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Révolutionnaires et conservateurs

ou du renversement de toutes les valeurs

Par Denis Collin • Actualités • Mercredi 04/02/2009 • 11 commentaires  • Lu 3744 fois • Version imprimable


Dans son immense majorité, la gauche politique, celle des partis et des appareils, des notables et des dévots, s’entête à ne rien comprendre de ce qui se passe sous nos yeux. Elle persiste dans l’usage de mots et de discours désormais vides de sens qui n’ont d’autre fonction que de contribuer à masquer la réalité présente du mode de production capitaliste. Ainsi les couples antinomiques comme révolutionnaire/réactionnaire, ou encore conservateur/progressiste, bref tout ce qui renvoie à la vieille opposition (un peu creuse) du parti de l’ordre et du parti du mouvement. Tout le monde semble avoir oublié ce que disait dès le Manifeste Communiste de 1848 : c’est le capitalisme qui est révolutionnaire et qui ne peut survivre qu’en révolutionnant en permanence les conditions mêmes de son développement. Comme toujours, la conscience, telle l’oiseau de Minerve, ne s’envole qu’au crépuscule et il faut attendre un siècle et demi pour que la représentation politique de la domination capitaliste se mette pleinement en accord avec la réalité sociale dont elle est l’expression. Nous avons donc maintenant une droite véritablement progressiste et clairement révolutionnaire.

Pour s’en convaincre, il suffit de s’intéresser cinq minutes aux discours des chefs de l’UMP et notamment aux discours qu’ils tiennent pour leurs militants. Un détail parmi d’autres : lors de sa prise de fonction à la direction de ce parti, Xavier Bertrand s’adresse aux cadres de l’UMP en leur disant : « avec nous, l’imagination est au pouvoir ». La reprise d’un des slogans de mai 68 n’est pas évidemment pas le fait du hasard même si elle s’inscrit dans la lignée des slogans publicitaires qui ont fait de mai 68 une source inépuisable d’inspiration. Mais la publicité, c’est de la politique et, seuls, les niais intéressés de la gauche branchée (la gauche Berger-Ségala et autre « parrains de SOS racisme) peuvent soutenir le contraire. Xavier Bertrand annonce la couleur : comme « tout est possible », il faut inventer et imaginer l’inimaginable, c’est-à-dire un capitalisme « refondé » qui détruira impitoyablement tout ce qui entrave sa marche en avant. Le site des jeunes de l’UMP pousse le bouchon encore plus loin. Son adresse est http://www.lesrevolutionnaires.fr/ et l’on y peut lire :

Être révolutionnaire, c’est quoi ? S’il y a une vérité que personne ne peut contester, c’est que depuis que Nicolas Sarkozy est Président de la République, la France change. Que l’on parle de rupture, de renaissance ou de révolution, la vérité c’est que notre pays bouge, que la société française évolue et se met en phase avec l’avenir.

En veut-on d’autres signes ? Pour obtenir l’investiture à la tête de liste européenne pour juin prochain, Roger Karoutchy considère qu’il est de bonne stratégie de faire son « outing » et de révéler qu’il est homosexuel et vit heureux en couple avec son ami. C’est bien la droite qui est en train d’accomplir les promesses du mai 68 libéral-libertaire, petit-bourgeois, propulsé depuis des décennies par l’édition et par la presse et qui maintenant vertèbre les partis capitalistes. Il n’y a rien d’étonnant à cela. Le capitalisme ne peut supporter les barrières héritées du passé, barrières nationales, entraves familiales (la famille s’oppose à la flexibilité), blocages moraux qui empêchent la marchandisation et l’exploitation de tous les domaines de la vie humaine – significativement, l’un des principaux opérateurs internet a commencé à faire sa fortune dans le porno.

À sa manière, Nicolas Sarkozy, dans l’exposition de sa vie familiale « recomposée » et dans son mariage avec une vedette du show-biz, exprime ce capitalisme ultramoderne qui, en France, a commencé sous les auspices de la gauche dans les années 80. À l’inverse, le peuple qui veut sauvegarder les conditions d’une vie décente apparaît maintenant comme conservateur et même réactionnaire et on ne se prive pas, chez les gens d’en haut, de vilipender ce caractère conservateur des manifestants et des protestataires qui ne veulent pas communier dans les joies du progrès et de la réforme.

