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Y a-t-il des licenciements boursiers?

à propos d'une importante discussion

Par Denis Collin • Actualités • Dimanche 15/03/2009 • 12 commentaires  • Lu 3773 fois • Version imprimable


Nous publions ci-dessous le compte-rendu d’une rencontre qui s’est tenu le 9 mars dernier entre tous les « partis de gauche » (à l’exception des Verts, de LO et du PS). En elle-même cette rencontre pourrait être un évènement. Mais le peu d’écho que lui ont donné les divers participants à l’exception du POI en fait douter. Il reste que la discussion autour de la revendication portée par le POI d’interdiction des licenciements est du plus haut intérêt.

Le POI mène depuis plusieurs semaines une campagne pour l’organisation d’une marche à Paris pour l’interdiction des licenciements. Dans la discussion du 9 mars, en gros on a d’un côté le POI rejoint par le PCF et le NPA qui font leur ce mot d’ordre et de l’autre le PG soutenu par le MRC qui juge ce mot d’ordre « peu réaliste » et lui oppose celui d’ « interdiction des licenciements boursiers ». La question est fondamentale.

L’idée d’interdire les « licenciements boursiers » procède d’une analyse (qui est celle du PG) selon laquelle la crise est la crise du « libéralisme », c’est-à-dire d’un capitalisme dérégulé ou d’un « turbo-capitalisme » et qu’on devrait finalement distinguer entre les licenciements inévitables (ceux consécutifs aux faillites des PME) et les licenciements liés aux abus du capitalisme. Cette analyse est radicalement erronée. Il n’y a pas d’un côté le capitalisme boursier, le capitalisme de casino et de l’autre le capitalisme « normal ». Il y a un seul capitalisme et les jeux de la Bourse comme la concurrence ne sont que les moyens par lesquels s’accomplissent les lois immanentes du mode de production capitaliste. Pour bien comprendre les choses on peut prendre quelques exemples. Quand des dizaines de milliers d’emplois sont supprimés dans l’automobile (chez les constructeurs eux-mêmes mais aussi et surtout chez les sous-traitants), il ne s’agit pas de faillites dans des PME ! Il s’agit tout simple de la crise majeure qui affecte un sinon le secteur industriel majeur en France, en Allemagne, en Italie, aux États-Unis ou au Japon. Parler des « licenciements boursiers » sans partir de la crise de l’automobile, c’est ne rien comprendre à la situation, c’est croire que moyennant quelques recettes habituelles de « traitement social », tout pourra repartir comme avant. L’automobile n’est pas en crise à cause des excès de Madoff ou des subprimes… Elle est en crise de surproduction endémique depuis des années et en crise de profitabilité du capital.

À l’autre bout, quand Total parle de supprimer 550 emplois alors qu’ils ont fait des profits fabuleux, il n’y a là quelque chose de choquant que pour ceux qui pensent que le capitalisme « normal » est « éthique » comme veut le fait croire Nicolas Sarkozy, champion de la « refondation » d’un capitalisme moralisé. La direction de Total fait son boulot de « fonctionnaire du capital », c’est-à-dire maximiser le profit et permettre l’accumulation du capital. Les capitalistes ne suppriment pas des emplois par sadisme, mais en raison des lois mêmes de la reproduction du capital.

Ajoutons qu’il est donc impossible de distinguer entre licenciements boursiers et licenciements inévitables, puisque le capital se porte toujours là où le taux de profit est le plus alléchant et que l’intrication des capitaux permet de mettre en difficulté facilement n’importe quelle entreprise et de justifier ainsi les licenciements.

Enfin et surtout, on ne voit pas pour quelle raison les travailleurs devraient être privés de leur élémentaire droit au travail, quelles qu’en soient les raisons. La réponse est assez simple : si le mode de production capitaliste ne peut plus garantir une existence décente aux individus, il doit disparaître. Horreur ! se récrie le représentant du PG. Interdire les licenciements « Cela revient à administrer la totalité de l’économie, cela revient à la socialisation de toute l’économie. Car un tel mot d’ordre devrait s’accompagner d’un gel des profits et dividendes. » Le représentant du PG donc s’oppose au mot d’ordre d’interdiction des licenciements car un tel mot d’ordre remet en cause le capitalisme lui-même. C’est parfaitement exact ! La crise du capitalisme remet en cause son existence. le disait : les crises sont le « memento mori » (souviens-toi que tu dois mourir) du mode de production capitaliste. Visiblement le PG, resté lié idéologiquement au PS dont il s’est formellement séparé n’a aucunement envie de voir le capitalisme disparaître.

Ainsi le fond de cette discussion sur les licenciements commence à apparaître clairement. Faut-il combattre pour un nouveau keynésianisme, une politique de réforme du capitalisme pour lui redonner une nouvelle vie repeinte en rose ou faut-il au contraire poser pratiquement la question clé de l’expropriation des expropriateurs et de l’organisation de l’économie par les producteurs associés. Bref reprendre ce vieux drapeau du communisme dont nous avons montré (Dans Revive la République comme dans Le cauchemar de ) qu’il en existait des formes possibles non utopiques, immédiatement saisissables par tous, au moment où toutes les couches et toutes les classes de la société sont confrontées  à la question de la survie.



