Nous aurons l’occasion d’y revenir, mais le boycott des élections européennes semble bien la seule réponse cohérente à la politique de l’Union Européenne. Tout vote en effet, quel qu’il soit, n’aura d’autre fonction que de cautionner ce système assis sur la négation des peuples, la destruction des nations, la liquidation des acquis sociaux….
Voici donc le contenu de l’intervention que je faisais le 26 au soir :
« Chers amis,
Journaliste de télévision du service public, réalisateur de documentaires, et co-animateur du site « La Sociale », mon intervention s’inscrit dans le combat contre l’union européenne, l’union des traités de Maastricht, de Barcelone, de Lisbonne, de Nice et tous les autres, qui ont instauré l’euro et organisé le pillage du travail au profit du capital. Et bien sûr, mon intervention s’inscrit contre l’Europe du marché libre et non faussé qui nous ramène, date incontournable, au référendum sur le traité constitutionnel de 2005.
En 2005, avec une petite poignée de confrères, journalistes, réalisateurs, personnels du service public, nous lancions un appel « le NON censuré dans les médias, ça suffit ! » qui très vite nous dépassait. En quelques jours plus de 15000 signatures étaient recueillies pour protester contre la mainmise de l’oligarchie sur la presse écrite, radio ou télévisuelle, qui imposait un seul point de vue. Il fallait pour se montrer moderne, ouvert, dire OUI. Et la propagande grossière pour le OUI faisait la joie des commentateurs, des patrons de presse, des puissances de l’argent, banquiers, fonds de pensions, ou autres agences de notation… Les injures fusaient… « Archaïques », « passéistes », « lepénistes » nous disait-on. Le Oui était l’occasion d’afficher de façon évidente le consensus gauche droite, parti socialiste, UMP sur une position commune qui devait sans nul doute s’imposer au peuple français… Et comme si l’histoire devait se répéter, aujourd’hui seul l’appel à voter aurait droit de cité.
Mais en 2005 le peuple a dit NON ! Et deux ans plus tard, au congrès, le consensus gauche droite se réaffichait sans vergogne, les députés et sénateurs faisant entrer par l a fenêtre ce que le peuple avait rejeté sans ambigüité par la porte.
L’histoire est pleine d’enseignement. Déni de démocratie, déni de souveraineté, déni des nations, déni de liberté, oui, voila l’essentiel, voila le contenu réel de l’Union européenne et la nature profonde de cette construction politique qu’on aimerait faire passer pour l’Europe, mais qui n’a rien à voir avec l’Europe.
L’Europe ce sont des peuples, des nations, des histoires…
L’Union Européenne, elle, est une construction politique réalisée au profit du capital contre le travail. Et elle est à l’œuvre dans chaque pays, avec une violence inouïe, portant ses coups à la souveraineté populaire, à la souveraineté nationale, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.
J’étais en Grèce pour le tournage de mon documentaire « Dans le secret du crime financier » il y a plus d’un an. Et j’ai assisté à la venue des émissaires de la Troïka venus poser leurs conditions pour débloquer les plans d’aide financière… Poul Thomsen le danois pour le Fond Monétaire International, Klauss Masuch et Matthias Mors, les allemands pour la Banque Centrale Européenne et l’Union Européenne étaient à l’œuvre…
L’ambiance déjà voulait tout dire : protection policière, protection armée, passage protégé… La Troïka a besoin d’être à l’abri là où elle vient frapper, consciente des risques qu’elle court comme l’est le criminel en train de commettre son forfait.
Criminels, oui ! Les envoyés du nord venus mettre au travail ces fainéants du sud ! Et avec eux l’organisation du saccage généralisé…
J’ai vu ce que veut dire liquidation de la santé… Une organisation non gouvernementale –Médecin du Monde- dans le berceau de la civilisation comme au fin fond de l’Afrique, contrainte porter les premiers soins à ceux qui n’ont plus accès ni aux hopitaux, ni aux simples médecins…
J’ai vu les retraités et l’intransigeance de la cette odieuse Troïka venue exiger un abaissement de 60% des pensions… J’ai vu le diktat pour que soient jetés à la rue des milliers et des milliers de fonctionnaires, que soient liquidés des pans entiers de services publics pourtant indispensables au fonctionnement de la société hellénique.
