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Victoire de l’UMP aux Régionales de 2010

Par Jean-Paul Damaggio • Actualités • Mercredi 07/10/2009 • 0 commentaires  • Lu 2508 fois • Version imprimable


Non, le titre n’a rien d’un pronostic ! Pas question non plus d’y lire une fixation sur les questions électorales. Aujourd’hui les observateurs nous bassinent avec l’annonce de la reprise, hier pas un n’a pronostiqué la crise dite la plus grave depuis 1929 ! Entre futur et passé, le va-et-vient est plein de chausse-trappes. La « gauche », faute d’avoir prévu la dite crise, s’enfonce dans son effacement partout dans le monde. Pour la France, comment les élections régionales de 2010 vont-elles confirmer ou infirmer la tendance ?

Le nouveau mode de scrutin mis en place en 2004 suite à une loi de la Gauche plurielle, modifiée ensuite par la droite (elle y a introduit la parité par exemple) avait assuré une totale victoire du PS après sa déroute de 2002, par un effet d’illusion dramatique. En copiant le système des Municipales pour les Régionales, l’effet triangulaire joua à plein pour diviser la droite. Or en 2010, pour l’essentiel le FN ne passera pas la barre des 10% des inscrits pour se maintenir au second tour et va donc perdre tous ses Conseillers régionaux, au moment même où la droite sait capter cet électorat. De plus la division à « gauche » va rester telle que la droite tire les marrons du feu par défaut. Même si Verts-Modem-PS s’orientent vers une même politique, leur division n’en est pas moins durable ! Quand le politique perd droit de cité, les guerres de personne prennent toute la place !

Six régions gagnées par la droite ? Pour le moment, peu importe le nombre, nous savons que comme pour Angela Merkel, même une défaite de la droite sera sa victoire !

 Dans ce contexte, la gauche de combat a une double responsabilité : mesurer les enjeux sur le long terme, tracer en même temps des perspectives adaptées sur le court terme. 

Pour se réchauffer le cœur, des militants de gauche regardaient avec envie les victoires électorales de ce courant en Amérique latine. J’admets tout à fait que l’histoire de ce continent est une histoire propre qu’il ne faut en aucun cas calquer sur nos histoires européennes mais la riposte à la crise y apporte des résultats qui assurent et vont assurer des victoires à la droite… par division de la gauche. Certains avaient espéré une fin de deuxième mandat pour Lula plus enthousiasmante que la première : le choix de Rio pour les J.O. est une triste poudre qui ne pourra masquer la dégradation de son parti le P.T. Au Chili, nous assistons à l’explosion du PS, et au Mexique la gauche n’est pas en meilleure situation, là où pourtant la politique de droite aggrave profondément la misère sociale. Dans chaque pays, à partir des histoires propres, il ne s’agit plus de raccommoder des corps malades, mais de repenser globalement une perspective politique de gauche, une tâche qui n’est pas celle des uns, plus que celle des autres, mais celle de tous avec tous au sein de ce courant. L’échéance n’est plus 2010 ou 2012 mais est à l’échelle d’une génération, et il serait mal venu d’expédier dans les limbes, pour cause de défaitisme, une telle approche.

Oui, dans le même temps, il est impossible de regarder passer le train de la crise pour prendre le temps d’affûter nos réponses. En conséquence, les futures élections régionales doivent être considérées surtout comme le besoin de caser la glace entre les différentes traditions de la gauche à gauche. Battre la droite est une obsession qui doit découler d’une autre gauche en marche, et non la motiver ! Sans cette autre gauche, battre la droite, c’est assurer demain une politique de droite, par le PS ! Je ne dis pas qu’il faut rabaisser nos ambitions au règlement des querelles internes à la gauche de combat, mais si nous ne nous consacrons pas surtout à forger l’outil de l’émancipation, alors les déboires du lendemain du 29 mai 2005 vont se multiplier sans fin ! J’insiste, la droite montre la voie à suivre : une organisation politique unitaire pour avancer d’un pas organisé ! Des organisations côte à côte peuvent gagner le 29 mai… et perdre le 30 ! Les élections européennes ont montré que le désir d’unité d’un côté autour du NPA et de l’autre autour du PG-PCF était réel (et que chacun pouvait agir en commun). Les Régionales obligent à un autre type d’exercice car il nécessite une vaste mobilisation citoyenne. J’essaie, sans esprit de chapelle, d’observer les efforts des uns et des autres et je constate deux écueils : la fixation sur les points de division (souvent autour du rapport avec le PS !) et le discours angélique sur l’appel à la bonne volonté. Il ne s’agit pas de dire « nous sommes divisés », le fait est si connu ! mais de proposer « voilà une porte de sortie possible de la division ». Il ne s’agit pas de dire « l’unité devient vitale », le fait est si connu depuis au moins !, mais de proposer des outils concrets pour l’unité (en terme de statuts d’organisation, de forme de désignation des candidats, de suivi des politiques publiques…). Bref, la droite va chanter victoire demain, mais si nous avons construit l’outil qui peut saper sa domination et celle du PS, alors nous saurons que sa victoire sera amère. Modérément optimiste, je crains aussi le pire qui consisterait à faire comme si nous avions tout à réinventer chaque matin. Valorisons toutes les expériences positives existantes pour retenir des leçons du passé, les moyens d’en sortir !

8-09-2009 Jean-Paul Damaggio

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