Compte rendu de la rencontre du lundi 9 mars 2009 sur la question des licenciements

(compte rendu rédigé par la délégation du POI. C'est le seul dont nous disposions!)


***

 

Présents :

le PCF : Francis Parny et Pierre Laurent

Le PG : Claude Debons et Eric Cocquerel

NPA : Sandra Demarcq et Alain Poujolat

Gauche unitaire ( ex UNIR de Piquet)  : 2

MRC : 2

Association des Communistes unitaires (ACU) : Pierre Cour Saliès

Les Alternatifs

Le PCOF

Le Parti radical de Gauche.

Le POI : Olivier Doriane, Pierre Jeanneney et Daniel Shapira

 

Absents :

LO

Le PS

Les Verts

 

 

 

PCF: Nous sommes là pour discuter de la question des licenciements. Il y a eu plusieurs discussions dans un cadre bilatéral,  nous sommes face à une situation où il y a une accélération des plans de licenciement, et donc dans ces réunions bilatérales, nous avons indiqué qu’il était peut-être nécessaire d’accélérer le débat sur la question de l’emploi. Nous savons tous autour de cette table que le POI insiste beaucoup sur cette question et propose une marche unie pour l’interdiction des licenciements, et qu’il a avancé cette forme d’action. Nous-mêmes, nous avons bougé notre point de vue. Vous avez pu le constater ce week-end, vous l’avez vu dans le meeting du Zénith et dans la déclaration, que Marie Georges Buffet a mis en avant : la question de l’interdiction des licenciements.

Nous avons modifié notre position. Qu’est-ce qui a amené à cet infléchissement ? Il y a une multiplication des plans de licenciements, la logique capitaliste continue de fournir des dividendes. Il faut pouvoir répondre à cette demande des travailleurs : on ne peut pas tolérer et accepter cette cascade de licenciements. Cela doit s’exprimer. Il faut mettre à l’ordre du jour cette question de l’interdiction des licenciements. Sur la question de la marche unie, nous ne sommes pas pour l’instant sur cette ligne.

 

POI  : La situation est grave. La courbe des licenciements annoncés en janvier aboutirait à un développement de 1,5 à 2 millions de chômeurs en plus. En février 651 000 emplois ont été supprimés aux Etats unis ce qui porte à 4,4 millions le nombre d'emplois supprimés depuis décembre 2007 dont la moitié depuis 4 mois. Dans cette situation exceptionnelle, il s’agit de garantir le travail. On peut avoir des points de vue divers sur les solutions à apporter par exemple le POI estime que les 438 milliards donnés au spéculateurs doivent être récupérés pour les travailleurs, nous pensons qu'il faut nationaliser sans indemnité ni rachat les secteurs clé de l'industrie et des banques en confisquant les profits spéculatifs etc …nous n'en faisons pas une condition car il est urgent que les partis politiques se réclamant de la classes ouvrières disent ensemble : interdiction des licenciements.

Sur la forme de l’action, les choses restent ouvertes, le POI a fait cette proposition de marche unie. Comme  nous l’avons indiqué dans le courrier au NPA, elle ne nous appartient pas en propre. Nous sommes prêts à discuter de la forme de l’action, des étapes, dès lors que nous nous mettons tous d’accord sur l’interdiction des licenciements qui est un mot d’ordre vital au sens propre du terme pour la classe ouvrière.

 

Parti de Gauche: Sur les chiffres,  nous n’aurons pas de mal à nous mettre d’accord sur la gravité de la situation . Mais nous sommes  assez dubitatifs sur la formule brute d’ « interdiction des licenciements », qui ne couvre pas toutes les situations en particulier les licenciements consécutifs à des faillites de sociétés petites ou moyennes. Cela revient à administrer la totalité de l’économie, cela revient à la socialisation de toute l’économie. Car un tel mot d’ordre devrait s’accompagner d’un gel des profits et dividendes.  Cela ne paraît pas correspondre à l’état des rapports de forces.

Nous n’avons pas de problème sur l’interdiction des licenciements boursiers et l’idée de contrôle administratif renforcé. Nous préférons la formule de Sécurité sociale professionnelle, de statut du travail salarié, de maintien des droits. C’est l’état de notre réflexion aujourd’hui. Cela ne nous empêche pas de participer à des initiatives de lutte contre les licenciements. Il faut favoriser dans la démarche de lutte la capacité des salariés à agir eux-mêmes, notamment par l’institution d’un droit de veto du CE préalable à tout licenciement.

 

MRC : Notre position est assez proche de celle du PG : nous sommes d’accord pour l’interdiction des licenciements boursiers, mais interdire tous les licenciements, paraît peu réaliste comme interdire les délocalisations : cela reviendrait à mener des actions dans les pays où l’on délocalise : Chine, Inde... Il y a notamment les TPE. Une instance nationale du MRC va bientôt se réunir pour débattre de cette question. Je rejoins le POI sur des mesures de sauvegarde et de salut public qui permettraient de sauver le pays. Il nous faut développer des références sur le service public, pour la défense de l’emploi, le mot d’ordre « interdiction des licenciements » est un mot d’ordre sain, mais il ne nous semble pas complètement efficace.