Et la France dans tout cela ?
En France, la troïka fait l’économie du voyage. Elle a ses représentants directs, ses agents actifs, son gouvernement de combat en la personne de Manuel Valls aujourd’hui qui affiche la couleur au nom de François Hollande, dans la continuité de Jean Marc Ayrault. Plus encore, avouons-le : sur l’essentiel Sarkozy et ses amis du Fouquet’s en rêvaient, Hollande le fait !
Car l’Europe est au cœur de la politique Hollandienne. Pas un détail, le cœur ! François Hollande a été élu sur une triple imposture, titre que j’ai choisi pour mon dernier livre dont le président, « L’Imposteur », orne la couverture.
- La première, nous ramène au Bourget… « la finance est mon ennemie » disait le candidat Hollande. Depuis qu’il est élu il n’a de cesse de la servir, encore et toujours au détriment des salariés, des ouvriers, des employés, des retraités.
- La seconde nous rappelle la tirade à la Cyrano face à Nicolas Sarkozy. « Moi président… »… Ca avait de la gueule comme on dit. On avait presque envie d’y croire. « La morale, l’éthique… »… Depuis son élection, il y a eu le scandale de la fédération socialiste des bouches du Rhône dans le sud. Et en écho a répondu la fédération du Nord pas de calais dont les péripéties ont permis l’accession du Front National à la mairie d’Hénin Beaumont. Et en prime nous avons eu Cahuzac venu au nom du respect des traités européens demander aux français de se serrer la ceinture pendant qu’il fraudait et plaçait son argent en Suisse !
- La troisième imposture c’est l’Europe ! Il fallait faire basculer une petite frange des opposants, et des sceptiques. Il a donc été d’abord question de renégocier le traité Merkel Sarkozy… Puis d’un rajout social… Bref, en six heures la messe européenne était dite…
Le Programme de Valls Hollande, c’est le programme de l’Union Européenne…
- Avec le nouvel acte de décentralisation, l’Europe des régions… L’industrie pour certains, la rentabilité, les profits, et une Réserve d’indiens pour les autres… et on sait le sort que l’histoire a réservé aux indiens parqués dans leur réserve…
- Pour cela la destruction de l’Education Nationale, l’ébranlement des piliers de notre république, la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité.
- Enfin l’atteinte aux acquis historiques qui viennent du Conseil National de la Résistance et qui aujourd’hui font figure de mesures révolutionnaires, ce qui veut tout dire de l’évolution de l’histoire…
Le programme de Valls Hollande, c’est celui de la Troïka en Grèce, au Portugal, et ailleurs… Cadeau aux chefs d’entreprise, 50 milliards, pillage des fonds publics, du bien commun, liquidation de nos services publics au nom d’une dette qui est celle des banques et pas des citoyens… C’est le pacte de responsabilité…
C’est pour cela qu’ils voudraient tous qu’on aille voter ! Ecoutez-les, « votez ! Pour n’importe qui, mais votez ! », voilà leur message…
C’est ce discours qui a été tenu en Grèce, là où l’église orthodoxe ou les armateurs sont exonérés d’impôts… Et où le peuple est pressurisé jusqu’à l’insupportable…
En France en ligne de mire de ce gouvernement représentant de la Troïka, en ligne de mire de Valls, la sécurité sociale… Dans un tour de passe passe incroyable sans que les médias ne trouvent rien à redire, voila le nouveau premier ministre annoncer :
- -> 40 euros par mois en bas de la feuille de paye pour les petits salaires.
