Nicholas Kaldor «est le plus souvent amené à conseiller des gouvernements étrangers dans le monde dit «en développement» : Inde, Sri Lanka, Mexique, Guyane britannique, Turquie, Iran, Venezuela, Ghana». Il accorde une grande importance à la critique des fondements théoriques des politiques néfastes, dont (entre-autres) «le reaganisme» et «le thatchérisme», et attaque impitoyablement la «synthèse néoclassique» en particulier «le monétarisme». Cette régression, liée au retour d’un «laisser-faire» radical,est d’autant plus dangereuse qu’elle est imposée, notamment dans quasiment toute la «sphère occidentale», et tout particulièrement aux Etats-Unis et en Angleterre.
Robert Solow défend contre vents et marées un «keynésianisme bâtard», et n’a pas résolu l’équation avancée par ses adversaires, à savoir : les «néoclassiques» (ou «néolibéraux») parlent d’un «modèle de croissance stable», qui consisterait à croire qu’on peut mesurer une grandeur appelé «capital» indépendamment de la connaissance «des prix et des taux de profits», contredit dans les faits, car «à partir du moment où la mesure du capital dépend, entre-autre, du taux de profit, «le modèle néoclassique de détermination des prix et des revenus», dont on déduit la stabilité de la croissance, s’effondre.» Malgré tout, il bataille avec beaucoup de fermeté les "nouvelles approches" qui mettent l’accent sur «l’autorégulation des marchés» (encore !) et qui prônent un désengagement économique important (certains le rêvent quasi-total) de l’Etat, ainsi que cette affirmation : il existe(rait) un (soi-disant) « taux naturel de chômage» !, et sur l’inefficacité des thèses politico-économiques défendues par des Lucas, Barro et autres «radicaux-libéralisâtes», thèses d’autant plus dangereuses qu’elles sont encore plus radicales, puisque fondées sur l’hypothèse de la réalisation continuelle et parfaite de l’équilibre des marchés ! Solow déclare qu’il est fondamentalement contre, car elles «découlent d’une illusion théorique et méthodique : l’existence d’une science économique universelle, fondée sur l’axiome de la rationalité, négligeant l’influence des institutions sociales, des croyances et des idéologies». (c’est "fondamentalement" vrai !) Il a abordé de nombreux autres sujets comme «les politiques de l’emploi et de la stabilisation», sur «l’étude du marché du travail», sur «les techniques de programmation linéaires», «l’économie urbaine» ou «la question des ressources non renouvelables». Allez, encore un petit dernier commentaire de Robert Solow pour la route ? Le message important, est selon lui, «le rôle important que joue dans l’économie le progrès technique»… Hé, oui !, le progrès technique, c’est ‘hachement important !, merci môssieu Solow.
Albert Hirschman, * prône une forme de "boycott" et "d’entrisme" politique (individuel et collectif) pour réagir aux défaillances du système politico-économique, par exemple, «Face aux défaillances des organisations, entreprises, gouvernements, les individus peuvent réagir par la défection, par exemple en cessant d’acheter un produit», ainsi que cet autre exemple, «Ils peuvent aussi réagir par la prise de parole, en contestant de l’intérieur, de diverses manières, les institutions qui les déçoivent», ce qui l’amène à rendre compte de fluctuations cycliques, se servant pour cela du «concept de déception», déceptions et frustrations de consommateurs suite à une participation active à la vie publique. Il prêche un œcuménisme entre l’orthodoxie (le discours dominant) et l’aile libérale (il s’agit de l’aile gôche du personnel politique étasunien), mais «Sa critique de l’homo œconomicus, se radicalise et s’approfondit.» Il consacre plusieurs écrits à l’étude de l’émergence et de l’évolution du capitalisme, analysant les idées qui accompagne ce processus, et démontre comment, à partir du XVIIe siècle, l’idée d’intérêt dépassa l’opposition traditionnelle entre les philosophes pour assoir la légitimité d’un système social fondé sur l’amour de l’argent et l’enrichissement individuel. Il cherche à comprendre l’interaction, à travers l’histoire, entre le progrès et la critique (parfois virulente) qu’il suscite. S’appuyant sur les travaux du sociologue, Thomas H. Marshall, qui décline en trois phases d’évolution, les progrès accomplis dans la citoyenneté, au XVIIe siècle par la proclamation des droits de l’homme (et du citoyen !, oublié comme par hasard…), au XIXe siècle avec la conquête du suffrage universel (sauf pour les femmes !, demi conquête donc…), et au XXe siècle avec l’émergence des droits économiques et sociaux garantis par l’Etat (salement remis en cause par les réactionnaires, avec la complicité du personnel politique, donc de l’Etat…, au XXIe siècle !) Progrès, progrès, est-ce bien sûr ?… Et pour finir en beauté, pour celles et ceux qui ne seraient pas suffisamment costauds côté culture et connaissance politiques, celle-là : «Soulignant que les partisans du progrès utilisent eux-mêmes souvent des arguments analogues, Hirschman en appelle au dépassement des positions extrêmes, intransigeantes, qu’on affectionne de part et d’autre, dans l’espoir que le débat public se fera ainsi, peu à peu, plus "philodémocratique"» (sans doute se proposera-t-il de nous-vous départager ?)