Il est temps de riposter. C’est-à-dire de cesser de se laisser intimider par le discours « révolutionnaire ». Il est juste de vouloir défendre ses acquis et donc de lutter pour les conserver face à la droite et la gauche révolutionnaires. Il est juste de défendre la nation comme môle de résistance populaire à l’empire et au capitalisme multinational. Il est juste de défendre l’école qui instruit, transmet le savoir du passé et s’appuie sur l’autorité des maîtres contre les révolutionnaires pédagogistes qui veulent remplacer les maîtres par « intervenants extérieurs ». On ne dira jamais assez tout ce que la droite doit à la gauche dans ce domaine et par bien des aspects Darcos et les saccageurs de l’école publique ne font que mettre en œuvre le programme des hordes hurlantes des maoïstes qui voulaient détruire l’école bourgeoise et le savoir bourgeois. En réagissant contre ces agressions des révolutionnaires capitalistes, peut-être sommes-nous réactionnaires (puisque le réactionnaire est celui qui réagit, fait preuve de capacité de réaction). Le double mouvement du capitalisme (exploitation du travail, pulvérisation des salariés transformés en rivaux sur le marché du travail) exige un mouvement en sens inverse tout simplement pour défendre les conditions d’une vie humaine acceptable.


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Commentaires

par regis le Jeudi 05/02/2009 à 03:07

Il y aurait tant à dire. Autant je suis contre tout combat strictement limité au culturel (les valets du capital y excellent et applaudissent), autant notre indépendance réelle – personnelle et collective – nécessite ces mises au point.

Dans mon milieu de travail, les RH, directeurs d’établissement, appliquant sans doute les techniques de management, tutoient et emploient le prénom des syndicalistes qui le leur rendent bien. Le refus vaut qualification de psychorigidité ou de doctrinaire !

Ridicule d’en faire tant de cas me dira t-on ?

Mais n’y a-t-il pas là un début sur la voie du « partenariat social » ? Puis avec « positions partagées » et autres « déclaration commune » ?

 

L’idéologie dominante est celle de la classe dominante certes mais on peut s’interroger si elle a déjà été portée au point actuel.

Des syndicalistes (et pas forcément malhonnêtes) partagent le vocabulaire des patrons : plan social, réorganisations et pire mutualisation par exemple !

Je n’ai jamais vu le capital aussi à l’aise : convocation du personnel (avec présence obligatoire) à la grand messe du patron, briser ce qui fait la force du salarié, sa qualification en transformant le technicien en vendeur et avoir le toupet de le forcer à un stage de « deuil du métier » où intervient un psy !


De la part de l'auteur par la-sociale le Jeudi 05/02/2009 à 11:03

Dans ce domaine, les choses se sont mises en place en France dans les années 80 et 90 et souvent sous l'impulsion de la gauche qui s'est faite la championne du "management participatif" (la démocratie participative n'en est qu'une déclinaison) et de la direction par objectif. La gauche n'a pas inventé tout cela. Elle l'a emprunté aux cabinets d'experts du patronat et elle était fascinée par l'exemple japonais - les technocrates de gauche étaient des "social-toyotistes"... J'ai pu suivre cela non seulement théoriquement mais aussi pratiquement dans la grande entreprise de service public dans laquelle j'ai travaillé jusqu'en 1994. Un double mouvement: une fausse "horizontalisation" avec multiplication des réunions, des stages (avec ou sans parachutisme), des séminaires dans des hotels avec repas et chansons, bref tout ce qui pouvait donner l'illusion de l'évanouissement du conflit social. Et en même temps "verticalisation" accrue et pression exercée de manière quasi-totalitaire du sommet de la hiérarchie vers le bas (avec les "entretiens d'évaluation et de progrès"). Il a fallu donc organiser un véritable lavage de cerveaux pour faire oublier aux employés l'esprit service public et la conscience des devoirs et droits d'un fonctionnaire. Notons que la CFDT a été l'élément moteur de cette opération. J'ai réussi à temps à changer de métier mais ma compagne a vécu jusqu'au bout la destruction du service public avec la privatisation accomplie par le gouvernement Jospin et votée par tous les socialistes... Toute une histoire qui mériterait d'être racontée tant elle est instructive.
DC


