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Ce que nous sommes et ce que nous voulons

Manifeste de l'association La Sociale-Devoir de résistance

Par la-sociale • Actualités • Mardi 26/01/2016 • 1 commentaire  • Lu 3275 fois • Version imprimable


  1. Le capitalisme mène le monde à sa perte

La « crise économique », devenue permanente, se combine à ce que l’on appelle crise écologique. La « croissance » du capitalisme ne peut se poursuivre qu’en détruisant les deux sources de la richesse sociale, la terre et le travail.

Cette crise de la structure profonde de notre monde s’est transformée en une crise majeure de la vie humaine. Pendant qu’ici on s’essaie à toutes les extravagances possibles pour transformer la nature de l’homme elle-même, que la technique loin de servir l’homme l’asservit chaque jour un peu plus, là montent les formes les plus archaïques de la régression, le fondamentalisme islamique n’étant ici que la partie la plus visible des réactions de haine de la société qui travaillent en profondeur les sociétés humaines. La dimension morale de la crise n’a rien de secondaire. La perspective d’une croissance illimitée de la production et de la consommation de marchandises est à la fois une absurdité économique et une abjection morale. Le capitalisme capture le désir humain pour faire des hommes des consommateurs interchangeables. En son essence, il est contraire à toute vie humaine décente.

De quelque bout que l’on prenne le problème, nous sommes confrontés à la même question : pouvons-nous redevenir les maîtres de notre destin, décider, collectivement, de notre avenir, en préservant un monde vivable, ou sommes-nous condamnés à subir la logique de la créature monstrueuse qui a émergé au cours du dernier siècle, ce système technique et économique qui s’appelle capitalisme ?

  1. L’impasse « marxiste »

Pendant un siècle et demi, l’alternative au mode de production capitaliste s’était édifiée sous le drapeau du marxisme et du communisme historique du XXe siècle sous ses formes les plus variées. Force est de reconnaître que le marxisme est défait. Sous ce nom se sont construits des régimes monstrueux qui, finalement, se sont effondrés pour revenir au capitalisme. Avec le marxisme, s’est défaite la principale force capable de proposer une alternative et d’imposer des limites drastiques à la logique du capital, à savoir le mouvement ouvrier organisé.

Pourtant les objectifs que poursuivait le mouvement ouvrier s’imposent plus que jamais aujourd’hui : en luttant contre l’exploitation, en défendant une perspective internationaliste, le mouvement ouvrier ne se contentait pas d’essayer d’obtenir des conditions de vie plus acceptables ; il visait à l’émancipation de la société tout entière, c’est-à-dire à une organisation politique et sociale fondée sur la liberté et l’égalité, une vie sociale fondée sur l’autonomie et la solidarité, apte à préserver la possibilité pour ceux qui naîtront après nous de vivre dans un monde encore habitable.

Ce hiatus entre l’écroulement de ce vaste mouvement social « antisystème » et l’urgence d’une alternative à un système qui conduit droit à la barbarie est la principale question que nous ayons à régler aujourd’hui.

  1. Partir de ce qui est

On peut imaginer toutes les alternatives que l’on veut sur le papier. Il faut partir du mouvement réel, tel qu’il se déroule sous nos yeux. Pour changer le monde, encore faut-il qu’il y ait un monde commun. Les hommes ne se mettent pas en mouvement parce qu’ils ont en tête l’idée d’une société idéale, mais à partir de la préservation de leur vie, de l’effort qui les anime pour persévérer dans leur être. Préserver les conditions d’une vie décente : voilà la première revendication. Un peu partout, des grèves, des manifestations, dispersées, se produisent contre l’austérité imposée par une classe dominante plus riche que jamais. « Nous sommes les 99 % » disaient les jeunes engagés dans le mouvement « Occupy Wall Street ». « Nous sommes indignés » proclamaient ces jeunes et moins jeunes Espagnols luttant pour défendre leur droit au logement et leur droit au travail. « Nous voulons préserver l’instruction pour tous » exigent enseignants et parents français opposés aux « réformes » qui détruisent l’école. Le mouvement social existe, mais rencontre l’obstacle principal qui est politique.