* Toutes celles et tous ceux qui connaissent un tant soit peu le fonctionnement hyper structuré des organisations politiques, comme les partis institutionnels ou certains "petits" partis politiques ou organisations syndicales, savent qu’il est quasiment impossible de prendre la parole dans une assemblée ou réunion politique sans se faire promptement éjecter (ou censurer de moult manières), quand au boycott contre un gouvernement autoritaire ou raciste, il faut entreprendre en amont, un long travail (répétitif) d’information et d’éducation pour arriver à un résultat satisfaisant…
Nicholas Georgescu-Roegen, * mathématicien exceptionnel et expert en statistique, parce qu’iconoclaste brillant, incompris bien entendu de ses pairs, (il rompit et pourfendit résolument «la théorie économique orthodoxe»), notamment les «néoclassiques», à qui il reprochait l’incapacité d’expliquer (entre-autres) le fonctionnement des économies agricoles.
Et parallèlement, il reproche au marxisme, tout en considérant que Marx – l’un des économistes qu’il cite le plus souvent – a apporté un meilleur éclairage sur plusieurs processus économiques.
A l’heure où l’humanité commence à prendre conscience que dévaster la terre, (la destruction massive et irréversible de ses ressources naturelles), aura des conséquences fatales pour l’humanité. Une démographie galopante, inversement proportionnelle aux crises alimentaires, aura sans doute raison de notre-votre chère Humanité…
Contrairement à son compatriote, Cioran, moins cynique et désespéré que lui, il garde quelques espoirs en l’Humanité, malgré qu’il connu dans son pays d’origine, trois guerres et quatre dictatures !… Après avoir exprimé des protestations, il craignit pour sa vie et du fuir prestement pour la Turquie.
C’est sous l’influence de "maitres à penser" tels que, Karl Pearson et Schumpeter, qu’il retint l’importance de «la préservation rigoureuse des relations entre les faits», et du second, «la distinction entre croissance et développement». Il déclina l’offre de Schumpeter, d’écrire un livre avec lui, assortie d’un poste à Harvard.
Nicholas Georgescu-Roegen, est apparemment l’un des seuls économistes contemporains à rejeter les prétentions d’un «charabia volontairement abscons», c’est d’ailleurs ce que signale, Samuelson, dans la préface d’un ouvrage paru en 1966, préfiguration de l’un des quatre articles parus antérieurement (celui-ci fut publié en 1936), proposant une analyse originale, annonçant «la théorie de la préférence» ; il poursuivra ses travaux dans cette voie, (théorisation de la consommation et de la production), jusque dans les années soixante, et manifestera une position de plus en plus critique vis-à-vis de l’économie orthodoxe, «néoclassique» ou «néolibérale» et «mathématique». Il est persuadé, (il n’est pas le seul !), «que le marché avec son mécanisme des prix est incapable de réaliser une répartition équitable et rationnelle des ressources, tant entre les individus et les nations qu’entre les générations.» Plus qu’économiste c’est un mathématicien hors du commun…, un savant d’une érudition absolument époustouflante ! (Lisez ou relisez ses articles et ses écrits…)
«La rareté est source de conflits sociaux majeurs et fixe une limite à la survie de l’espèce humaine.», «Au problème de l’épuisement des ressources s’ajoutent ceux de la pollution et de la dégradation de l’environnement»
Il entreprend des travaux d’une importance capitale dans ce sens, avec vingt ans d’avance, introduisant dans la terminologie économique un mot nouveau, la «bioéconomie», et développe cette thèse, «A la croissance économique, il faut opposer un développement fondé sur une profonde réorganisation des méthodes de production, des modes de consommation et plus généralement de l’organisation économique et sociale.», «La croissance consistant à produire toujours plus de biens matériels par habitant de la planète. Le développement consiste à produire différemment et est compatible avec la décroissance»
Il faut distinguer entre «une vie de riche et une vie riche». La véritable finalité de l’être humain devrait être «la joie de vivre». En cela Georgescu-Roegen renoue avec Aristote et sa condamnation de la chrématistique, et le (mauvais) goût de la richesse pour la richesse, dans lequel «l’art de vivre» aurait pris le dessus sur «la course névrotique à l’enrichissement».
