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Racisme, xénophobie, islamophobie ?

Par Denis Collin • Débat • Mercredi 11/09/2024 • 0 commentaires  • Lu 78 fois • Version imprimable


 Les médias de la pensée unique et les partis « de gauche » entretiennent à plaisir la confusion. Quiconque professe ne pas aimer l’islam est étiqueté comme « islamophobe » et derechef comme raciste. La xénophobie est également assimilée à du « racisme » même quand elle s’adresse à des « blancs », indo-européens comme le sont la plupart des Afghans ou des Iraniens. On pourrait ajouter que ceux qui défendent la nation sont catalogués dans la catégorie « nationalistes », une catégorie qui vous fait vite passer aux précédentes.

Commençons par le racisme. Le racisme est d’abord une idéologie qui soutient qu’il existe des races humaines et que la pureté des races est un bien. Généralement, le raciste estime que la race dont il se revendique est supérieure aux autres. Du point de vue théorique, le racisme est une superstition des plus bêtes. Il n’y a pas de « races humaines », mais seulement un large éventail de phénotypes. On isole arbitrairement un ou deux traits phénotypiques pour en faire des marqueurs de la race, la couleur de la peau étant le plus visible est le marqueur par excellence. Ce racisme biologique est un des pires fruits pourris que nous ait légué la science biologique européenne. Les nazis en furent des adeptes particulièrement virulents, mais d’autres nations s’y adonnèrent. La nôtre fournit son contingent de théoriciens du racisme et les États-Unis y contribuèrent massivement. Les deux prix Nobel, Watson et Crick, qui découvrirent la structure en double hélice de l’ADN étaient des racistes fieffés. Mais ce racisme s’est répandu au-delà des Européens et des Américains. Il existe des « suprémacistes noirs » et les Chinois sont souvent convaincu de leur supériorité. Le Japon fut aussi un terrain favorable à la maladie raciste. Pour les racistes, les différences biologiques sont censées corrélées à des différences mentales. On aurait des races lâches et des races courageuses, des races intelligentes et des races stupides.

La stupidité des « arguments » racistes a été montrée mille fois, notamment par des scientifiques. Il n’est pas utile d’y revenir plus longuement. En moyenne, les hommes sont tous semblables et même d’une étonnante similitude biologique, si on compare les différences entre les humains et les variations dans les autres espèces vivantes. En fait, l’idée de race est une idée d’éleveur sélectionnant ses bêtes pour certains traits phénotypiques : les vaches de race charolaise produisent des « culards », c’est-à-dire de beaux biftecks… Et encore, même chez les animaux l’utilisation du concept de race est très problématique. Les différences de nature entre les individus existent, mais elles ne forment jamais des « variétés » au sens de la taxinomie en biologie.

En même temps, le racisme, passion qui repose sur la surestimation de soi-même et la dépréciation des autres est assez naturel. On le retrouve dans tous les peuples sous toutes les latitudes (voir Claude Lévi-Strauss, Race et histoire) et chercher à l’éradiquer est aussi vain que vouloir éradiquer les autres passions humaines. On ne peut le combattre que par l’instruction, la connaissance de la diversité de l’humanité et son histoire complexe, mais aussi par la morale qui nous demande de considérer chaque être humain comme une fin en soi et jamais simplement comme un moyen, en gros, une morale qui découle du christianisme et que l’on peut adopter sans croire en Dieu ni obéir au pape.

Venons-en aux phobies. Ce sont des passions, mais qui ne sont pas même nature. La phobie est une crainte. La plus commune de ces craintes est la crainte de l’étranger, la xénophobie. Les hommes vivent dans des communautés et l’étranger est d’abord perçu comme une menace pour la stabilité de la communauté. Il n’y a pas si longtemps, celui qui était né dans un village et venait s’installer pour cultiver la terre 20 km plus loin était considéré comme un étranger et la méfiance à l’égard de l’étranger pouvait persister longtemps. Il y a aussi une xénophobie légitime, celle que l’on éprouve à l’égard des envahisseurs. Les Boches, les Fritz, les Fridolins, les Schleus ou les Doryphores étaient quelques-uns des noms pas très sympathiques que l’on donnait aux Allemands après la guerre de 1870. Les chansons patriotiques dénonçaient les « fils d’Allemagne » qui voulaient s’en prendre à « nos filles ». Les rosbifs, les ritals, les portos et les espingouins, nos plus proches voisins n’étaient pas toujours bien venus et pourtant ils ne nous envahissaient pas (ou plus). Rousseau souligne avec sa pertinence coutumière : « Toute société partielle, quand elle est étroite et bien unie, s’aliène de la grande. Tout patriote est dur aux étrangers : ils ne sont qu’hommes, ils ne sont rien à ses yeux. Cet inconvénient est inévitable, mais il est faible. L’essentiel est d’être bon aux gens avec qui l’on vit. Au-dehors, le Spartiate était ambitieux, avare, inique ; mais le désintéressement, l’équité, la concorde régnaient dans ses murs. Défiez-vous de ces cosmopolites qui vont chercher loin dans leurs livres des devoirs qu’ils dédaignent remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d’aimer ses voisins » (Émile, I) Nous les connaissons bien ces « belles gens » qui aiment les Tartares pour pouvoir mépriser leurs voisins. La xénophobie pourrait encore illustrer cette phrase de Plaute, dans la Comédie des ânes : Lupus est homo homini, non homo, quom qualis sit non novit, ce que l’on peut traduire par « l’homme est un loup pour l’homme, il n’est pas homme quand on ne le connaît pas ». C’est la peur de l’inconnu, peur bien naturelle. Qui n’a pas peur quand il trouve dans sa maison quelqu’un qu’il ne connaît pas ? « L’universelle hospitalité » dont Kant fait l’un des principes de la paix perpétuelle ne signifie d’ailleurs pas que l’on doit recevoir quiconque a droit à l’hospitalité, mais que l’on ne doit pas traiter en ennemi celui qui se présente à la frontière. Les donneurs de leçons qui prônent une hospitalité universelle et sans condition n’ouvrent généralement pas leur porte et le frigo de leur cuisine à toutes les personnes qui demandent l’hospitalité, car, si c’était le cas, il n’y aurait plus ni mendiant ni SDF. Demander l’application générale d’un principe dont on se dispense soi-même n’est pas moral.

