de Denis Collin. Éditions Max Milo, 2008, 318 pages, 24,90 euros.
En pleine crise du capitalisme mondialisé, se demander si ce système est « une histoire sans fin » pourrait sembler anachronique. Mais la réflexion que nous livre Denis Collin est bien guidée par la volonté de dessiner les contours d’une alternative, pour aujourd’hui. Seulement, souligne le philosophe, si « (les) grandes crises ouvrent la possibilité de la disparition du capitalisme et de son remplacement par un autre système (…), possibilité n’est pas nécessité : une possibilité peut rester à l’état de simple possibilité éternellement ». Dès lors, l’urgence même de la situation impose de prendre le temps d’un réexamen sans concession des différentes tentatives historiques de dépassement du capitalisme (socialisme « réel » comme social-démocratie ouvrière), mais aussi, et surtout, d’une relecture patiente de Marx et de ses prédictions, à la fois géniales et ambiguës. Oui, la dynamique interne du capitalisme conduit à la concentration et centralisation du capital. Mais la perspective d’une « expropriation des expropriateurs », appuyée sur le constat d’une socialisation croissante de la production, a pris des traits cauchemardesques. « L’abolition du salariat prend la forme de l’abolition des statuts juridiques protégés des salariés et la possibilité pour les salariés de passer le plus rapidement possible au statut de non-salariés. » Bref, le « mouvement réel qui abolit l’état actuel » auquel Marx, dans l’idéologie allemande, veut identifier le concept de communisme, semble nous entraîner paradoxalement vers un « capitalisme pur », un état d’atomisation sociale où les individus, loin d’être des « producteurs (consciemment) associés », se pensent et se comportent comme entrepreneurs d’eux-mêmes. Corrélativement, le dépérissement de l’État, ou plus exactement sa « transformation en une simple administration de la production », selon l’expression du Manifeste du parti communiste, revêt le caractère monstrueux de la « gouvernance » néolibérale, foulant aux pieds la souveraineté populaire, au nom du « libre-échange ». Comment le « désir » de Marx s’est-il ainsi transformé en un cauchemar ? Denis Collin avance de solides « considérations », assurément marxiennes mais accablantes pour les différentes variantes de la tradition marxiste. Celles-ci ont en effet toujours eu tendance à n’aborder le salariat que comme condition commune de ceux qui vivent de la vente de leur force de travail, alors qu’il est « d’abord et surtout (dans le Capital) la concurrence que se font les vendeurs de force de travail (…) sur le "marché" du travail ». Dans l’optique de Denis Collin, c’est notamment cette question du dépassement de l’expérience quotidienne de concurrence qu’une certaine orthodoxie marxiste a tenté d’extrapoler par des surenchères ouvriéristes. À rebours de ces impasses, l’auteur propose de repenser l’association marxienne des producteurs sur des fondements anthropologiques, « communautaires ». Mettant en exergue les conséquences de la marchandisation capitaliste sur le bien commun, l’environnement mais aussi la transmission des savoirs par laquelle se forgent des individualités capables de liberté, cet ouvrage pose les jalons d’une authentique alternative, libératrice pour les sujets concrets.
Laurent Etre - L'Humanité
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Je serais le dernier à prétendre être un docteur es-marxisme. Mon pragmatisme de shadok me souffle que:
- on ne peut considérer le "capital" sous sa seule forme produite ou "morte": machines, routes, moyens de production..ni "fictive": pyramides de crédit, capitaux boursiers - capitaux "morts" à double titre. Il faut considérer le capital vivant, les hommes et femmes, la société sous le capitalisme. Celui d'ou est extrait la plus-value. Celui qui est dominé par le capital (mort ou de mort).
- En dépit des apparences, c'est la composante décisive du capital, sa composante sociale luttant pour sa survie, se reproduisant dans toutes les deformations, avec tous les sigmates et les compétences imposées par le systeme de production capitaliste.
Au sein de 7 milliards d'hommes, de femmes, d'enfants. De 200 états à l'armement ...et à l'endettement croissant.
- sauf pour les besoins de ses demonstrations, Marx n'a pas considéré l'achat et la vente comme séparés des process capitalistes. La fixation des prix, y compris de celui de la force de travail - salariée ou non salariée - est inseparable de la concurrence, du marché, des conditions concretes de sa determination à l'instant t comme abstraction monetaire de la valeur entre acheteur et vendeur. Pour maitriser la formation des prix, briser les prix de cartel, les retro-commission en tous genres, la spéculation, et la manipulation des stocks, le peuple devra mettre tout son poids dans la balance et celui de l'état.
Songe creux? Que nenni! Regardez à la Guadeloupe le controle des prix des importations qui se met en place pour les produits de premiere necessité.