Plus qu’économiste c’est un mathématicien hors du commun…, un savant d’une érudition absolument époustouflante ! (Lisez ou relisez ses articles et ses écrits…)
* Élève exceptionnellement doué, d’abord chez Borel à Paris, il présenta une thèse en doctorat dans laquelle il proposait «une méthode originale pour mettre à jour les composants cycliques des séries temporelles». Ce qui l’amènera plus tard, malgré l’utilisation qu’en fit Schumpeter dans son Business Cycles, à ce constat : «Malgré la maîtrise parfaite des instruments de l’économétrie naissante, on ne peut décrire les phénomènes économiques par des modèles mathématiques». «Ces phénomènes sont en effet de nature historique, uniques et irréversibles, et les formules mathématiques sont adaptées à la description des phénomènes a-politiques. On peut prédire le futur avec des modèles économétriques. Il qualifie d’«arithmomorphisme» l’idéologie mathématique, remontant à Pythagore et Platon, selon laquelle le monde réel est réductible à des nombres ° Borel , puis Pearson , l’ont initié à l’histoire et à la philosophie des sciences, autres domaines dans lesquels il développera une érudition impressionnante.»
° on le disait "marxiste", et il mériterait un article à lui seul !…, Il fut l’un des pionniers de «la théorie de la mesure» et de son application à «la théorie des probabilités» ; il créa en 1922 de «l'Institut de Statistique de l'Université de Paris» (ISUP), la plus ancienne école de statistique en France. Dans l’un de ses ouvrages (sur la probabilité) il présenta une expérience sous le nom «paradoxe du singe savant ou analogue» ; il publiera de nombreux articles sur «la théorie des jeux» ainsi qu'un véritable pavé sur le bridge(le jeu de carte). (commentaires tirés d’un art. Wikipédia)
Douglass C. North, est l’un des fondateurs de l’histoire économétrique et de l’économie institutionnelle ; son orientation unifie théorie économique, politique, sociale et sciences cognitives.
Alors que certains cherchent à intégrer l’économie, la culture, la science, la technologie, et l’idéologie à l’histoire, les néoclassiques, (grosso-modo les néolibéraux), cherchent quant à eux, à intégrer l’économie à l’histoire. C’est l’éternelle opposition entre celles et ceux qui prône l’histoire traditionnelle (faites d’évènements désincarnés), et celles et ceux qui au contraire propose une histoire totale, intégrant tous les domaines de l’activité humaine, dont l’économie, en privilégiant la longue période, (faites de descriptions biographiques et de l’histoire populaire).
Il appartient à un groupe d’économistes "spécialisés", qui c’est fixé pour objectif de dégager l’histoire du traitement purement descriptif des institutions et activités économiques, pour en faire une science formalisée et mathématisée, en s’appuyant sur les thèses néoclassiques, qu’il baptisa, «cliométrie». (Du nom de l’une des muses de la mythologie grec, Clio, a qui échoit la protection des sciences et du chant), on désigna cette nouvelle discipline par les vocables «histoire économique» ou «histoire quantitative» (l’une de ses techniques est l’analyse «contrefactuelle», qui consiste à imaginer et à mesurer les conséquences si tel ou tel évènement, par exemple * l’invention des centrales nucléaires (ou la création du capitalisme…), ne s’était pas produit.
* j’ai volontairement modifié les exemples, le leur me semblait niais au possible ! Ceci pose question, quand même… que ce serait-il passé, si le capitalisme n’avait pas été inventé ? A vous de répondre !…
Bien que de formation «néoclassique», North fut d’abord un marxiste convaincu et a conservé beaucoup de respect pour Marx, même s’il en critique les thèses, («personne n’est parfait !»). Rapidement il commence à remettre en question l’utilisation exclusive de la «cliométrie», de ces instruments. Sans complètement rejeter «les postulats néoclassiques», il en critique l’immobilité. Il considère que pour comprendre l’évolution économique, il faut inévitablement faire appel à des phénomènes qui sont en dehors du champ de préoccupation habituel des économistes : les règles sociales, les processus de décision politique, les organisations et les institutions. (la structure institutionnelle d’une société comprend des règles informelles, comme les coutumes, les normes de comportement, les traditions, et des règles formelles comme les constitutions, les lois, les règles juridiques) Lecteur de Veblen, Commons, comme de Karl Marx et Joseph Schumpeter, il se fixe pour objectif la construction d’une «nouvelle économie institutionnelle», qui fusionnera les points forts des approches institutionnelles, marxiste et néoclassique dans «une nouvelle structure théorique». «La théorie de la croissance économique doit s’appuyer sur une théorie des changements institutionnels. L’histoire économique, l’histoire politique et l’histoire sociale doivent aussi être intégrées.»