Comme toutes les craintes, la xénophobie est un sentiment triste qu’il vaudrait mieux chasser. Mais en politique, on doit tenir compte des sentiments populaires et le politique n’a pas pour mission de chasser les passions tristes…

L’islamophobie est, mot à mot la crainte de l’islam. Dans sa Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes, Charb, rédacteur en chef de Charlie Hebdo, assassiné avec la majorité de la rédaction du journal par un commando de tueurs islamistes, avait justement dénoncé cette escroquerie, mise en circulation, rappelons-le par l’ayatollah Khomeiny. Des gens comme Mélenchon qui se disait ami de Charb ont depuis rejoint le camp des escrocs de l’islamophobie. Car l’islamophobie n’est ni raciste, ni xénophobe, mais une des expressions possibles de la liberté de conscience. Les sectateurs de l’islam ne sont forcément étrangers, puisque quelques millions d’entre eux sont français. L’islam ne représente pas une « race », non seulement parce que le concept de « race » est stupide, mais aussi parce que les musulmans peuvent être noirs, jaunes, blancs, pakistanais, indonésiens, chinois autant qu’afghans, arabes ou britanniques. Le droit de critiquer et de craindre l’emprise d’une religion est un droit démocratique imprescriptible. La « cathophobie » sévit sans retenue dans certains milieux — pensons à ce qui reste de la Libre Pensée, devenue une annexe des réseaux « fréristes ».

La confusion sur cette question, entretenue par la gauche principalement et par une bonne partie des macronistes, est une opération d’intoxication politique pour enfumer les classes populaires et nous refaire tous les cinq ans le coup de la « quinzaine de l’antifascisme ». Mais redisons-le : la crainte de l’islam est légitime. C’est une religion à visée totalitaire, qui ne reconnaît pas la liberté de conscience et se donne pour objectif de contrôler les âmes et les corps. Pour les plus engagés, il s’agit de conquérir des pays entiers, pas d’y vivre en s’y intégrant. Faire de la Belgique et de la France des « terres de l’islam » est l’objectif avoué des frères musulmans, ceux qui se sont liés avec la LFI. Rappelons que les attentats de la rue de Rosiers, du métro Saint-Michel, les meurtres commis par Merah, les attentats de 2015 et 2016, les décapitations de professeurs et d’autres moins spectaculaires ont considérablement fait monter le niveau de crainte des musulmans, crainte que n’est pas méritée, pour l’immense majorité d’entre eux, mais qui est un fait compréhensible. Pour faire disparaître l’islamophobie, il faudrait être sûr qu’il n’y a plus de djihadistes qui veulent en découdre avec ces « kouffars » de Français. Mais on n’en prend pas le chemin. Hélas. On pourrait espérer une réforme de l’islam, la répudiation du wahhabisme et de ses coutumes aussi arriérées qu’insupportables et l’action décidée des musulmans réformistes libéraux. Mais ceux-ci ont du mal à se faire entendre et l’esprit communautaire fait que se taisent même ceux qui désapprouvent les extrémistes.

La crainte de l’étranger en général a d’autres fondements. L’étranger, c’est celui qui est importé par les capitalistes pour faire pression sur les salaires. C’est aussi le fameux « plombier polonais » que Mélenchon agonissait d’injures jadis. Jaurès, après , avait déjà bien perçu cette utilisation de l’immigration pour faire grossir l’armée industrielle de réserve et réclamait un « socialisme douanier ». Mais l’étranger, c’est aussi celui qui rachète et ferme les usines, le fonds de pension américain qui « restructure » à sa manière. Pour combattre la xénophobie, il faut redonner au peuple le pouvoir de décider de son propre destin, recouvrer la souveraineté nationale et pratiquement, pour les étrangers qui veulent vivre en France, une politique d’assimilation rigoureuse. À Rome, tu fais comme les Romains.

Au total, le racisme n’est pas le sujet. Et encore moins la menace « fasciste ». Le sujet, c’est la défense de la communauté nationale, celle dont les pauvres ne peuvent s’arracher et la défense des libertés fondamentales, dont la liberté d’expression.

Le 25 août 2024

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