Exemple : il faudrait des taxes d’importation sociale pour éviter Bolkenstein. Comment faire pour développer des normes sociales dans d’autres pays  par ex en Chine, au Pakistan ? Comment recréer un service public digne de ce nom ?

 

PCOF: Il faut partir de la lutte des travailleurs. Quelle formulation ? On serait pour dire : « Interdiction des licenciements dans les groupes et sous-traitants qui en dépendent ». Vous avez raison de vous battre contre les licenciements. Devons-nous dire ça aux travailleurs ? L’orientation même de cette campagne si campagne il y a,  peut être la création d’un rapport de force. C’est cela qui a permis de gagner en Guadeloupe. Mais ce qui nous préoccupe le plus c’est le sort de ceux qui sont déjà au chômage et qui sont en route pour la précarité.

 

ACU : Sur le mot d’ordre : « Interdiction des licenciements », si ce mot d’ordre est un yoyo pour interpeller le gouvernement, cela ne sert à rien. Il y a la question du rapport de force, il y a le volet des moyens à mettre en œuvre et des solutions. Le POI insiste sur les 438 milliards aux banques et leur récupération, il y a cette exigence, mais pas seulement. Il y a aussi les fonds spéculatifs, la taxation du capital. Ce qui me gêne un peu, c’est de prendre l’initiative à côté des luttes qui ont lieu. Si c’est unitaire, c’est mieux dans les régions. Une grosse partie des régions ont fait des propositions d’autres développements écologiques, il faut avoir ce volet.

 

NPA : « Interdiction des licenciements », cela ne fait pas pour nous de problème. Ce n’est pas simplement parce que c’est joli, mais parce que c’est possible. Derrière la question de l’interdiction des licenciements, il y a la question de la répartition des richesses, de la propriété privée. Il y a des désaccords, il faut qu’on en discute. On ne va pas se mettre d’accord sur les solutions à apporter parce qu’ici nous ne sommes pas tous d’accord. Mais il nous semble que l’urgence est à l’action contre les licenciements, cela fait un certain temps qu’on le dit. Il y a eu une première réunion au mois de décembre. Nous avions dit il y a urgence à le faire, il y a urgence à agir. C’est encore plus vrai maintenant. Il faut trouver un mot d’ordre qui fait consensus entre tous sur l’emploi. L’important c’est qu’on se retrouve tous sur la garantie de l’emploi. La FNAC Bastille va fermer, c’est un symbole. Nous avons reçu un appel des salariés de la FNAC qui nous proposent de nous rassembler vendredi. Besancenot serait d’accord, Mélenchon également, toutes les têtes d’affiche présentes, cela aurait de la gueule. Sur la proposition du POI de marche pour l’interdiction des licenciements, on trouve que c’est très bien, mais pas si ça concerne seulement une ou deux organisations.

 

Gauche unitaire :  Attention en Angleterre il y a danger, cette bataille qui a vu apparaître l’exigence d’emplois britanniques contre les travailleurs portugais et les autres, cela peut arriver en France. Nous sommes-nous aussi pour l’interdiction des licenciements, et en même temps il faut trouver les initiatives en bas. Il est nécessaire de mettre en place un plan global de défense de l’emploi. L’interdiction des licenciements cela part d’en haut, c’est à articuler avec le droit de veto qui vient d’en bas. Il faut relier l’ensemble avec la question écologique.

 

Parti de Gauche : Si l’on parle d’interdiction des licenciements, il faut également parler de la précarité. L’interdiction des licenciements ne suffit pas. Nous sommes d’accord sur l’interdiction des licenciements boursiers, mais ce n’est qu’une partie du problème.  Et il y a la question des entreprises en faillite. Comment répond-on  à cette question ? On peut bien sûr avancer le socialisme ou la reprise par l’Etat; ça a le charme du radicalisme, mais cela risque de ne pas paraître réaliste. C’est un vrai débat. Et il faudrait peut-être partir du texte que nous avons fait avant le 29 janvier pour aborder les questions des propositions. Tout le monde serait d’accord sur un mot d’ordre : « ensemble contre les licenciements ».

 

Les Alternatifs : Nous sommes pour l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font partie d’un groupe qui fait des profits. Une manifestation peut-être le point de départ d’une mobilisation. Mais il faut aussi penser à tous ceux qui n’ont d’ores et déjà plus d’emploi et qui vont tomber dans la précarité.

 

PCF : Sur la formule d’interdiction des licenciements, il y a deux dimensions dans la situation. Il y a une forme à trouver. Nous avons formulé « interdiction des licenciements », car il faut dire clairement les choses. C’est une traduction du mot d’ordre : « Ce n’est pas aux salariés de payer la crise », comme nous l’avons dit dans le précédent texte : ce n’est pas à eux de payer par les licenciements. Dans une situation particulière, il faut dire les choses plus fort. La question pour nous comme partis politiques c’est de dire que nous n’acceptons pas les licenciements, mais il ne faut pas réduire le débat à cela. Il faut des mesures nouvelles et plus fortes. C’est la situation qui appelle cela. Il faut monter d’un ton.