« North , estime que parmi ses prédécesseurs, Adam Smith et Karl Marx avaient parfaitement compris le lien entre création de droits de propriété efficaces et la croissance économique.» Remettant constamment en question les résultats de ses études, parce qu’elles ne prennent pas assez en compte la persistance, pendant de très longues périodes, de l’inefficacité des institutions, et qu’elles laissent de côté (contrairement à Schumpeter), et comme pratiquement toutes les analyses économiques traditionnelles, la dimension de l’humanité, qu’elles se disent incapables de la traiter scientifiquement, et de la «modéliser». De plus, la prise en compte de l’idéologie l’amène à remettre en question «l’un des postulats majeurs de l’analyse néoclassique», celui de la rationalité des agents économiques confrontés à des informations incomplètes ou erronées. Il achèvera ses recherches, (pensant qu’il vaut mieux sortir de l’économie et même des études sociales, pour aborder la psychologie, et en particulier «l’étude des processus cognitifs»), sur ce qu’il décrit «comme un long voyage, certainement imprévisible, du marxisme aux sciences cognitives».
Mark Blaug, écrit une thèse sur Ricardo, en 1958. Il empreint plusieurs disciplines, dont «l’économie de l’éducation», «l’économie de l’art», «l’histoire économique», «le développement et la méthodologie», mais c’est en tant qu’historien de la pensée qu’il a su se faire apprécier.
Les connaissances professionnelles se "marient" rarement avec l’indépendance d’esprit, et Blaug n’échappe pas à ce postulat («personne n’est parfait !»), cela explique qu’il ait mené une carrière très active auprès d’instances nationales ou internationales, telles que : l’UNESCO (c’est la moins pire des quatre), l’OCDE, la Banque mondiale ou la Fondation Ford. D’autre part, après la publication de «La méthodologie économique», en 1980, il adhère aux thèses de Karl Popper, qui affirme que la science progresse par processus de conjectures et de réfutations, et de ce fait, un énoncé défini comme scientifique doit être formulé de manière à pouvoir être réfuté par un test empirique. C’est pour cette raison que Blaug, réfute «la définition de scientifique» à une loi telle que «La baisse tendancielle des taux de profit», émise par Marx.
Ami-es marxistes (orthodoxes, hétérodoxes ou même dissident-es), je conçois votre irritation à l’énoncé de tels «pinaillage de mouche», mais prenons le pour ce qu’il est…
En 1962, il publiera un ouvrage, LE manuel d’histoire de la pensée économique, qui s’avérera une référence mondiale. Plusieurs fois augmenté et révisé, son contenu révélera un niveau d’érudition exceptionnel et une somme de connaissances rares dans le domaine du savoir économique. Mis sur un pied d’égalité avec Joseph Schumpeter, dont les deux auteurs partagent des points concourants, comme celui «d’un progrès cumulatif de l’analyse économique», tout en reconnaissant (l’un et l’autre) «l’importance du contexte idéologique où les idées se développent», ainsi que «les rivalités entre courants de pensée».
Il étudiera tous les courants de pensée, y compris à travers les œuvres du passé, (il publiera un ouvrage sur le sujet, et écrira dans la préface : «La cohérence logique et la valeur explicative de ce qui est considéré comme la théorie économique orthodoxe (…) Mon objectif est d’étudier la théorie économique contemporaine…». En réaction à cette institution de la pensée orthodoxe, Blaug, s’intéressera à plusieurs courants de la "pensée dissidente", en particulier au marxisme et au postkeynésisme, pour lesquels il éprouve de l’attirance, tout en étant très critique à leur encontre. Il pourfendra «le monétarisme» (l’une des armes absolues du «néolibéralisme», dont nous-vous subissons encore aujourd’hui les ravages…) C’est aussi un auteur productif, relatif à l’histoire de la pensée, comme par exemple un recueil des économistes depuis le début du XVIIe siècle, ou cent économistes avant Keynes.
