La reculade sur la réforme constitutionnelle d’abord. Ce n’est pas nous, qui avons jeté toute notre énergie dans l’appel des 333 pour la levée de l’état d’urgence, et dans l’organisation du meeting d’unité qui s’est tenu le 26 janvier à Paris, qui regretterons la volte-face gouvernementale sur un projet de réforme dont le seul objectif était en réalité le renforcement des institutions autoritaires de la 5ème république, souci bien éloigné du prétexte trouvé dans les attentats du 13 novembre et la lutte contre le terrorisme.
Ce sont les justifications apportées par l’Elysée et la rue de Solferino pour expliquer la reculade qui méritent notre attention. Elles constituent une démonstration imparable de l’impasse dans laquelle se trouve le parti socialiste. « C’est la droite qui est responsable » disent en substance les responsables socialistes « car elle a refusé au Sénat de voter le texte gouvernemental ». Quel terrible aveu ! Ce serait donc l’absence de soutien des députés et sénateurs LR, Sarkozystes, fillonistes, jupéistes, etc… qui aurait mis en échec le texte hollandien. Comment mieux démontrer la véritable nature de la politique gouvernementale ? Le pouvoir pourrait crier à l’injustice. Quelle ingratitude en effet ! Quel manque de reconnaissance absolu de la part de la « droite » envers le gouvernement socialiste et le chef de l’état qui depuis qu’ils sont au pouvoir ne cessent dans tous les domaines – politique économique, sociale ou étrangère- de reprendre les vieilles lunes sarkozystes à leur compte en en aggravant d’ailleurs les effets.
Contrairement aux apparences, ce ne sont pas les oppositions d’appareils entre le PS et les « LR » ou au sein des différentes formations qui ont mis en échec la réforme élyséenne. Certes le quorum nécessaire pour faire passer la réforme constitutionnelle était menacé. Mais pour quelle raison ? Ce qui s’exprime dans les hémicycles de la république est souvent la réfraction des mouvements profonds qui traversent la société. L’émoi qui a donné une majorité dans l’opinion à la politique « sécuritaire » anti sociale partagée sur le fond par les socialistes comme par leurs prétendus adversaires s’est émoussé et la réalité a repris le dessus. C’est bien la difficulté à affronter les français sur le fond de la question –état d’urgence permanent, nationalité modifiée, menace pesant sur les règles républicaines- qui ont contraint nombre de sénateurs à se désolidariser d’un texte qui pourtant était dans un premier temps bien accueilli.
La seconde difficulté majeure à laquelle se trouve confronté le pouvoir nous ramène une fois encore à la réalité des rapports sociaux, de l’opposition active des ouvriers, salariés, du public, du privé, des jeunes, à la politique gouvernementale. Le caractère grotesque du comptage policier qui dénombre le 31 mars contre la loi El Khomri 390 000 manifestants dans toute la France – 26 000 à Paris- lorsque de l’avis général le million était dépassé ne peut rien changer à l’affaire. Seuls ceux qui veulent ainsi se rassurer pourront être dupés. La France « d’en bas » est en train de rassembler ses forces pour se mettre en travers de la liquidation du code du travail, en travers de l’assujettissement total du salarié au bien être de l’entreprise. La lame de fond est en train de rassembler son énergie pour déferler.
Après la débandade sur la réforme constitutionnelle, le pouvoir serait bien inspiré s’il veut préserver l’année qui lui reste de reculer là aussi sur la loi El Khomri. De nouvelles mobilisations pour le retrait pur et simple du projet de loi sont d’ores et déjà appelées. De nouvelles manifestations de masse qui mettent à l’ordre du jour s’il le faut le blocage du pays et la grève générale interprofessionnelle reconductible pour faire céder le gouvernement et le parti socialiste s’ils voulaient s’obstiner.La sociale
le 31 mars 2016
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