Et ensuite bien sûr il faut l’articuler au deuxième aspect, qui ramène au mode de gestion de la société. Il y a des questions qui tournent autour de la sécurisation, du maintien des droits des salariés. C’est beaucoup plus fort que le seul mot d’ordre d’interdiction des licenciements qui est un mot d’ordre défensif. Il faut donc tenir compte de la situation actuelle. Pour nous le problème comme partis politiques, ce n’est pas de créer les luttes sociales. Elles existent. Il y a un front syndical, il s’exprime. La priorité est de s’associer au mouvement prévu le 19 mars. Mais il y a une initiative politique à prendre pour mieux répondre à la situation. Peut-être ne faut-il pas trancher tout de suite pour ne pas risquer d’aller à l’encontre de la manifestation unitaire prévue ?

 

ACU : Personne ne peut être pour la planification d’ensemble de la société. Le POI ouvre un débat, organisons-le. La Fondation Copernic prépare par exemple un rassemblement sur la santé au travail et il y a des Etats généraux contre la précarité les 14 et 15 mai. Peut-être sur la question des licenciements est-il possible d’appeler contre les licenciements à une manifestation.

 

MRC : L’interdiction des licenciements, on pourrait le décliner, par exemple à Peugeot. Mais les licenciements, c’est un système. Les gens se posent plus la question de la répartition des richesses qui est à la racine du mal, que la question de l’interdiction des licenciements qui ne répond pas à une attente de ceux qui ne sont pas directement touchés.

 

PCF: Il faut recadrer le débat. Il y a un débat sur le texte, et il y a un débat sur une initiative particulière sur les licenciements.

 

NPA: L’interdiction des licenciements, on la porte depuis longtemps. C’est important pour les gens qui attendent quelque chose de fort. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être le relais du mouvement syndical et de distribuer des tracts sur les bords des manifestations. Il faut un relais politique. Il ne faut pas rejeter comme cela l’idée d’une manifestation nationale qui ferait converger tous les salariés sur l’emploi, la précarité le chômage. Il y a un besoin de réponse à ce qui se met en place notamment en matière de protectionnisme en Europe.

 

NPA:  Attention à ce qu’il n’y ait pas repli sur soi nationaliste: ça ne porte pas simplement sur l’emploi. C’est la question globale du système. Il nous faut être à la hauteur, sinon il y aura un repli nationaliste. C’est un débat sociétal.

 

 POI:    Les choses avancent:  depuis que la question a été soulevée, il y a 4 ou 5 organisations qui se sont prononcées autour de la table pour l’interdiction des licenciements. Il faut maintenant franchir un cap rapidement car il y a urgence à répondre sur le plan politique à la situation: chaque minute qui passe ce sont 2 licenciements. Pour le reste, sur le mode de gestion de la société, chacun a ses positions. C’est pour cela qu’il y a des partis différents autour de la table. Nous sommes pour notre part pour la restitution des 438 milliards d’euros, pour les nationalisations et donc la rupture avec l'Union européenne….mais il y a urgence immédiate à se mettre d’accord sur l’interdiction des licenciements.

 

PCF: Il nous faut avancer. On est quand même très proches. On a un corps commun très important. C’est vrai qu’il y a une passerelle entre le projet de société et la réponse actuelle, mais il faut bien distinguer ce qui est lié à la crise des solutions sociétales à mettre en place. Nous, nous sommes pour le dépassement du capitalisme. Mais cela pose la question du mot d’ordre d’aujourd’hui contre les licenciements. La marche, qui peut être un aboutissement. Qui peut être ... Pour l’instant, il faut travailler sur les textes, un document qui nous rassemble. Si nous travaillons sur un texte d’ensemble avec l’ensemble des positions, on retombera sur le même genre de compromis que celui que nous avons fait avant le 29 janvier. Est-ce qu’on peut aller à un approfondissement pour proposer un front contre les licenciements ? Est-ce qu’on peut travailler à 3 ou 4 pour proposer un format du type de débat public sur cette question des licenciements ?

 

ACU : Je n’ai pas envie de me faire engluer dans ce type d’initiative, alors cela sera non. Si il y a une phase de débat entre nous, préparatoire, on peut voir. Mais si c’est pour que ce soit un débat public, ça ne peut être comme cela, ce sera non. Il faut une phase de préparation.

 

POI:  Ne pourrait-on pas envisager un meeting sur le thème : « Y a-t-il une autre solution que l’interdiction des licenciements ? »

 

PCF : Au vu de la discussion de ce soir, cela semble un peu provocateur.

 

PG :  Nous souhaitons  reprendre le débat autour de la plate-forme d’avant le 29 janvier.

 

PCF : L’objet de la réunion, c’est de répondre à la question des salariés sur les licenciements. Il faut faire un front politique. Peut-être que ce sera possible avec certains, pas possible avec d’autres. Est-ce qu’il n’y a rien à faire ? Est-ce qu’on ne peut pas développer des mots d’ordre d’espoir pour les salariés ?  Il y a d’un côté le texte de soutien aux luttes sociales. Bon il faut le faire, nous l’avons fait, nous re-poursuivrons après le 19 mars si c’est nécessaire. Et il y a les plates-formes électorales. Et entre les deux ? Entre ce texte de soutien au mouvement social et la bataille électorale, est-ce qu’il n’y a rien à faire ? S’il n’y a rien à faire, si vous estimez qu’il ne faut pas explorer d’autres pistes, arrêtons-nous là. Mais nous nous proposons de faire une proposition de débats sur cette question.