Les programmes de recherche peuvent être progressifs ou dégénérescents, et considère que Keynes inaugure un nouveau programme de recherche progressif dont le noyau dur intègre les anticipations et l’incertitude ; à l’inverse, il estime que le monétarisme, programme progressif avant la révolution keynésienne, est désormais dégénérescent.
Blaug, est très critique de la tournure prise par l’économie depuis quelques décennies, (on peut suggérer le début des années quatre-vingt, et peut-être même antérieure à cette période ?), en particulier avec «l’hypothèse des anticipations rationnelles» et «la nouvelle macroéconomique classique». (voir à ce sujet la note référencée : °, chapitre : «De nouveaux raisonnements pour de nouvelles théories ou concepts…, etc.», concernant, Lucas et son collègue, Muth) ; ceci l’amène à reprocher à plusieurs économistes néoclassiques leur refus de confronter leurs théories à la réalité, tout en se déclarant très pessimiste quant à l’avenir d’une discipline dont le formalisme rebute les étudiants et est de moins en moins capable d’expliquer les problèmes concrets : «Nous avons créer un monstre qu’il est difficile d’arrêter». En pour clore ce chapitre, il estime qu’il y a des liens étroits entre «l’histoire de la pensée» et «l’histoire de l’économie», (en suivant les réflexions émises par les uns et les autres, nous-vous savons qu’il ne fut pas le seul à aborder ce genre de raisonnement), et qu’il étudia «l’histoire des lois sur les pauvres», à la lumière de ces deux disciplines (auxquelles il faut sans doute ajouter, la sociologie, la psychologie et la science politique). Ce qui l’a amené à penser que le capital humain est fructueux, même s’il est difficile d’estimer un taux de rendement des dépenses en éducation. Il est de plus en plus sceptique sur le sujet, quand par exemple, il compare les théories orthodoxes à ses propres réflexions, sur les problèmes posés par l’éducation et son financement dans le tiers monde. (Blaug, a séjourné dans une trentaine de «pays en voie de développement», (cette expression est particulièrement péjorative…), et parfois pour des périodes de plusieurs mois, et vécu dans deux d’entre eux).
Michio Morishima, économiste mathématicien établit une synthèse (pour le moins osée, mais pour sa "défense" on pourrait ajouter qu’il ne fut pas le seul à marier l’eau et le feu) entre la pensée de Marx et celle de Walras ! (c’est LE théoricien qui établit l’un des pilier de «l’économie néoclassique», «la théorie de l’équilibre général», le paradigme dominant la microéconomie du XXe siècle !) Comme d’autres, il s’est intéressé à plusieurs autres disciplines, comme la sociologie, l’histoire, la philosophie, l’histoire de la culture et des religions, mais là où il diffère des autres, c’est qu’il considère que tout le savoir humain est nécessaire à la compréhension de la nature et de l’évolution de l’économie. Selon lui, «le cadre mathématique de la théorie» est insuffisant pour acquérir cette profonde connaissance, il faut y inclure des éléments sociaux, historiques ou institutionnels importants. Comment peut-on raisonnablement présenter une thèse dite sérieuse, sans évoquer le volet social ou politique ? L’un ne va évidemment pas sans l’autre ! Sur ce sujet et d’autres (reprochant à ses collègues et plus généralement aux intellectuels de ne pas être fidèles aux principes éthiques, tels la justice et la paix) ; Morishima exprima publiquement des opinions très tranchées, qui lui valurent des réactions violentes dans son pays d’origine. Un bémol tout de même, alors qu’il publia un livre (en japonais), où il attaquait virulemment Thatcher, il modéra ses propos face au Royaume-Uni, où il passa trente ans de sa vie. Influencé par l’ouvrage «Valeur et capital» de John Hicks, il apportera de nombreuses contributions à «la théorie de la croissance, de l’équilibre général et de l’analyse industrielle», dont il proposera une synthèse originale. Ensuite parcours normal d’un économiste classique, sinon quelques dépoussiérages de thèses néoclassiques vieillottes, en s’appuyant sur les travaux de l’un des plus grands mathématiciens du XXe siècle, Neumann, greffés à du Walras, pour faire pousser «un nouveau genre de théorie de l’équilibre général» (?). Faire du neuf avec des vieilleries, ne produira que des vieilleries ! Il n’a pas osé reprendre «le paradigme de la main invisible», de Pareto, tellement connoté ultra-ringard…
Dans les écrits de Morishima, apparait à de nombreuses reprises Karl Marx ! Quand dans les années cinquante il écrit ses premiers articles, Marx est totalement bannit de l’économie l’orthodoxe, sauf au Japon. Ce qui lui confère la réputation d’un agitateur post-ricardien mineur, ayant transformé la théorie ricardienne en machine de guerre contre la bourgeoisie. (C’est fort sympathique tout ça, non ?)
