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Avec la France insoumise contre Macron et son gouvernement…

… Le 23 septembre, déferlons !

Par Jacques Cotta • Actualités • Vendredi 15/09/2017 • 0 commentaires  • Lu 4153 fois • Version imprimable


La manifestation du 23 septembre à l’appel de la France Insoumise cristallise toutes les questions politiques du moment. Non pas que les initiateurs de la journée l’aient voulu ainsi, mais les tensions sont telles que toute initiative peut donner lieu à des développements imprévus, donc met chacun devant un choix fondamental. Au cœur de la situation se trouve en effet une contradiction dont nul ne sait exactement comment elle trouvera sa solution. D’une part un président élu avec moins d’un inscrit sur quatre, d’autre part une prétention politique de tout casser et le plus vite possible qui n’a pas –malgré les prédécesseurs de Macron- de précédent aussi brutal et grossier[1].. La légitimité de ce gouvernement est celle de la 5ème république qui donne à un élu ultra minoritaire dans le pays tous les pouvoirs, toutes les majorités. Mais du point de vue de la démocratie, le président, le gouvernement, sa majorité ne sont pas légitimes. La situation ainsi créée est explosive.
Vers l’explosion

La crise du régime menace et nul ne peut parier sur sa stabilité. Tout peut à tout moment s’effondrer. Salariés, jeunes, retraités, fonctionnaires, ouvriers, ou tous ensemble. Les conditions sont réunies pour mettre un coup d’arrêt à la politique gouvernementale. Le pouvoir est nu. Le parti socialiste qui hier en assurait la survie du régime avec le Parti communiste, partis nécessaires au bon fonctionnement de la 5ème république, ont connu une défaite historique, explosant dans la dernière présidentielle. Toutes les tentatives de maintenir les conditions du fonctionnement des institutions dans la dernière période électorale ont échouées. La situation est aujourd’hui marquée par l’émergence de la France Insoumise, non comme une nouvelle force parmi d’autres, mais bien comme la force principale d’opposition au régime, au gouvernement, au néo-libéralisme.

Le Medef ne cache pas son inquiétude. Non pour l’orientation de Macron. Mais bien pour la capacité de ce président et gouvernement de mener à terme une politique d’agression généralisée contre les travailleurs, salariés, fonctionnaires, jeunes retraités… La peur n’épargne personne qui demeure attaché au fonctionnement de la 5ème république. D’aucuns ont glosé sur les intérêts personnels de Jean Claude Mailly pour expliquer son revirement sur la « loi travail » avec des arguments qu’il ne peut croire lui-même. Mais la réalité n’est-elle pas ailleurs ? N’est-ce pas la crainte de voir tout exploser qui a poussé le Mailly d’aujourd’hui à renier le Mailly d’hier ? N’est-ce pas tout compte fait la responsabilité qui incombe aux organisations syndicales pour maintenir l’ordre après la déroute des formations politiques traditionnelles du régime qui permet de comprendre la position qu’ils expriment. Ainsi, tous, dont la CGT, FO, la FSU et SUD, se retrouvent pour appeler les fonctionnaires à une journée d’action le 10 octobre, comme s’il fallait casser le caractère interprofessionnel, public privé, qui émerge dans la mobilisation contre la loi travail XXL et comme s’il fallait en amoindrir la portée.
C’est donc à la lumière de cette réalité qu’il faut apprécier la bataille qui se noue autour de la mobilisation du 23 septembre à l’initiative de la France Insoumise. La presse aux ordres de l’oligarchie n’a eu de cesse que de matraquer sur la « vampirisation » du mouvement social par la FI et par Jean Luc Mélenchon. Outre la tentative d’organiser la division, de décrédibiliser la FI, il s’agit de gommer le véritable contenu de la mobilisation du 23. Il ne s’agit évidemment pas d’une mobilisation syndicale sans les syndicats. Il s’agit d’une mobilisation politique dont le contenu répond à la volonté majoritaire qui vient du plus profond de la société. Les grandes masses cherchent à savoir comment en finir avec tous les aspects de la politique de ce gouvernement. En finir en même temps avec la loi travail XXL évidemment mais pas seulement, avec la politique de liquidation de l’assurance maladie, du chômage, des retraites, la politique d’agression contre les jeunes symbolisée par l’affaire des APL, la politique nationale mais aussi internationale de soumission à l’union européenne, à TAFTA, la politique de liquidation de ce qui reste de souveraineté nationale et populaire…
 

La négation du caractère politique du 23 –en finir avec Macron pour en finir avec sa politique d’ensemble qui organise pauvreté, misère, précarité, et avec sa « majorité »- pousse à « gauche » des voix à s’élever contre le 23 comme conséquence d’une opposition féroce à la FI et à Mélenchon. Comme l’a en effet indiqué Denis Collin dans son dernier papier[2], les oppositions au 23 ne manquent pas. La conséquence est assez simple : un soutien inavoué à Macron et son gouvernement au nom d’arguments qui ne résistent pas à un examen même sommaire.

PCF, POID, NPA, même combat ?

Le PCF, le POID et le NPA invoquent des raisons qui ne peuvent camoufler un enlisement dans le marécage des mauvaises tambouilles politiciennes. 

