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Sur Marx et son actualité

Florian Delorme s'entretient avec Denis Collin

Par la-sociale • Débat • Mardi 10/08/2010 • 4 commentaires  • Lu 3382 fois • Version imprimable


Le lundi 8 août 2010, Denis Collin était l'invité de l'émission "Les matins d'été" de France-Culture. L'entretien s'appuyait principalement sur Comprendre (Armand Colin, 2006, 2e édition, 2009) et Le cauchemar de (Max Milo,  2009). Le retour de , à l'occasion de la dernière crise financière, le sens de son oeuvre, les rapports entre le marxisme et la pensée de , l'actualité de l'analyse marxienne du capitalisme: tels ont été les principaux thèmes abordés.

On peut écouter l'intégralité de l'émission sur le site de France Culture.
L'entretien entre Florian Delorme et Denis Collin est ici .

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Commentaires

par merle le Mercredi 11/08/2010 à 08:44

 Pour cause de déplacement, je viens seulement aujourd'hui (10 août) d'écouter Denis Collin sur France Culture, dont la synthèse a été très claire et pertinente. 

En ce qui concerne le républicanisme, dont la visée est effectivement la réalisation du bien commun dans la légitime reconnaissance de la liberté (respectueuse d'autrui) de chacun/e, un mot sur la vieille revendication de "République démocratique et sociale". 
A priori elle est satisfaite, puisque l'article premier de notre Constitution le proclame : la France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale. 
On sait que l'aspiration a mûri sous la Monarchie de Juillet pour se concrétiser sous la Seconde République dans le programme de ceux qui s'appelèrent justement Démocrates Socialistes. On était alors dans le droit fil de la tradition du sans culottisme populaire d'antan : garantir la sécurité de leurs biens, de leur travail et de leurs vieux jours aux petits propriétaires paysans et artisans par l'institution notamment d'un crédit populaire, éduquer leurs enfants dans l'éthique républicaine mise en œuvre par la Constitution de 1793, équilibrer le nécessaire pouvoir central étatique par l'autonomie communale, diminuer le poids de l'impôt par l'élection "à la base" des fonctionnaires (un minimum de fonctionnaires !) et l'abandon des fonctions publiques centralisées, créer enfin une armée citoyenne ayant pour base la garde nationale  (miliciens). 
Dans une France où la classe ouvrière, au sens moderne du mot, était extrêmement minoritaire, les revendications ouvrières sauvagement refusées en juin 1848 n'étaient prises en compte dans le programme Démoc-Soc que par un vague "droit au travail" qui renvoyait vers l'État la responsabilité de l'assistance aux chômeurs, et par l'encouragement au mutualisme et à l'associationnisme ouvrier. 
On sait aussi que ce sera, dans ses grandes lignes, le programme des radicaux sous le Second Empire. 
Et qu'il sera aussi celui de la Commune de Paris, née de l'urgence d'une situation exceptionnelle. D'où l'affolement de bien des républicains petits bourgeois, et d'une bonne partie des radicaux (Clémenceau, l'homme du redoutable programme radical de 1869, abandonnant la Commune à son sort, alors qu'elle commençait à appliquer ce programme !), car, bien plus qu'une menace "communiste", c'était concrètement l'entreprise communaliste qui était engagée ( la mise à bas de l'état centralisé), par ces artisans et ces travailleurs parisiens d'Ancien Régime (petites boites, travail très qualifié), autodidactes, blanquistes ou proudhoniens.  
Alors que les mesures sociales de la Commune visaient seulement à améliorer concrètement le sort des travailleurs (journée de travail, travail de nuit, travail des enfants, etc) et à libérer les locataires de la menace de saisie, faute de paiement, alors que les quelques atteintes au pouvoir patronal ne touchaient que les entreprises dont le patron avait déserté (un peu comme les fameuses entreprises autogérées de Marseille en 1944-45), toute l'astuce de la Droite fut de présenter la "République sociale" de la Commune comme celle des partageux, des ennemis de la propriété. Ce qui lui aliéna la sympathie des masses rurales. 
Il faudra attendre une génération, dans une France où le prolétariat industriel, au sens moderne, était devenu une force, pour que la Commune représente aux yeux de la fraction révolutionnaire de ce prolétariat l'anticipation de ses espérances. La République d'alors, république bourgeoise, est dénoncée par les premiers groupes socialistes pour son indifférence ou son hostilité aux revendications ouvrières. Ce sont eux qui occultent pratiquement le mot de "République" en lançant l'expression "la Sociale". Et ce sont eux aussi que l'hostilité à l'égard de cette République pousse souvent dans les rangs du Boulangisme (où l'on magnifie le souvenir de la Commune !). Alors que, dans la masse du pays, aussi bien dans les couches paysannes gagnées par Gambetta, que dans les milieux ouvriers non "encartés", l'attachement à la République renoue avec les vieilles espérances radicales, désormais bien assagies. "La République démocratique et sociale" est progressivement devenu un des fleurons rhétoriques, bientôt vides de sens, des orateurs radicaux. Mais elle a irrigué la pensée de Jaurès par exemple, bien plus que celle des doctrinaires guesdistes, qui se voulaient marxistes. Jaurès anticipait sur la situation actuelle, dans la mesure où il ne privilégiait pas l'adjectif "social" et où il refusait de dissocier "démocratique" de "social". Le bien commun lui apparaissait être une aspiration éthique dans laquelle se fondaient les justes revendications ouvrières. L'avenir socialiste lui apparaissait être celui d'une société de producteurs soudés par cette éthique, et non la victoire d'une avant garde ouvrière. 
On connaît la suite.
Pour l'heure, je ne vois qu'un combat possible, celui qui redonnerait leur sens aux adjectifs de l'article premier de la Constitution, dans leur indissociable union, et qui les mettrait vraiment en pratique  dans l'intérêt de tous. Le fameux "mouvement social" dont beaucoup attendent le grand réveil, et le grand sursaut dans une stricte perspective sociale (et ceux qui sont dans la panade l'attendent à juste titre impatiemment) trouverait là une chance historique d'être à la fois le porteur et le bénéficiaire d'une entreprise de salut public. C'est peut-être être plus révolutionnaire d'agir dans ce sens que d'adopter des postures anti-capitalistes qui en définitive ne mangent pas de pain. Mais je me garderai de donner des leçons à qui que ce soit. J'ai eu 74 ans hier, et mon propos d'aujourd'hui n'a plus guère à voir avec ceux que j'ai pu tenir dans les différentes étapes de ma vie, et que je retrouve aujourd'hui chez des militants bien plus jeunes, sincères, entiers et convaincus. Qu'ils ne voient pas dans mon " républicanisme radical-communiste" un effet de l'âge, mais plutôt un effet de l'expérience.
René Merle


