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« Troisième forum anti-Euro » de Chianciano Terme…

… l’occasion de travaux riches rassemblant des forces présentes dans toute l’Europe.

Par Jacques Cotta • Actualités • Jeudi 29/09/2016 • 0 commentaires  • Lu 2611 fois • Version imprimable


Du 16 au 18 septembre s’est tenu le troisième forum international pour la rupture avec l’UE et la sortie de l’Euro à Chianciano Terme en Italie. Etaient présents une série de groupes ou d’organisations de la plupart des pays européens[1], venus échanger notamment sur les perspectives ouvertes au lendemain du Brexit. Pour la France le Pardem était représenté en tant que parti, comme en tant qu’association. Nous retranscrirons ultérieurement les interventions qui ont été prononcées.

Des assemblées plénières ont permis d’aborder à travers les différentes expériences nationales les raisons pour lesquelles l’Union européenne n’est pas amendable mais doit être démantelée. Des tables rondes ont traité respectivement la situation allemande sur la question des « différentes oppositions à la monnaie unique », la question espagnole sous l’angle des « gauches devant le dilemne de l’union européenne et de l’euro », de la Grèce sur « la destruction d’un état nation », de la France et « quelles alliances pour la démondialisation », des PIGGS ou « le combat contre l’austérité », l’Europe du nord ou « les résistances à la domination de l’euro allemand », l’Italie ou « qui dirigera la sortie de l’Euro », ou encore « comment réagir à une nouvelle tempête financière », « le populisme », « la souveraineté nationale », « l’immigration », ou encore « L’Ukraine et l’UE dans la guerre ». Enfin, « les stratégies et les alliances pour la libération des peuples ».

Des travaux d’une grande richesse dont nous rendrons compte. Des travaux menés sur la base d’un appel initial qui indique que « La trahison des institutions de l’Union européenne (UE) à ses principes autoproclamés de justice, de fraternité, de liberté, de coopération, de solidarité et de paix, a été consommée par les accords récents passés avec les gouvernements du Royaume-Uni et de la Turquie. Les masques tombent. La véritable nature de l’UE se révèle au grand jour ».

Fort justement les travaux de ce troisième forum ont été replacés dans un contexte qui remonte à l’origine même de l’UE :

« Seule une petite minorité, pendant que l’Union européenne se structurait, a dénoncé « l’absurdité » d’une monnaie unique imposée dans des économies profondément inégales et d’institutions communes pour des sociétés très différentes. Le régime monétaire est aujourd’hui, en effet, fondé sur le monopole de l’émission monétaire par un système supranational hyper financier qui spécule à l’encontre des Etats et des peuples ».

Ainsi, la Grèce a été un ballon d’essai dans la tentative de liquider l’état nation avec l’intervention dictatoriale de la Troïka :

« En fait, ce qui pouvait sembler « absurde » a sa propre rationalité : la démolition des Etats nationaux répond aux intérêts convergents des différentes bourgeoisies, en premier lieu des grands conglomérats industriels transnationaux, aussi bien financiers qu’industriels, depuis longtemps d’accord entre eux.

Le récit pro-européen camouflait l’idéologie néolibérale (gravée dans le marbre des traités fondateurs de l’Union) selon laquelle toute ingérence de nature politique sur les marchés est inadmissible. Tous les obstacles à la dictature du capital sur le travail ont été abattus, aucune limite ne devant empêcher la liberté de mouvement du capital. Tout ce qui constituait la propriété publique devant être privatisé.

Dans chaque état européen, tout cela a pu se réaliser contre l’intérêt des peuples uniquement parce que « une grande partie de la gauche européenne est coupable d’avoir qualifié de progressiste cette construction réactionnaire et de l’avoir défendue. Cela a été une trahison inouïe des intérêts et des aspirations des classes populaires. Cela a été un deuxième “4 Août 1914”[2] , mené au nom d’une mondialisation néolibérale qu’on a «vendue» cyniquement comme internationaliste. Sous les coups de la tempête financière venue des États-Unis, l’Union européenne a été au bord de l’implosion. Elle l’a évitée « in extremis » en recourant à des dispositifs d’urgence, dont les importants coûts sociaux ont été supportés par la classe ouvrière et les peuples des pays dits « PIGS[3] »et / ou «périphériques».