Re: De la part de l'auteur par giorgio le Samedi 07/02/2009 à 15:02

j'ai travaillé aussi jusqu'en juin 1999 dans une entreprise publique privatisée depuis, fortement caporalisée depuis les origines , bien  avant la nationalisation de 1946  . Le matraquage a vraiment commencé dans  les années 70 avec l'arrivée du nucléaire, fortement contesté par certains gauchistes de la CFDT. Emettre une réserve, une simple interrogation,  sur le nucléaire était un crime de haute trahison, singulièrement dans les services les plus éloignés de la réalité scientifique et technique, le mien par exemple. Paradoxe de la situation, les centres de production nucléaire et le nucléaire ont été truffés de céfedétistes au motif que les cégétistes, ouvertement pour, n'étaient pas "sûrs". Au début des années 80, membre du groupe socialiste d'entreprise, mis en sommeil en 1986, j'assistais éffaré  ,dans ma section  de  la Défense,formée en majorité d'ingénieurs CFDT du Septen, service de pointe en  nucléaire, aux discusions absurdes, une vingtaine de réacteurs étant déjà en exploitatation, sur le nucléaire terme de "bouclage", en gros le nucléaire en appoint pour passer les pointes.  Au moment de Tchernobyl, j'ai eu le plaisir  de voir sur la 2 , un des anciens de ma section d'entreprise,ingénieur au Septen,   céfedétiste et farouche partisan de la thèse du "bouclage", venir relayer sans sourciller la baliverne du nuage arrêté aux frontières.
 à partir des années 80 et pratiquement jusqu'à mon départ, nous avons vécu sur les retombées d'un slogan lancé en 83 par Boiteux, "plus , mieux autrement" qui a fait au moins le bonnheur des ibonimenteurs extérieurs en tout genre, dont un ancien vendeur des galeries Lafayette,  venus nous disitiller la quintessence du management avec groupes de travail, cercles de qualité , pas de parachutime quand même., dont il n'est jamais rien sorti, hormis des cocoricos de la hiérarchie ou des pseudo- techniques comme le benchmark, tout bêtement l'étalonnage ou la comparaison connu de tout boutiqier,  présenté comme le nec plus ultra de la gestion. Le summum , à mon époque, aa  été atteint en 1998 par l'organisation de plusieurs séances , obligatoires en principe, sur les produits dérivés , la titrisation dernière trouvaille des financiers recrutés à prix d'or. En arière plan, plus ou moins exprimé, à  ces foutaises il s'agissait de persuader le personnel de la ringardise de ses  méthodes, de la supériorité du privé , du caractère obsolète de l'idée de service public.
en dernier lieu, la hiérarchie bien conditionnée ne parlait même plus du statut des IEG mais de "convention collective", sans que personne ne réagisse.

le résultat de cette volonté de détruire le service public, les clients le vivent à chaque jour un peu plus  . Pour prendre un exemple, comment se fait-il que trois flocons de neige entrainent de telles  conséquences catastrophiques pour les populations, celles des landes en dernier lieu?
 Pas besoin de beaucoup chercher, dès les années 70  la CGT dénonçait déjà le sous dimensionnement des réseaux par souci d'économie, l'abandon de l'élagage systématique... il neige aussi au Canada ,le réseau électrique ne s'y effondre pas comme chateau de cartes à tout instant.
Et  s'il n'y avait que les évènements exceptionnels. Aujourd'hui dans la région parisienne se met en place un système de relève à disitance des consommations. En soi, la chose n'est pas critiquable. Où elle le devient c'est quand EDF et GDF ne maitrisant pas encore leur merveille  sont incapables de fournir au client des factures autre qu'intermédiaires , voire pas de facture du tout (cas d'une amie menacée par lettre de coupure si elle ne réglait pas une consommation dont personne n'a été en mesure de lui expliquer d'où elle avait été tirée. "C'est comme cela , payez") . Le cas de cette persone est loin d'être isolé. France info  s'est fait l'écho d'un mouvement de grogne de plusieurs centaines  d'abonnés à  GDF , "bénéficaires" du nouveau système de relève à distance. Habitant des HLM, ils menacent de refuser de payer  les factures intermédiaires qu'ils jugent excessives (jusqu'à 1500 euros) et exigent de connaître leurs consommations réelles.
Le Canard Enchaîné  citait récemment le cas d'un cas d'un abonné qui ayant assité à la relève "à distance" de son compteur, placé à 2,5 m de hauteur, et sans sortir de sa voiture par un releveur, avait pris la peine de relever aussitôt les index. Il a reçu une facture intermédiare de 5000 kwh, n'ayant rien à voir avec l'index réel,. EDF ne veut pas en démordre, il doit payer. Magnanime EDF fera placer le compteur à une hauteur permettant, on l'espère, à son releveur de voir correctement de son siège les chiffres  du compteur.
De vrais mauvais coucheurs tous ces types. Oser demander à EDF-GDF, sociétés  privées,  la justification de leurs factures!