Reconstruire une véritable communauté politique, apte à dire : « la loi, c’est nous qui la faisons et c’est nous qui pouvons la défaire quand elle est mauvaise », telle est la perspective.

  1. Un programme d’urgence

Chacun le sait : il est impossible de satisfaire les revendications immédiates les plus simples sans que le peuple soit souverain. La soumission des États aux organisations de la classe capitaliste transnationale (FMI, UE, OTAN, etc.) est la première chaîne qui doit et peut être brisée. Un peu partout monte la haine contre cette classe « hors sol » qui dicte sa loi aux peuples. Cette haine est captée par les mouvements nationalistes, voire fascisants, pour la tourner contre les plus pauvres que soi. Enrayer la montée de ces mouvements ne peut se faire en donnant des leçons de morale, mais seulement par la reconquête de la souveraineté du peuple sur la base de la défense du bien commun. Ainsi la rupture avec l’UE et avec l’OTAN est la première tâche que devrait se fixer un gouvernement par le peuple et pour le peuple.

C’est seulement une telle rupture qui permettrait de garantir la pérennité des acquis sociaux, le droit à la santé, à la retraite, à l’éducation, le droit du travail, la limitation de la durée du travail, acquis de décennies de lutte qui sont mis en charpie par les gouvernements capitalistes actuels.

Les acquis sociaux s’incarnent dans des institutions : les institutions républicaines qui ont pour vocation la défense du bien commun, ainsi l’école ; mais aussi toutes les institutions sociales qui permettent aux citoyens d’intervenir dans la vie sociale et politique. Battues en brèche, les libertés publiques doivent plus que jamais être défendues et avec elles le droit syndical, le droit de grève, l’indépendance des syndicats qui ne sauraient être des machines d’accompagnement des « réformes » capitalistes.

Le souci du bien commun conduit à préparer l’avenir. Rien ne peut s’accomplir de sérieux si n’est pas mis un terme au pillage de la planète par les grands groupes capitalistes. Cela suppose une réorientation de « l’économie » vers l’économie des ressources. La « croissance » n’est aujourd’hui rien d’autre que l’impératif de l’accumulation du capital. Le salut ne viendra pas de la croissance, mais du partage des richesses, de l’orientation de la production humaine vers des biens durables.

Cette réorientation n’est possible que si les individus la décident et l’organisent. Ce qui implique le développement de toutes les formes d’auto-organisation : coopératives, organisations mutuelles. Mais cela demande aussi que soit drastiquement réduite l’emprise du marché. La Sécurité Sociale fournissait le modèle d’une organisation à laquelle chacun contribue selon sa capacité et qui donne à chacun selon ses besoins. De nombreuses expériences montrent qu’il est possible de développer ce principe.

  1. Quelle organisation ?

Il y a de nombreux militants et plusieurs organisations qui partagent tout ou partie des analyses et orientations qui sont les nôtres. Il est assez facile de s’accorder sur la nécessité d’une organisation politique apte à lutter directement, sur le plan électoral comme sur celui de la mobilisation populaire par les moyens classiques (manifestations, meetings, pétitions). Mais pour l’heure nous devons plutôt faire le constat d’une dispersion et d’un émiettement de toutes les forces qui devraient s’unir dans le combat contre le capital, pour la république sociale.

«  – Devoir de résistance » n’est pas un nouveau parti, ni un nouveau groupe politique ambitionnant de devenir un parti. Elle est ouverte à tous ceux qui partagent nos préoccupations quels que soient par ailleurs leurs engagements politiques ou syndicaux. Lieu de débat et,, chaque fois que c’est possible, lieu d’action. Le débat, en soi, ne fait pas une association. Le cadre que nous proposons permet d’orienter le débat pour le rendre réellement utile. Débattre pour nourrir l’action de chacun, agir pour nourrir le débat nécessaire, et débattre pour préparer l’action commune, voilà le cadre de regroupement que constitue « Devoir de résistance- ».