- - > Plus de 340 mensuel pour les patrons par employé payé jusqu’à 1,2 smic grâce à de nouvelles exonérations de « charges » disent-ils.
C’est une véritable escroquerie. Ce qu’ils appellent charge n’est rien d’autre que la part socialisée de notre salaire, le salaire différé. Ils proposent 40 euros d’un côté, en prennent 340 de l’autre. Ils piquent donc 300 euros de salaire mensuel par salarié concerné.
Ce qui est visé, c’est la sécurité sociale
Réfléchissons à ce que représente la sécurité sociale. Le principe fondateur en est clair. La sécurité sociale incarne une dose de socialisme imposée dans la société capitaliste. Tu reçois selon tes besoins et non selon tes moyens. Plus que l’accès aux soins, ce qui est visé dans l’attaque contre la sécurité sociale, c’est ce principe fondateur qu’il faut faire voler en éclat pour tout emporter, une fois pour toute, au nom du profit, du capital et détriment du travail.
L’imposteur Hollande, ses hommes de mains, ses ministres sont les représentants de la troïka…
Alors le boycott…C’est d’abord la seule façon de ne pas cautionner l’union européenne comme construction politique anti démocratique… Et puis ne boudons pas les petits plaisirs. Le boycott sera majoritaire et on n’est pas majoritaire tous les jours. Donc ne laissons pas passer l’occasion. Trêve de boutade, le boycott est la seule réponse conséquente à l’Union Européenne.
C’est en effet la meilleure façon d’indiquer ne pas vouloir accepter l’Union Européenne et l’Euro, de revendiquer l’explosion de cette construction politique antidémocratique… C’est le sens du boycott contre tous ceux qui veulent nous leurrer, notamment avec une soit disant réorientation sociale de l’Europe… Quel que soit le vote, rien ne changera, tout est décidé, programmé, entériné ! Alors la question n’est pas de savoir qui sera le meilleur comme député européen. Mais de comprendre que quel que soit l’élu, la politique menée sera identique, celle que mène la Troïka et les gouvernements qui la représentent.
La preuve par l’absurde ? Ils ont inventé le vote blanc comptabilisé. Ce qui compte pour eux, c’est la participation, pas les élus. Et bien message reçu cinq sur cinq. C’est bien la participation la plus faible possible qui pèsera, qui ôtera toute légitimité à l’Union Européenne et à sa politique mortifère.
Comme en 2005 nous assistons aux arguments réchauffés. Il faudrait nous « démarquer du Front National ». C’est la question récurente que m’a posé un confrère après un meeting tenu à Nice le 10 avril dernier. Et bien, ce n’est pas à nous qu’il faut poser cette question. Nous la démarcation est claire. Nous sommes partisans du boycott alors que le Front National présente des listes. Ceux qui doivent s’en démarquer ce sont le PS, l’UMP, les verts, la gauche de la gauche, le PCF, le Parti de Gauche, le Front De Gauche… Ceux notamment qui nous expliquent qu’il faut une réorientation sociale de l’Union Européenne. Tous ceux qui concourent sur le terrain de la légitimation de l’Union Européenne ! Ce n’est pas notre cas. C’est aux participationnistes de tout poil qu’il faut poser la question, car ils sont sur la même ligne que le Front National… Les voitures de fonctions, les fonds, et l’impuissance politique revendiquée pour faire subsister le système dont ils vivent…
Mais allons jusqu’au bout. Nous démarquer ? Cela ne peut se cantonner à une simple question électorale. Défaire l’Union Européenne a son corollaire. Ici il s’agit de tout faire pour mettre à bas le « pacte de responsabilité », sauver la sécurité sociale ! En même temps que le boycott, c’est l’unité la plus large, sans préalable, pour mettre en échec cette politique, pour le retrait du pacte de responsabilité qui devrait être organisé ! Le combat pour l’unité sans préalable pour la défense inconditionnelle des revendications. L’unité qui permettrait de dresser le peuple contre les politiques de liquidation sociale auxquelles nous assistons, qui permettrait par centaines de milliers, par millions d’aller dire aux députés, là où ils sont, dans leur permanence, mais aussi à l’assemblée, qu’aujourd’hui comme en 2005, le peuple a ses exigences, qu’ils doivent obtempérer ! ou qu’ils devront se résoudre, un peu plus tôt, un peu plus tard, à être démissionnés !