  •   Le parti communiste par la voix de Pierre Laurent a annoncé qu’il choisissait comme chaque année la journée traditionnelle contre la guerre et non la manifestation à l’initiative de la FI.
Pour le PCF et Pierre Laurent, l’opposition au 23 est dans la droite ligne de la politique suivie depuis des mois. Après avoir recherché durant la campagne électorale des alliances tous azimut et souvent sans principe, avec le PS ou avec les verts par exemple, la direction du PCF a été désavouée par les électeurs qui ont fait de la France insoumise la seule force d’opposition conséquente à Macron, son gouvernement et sa politique. La recherche constante de relations avec le PS plonge le PCF dans une situation inextricable. Comment en effet prendre langue avec le parti de la rue de solférino qui par pur opportunisme « soutient les manifestations contre la loi travail de Macron », se refuse par prudence à « apparaître sur le terrain », et soutient Macron « pour que sa politique réussisse ».
La manifestation du 12 à l’appel de la CGT s’inscrit objectivement, pour qui en aura observé le déroulement, dans le prolongement d’une campagne électorale qui a ouvert une perspective combattante à une frange importante de la jeunesse, notamment à travers la campagne de la FI. La FI ne tire pas seulement sa majorité « à gauche » du simple score électoral, mais bien de la dynamique qu’elle a permis de développer, d’un esprit contestataire, d’une reconnaissance de l’insoumission qui correspond à la volonté de couches de plus en plus importante qu’on retrouve aujourd’hui sur le terrain de l’action, après les élections.

Le sectarisme du PCF et l’expression d’une fuite en avant, au détriment du combat uni contre la politique que les ordonnances symbolisent, et qui n’épargne aucun secteur.
  •   Avec le PCF, sur cette orientation, se retrouve le POID.

Pour ce qui concerne le POID, la chose est plus étrange. Le POID avait l’occasion de mettre en pratique ce qu’il raconte depuis des mois. Il fait tout l’inverse. Nous avons organisé il y a un peu plus d’un an une mobilisation d’unité « pour la levée de l’état d’urgence »[3] avec le POID dont la tribune reflétait un véritable souci d’ouverture, d’unité, d’efficacité. On trouvait à nos côtés tout autant le POID que des militants du PG, du NPA, du PCF, des organisations syndicales telles la CGT, la CGT-FO, le SM, etc… A l’époque le POID était engagé dans une rupture avec le POI au prétexte que ce dernier ne centrait son activité que sur la seule préoccupation syndicale, délaissant le combat pour construire un parti. Alors comment comprendre la position actuelle du POID, sinon comme la négation des propos tenus hier qui n’auraient été qu’opportunistes et de circonstance. Car la FI répond à sa façon, avec toutes ses imperfections certes, mais avec une réalité jusque-là inégalée, à la volonté de se regrouper par dizaines de milliers pour agir et combattre le gouvernement et sa politique. Et c’est à cet instant que le POID décide de faire de Jean Luc Mélenchon et de la FI sa cible privilégiée, article après article, appelant d’ailleurs à manifester le 23 pour la paix et non avec la FI contre Macron et son gouvernement. Outre l’incohérence, cela est doublement condamnable. D’abord parce que la « journée d’action » pour la paix -si elle ne peut faire de mal certes- ne justifie en rien de s’opposer au combat réel et pratique contre Macron, le « faiseur de guerre ». Ensuite parce que l’histoire du mouvement ouvrier et démocratique nous enseigne que « l’ennemi est d’abord dans notre propre pays ». En conséquence, quelle meilleure façon de combattre la guerre que de porter le fer, lorsque c’est possible, et là ça l’est, contre le pouvoir qui ici organise, soutient et alimente les opérations guerrières à travers le monde. Quelle meilleure façon de combattre la guerre que d’œuvrer pour que le 23 soit un véritable déferlement populaire contre le gouvernement Macron-Philippe, sa politique, le régime ? 

  • Le NPA a tergiversé, dit oui puis non puis oui puis… au 23, exprimant toutes ses réticences à voir le leadership de l’opposition tenu par la FI et réclamant un droit à la co-organisation du 23.

Si l’enjeu n’était aussi important avec la question des ordonnances et de l’ensemble de la politique gouvernementale, l’argument de Besancenot et de ses amis prêterait à sourire. Co-organiser revendiquent-ils ? Mais il suffit d’organiser tout court ? Il suffit de mobiliser, de rassembler, d’agir, de participer au déferlement que redoute le pouvoir contre sa politique de régression généralisée. Il suffit de prendre ses responsabilités. La co-organisation est l’argument qui cache un souci d’apparatchiks pour qui le but –le combat contre les lois réactionnaires de ce gouvernement- est secondaire, pour qui les places dans on ne sait bien quelle instance ou quel dispositif est prioritaire.

Ce qui doit nous importer est de faire une véritable réussite du 23. Permettre le « déferlement du peuple » contre ce gouvernement et ses lois réactionnaires. Renforcer la force qui émerge et s’impose, la France Insoumise qui se trouve au centre de l’opposition au néolibéralisme, pour la défense et le développement des valeurs de la république sociale.

 
Jacques Cotta
Vendredi 15 septembre 2017


[1] On verra sur notre site mon dernier papier « Emmanuel Macron, les fainéants, les cyniques et les extrémistes » à l’adresse suivante: 
http://la-sociale.viabloga.com/news/emmanuel-macron-les-faineants-les-cyniques-et-les-extremistes

[2] Lire « A bas les sectaires et vive la lutte » qu’on trouvera sur notre site à l’adresse suivante:
 http://la-sociale.viabloga.com/news/a-bas-les-sectaires-suite-et-vive-la-lutte

[3] On en verra quelques expressions sur L en cliquant sur le lien suivant:
http://.viabloga.com/news/levee-immediate-de-l-etat-d-urgence-intervention-de-conclusion-du-meeting-du-23-janvier-2016 

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