Morishima, considère que Marx est l’un des plus importants penseurs de l’économie, et lui consacre un livre intitulé : «Une théorie duale de la valeur et de la croissance». Traduisant «Le capital» en langage mathématique, en s’appuyant sur les travaux de Leontief et von Neumann, car il voit en Marx l’un des précurseurs de la théorie dynamique moderne de l’équilibre économique général ; c’est pour cette raison, qu’il le considère comme l’un des premiers économistes mathématiciens, même si sa maîtrise des mathématiques n’était pas très approfondie. Il tente à nouveau la "greffe", entre «la théorie de Marx» et les travaux mathématiques de Neumann, pour espère-t-il développé un nouveau modèle, Marx-von Neuman (?), qu’il nommera «le théorème marxien fondamental» : «la condition nécessaire et suffisante pour obtenir un taux de profit positif dans une économie capitaliste est que le travailleur y soit exploité. Il estime que ce théorème peut-être établi indépendamment d’une théorie de la valeur travail, dont il propose l’abandon.» (Pas très marxiste tout ça !) Selon Morishima, Marx et Walras seraient cofondateur de la théorie économique mathématique moderne. Il voit encore un autre "lien de parenté" entre ces deux hommes, le fait qu’ils établissent leur socialisme scientifique sur leur vision mathématique, parce que l’un et l’autre seraient ricardien. (!, alors que Walras est considéré comme le grand fossoyeur de la théorie ricardienne… Allez comprendre !) Morishima, ne s’arrêtera pas là, s’inspirant de Weber, pour expliquer l’économie japonaise, il fera appel à l’éthique et la religion… «La révolution Meiji à importé avec succès la technologie occidentale, tout en conservant l’ethos japonais, fondé sur le militarisme, le nationalisme, le paternalisme, et une structure sociale très hiérarchisée, le tout allié à des valeurs de sacrifice ; ce qui expliquerait la loyauté des travailleurs, et l’ardeur au travail» (Ça c’est la légende, car la réalité est tout autre…, un "coût" humain totalement démentiel !…) D’ailleurs à la fin des années quatre-vingt dix, le pessimisme le gagne et prédit que le Japon connaîtra une période de déclin qui l’amènera à l’effondrement de la productivité et une réduction du bien-être des habitants (au XXIe siècle le Japon ne sera plus qu’une "puissance" économique de troisième zone) ; qu’il attribue à plusieurs facteurs, le déclin démographique, l’élitisme et une éthique du travail stupide. (C’est le lot commun à toute l’humanité, non ?, le Japon, et quasiment toute la sphère occidentale, – et par contrecoup le reste du monde –, subit de plein fouet les affres d’une mahousse récession et pour pas mal de temps encore. (En ce qui concerne l’économie japonaise, il s’agit d’une variante qui dure depuis plus de dix ans, la "stagflation"). L’essentiel est de savoir si c’est pour une ou plusieurs décennies, et comment ça va péter…, si toutefois rien ne change d’ici là…)
Je n’ai pas développé (dans ce long article) les théories et idées développées par John Maynard Keynes, Schumpeter, Galbraith ou bien l’incontournable Joseph Stiglitz, car à mon sens, bien que connaisseurs de la «Théorie de Marx», soit ils n’apportaient pas «un plus» au présent article (qui je vous rappelle, concerne principalement le marxisme), soit qu’ils n’avaient rien d’original à transmettre, (toujours) dans le cadre de cet article ; voilà ! C’est sans aucun doute arbitraire, mais c’est comme ça !
Lors de précédents articles traitant «d’économie-politique», j’ai référencé certains de ces éminents économistes, ou bien d’autres encore…, (en signalant la parution d’articles et de livres), mais (ils) ne "cadraient" pas avec le sujet… (de plus, «les appointés» en furent (promptement) exclus d’office !, car ils bavent, à longueur de temps, leur logorrhée ennuyeuse sur tous les médias aux mains des dominants, «à la trappe tous ces parasites !»)