Et le virtuel ? par Serge_Gomond le Jeudi 05/02/2009 à 11:31

Tu oublies, apparemment, deux choses. D’ailleurs les messages de Régis sont toujours intéressants, et en disent plus long qu’il ne l’écrit ; par exemple quand-il écrit : « …Dans mon milieu de travail, les RH, directeurs d’établissement, appliquant sans doute les techniques de management, tutoient et emploient le prénom des syndicalistes qui le leur rendent bien. Le refus vaut qualification de psychorigidité ou de doctrinaire !… », c’est intéressant, et ça en dit plus long qu’il n’est écrit. Une anecdote fera l’affaire pour développer de quoi il en retourne.

 

Henri Miller, du temps où il était directeur de la poste centrale de New York, trouvait que le personnel  perdait un temps infini dans les couloirs de l’établissement, en quelque sorte se traînait, et il eu l’idée "révolutionnaire" (normal pour un "avant-gardiste", tien au fait il faudrait qu’on en parle un peu de l’"Avant-gardisme", non ?) d’équiper son personnel de patins à roulettes. Le résultat ne se fit pas attendre, scandale,  et  Henri Miller fut fichu à la porte de son établissement, et  fut remplacer par un directeur un peu plus conventionnel ! (c’est pas grave pour la suite de sa vie, il créa avec des amis, artistes, intellectuels, créateurs en tout genre, "Big Sur", le lieu.

C’est un peu le "Burning Man" anti-fête-commerciale-rituelle au Nevada, où le don prime (primait ?) sur tout, manque de pot les organisateurs ont décidé de créer un "Burning Man" virtuel, un peu dans l’esprit de "Second Life", tien au fait il faudrait aborder le sujet du virtuel, par exemple le marxisme virtuel, non ?)

 

Tout ça pour dire, que tant qu’à tout changer, mentalités, mode de vie etc. autant trouvé un (nouveau ?) langage qui corresponde au changement. Les droites conservatrices sont les plus connes du monde (voir ce qui se passe à l’heure actuelle avec l’effondrement du capitalisme occidental), et ce n’est pas près de changer ; il ne faudrait pas confondre le discours et les actes, quand Sarkozy gesticule (où fait des effets d’annonce, ce qui revient à peu près au même), sur le fond rien ou peu de chose change, les nantis engraissent de plus en plus, et les "crèves misères" sont de plus en plus gênants dans le paysage (que doit-on faire de ces "bon-à-rien" ?) . Rien de vraiment nouveau au soleil. Seul les mots ont changé, le fameux novlangue dont tu parles de temps en temps sur le site. La forme change, le fond reste inchangé. Cherchez l’erreur.

Ce qui fout encore plus la pagaille, c’est de voir des Kouchner, Besson, Allègre, Lang, Royal, Hollande, Dray, Fabius, DSK, Lamy, Rocard etc. clamer ("historiquement" quand ça les arrangent) qu’ils sont les représentants exclusifs (des intérêts ?) du peuple (souverain, le peuple est toujours souverain, du moins une fois tous les cinq ans), alors que dans la pratique (le "new-deal" (et tous les "new"), le realpolitik etc.) il n’y a pas grande différence entre l’ump et le ps (l’un étant le revers de l’autre, et vice-versa).