 

PG:  propose un rassemblement à la Bastille sur la FNAC.

 

PCF : On s’est réuni pour discuter d’une proposition de manifestation sur les licenciements, et on termine avec la perspective d’un rassemblement de personnalités à la Bastille…

 

POI : Nous pensons  que l'interdiction des licenciements est un mot d’ordre incontournable qui devient chaque jour plus urgent et il faudra bien y répondre. Bien entendu, chacun a ses réponses comme parti, et c’est bien normal, c’est pour cela qu’il y a plusieurs partis. Pour notre part, nous sommes partisans de la socialisation des moyens de production. Mais aujourd’hui, il faut répondre politiquement à cette vague de licenciements. En 1945, une situation exceptionnelle a appelé des réponses exceptionnelles, ce qui semblait impossible avant est devenu possible. Une situation exceptionnelle exige des mesures de salut public. C’est cela qui devrait permettre de se retrouver, que la manifestation est une nécessité urgente.

 

PCF : Je ne vois pas comment conclure. On fait une proposition, chacun verra ce qu’il fait. On fera des notes préparatoires pour chercher une contribution. La question de l’automobile est une question centrale, il faudra en rediscuter pour éventuellement préparer une action spécifique unitaire pour ce secteur de l’économie. La formule « ensemble contre les licenciements » pourrait rassembler tout le monde.

 




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Commentaires

Attention aux mots d'ordre..... par Lecomte le Dimanche 15/03/2009 à 18:33

Un mot à Denis Collin dont j'apprécie le travail sur Marx pour dire simplement que l'interdiction des licenciements sans décrire les moyens pour le faire n'est qu'un mot d'ordre creux.
Il me semble que derrière ce débat se cache celui du dépassement ou du renversement du capitalisme.Là se situe aussi la ligne de fracture, me semble-t-il entre une gauche protestaire ( type NPA) et le PCF qui a déjà bien débattu de ces questions lors de congrès...

 Oui au mot d'ordre pour les licenciements boursiers ( dans la mesure où les actionnaires reçoivent des dividendes) mais la situation est différente de celle d'une PME de 5 personnes qui dépose son bilan...Ainsi le mot d'ordre en lui même n'est guère satisfaisant et d'autres mesures comme la sécurisation professionnelle permettent d'aller plus loin.

Je regrette pour ma part que Denis Collin n'examine pas de façon plus précise les propositions du PCF qui permettent d'enclencher un véritable processus de dépassement du capitalisme. Quant aux partisans du renversement "mécanique" du capitalisme, je reste plutôt sceptique car, tant sur le plan de l'action que sur celui de la théorie marxiste, le processus de dépassement ( merci Hegel...) me semble bien plus riche et bien plus concret que les appels incessants mais inopérants à son renversement..


Re: Attention aux mots d'ordre..... par d_collin le Dimanche 15/03/2009 à 20:59

Mon problème n'est pas pour l'instant de discuter en lui-même du mot d'ordre d'interdiction des licenciements mais de montrer ce que révèle la discussion autour de ce mot d'ordre. Je maintiens que distinguer entre les licenciements boursiers et les autres est une véritable ineptie qui apporte de l'eau au moulin idéologique des renovateurs et refondateurs du capitalisme. Et je ne vois aucune raison d'accepter les licenciements dans les sous-traitants de l'automobile qui sont étranglés par la crise et donc ne sont pas des licenciements boursiers... Dire "non aux licenciements boursiers", c'est implicitement dire "on peut discuter des licenciements non boursiers". Tout le reste est littérature! Mais peut-être n'ai-je pas compris qu'il faut "dépasser" la lutte contre les licenciements ...? J'ajouterai que, d'après ce que j'ai pu lire et entendre, le PCF a changé de position et reprend à son compte le mot d'ordre d'interdiction des licenciements.

En ce qui concerne le "dépassement" du capitalisme, je ne comprends pas ce que veut dire cette expression. Hegel ne parle d'ailleurs pas de dépasser mais de "Aufhebung", ce qui pourrait plus clairement se traduire par "surmonter". La "Aufhebung", c'est la "négation de la négation" et pas un tranquille dépassement à vitesse autorisée et en ligne droite. Et Marx dit clairement que la perspective qui naît du développement même du mode de production capîtaliste, c'est cette négation de la négation qu'est l'expropriation des expropriateurs.