  1. Des enseignements de nous conservons le cœur, l'analyse du capital comme rapport social, l'analyse de l'exploitation et de l'aliénation du travail et le rôle central du conflit social et politique. Nous mettons en question le prétendu clivage droite-gauche qui n'est de plus en plus qu'un leurre visant à camoufler l'antagonisme de fond entre le capital et le travail. Droite et gauche apparaissent de plus en plus comme de simples variantes des politiques des classes dominantes. Nous revendiquons ainsi la liberté de réfléchir et d'agir en nous plaçant toujours du côté des classes et couches sociales opprimées par le capital, en combattant pour l'émancipation humaine, sans être cadenassés par l'attachement au système ou à des intérêts partisans qui viendraient faire obstacle à cette lutte.

  2. Partant du constat que l’alternative formulée par Rosa Luxemburg, « socialisme ou barbarie » est plus urgente que jamais, nous pensons que l’horizon de toute pensée de l’émancipation est le renversement du système capitaliste, c’est-à-dire l’expropriation des expropriateurs, la restauration de la propriété individuelle sur la base des acquis de la coopération sociale. Mais une révolution aussi gigantesque suppose une longue période de transformations progressives, de réformes structurelles anticapitalistes permettant que mûrissent les forces sociales aptes à accomplir cette tâche. L’opposition réforme/révolution est sans objet. Une révolution sociale n’est jamais un heureux coup de main imposant à la société tout entière les visées d’une avant-garde prétendument éclairée. Une révolution sociale est un long processus, graduel, même si parfois des ruptures s’imposent, qui trouve son chemin en avançant et non en essayant de suivre les doctrines et les solutions clé en main des « experts ».

  3. Notre perspective n’est ni la dictature du prolétariat ni le dépérissement de l’État, mais l’instauration d’une nouvelle république, une république sociale, apte à assurer la protection des citoyens contre toutes les formes de domination. Politiquement donc, nous nous situons dans la tradition déjà très ancienne qui vise à la synthèse entre les revendications sociales les plus larges et la forme républicaine de gouvernement (garantie des libertés publiques et individuelles, séparation des pouvoirs, etc.).

  4. Au niveau international, nous sommes résolument internationalistes, c’est-à-dire que nous luttons pour la paix entre les peuples et le respect de la souveraineté des nations, seule possibilité de construire un ordre mondial juste. Si nous nous opposons à l’UE, instrument au service du capital, nous sommes en revanche pour une confédération européenne des nations souveraines liées entre elles par un traité de paix perpétuel.

  5. Nous faisons de la liberté notre principe cardinal, la liberté sous toutes ses formes, libertés individuelles, liberté politique, liberté de choisir sa propre vie, liberté de ne pas vivre sous la menace du chômage, de la maladie, de la vieillesse, liberté de développement développer pleinement toutes les potentialités qui sont en chacun. L’égalité et la justice sociale sont les conditions de cette liberté dans toutes ses dimensions. De ce point de vue nous faisons nôtre ce qu’il y a de meilleur dans la tradition du libéralisme politique hérité des Lumières.

  6. La défense de la culture et les questions morales ne peuvent rester étrangères à la politique. La corruption, le mensonge, la « langue de bois » politicienne et les abus de pouvoir font partie des facteurs qui éloignent les citoyens de la vie publique et nourrissent la colère. Nous refusons l’amoralisme cynique d’une large partie de la gauche aussi bien que le « politiquement correct » qui en est le revers. Dire la vérité, quelque amère qu’elle soit, défendre des principes de justice, alerter la conscience de nos concitoyens, cela fait partie de nos tâches.

Adhérer à l’association - Devoir de résistance.

Cotisation annuelle : 30 €

Paiement par Chèque: nous contacter
Virement par compte Paypal à l’adresse : association.lasociale@orange.fr

L’assemblée générale annuelle aura lieu au printemps 2016.

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Commentaires

Lien croisé par Anonyme le Jeudi 30/06/2016 à 21:43

Le journal de BORIS VICTOR : "Ce que nous sommes et ce que nous voulons - 26/01/16"



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