 

Tout cela, la remise en cause de la famille, du travail le dimanche, entre-autre, si nous n’avions pas assister à la fin du religieux (décrite par une tapée de mecs dont celle de Todd) ne serait évidemment pas possible. Suite à mai-68 ? Pas si sûr.

Mais le fait est, que maintenant on peu s’attaquer tranquillement à "la famille" (un symbole comme un autre, soit dit en passant), grâce à l’effondrement du tout religieux, et la droite conservatrice n’y est pas pour grand chose. Maintenant , le diacre Sarkozy, devra expliquer à ses chers électrices et électeurs que son parti de pseudo-"révolutionnaires" est à la l’origine du flingage du tout religieux (une exception, les écoles privées et la remise en cause de la loi de 1905, l’exception qui confirme la règle ?), ça ne passera pas (qu’il demande à son grand pote Bigard ce qu’il en pense, cet exemple n’est pas un hasard car ce monsieur allie toutes les contradictions actuelles de la sarkozie, avec sa bigoterie et "son lâché de salopes".) Double langage, dont plus personne n’y comprend rien, et d’ailleurs s’y retrouve-t-il lui même ? (un mot marrant paru dans le « Canard » de cette semaine : « … Plus Sarkozy s’explique, plus les français n’y comprennent rien ! … » résume bien la situation.

Maintenant en ce qui concerne Karl Marx, et sa définition économico-politique du capitalisme, elle a un défaut majeur, elle est aussi économique, et comme cela a été écrit, il y a des domaines qui ne sont pas monnayables. Par exemple, l’amour n’est pas monnayable, pas la baise, mais le sentiment amoureux. Et des exemples comme celui là il y en a à la pelle. Au fait pourquoi Karl Marx n’aborde-t-il pas ouvertement le sujet ?

Voilà ce qu’on pouvait dire, et bien d’autres choses, sur ton article, absolument passionnant et d’un intérêt capital.

Amicalement

SG 

      

 

 


par Michel Gandilhon le Jeudi 05/02/2009 à 11:32

Excellente intervention. Il faudrait créer le NPC (Nouveau parti colliniste) : j'adhèrerais immédiatement.
S'il est un mérite que l'on peut reconnaître au règne du nabot malfaisant, c'est bien celui de faire apparaître aux yeux de tous la mort manifeste des valeurs bourgeoises traditionnelles (catholicisme, nation, réaction, élitisme culturel) au profit d'un vague salmigondis metissolâtre, compassionnolâtre, consommatossolâtre et pipeulolâtre. 
En quarante ans, ce pays a vu ces élites dirigeantes passer du couple symbolique De Gaulle/Malraux au couple, non moins symbolique, Sarkozy/Kouchner, ce qui signe tout un parcours. Du vieux soldat maurrassien lettré (Maisons de la culture, Vilar) méprisant l'argent  à l'enfant de la télé inculte (Daniel Gilbert, Enrico Macias) avide de se "faire du pognon" comme il le dit lui-même. Alors oui les fameuses questions sociétales sont, en grande partie des hochets, avec lesquels on amuse la galerie pour éviter les questions fondamentales. Elles ont le mérite de ne rien coûter et permettent à des ramassis d'escrocs (voir notamment Kouchner) de s'ériger en magistrature de la moralité, de la pensée bonne, face à une "populace" toujours trop crispée, xénophobe, etc., etc. (voir dernièrement les leçons de tolérance données par les médiatiques aux ouvriers anglais (qui bien sûr se trompent d'ennemis et feraient mieux de pendre haut et court M. Brown)).Et puis ces fameuses questions sociétales autorisent une sorte de surenchère permanente, laquelle donne l'illusion d'un débat, signe manifeste de la "bonne santé" du système politique : vous voulez le PACS ? Mais nous on veut le mariage et l'adoption. Vous parlez des gays ? Mais vous ne parlez jamais des trans ! Vous nommez un préfet "issu de la diversité" ? Mais il faudrait des quotas ethniques ! Vous régularisez au cas par cas ? Il faut régulariser tout le monde et instaurer la libre-circulation ! Vous dénoncez l'antisémitisme ? Mais vous ne parlez jamais de l'islamophobie ? Vous dénoncez l'islamophobie ? Mais quid de la négrophobie ! Vous êtes pour le voile à l'école ? Et la burqa ? C'est un processus infini, comme l'accumulation du capital (l'accumulation de moraline) qui masque opportunément l'absence de différences programmatiques entre la "droite" et la "gauche". JFK appelait cela joliment le "trotsko-balladurisme".
En regardant  le fade Xavier Bertrand tancer les quelques rétifs de l'UMP (qu'il accusait en passant de se faire les défenseurs du syndicat des lanceurs de fléchettes et des majorettes, ce qui en dit long, soi dit en passant, sur son mépris de la "populace") refusant de voir le repos dominical disparaître (ben oui les églises de notre temps ont pour nom poétique Aldi et Auchan), j'ai pensé à Paul Lafargue, qui dans Le droit à la paresse, expliquait l'anticléricalisme bourgeois par le trop grand nombre de fêtes religieuses, lesquelles venaient entraver l'accumulation infinie du capital : travaillez sans temps morts, accumulez sans temps morts, tel est la devise du capitalisme 68tard.  