La dangerosité du «radicalisme libéral» (ou «néolibéralisme»)
La «"révolution" macroéconomique», prônée par le chantre du «radicalisme libéral», Milton Friedman, * mise au point par de jeunes mathématiciens, (il faudrait ajouter, mathématiciens "géniaux") techniciens de la formule (mathématique) tarabiscotée, (il faudrait ajouter mathématiques "sophistiquées"), aboutissent à une catastrophe économique mondialisée. Le même affirmant péremptoirement qu’il existe «un taux naturel de chômage», impossible à réduire par «les politiques économiques traditionnelles». (C’est pour raison et contre de telles inepties néolibérales qu’il faut vite en changer !)
* et si on s’en tient aux recherches d’un individu exceptionnellement doué dans ce domaine, Nicholas Georgescu-Roegen, déclarant que : «Malgré la maîtrise parfaite des instruments de l’économétrie naissante, on ne peut décrire les phénomènes économiques par des modèles mathématiques», on comprend beaucoup mieux le déroulement qui amena à l’accumulation de combines financières, proposées (entre-autres) par les «jeunes mathématiciens "géniaux", fournisseurs exclusifs de la finance internationale, en formules (mathématiques) tarabiscotées, dont elle est notoirement friande…, tout le monde sait pertinemment qu’ils sont manipulés (choyés et couvert d’or) en sous-main par de dangereux «radicaux-libéralisâtes».
Un gros bémol quant aux publications de Georgescu-Roegen, et tout particulièrement la série de quatre articles qu’il fit publier lors de son séjour à Harvard. Le premier était consacré à Pareto, pour celles et ceux qui n’auraient pas eu connaissance de l’histoire contemporaine de l’Italie (et plus précisément la période mussolinienne), j’ajoute pour votre gouverne l’additif suivant :
Les régimes autoritaires : «Les fascistes italiens se sont réclamés de Pareto, mort en 1923, et on dit souvent de lui qu'il justifie les régimes autoritaires.Réduisant la théorie de Pareto sur les élites, ils justifient leur violence comme nécessaire pour maintenir l'ordre social. Le pouvoir qu'exerce l'élite, minoritaire, n'ayant in fine pas de fondement moral, la force peut être utilisée sans complexe et le régime trouve dès lors sa justification dans son succès.Pareto voit dans l'avènement du fascisme une réaction et un gage d'ordre contre la décadence bourgeoise et son humanitarisme. D'abord très hostile, il accueille favorablement l'avènement de Benito Mussolini mais met en garde les fascistes contre « les aventures guerrières, la restriction de la liberté de la presse, la surimposition des riches et des paysans, la soumission à l'Église et au cléricalisme, la limitation de la liberté d'enseignement » (source : Wikipédia)
Chantres du «radicalisme néolibéral», unissez-vous !, pour imposer au monde entier vos fumisteries !… Celle-ci par exemple, (l’étalon de l’absurdité totale) : «l’hypothèse de la réalisation continuelle et parfaite de l’équilibre des marchés !», qui nous-vous entraina (mais pas eux) dans le mur en klaxonnant !
Autre incongruité «économico-matheuse» : «l’hypothèse des anticipations rationnelles», qui contrairement à cette appellation pompeuse, n’est pas rationnelle du tout !…, et n’a d’égale que le "naturel" de l’opacité des marchés financiers !...
Et ces bonni-menteries sournoises (non-reprise dans le chapitre concernant, Albert Hirschman, du genre «En vertu de la thèse de l’effet pervers», où l’on "démontre" de manière fallacieuse que les mesures progressives auraient un effet inverse à celui escompté. Ainsi : «l’aide aux pauvres augmenterai la pauvreté», «le salaire minimum accroîtrait le chômage», «et selon la thèse de l’inanité, il serait fondamentalement impossible de modifier un statu quo ancré dans la nature humaine.» ("ancré" par qui ?) Et il y en a plein d’autres comme ça, par exemple : «Il y a toujours eu des riches et des pauvres, alors pourquoi ça changerait ?!», « C’est dieu qui a voulu qu’il y ait des riches et des pauvres !», «Si les pauvres sont pauvres, c’est de leur faute à ces fainéants !» variante, «Si les pauvres sont pauvres c’est parce qu’ils le veulent bien !», etc., etc., manque plus que la «Révolution nationale» et * le «Darwinisme social» (cher à Pétain et à Spencer, aux nazis et aux fachos de tous poils, et la boucle sera bouclée !)
* Le compagnon, Pierre Alexeiévitch Kropotkine, répondit brillamment à l’ultraconservateur raciste Spencer, par un ouvrage intitulé : «L’Entraide, un facteur de l’évolution», dont la première édition française parue en 1906, à lire ou à relire toute affaire cessante !