Le monopole du capital devient une entrave pour le mode de production qui a grandi et prospéré avec lui et sous ses auspices. La socialisation du travail et la centralisation de ses ressorts matériels arrivent à un point où elles ne peuvent plus tenir dans leur enveloppe capitaliste. Cette enveloppe se brise en éclats. L'heure de la propriété capitaliste a sonné. Les expropriateurs sont à leur tour expropriés. (Capital, I, VIII)
 

Et il explicite les raisons de ce flirt avec les formules hégéliennes:
L'appropriation capitaliste, conforme au mode de production capitaliste, constitue la première négation de cette propriété privée qui n'est que le corollaire du travail indépendant et individuel. Mais la production capitaliste engendre elle-même sa propre négation avec la fatalité qui préside aux métamorphoses de la nature. C'est la négation de la négation. Elle rétablit non la propriété privée du travailleur, mais sa propriété individuelle, fondée sur les acquêts de, l’ère capitaliste, sur la coopération et la possession commune de tous les moyens de production, y compris le sol.
Pour transformer la propriété privée et morcelée, objet du travail individuel, en propriété capitaliste, il a naturellement fallu plus de temps, d'efforts et de peines que n’en exigera la métamorphose en propriété sociale de la propriété capitaliste, qui de fait repose déjà sur un mode de production collectif. Là, il s'agissait de l'expropriation de la masse par quelques usurpateurs ; ici, il s'agit de l'expropriation de quelques usurpateurs par la masse.
Que ce processus soit un processus justement, c'est-à-dire passe par des étapes et des moments différenciés, j'en suis bien d'accord. Mais pour définir les étapes et les moyens, il faut savoir où l'on va. Et, à mon sens, la grande crise du mouvement ouvrier aujourd'hui tient en ceci que plus personne ne peut dire clairement où l'on va. Pour les transitions, je réitire mon invite à lire les derniers chapitres de mon Revive la République ainsi que la dernière partie de mon Cauchemar de Marx qui vient de paraître.

Denis COLLIN


raisonnements spécieux et exégèse par Serge_Gomond le Mardi 17/03/2009 à 00:29

Comment ne pas répondre à ce genre d’argutie, l’éxègese pour répondre à une interrogation fort simple. D’abord un exemple concret paru sur deux semaines d’affilées dans le "Canard" (la semaine dernière, mercredi 4 mars 2009, et la semaine d’avant). La FNAC, l’un des fleurons français de la distribution culturelle, dont le grand patron est l’un des hommes les plus (ou le plus ?) fortuné de France, François-Henri Pinault, a félicité le pédégé  de la FNAC, un certain Christophe Cuvillier, pour avoir maintenu un chiffre d’affaire à la marge opérationnelle par ces temps difficiles. Et pour fêter l’événement, a préparé un plan de licenciement pour 400 des salariés, qui correspondent à près de 4% des effectifs. La Bourse a répondu favorablement à cette initiative, et l’action a bondi de près de 7%. Le "Canard" conclu par : « comprenne qui voudra… » S’agit-il d’un plan de licenciements boursiers ou de licenciements "normaux" ? (c-à-d, dans la logique du système capitaliste actuel, et ce malgré l’effondrement de l’économie financière, et pour être plus précis, de la doctrine néo-libérale de l’École de Chicago), en lisant un article de Serge Halimi, paru dans "le Monde diplomatique" de ce mois-ci (mars 2009) et intitulé, « Vers 1880 surgirent des barrières douanières », rubrique "Dossier", (dans cette rubrique, il y avait les articles d’autres intervenants, dont celui de Jacques Sapir, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) etc., et de François Ruffin, tout particulièrement appréciable pour ses enquêtes ou ses ouvrages d’une clairvoyance redoutable, mais qui n’ont rien à voir avec le sujet qui est traité ici), et dans un encadré, publié sur la même page que cet article, un texte de Karl Marx, paru le 7 janvier 1848, devant l’Association démocratique de Bruxelles, et intitulé « Discours sur le libre-échangisme ». (Dont vous pouvez, si vous le désirez, prendre connaissance dans ce mensuel). Le titre est trompeur, et certains lecteurs s’y sont laissés prendre, en l’interprétant de façon abusive, comme LE plaidoyer en faveur du libre-échange, alors que comme le précise Serge Halimi ce texte ne ce comprend que par rapport au contexte historique, et l’erreur qu’en ont fait certains, fut de l’interpréter au pied de la lettre… Erreur fatale !

Les licenciements…, tous les licenciements…, ne peuvent s’interpréter qu’à la lumière du contexte économico-politique actuel, c-à-d, à la lumière des données historiques (sur une période d’environ, vingt cinq ans, bien que les avis divergent quant à la durée précise, c’est un autre débat !) ; sorti de ce contexte c’est de l’exégèse pure et simple. Ça flatte l’esprit, mais c’est totalement faux ! Par contre, il est à peu près certain que le POI, soit dans le vrai, et ce n’est pas avec des arguments spécieux, qu’on pourra détruire leurs raisonnements et ces conséquences, l’action politique qu’ils mènent (1).

Quand une action est bonne, il faut s’unir et agir !

 

(1) On peut prétendre, que d’autres actions sont possibles, on serait curieux d’apprendre lesquelles (?)


par regis le Mardi 17/03/2009 à 03:50

Ce monde marche sur sa tête ! Qu’une incongruité telle que le subtil distinguo entre licenciement « boursier » (abusif donc ?) et licenciement « non boursier » (justifié donc ?) puisse apparaître comme un argument dans une économie capitaliste où l’exploitation du travail salarié ne semble pas connaître de borne…

Que ces messieurs aient le courage de leur « conviction » et aillent expliquer aux intéressés ce qu’ils devraient en penser !