Constanzo Preve par Michel Gandilhon le Jeudi 05/02/2009 à 13:21

Sur la question des valeurs, lire l'entretien accordé par Constanzo Preve à la revue Eléments :
http://www.kelebekler.com/occ/ben_preve2.pdf


par bquentin le Jeudi 05/02/2009 à 13:55

Publicité gratuite et timbrée en franchise postale pour soutenir les ex-PTT et le facteur philosophique. Voilà le facteur passé un peu après la 27ème h'Eure, Le Facteur sonne toujours deux fois ou trois ? Il Postino 2Nicollin en compagnie de Niccolo Machiavelli et pourquoi pas de Gaston Bachelard et de ses amis du Court XXème siècle, quant à savoir ou prédire ce que nous réservera le XXIème siècle au plan politique ou social ou sentimental ou culinaire ou etc., là personne ne le sait plus vraiment, alors en attendant des Lumières sur ce point 1/ Denis Collin a présenté son « Machiavel » 2/ Agrandir la photo Le savoir pour tous 3/ La promesse d'un bel avenir, à suivre…


par regis le Jeudi 05/02/2009 à 22:39

« Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste » et phrases suivantes du manifeste du PC. Immédiatement après : « La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment… »

NB : psychorigide, peut-être mais je ne suis pas doctrinaire, citer ne veut pas dire, pour moi, brandir le petit livre rouge.

Serge Gomond, Marx en a parlé mais l’objet de son étude portait sur le capital lui-même et sa dynamique d’envahissement de tous les aspects de la vie humaine dans le temps de son développement.

Il convient lui-même qu’il existe des domaines qui échappent à la « marchandisation », que ce soit dans le temps ou dans l’espace,hors étude donc.

Le système contient un impérialisme grandissant, bousculant les tabous pour la réalisation de la plus value : industrie du sexe, utilisation détournée des résultats de la psychanalyse, manipulation à des fins de commercialisation du « vivant »….

A un copain qui me demandait quelle était, au fond, la valeur d’un timbre-poste, j’expliquais que la péréquation tarifaire et la réglementation (principes de service public) faisaient qu’il échappait en partie à la loi du marché. Le capital veut y mettre fin…


Re: Ce que les mots veulent dire... par Serge_Gomond le Vendredi 06/02/2009 à 14:02

Ce que les mots veulent dire…

Tout comme Marx , à qui on demandait si il était marxiste, répondant presque en ce moquant, je ne suis pas marxiste !

L’ignorance sait qu’elle n’a rien à dire.

Ce qui est intéressant dans la vie des militants syndicaux, c’est leurs vécus. Les combines d’appareil n’on pas beaucoup d’intérêt, sinon aucun. Alors que le vécu est digne d’intérêt (et contrairement à ce qui est dit ou écrit presque partout).

Dans cette société de consommation, il est toujours question de substitutions. Un mot pour un autre, une parole pour une autre, une idée pour une autre, la formulation d’une phrase pour une autre etc.