Re: par quent1 le Mercredi 11/08/2010 à 15:08

10-8-10 et pas 10/18 : alors comme j'aime souhaiter les anniversaires et qu'il n'y a là pas de secret éventé puisque c'est écrit en notes musicales noir sur blanc je vous souhaite un très bon anniversaire à retardement pour les 74 bougies passées au sas du sablier, 74 comme la Haute-Savoie, "La Montagne de l'âme" au final rattachée à la République, et comme le grand Plateau des Glières et le grand jeune oiseau octogénaire pas fou de Bassan car prénommé Walter, "Retour en Résistance", il n'est pas d'âge requis pour le faire et le refaire et le continuer. Donc bonne chance à vous pour la poursuite de la mémoire qu'elle soit historique ou autre combat.
Changeons de région : puisque la Commune est nommée plusieurs fois dans votre commentaire, à Giverny signal d'une nouvelle autre grande et belle expo de la 27ème h'Eure car le souvenir des drames de La Commune y est tout comme celui des lumières des fonderies et des mines grises de Charleroi, etc. C'était un temps raisonnable et récent où les parents, en souvenir de qui et quoi, prénommaient encore leurs enfants Maximilien et où les Hommes, artistes ou pas, croyaient au progrès industriel, au progrès humaniste, aux Lumières des fonderies, etc.
Plus de Maximilien né désormais, ce doit être considéré comme un trop long prénom, il y aurait bien des Max mais ce n'est pas pareil bien qu'une bonne vieille chanson se demandait "il est libre Max".
"Je voudrais sans la nommer vous parler d'elle, bien aimée ou mal aimée elle est fidèle..." donc par pur esprit de contradiction je le nomme l'artiste de la lumière en invité estival de Giverny même si l'heure de l'Eure reste éloignée pour certains lecteurs de ce site : Luce...Maximilien, manquaient petits ou grands portaits de Blanqui alors emprisonné au fort du Taureau breton, pour lui restait possible "L'éternité par les astres" puisque vue sur la mer interdite, manquait Tristan Corbière et ses "Amours jaunes", manquait Gustave Courbet et ses truites de la Loue, manquait Claude Tillier et son Clamecy mais par chance y était présente l'amie Louise Michel à son retour de Nouméa, Eugène Varlin, etc. et aussi étaient en vitrine tant de petits journaux où écrivait et dessinait M.L., "tiens, j'ai dit tiens" car hasard extraordinaire sur le Pont des Arts j'y ai pu voir entre autres journaux illustrés la couverture et un article d'un ancien numéro de La Sociale...(*/*).
Je ne recopie pas les paroles du "Chant des antiproprios" qui était présent avec dessins fusains sur un autre journal concurrentiel ou ami, j'ai pas suivi tous les droits de tendances anarchistes, Les Temps Nouveaux ont disparu de nos esprits bien oublieux et devenus bien moins partageux.


Re: par merle le Mercredi 11/08/2010 à 16:02

 Merci pour l'anniversaire ! Et pour l'info Giverny.
Quant à notre chère Commune, cette année la Montée au Mur était celle d'une vraie foule, composite, recueillie, émue, combative, et pas que des cheveux blancs. Elle liait la défense des services publics et des acquis sociaux à la mémoire de ceux qui tombèrent là, et qui croyaient la Liberté possible. Signe que quelque chose bouillonne, et se cherche. L'an prochain, pour l'anniversaire, un colloque réunira les chercheurs sur le thème des Communes (il y en eut dans plusieurs villes de France, et notamment à Marseille, Narbonne, Saint-Étienne...). Souhaitons que ce ne soit pas un passage vain à la moulinette universitaire, mais un vrai apport de connaissance et de respect. Souhaitons surtout que l'anniversaire soit celui de la combativité populaire. 
R.Merle


Re: par la-sociale le Mercredi 11/08/2010 à 18:16

Peut-être "La Sociale" (avec un nom pareil!) pourrait-elle apporter sa modeste contribution à la connaissance des Communes ... Avis aux amateurs!



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