«La "Grande Tragédie"» des chantres du «radicalisme néolibéral», (c’est ironique bien entendu, puisque notoirement incapables de dépassement, pour ces « bouffis d’importance», seule compte leur personne…, et après eux le déluge !), sont dans l’incapacité d’expliquer le fonctionnement des économies agricoles !… alors que d’ici peu «notre bonne vieille planète» sera dans l’incapacité de nourrir tous ses enfants !
Non contents d’apparaître comme "doctrinolâtres" dépourvus d’originalité, les «radicaux-néolibéralistes», cultivent l’arrogance jusqu’à imposer «les prétentions du charabia allégorique».
Autre tare majeure et «problème fondamental de l’économie orthodoxe se situe dans le fait qu’elle applique à des processus évolutifs et irréversibles des méthodes inspirées de la mécanique classique, conçue pour des phénomènes atemporel… Or l’économie est une science de la vie ancrée à la biologie. Les processus économiques sont irréversibles. L’étude du vivant ne relève pas d’une logique mécanique, mais d’une approche différente, dialectique, dont «la thermodynamique», offre le modèle. Georgescu-Roegen considère d’ailleurs cette dernière discipline comme la «physique de la valeur économique»
Georgescu-Roegen, s’appuyant sur les travaux de Sadi Carnot, qui développa * la première «loi de la thermodynamique», suivit d’une seconde loi établie cette fois par Clausius, introduit ce concept dans un livre publié en 1971, et fit de ce nouveau concept, un axe majeur de son œuvre. «L’entropie découle alors de la dégradation de l’énergie, de la transformation continuelle de l’énergie utilisable en énergie inutilisable, une perte d’énergie irréversible.» «En biologie comme en économie, l’entropie se manifeste dans le fait que l’énergie utilisable est graduellement transformée en énergie liée, inutilisable.» «Cette «dégradation inéluctable et irréversible», s’applique non seulement à l’énergie mais aussi à la matière», et l’appela «quatrième loi de la thermodynamique». «Ainsi la "quantité de dépôts minéraux" dont dépend la croissance économique, est contingentée et n’est utilisable qu’au prix de son éventuelle disparition irrévocable.»
* loi qui établit un lien entre «la chaleur et le travail». Cette première loi «de la thermodynamique» démontre «la conservation de l’énergie», alors que Clausius,établit une seconde loi qui stipule qu’on ne peut transformer la chaleur en travail sans disposer de deux sources de chaleur ayant des températures différentes, et donna à ce deuxième principe le nom d’entropie, inspiré d’un mot grec qui signifie, «transformation, évolution», d’où découle «la dégradation de l’énergie, de la transformation continuelle de l’énergie utilisable en énergie inutilisable», et donc, «une perte d’énergie irréversible».
Sans oublier, que ce type d’économie radicale (l’ultralibéralisme) pousse à la consommation effrénée, sans aucun recul par rapport à l’épuisement des ressources naturelles, d’ailleurs Georgescu-Roegen déclare à ce sujet : «seule une inversion radicale du processus dans lequel est engagé l’économie mondiale est en effet en mesure, de résoudre les problèmes de chômage, d’inégalité sociales, de crises économiques, et d’éviter la catastrophe écologique vers laquelle se dirige actuellement la biosphère.» Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas gagné !, à moins d’un sursaut mondial énergique pour se "débarrasser" vivement de 1% de la population (environ 11 millions d’individus de par le monde) qui archi-déconnent, sinon je ne vois pas comment, nous-vous, en sortir autrement !?
Sources : les "entreguillemets" ou les "entre parenthèses", mais pas tous…, puisque beaucoup sont de moi !…, sont inspirés (souvent en les reformulant) soit de «Alternative économique», soit de «Wikipédia l’encyclopédie libre», ou encore de «Gallica, bibliothèque numérique»
Post-scriptum : au fur et à mesure du développement de ce (long) article, vous découvrirez des propositions innovantes, (où le marxisme demeurera l’une des thèses majeures), des idées nouvelles et des thèses en pagaille, je me suis chargé de (vous) proposer certaines "antithèses", (il ne peut évidemment pas être question de «Matérialiste dialectique»), mais il vous appartient de dépasser les contradictions émises par les un-es et les autres, et d’en tirer votre propre synthèse !... (une approche dialectique, comme l’entendait Hegel).Articles portant sur des thèmes similaires :
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