S’ils sont logiques avec eux-mêmes, ils devraient aller jusqu’à condamner des productions socialement utiles mais non…rentables !

Peut-on, à cette aune là, comprendre pourquoi ils ont participé à des gouvernements menant des politiques réactionnaires sur lesquelles ils se gardent bien de revenir. ?


Impostures par Michel Gandilhon le Mardi 17/03/2009 à 12:55

Denis Collin a raison de souligner que le "concept" de licenciement boursier n'a aucun sens. Les directions d'entreprise ne licencient pas pour faire plaisir aux actionnaires 
mais pour accroître les profits ou les sauvegarder. Il n'y a pas de taux de profit normal pour le capital tel qu'il pourrait modérer l'exploitation du travail salarié et trouver une sorte d'équilibre raisonnable, un taux d'exploitation acceptable en somme. Le capital est par définition toujours à la recherche d'extra-profits (au dessus du taux moyen) et si cette recherche passe par des licenciements, l'entreprise licenciera. En outre, contrairement à ce que pensent beaucoup de militants, une entreprise qui fait des bénéfices n'est pas forcément en bonne santé. Cette santé est relative à celle des concurrents de la branche. Il y a quelques années, l'entreprise Danone a licencié parce que les profits qu'elle réalisait étaient plutôt moins élevés que ceux réalisés par ses concurrents directs. Dans une telle configuration, il fallait que Danone licenciât pour dégager des sommes nécessaires à la rationalisation de son procès de production. Si elle ne ne l'avait pas fait, l'entreprise serait morte. Rien ne sert de gémir : ce sont les lois immanentes de l'accumulation du capital. Le mouvement ouvrier est né pour briser ces lois, pour les détruire et non pour les aménager. La tragédie que nous vivons aujourd'hui c'est que cette perspective a complètement disparu du paysage et depuis longtemps (question : a quand remonte en France la dernière tentative sérieuse de contestation du règne de la bourgeoisie ? 1871 ! 138 ans). Cette perspective c'était l'appropriation collective des moyens de production par les producteurs associés et l'initiation d'un processus de dépérissement de la valeur. Aujourd'hui, du PS au NPA en passant par le POI et LO, plus personne ne défend cette perspective. Dans le meilleur des cas, les partis à la gauche du néant aubrisé et ségolénisé se bornent à réclamer une meilleure répartition des richesses sans jamais s'interroger sur la nature de cette richesse. Il s'agit là d'une regression par rapport aux acquis théoriques que représentaient lesd travaux du barbu sur le capital : aujourd'hui le socialisme au mieux c'est  "prendre aux riches pour donner aux pauvres". Chez les militants du POI, ce tropisme est même devenu caricatural et traduit une méconnaissance des règles élémentaires du fonctionnement économique. On le voit par exemple dans le compte rendu avec l'invocation des fameux 428 milliards d'euros qu'ils ont l'air de se représenter comme une cagnotte dans laquelle il suffirait de puiser. Ils n'ont pas compris que cet argent n'existe pas, qu'il est virtuel, et que si l'Etat en a besoin pour sauver le système bancaire et financier, il apparaîtra sous forme de dette publique souscrite par les Chinois, les Emiratis ou les Norvégiens ! Il ignorent aussi que les milliards de la bourse ne sont que du capital fictif ! Bref les pseudos révolutionnaires ne comprennent même pas les lois élémentaires du système dans lequel ils vivent. 
Les lendemains ne vont pas chanter.


Re: Impostures par d_collin le Mardi 17/03/2009 à 18:20

Sur le fond, je suis d'accord avec la dernière partie de votre commentaire.Dans le grand barnum de la crise, il y a des transferts de capitaux et des changements de positions stratégiques entre les diverses fractions du capitalisme mondial. Une réorganisation et un changement de phase (comme le dit Gianfranco La Grassa (je rends compte ailleurs de ses travaux ). Et les États tentent, tant bien que mal, de sauver les meubles. Je le répète: la discussion entre ces partis m'intéresse plus parce qu'elle révèle que par ce qu'elle dit. De fait, je constate, comme vous, que plus personne ne pense qu'on peut faire autre chose qu'une réforme du capitalisme, faire un capitalisme "à visage humain". Mais ça, c'est une chimère. Pareillement tout le monde court derrière la "journée de mobilisation"  du 19 mars que les dirigeants ont convoquée en vue de pousser le gouverner à faire plus contre la crise (c'est ce qu'ils disent). C'est donc une journée de soutien critique à Sarkozy. Elle vient d'ailleurs à la suite de la rencontre que les dirigeants ont eue avec Sarkozy et sur fond de multplication des convergences et des accords sur des points tout à fait importants entre gouvernement, patronat et syndicats sur toutes sortes de question qui ne font pas la "une" de la presse mais n'en sont pas moins importantes. Il y a certes des mouvements sociaux qui parfois débordent les syndicats. Mais ces mouvements restent éparpillés et sans réelle perspective sinon de se battre le dos au mur. Le mélange de spontanéisme et d'opportunisme, si fréquent chez nos "révolutionnaires", ne saurait tenir lieu de stratégie. Bref, il faudrait un "prince moderne" qui se fait attendre.
DC


Re: Impostures par Michel Gandilhon le Mercredi 18/03/2009 à 12:48

Merci pour le compte rendu passionnant du livre de La Grassa. Une traduction est-elle envisagée ?