Partout « les peuples ont tenté de résister au massacre social de différentes façons, par de grandes vagues de mobilisations suscitées par la base ou dans les urnes entraînant l’émergence de nouveaux mouvements et de partis politiques. Ceux-ci, parfois sans ancrage idéologique, souvent transversaux et socialement composites, ont non seulement incorporé le rejet des politiques d’ajustement et d’austérité, des mécanismes néolibéraux d’extorsion et de fraude, mais aussi souvent l’aspiration à recouvrer la souveraineté nationale et populaire perdue, trahie ou kidnappée ».

Et partout les mêmes recettes ont produit les mêmes effets. « Les opérations de « sauvetage » de l’Union européenne par des mesures d’austérité menées jusqu’à maintenant dans les pays membres, ont eu des effets destructeurs ».

Les conséquences s’imposent : « En réalité, le processus en cours indique que l’Union européenne et l’euro sont en voie de dissolution. Les tentatives des classes dirigeantes pour éviter cette dissolution ne feront que prolonger l’agonie de l’UE. La fin de l’Union européenne est inexorable. L’élite pro-européenne, de plus en plus contestée par les peuples, devra céder la place aux forces politiques et sociales du changement, celles qui demain seront appelées à diriger les différentes nations qui auront retrouvé leur souveraineté. Ces forces sont de nature de classe et ont des buts différents, dans certains cas opposés.

Tandis que dans certains pays les partis de la droite réactionnaire et xénophobe (certains encore plus libéraux et anti-démocratiques que ceux qui gouvernent aujourd’hui) progressent, dans d’autres, des mouvements politiques de masse aspirent au rétablissement de la démocratie et à la réduction des inégalités… C’est avec ces derniers qu’il est possible de construire un front uni pour briser la « prison » européenne, rétablir la démocratie et la justice sociale, et permettre à chaque peuple de retrouver sa souveraineté et son indépendance. Nous savons que la libération ne sera pas facile.

Les peuples ont besoin de partis politiques qui aient du courage, des idées et des objectifs clairs, a contrario de SYRISA. On voit de quelle manière en Grèce l’Etat a été dépouillé de sa souveraineté et comment le peuple grec est transformé en une masse d’individus sans aucun droit. On constate le terrorisme qu’exercent les institutions capitalistes néolibérales supranationales.

Les peuples ne se libèreront qu’en allant au bout des processus de révolution démocratique. Sinon, la conjonction de la crise de la mondialisation néolibérale et de l’effondrement de l’Union européenne et de la zone euro nous précipiteront dans une nouvelle barbarie ».

Voilà pourquoi ce troisième Forum international s’est défini comme « un espace ouvert de discussions entre les différentes forces démocratiques et, nous l’espérons, d’élaboration d’une stratégie commune afin de jeter les bases d’une alliance internationaliste des peuples et des nations sur la base de la sortie de l’Union européenne, de l’euro et de l’OTAN. Face à la mondialisation néolibérale, un processus de démondialisation doit, en effet, être conçu et mis en œuvre dans chacun de nos pays ».

 
Jacques Cotta
Le 29 septembre 2016

[1] Notamment Committee Euro exit (Autriche), EPAM (Grèce), Mouvement de libération populaire, P101 (Italie), MS21 (Espagne), PARDEM (France), Salir del euro (Espagne)

Initiative for a Communist Left, Greece…

 

[2] Le 4 Août 1914, la social-démocratie a trahi le principe de la défense de la paix en votant en faveur de la guerre fratricide entre les peuples.

 

[3] PIGS (littéralement, « porcs » en anglais) est un acronyme utilisé pour la première fois en 2008 par quelques journalistes britanniques et américains, spécialisés en finances ou en économie, pour désigner quatre pays de l’Union européenne : Portugal, Irlande, Grèce et Espagne (« Spain », en anglais).

 

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