Jacques Cotta
le 27 avril 2014
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Pourquoi je vais m’abstenir de voter pour les européennes (le vote blanc n’est pas encore pris en compte) :
- J’ai voté contre le traité de Maastricht et j’en suis fier, dès que j’ai su que la BCE serait totalement indépendante. Cela avait été le cas depuis 1973 avant que la France se lie les mains en se dépossédant du principal pouvoir qui est à disposition pour répartir les richesses produites par le pays : être maître de son buget. « Ce qui est sage dans la conduite d’une famille privée peut être presque fou dans la conduite d’un grand Etat » Adam Smith (reconnu comme un des plus grands économistes classiques).
- J’ai voté NON au référendum du TCE en 2005, comme 55 % des inscrits parce que concocté par Giscard, libéral s’il en fut, proche des milieux bancaires, il entérinait le libéralisme sans freins permis par la même BCE qui ne pouvait intervenir que pour contrôler les taux directeurs des banques. Il permettait aux lobbys des grandes entreprises et des banques de poursuivre leur pressions en leur faveur pour étendre les marchés aux détriment des populations qui pourtant les enrichissent sans en profiter puisque le chômage et les inégalités sont les conséquences de leur liberté d’agir sans contrôle. Toujours plus pour les nantis, presque rien pour les autres.
- Je m’abstiendrai aussi parce que les candidats députés européens n’ont pas le pouvoir de s’opposer à la décision de la Commission totalement indépendante, donc d’empêcher les négociations du futur grand traité transatlantique USA-UE qui prévoit d’ouvrir à tous vents les frontières entre ces deux continents, une fois de plus au bénéfice des grandes entreprises. La libre concurrence qui est un grand principe inscrit depuis longtemps dans les traités européens, ne fera qu’accroître la puissance des plus forts pour détruire celle des plus faibles. Loi naturelle pour les libéraux, qui est aussi la loi de la jungle.
- Ce ne serait pas vivre en autarcie que de se défendre avec ses propres armes contre ces agressions extérieures dont le profit est leur seul drapeau, ne serait-ce qu’en ayant sa propre monnaie pour les pays de la zone euro.
- Ce ne serait pas ouvrir la porte au populisme que de vouloir montrer le besoin de son indépendance, le droit de protéger les plus faibles avec l’institution, par exemple des règles issues du CNR (Conseil National de la Résistance).
- S’abstenir sera ôter une certaine légitimité aux décisions importantes de l’U.E Décisions qui ont été celles du Conseil des ministres également illégitimes du point de vue démocratique car elles ne sont pas issues directement des assemblée du peuple. A quoi servent les députés européens s’ils ne peuvent se prévaloir que de la seule légalité électorale pour asseoir leur pouvoir. Au contraire ils servent d’alibi aux technocrates et aux financiers les véritables dirigeants. Cette impuissance des députés sera la même si des groupes d’extrémistes de droite comme de gauche sont plus nombreux. Dans tous les cas les libéraux pro-européens conserveront la majorité : ils ne sont pas près de saborder l’UE ni même de faire passer un veto qui la bloquerait.
- Reste la possibilité pour un pays d’appliquer l’article 50 qui lui permettrait de sortir de l’U.E. A moins de mettre 10 millions de personnes dans la rue assorti d’une grève générale, cette solution… extrême, n’est pas pour demain même si l’abstention dépasse 50 %. M’abstenir devra donc être considérée comme une alerte, la seule action à ma disposition.