C’est de la faute aux situs (dont je fus de 1968 à 1969), la société de consommation utilisent leurs propres armes.

Mais heureusement ça ne fonctionne pas aussi bien. Et pour tout dire, pas du tout.

Pourquoi ?

Parce qu’au lieu d’intérêts mercantiles, il est question du vécu servant de base à l’analyse politique, et absolument pas d’intérêts mercantiles. Ouf !

Mao Tsé-Toung, le petit livre rouge, c’est pas ma tasse de thé. Ce serait plutôt « Mémoire d’un révolutionnaire ». Les attaques "ad hominem", c’est pas mon fort non plus, sauf pour les hommes publiques (ce sont eux qui en ont fait ce choix, en se mettant en avant ils prennent le risque de la critique, c’est légitime ! Comme dirait un certain Nagy-Bosca-Sarkozy)

Sur ce site, on m’a invité a donné mon avis, et basta !

Si ça dérange, une réponse à la Prévert devrait suffire : « je ne sais pas ce que vous en pensez, et je m’en fous pas mal ! »

PS : le "manifeste du Parti communiste" de Marx & Engel, sur un site d’amateurs (fous de la chose juste, c-à-d, non-interprétée ou modifiée suite à de nombreuses copies), on y trouve (entre-autre) l’édition allemande ou anglaise et la première traduction française de "kommunistischen Partei". Il paraît qu’à chaque traduction le texte y perd en véracité (?), et que l’idéal  serait de lire ses manuscrits. (le vécu, y’a qu’ça !)


Re: La droite révolutionnaire ? Oui, mais avec les idées des autres ! par Serge_Gomond le Vendredi 06/02/2009 à 14:38

deux petites précisions supplémentaires ; lorsque Henri Miller fait équiper de patins à roulettes le personnel de la Poste centrale de New York , nous sommes vers à la fin des années cinquante, deuxième remarque, il avait observé que les revendications syndicales ne reflétaient pas tout à fait la réalité, les employés se jalousaient les uns les autres, et ne pensaient qu’à occuper le poste qui était placé juste un peu au-dessus de celui qu’ils occupaient présentement, celui de leur cher collègue. Et chose curieuse, ils ne visaient jamais l'un des postes occuper par la direction. 
C’est peu-être pour cela qu’il est allé faire le "clodo" à Paris, par dégoût de l’humanité ?
Un peu comme Orwell, mais pas tout à fait pour les mêmes raisons (?)
  
La droite révolutionnaire ? Oui, mais avec les idées des autres !


par regis le Samedi 07/02/2009 à 00:49

Serge Gomond

 

Parlons franchement :

1/ situationnistes : je n’ai jamais rien compris.

2/ le « vécu » : pas de valeur en soi car nécessairement transporte sa subjectivité, sans compter qu’il peut être contingent.

3/ le texte de Marx : l’idéal serait de savoir le lire en allemand, langue que je ne maîtrise pas

(j’ai travaillé en Allemagne mais avec des salariés Turcs, Grecs et Yougoslaves…sic !). 

4/ Victor Serge une figure très attachante du mouvement ouvrier, l’honnêteté même.

5/ Je suis toujours réservé quand à la personnalisation du pouvoir. Le président de la république non démocratique actuel n’est jamais qu’un serviteur du capital. Qu’il se croit autre chose ne change rien, demain, Royal ou autre peut faire office s’il le faut.  

(ce qui ne m’empêche pas de penser, contrairement à l’ « opposition » de Aubry, Buffet ou Mélenchon qu’il faut pas attendre 2012 pour le mettre à la porte…).

5/ Vous avez évoqué, à juste titre, un domaine qui échappait à la loi de la valeur énoncée chez Marx : le sentiment amoureux. Oui, l’amitié, la camaraderie, l’aspiration à une vie libre, fraternelle, à la coopération des hommes entre eux…est l’exact opposé de ce que nous subissons!

PS : Il faut toujours être à l’écoute : dernièrement un salarié en CDD m’a expliqué qu’il préférait une prime à une augmentation de salaire : il n’était là que pour 6 mois !

    

 



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