espèce de parti de honnêtes gens, le « peuple violet », de Santoro et di Pietro. Ils visent une démocratie socialement neutre qui nous sorte de la honte où nous sommes.

C'est une reddition intellectuelle sans limite. Et en effet, si se dessine une chute du berlusconisme, elle fera le fait de son propre camp et sera suivie d'une coalition Fini-Casini-Bersani, ce qui est déconcertant [Fini a été dirigeant de l’Alleanza Nazionale, issue du parti fasciste MSI. Après avoir fusionné son parti avec le PDL de Berlusconi, il est aujourd’hui très critique et envisagerait de reconstruire son propre mouvement. Bersani, ancien communiste, puis PDS, devenu secrétaire du PD]. La gauche française n'est pas vraiment géniale. Mais elle a été en mesure d’appeler un chat un chat, de représenter la protestation des salariés précaires, et chômeurs, de parler des femmes et aux femmes, (tout le pays a commémoré, à ma surprise, le 8 mars ), de faire plonger la campagne sur l'identité nationale, de dénoncer le manque de volonté de mettre fin à la spéculation financière ; elle n'accepte pas la réduction des dépenses publiques et des services publics. Rien d’extraordinaire, beaucoup de protestations catégorielles - et pas seulement les sans-papiers mais aussi les médecins, les enseignants, les ouvriers, chômeurs, et précaires, les agriculteurs dont le revenu a diminué d'un tiers. Un contentieux qui n’est pas nouveau, accentué par la crise, qui s'ajoute à la croissance des inégalités que produisait déjà la mondialisation.

Serait-il donc si difficile dire la même chose en Italie? Chez nous une gauche, également modérée, qui dise cela, ça n'existe pas. Les communistes se sont flagellés pour ne pas avoir cru au marché. La gauche plus radicale ne s’occupe pas des couches les plus faibles, car les conditions matérielles compteraient peu relativement face à la mutation symbolique. Ainsi, rien ne serait possible en matière de changement, sauf l’imprésentable Berlusconi. Rien de plus : une droite épurée peut le faire également à elle seule. En France une telle opposition aurait perdu.

(éditorial de Rossana Rossanda - Il manifesto, 23 mars 2010)

 

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