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Migrations des savoirs

Par Pierre Assante • Débat • Samedi 01/05/2010 • 0 commentaires  • Lu 2523 fois • Version imprimable


Les progrès des connaissances sur le cerveau sont de plus en plus rapides. Mais nous sommes loin de connaître la multitude de phénomènes qui s’y déroulent. Les connaître voudrait dire connaître la matière qui le constitue ce qui voudrait dire que nous ayons fini l’investigation de la composition de la matière, ce qui est un grand objet de recherche des physiciens, des chimistes, des astronomes, des mathématiciens...

Pour connaître comment s’organise la mémoire, l’intelligence dans cette matière cérébrale. Pour connaître les interactions entre cette matière et le reste du corps, tout le corps dans son unité fonctionnelle, son processus, et l’interaction du corps avec le corps social et la nature…. Pourquoi alors s’étriper sur la réalité supposée ou niée d’un processus intelligent de la nature ? Ne suffit-il pas d’intervenir sainement dans le processus en fonction des instincts de santé que nous transmet l’espèce, et que notre culture sociale et individuelle en interactions modifient et de choisir cette intervention en fonction de ce que notre processus de conscience de la nature sur elle-même, que nous sommes, nous fait sembler comme un processus en santé dans la résultante de l’infinité de nos mouvements contradictoires ?

Ne suffit-il pas de participer à cette conscience, de son processus pour la désigner comme une intelligence générale du processus de la nature ?Lénine pensait qu’ « un idéalisme intelligent est plus proche du matérialisme intelligent que ne l’est le matérialisme stupide ». Et il n’employait pas le terme idéaliste ou matérialiste mais idéalisme et matérialisme. 

Ernst Bloch que « le meilleur dans la religion, c’est qu’elle engendre des hérétiques ».

Et qu’ « on verra que le monde nourrit depuis longtemps le rêve d’une chose dont il lui suffit maintenant de prendre conscience pour la posséder réellement ». Mais c’était en 1843, avant « le capital », diront certains. Pourtant, le processus de découverte anthropologique exposé dans « L’idéologie allemande » par exemple n’était-il pas nécessaire à la critique de l’économie politique et n’est-il pas contenu dans cette critique ? 

La conscience que depuis 1970 nous sommes entrés dans une nouvelles phase d’application de techniques révolutionnairement nouvelles (informationnalisation mondialisée des moyens de production et d’échange) qui multiplient les capacités productives de l’humanité, et donc qui multiplient les contradictions liées aux lois du capitalisme, cette conscience ne doit-elle pas nourrir cette part du devenir qui est en nous, dans notre conscience et notre intuition d’un autre développement de l’humanité.D’une humanité dont le processus s’affranchit d’une part moins « humaine » et poursuit, d’une façon qualitativement nouvelle cette conscience de la nature sur elle-même que nous sommes. 

En cela je réponds à l’affirmation que "chercher une réponse sociale à une crise morale est une impasse" : non. C'est chercher une réponse morale dans une crise sociale qui est une impasse, il me semble, même si évidemment il y a rapport dialectique entre les "2 actions" qui n'en sont qu'une.Voir l’essentiel, l’essence de l’homme dans la production par l’homme des biens qui lui sont nécessaires à son processus vital et celui de son espèce, et voir les rapports de productions qui sont intriqués dans cette production, c’est tout le contraire d’un matérialisme stupide, et c’est encore moins ce que par manque d’imagination ou par intérêt de classe la société marchande puis la société capitaliste nous présente comme une pensée inférieure par rapport à la pensée « spirituelle ».

Il n’y a rien de « supérieur » dans la pensée humaine et dans la nature qui nous entoure que celle qui perpétue cette pensée par la vie et la production de la vie, c'est-à-dire le processus de la vie pensante, consciente et l’action de résolution des contradictions de son processus qui tiennent à la question économique « en dernière instance ».

Quand à la notion de « supériorité » il ne peut faire qu’appel au concept de processus et de son « avancée », sinon il est stupide, ce qui est en général le cas dans l’expression correspondant à notre niveau de développement historique humain d’aujourd’hui, dont nous sommes tous imbibés, dans lequel nous cherchons les voies d’une transformation qualitative qui est déjà en nous. Elle est en nous en prémisses dans notre quotidien, en prémisses des « niveaux infinis » de transformations qualitatives qui peuvent être considérées comme une « intelligence générale » du processus naturel que les intuitions religieuses pressentent, que les religions oppriment, de concert avec la part conservatrice qu’est devenu  le capital aujourd’hui qui entrave les forces productrices en perpétuant la mesure quantitative de la valeur. Les choses « nouvelles » pour nous, que nous devons identifier comme les « choses de notre temps » qui nous rendront les repères que nous avons « perdus » :Nous ne les avons pas perdus, ils ont migré, comme un savoir se « dissout », se « dilue » et intégrant des autres savoirs. Exemple, les mathématiques « dures » semblent s’être dissoutes quand elles « arrivent » dans « la part » des sciences humaines qui les utilisent.

En fait elles se renforcent mais elle ont une présence qualitativement nouvelle qui leur donne l’apparence d’une « diminution » de par leur « volume nouveau », à l’instar du computer actuel par rapport à l’ordinateur à lampes à incandescence.   de la même façon et se diluent au fur et à mesure que le salariat s’installe majoritairement dans le monde et crée les conditions mondiales de sa transformation en activité libre, libérée des lois du capital, du profit, de la mesure quantitative de la valeur d’échange.

Mais si les repères se « diluent », ils vivent par eux-mêmes leur vie autonome s’il y a vie humaine, c'est-à-dire si les choix conscients perdurent et ouvrent les possibles sains qui sont en nous. Donc si cette explosion des capacités des forces productives incomparablement plus forte que celle de l’industrialisation du machinisme capitaliste triomphant, trouve résolution de leur opposition interne à elles-mêmes (ces capacités), donc si les choix collectifs portent sur cette opposition, contradiction. Les forces productrices, nous en faisons partie, nous les avons créées et nous nous auto créons avec elles.

Repérer les contradictions du processus humain.

Les com-prendre comme nos contradictions.

Transformer la vision clanique du bien et du mal par celle des choix collectifs sains du processus humain. Processus de reproduction des forces productives pas « coupées en morceau » par l’idéalisme philosophique et ses conséquences sur les choix sociaux.Forces productives dans leur totalité, leur unité.L’unité des représentations, de la réalité matérielle dont elles font partie, comme toute existence, réalité, y compris « l’imaginaire ».Beautés et horreurs des représentations, les contradictions con-tenues, co-tenues.

Autonomie relative des représentations, santé des représentations liées à la réalité de la reproduction élargie des forces productives, croissance.Tout cela comme réalité sous les différents aspects à laquelle elle nous apparaît et dont il nous faut tendre à la simultanéité, l’unité.Le quotidien.

Les débats, assemblées, les grèves, les manifestations, les élections. Les nourritures « terrestres » et « célestes ». Arts et gastronomie. Amitié. Amour « terrestre »et « céleste ». Le corps. Si vous en doutez, pensez au travail et les moyens de production accumulés pour arriver jusqu’à votre lecture de ceci, quelle qu’en soit la santé.

Pierre Assante, 1° mai 2010

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