Re: Impostures par d_collin le Mercredi 18/03/2009 à 20:25

J'ai alerté, sans succès, plusieurs éditeurs pour leur proposer le livre de La Grassa.  Même et surtout les éditeurs classés dans la "gauche de gauche" se sont abstenus de me donner une réponse. Il y a pas mal de choses discutables par ailleurs chez La Grassa mais ses analyses du capitalisme aujourd'hui sont plutôt stimulantes. D'où la raison qui fait qu'on les ignore superbement ici où la prétendue "gauche" et les partis autoproclamés "ouvriers" se moquent comme d'une guigne de la pensée et se contentent de recycler les déchets de constructions idéologiques faillies depuis longtemps.

DC


Re: Impostures par Pierre Delvaux le Mercredi 18/03/2009 à 17:02

Intéressantes réflexions des uns et des autres mais peut-être trop de hauteur de vue au final désespérante. Je fais mienne l'idée de reprendre le flambeau de la Commune, expérience historique ultime de l'expropriation de la classe parasitaire. Mais, comme Serge Gomond, je ne pense pas que nous devions attendre "le prince moderne" pour agir et, à ce titre, je ne pense pas que le POI soit aussi égaré que le disent Michel et Denis. Je suis sur que quand ils évoquent les 428 milliards, ils savent fort bien ce qu'il en est. Peu importe qu'il s'agisse d'emprunts car, au final, la faisabilité de ces emprunts repose toujours sur la plus-value extorquée aux producteurs salariés. Peut-être suis-je un marxiste archaïque mais je persiste à croire à la capacité du mouvement révolutionnaire à faire saisir à ses acteurs la globalité du moment historique dont ils n'avaient pas idée la veille (pour schématiser grossièrement). C'est le déclenchement de ce mouvement qui est difficile. Souvent on croit le voir poindre et il se dérobe mais il repose toujours sur la fédération des masses autour d'une aspiration commune, laquelle naît au départ de quelque chose qui relève plus du sentiment, de la perception que de l'analyse (laquelle s'effectue, précisément, une fois le mouvement engagé). Aujourd'hui, la crise aide les travailleurs à faire le lien entre leur situation et celle des exploiteurs. L'important n'est pas qu'ils saisissent tous les rouages du système mais qu'ils s'engagent dans sa contestation à partir de leur propre expérience. C'est pourquoi le mot d'ordre de restitution des 428 milliards me semble aussi pertinent que celui des 200 euros en Guadeloupe.


Re: Impostures par regis le Jeudi 19/03/2009 à 01:45

Pierre Delvaux a raison. L’argument : « On le voit par exemple dans le compte rendu avec l'invocation des fameux 428 milliards d'euros qu'ils ont l'air de se représenter comme une cagnotte dans laquelle il suffirait de puiser. » résonne pour moi comme l’écho d’un autre : « les caisses sont vides ». Faudrait-il organiser un « débat » comme on en entend trop souvent sur la dette de l’Etat ?

Le problème n’est-il pas de partir des conditions concrètes d’existence pour trouver un levier dont les salariés peuvent s’emparer ?

A ce titre, il me semble que se battre pour un « tous ensemble » pour l’interdiction des licenciements en vaut la peine.


y a-t-il une autre solution qu'interdire les licenciements ? par jean-françois michel dumont le Vendredi 27/03/2009 à 22:14

y a-t-il une autre solution qu'interdire les licenciements ?


1 - c'est une bonne question :

- il y a toujours une solution aux problèmes qui se posent aux êtres humains, car les êtres humains sont censés faire leur propre histoire.

- comme les êtres humains ont plusieurs manières de faire leur propre histoire, il y a donc plusieurs solutions aux problèmes qui se posent aux êtres humains :

           par exemple au problème de 1929, les hitlériens ont trouvé une solution...en 1933, puis en 1939 ; par contre, ils n'ont pas       trouver de solution en 1945..., les staliniens ont trouvé aussi la solution au problème de 1929, d'abord en s'alliant avec les hitlériens avant 1933 ("l'arbre nazi cache la forêt social-démocrate") et après 1933, en s'alliant à nouveau avec les hitlériens (pacte germano-soviétique) et contrairement à leurs alliés temporaires hitlériens, ils ont trouvé une solution en 1945...jusqu'en 1991.

          les staliniens auraient pu trouver une autre solution au problème de 1929, en s'alliant non pas aux hitlériens mais aux sociaux démocrates avant 1933, à ce moment là, il n'y aurait pas eu 1933, il n'y aurait peut être pas eu non plus la défaite de la révolution allemande et donc, à ce moment là, il n'y aurait  pas eu la défaite finale de la révolution russe, par contre les staliniens auraient quant même perdus le pouvoir, mais beaucoup plus tôt, quelque part dans les années 20, et pas en 1991.

         donc on n'aurait peut être pas à se poser cette bonne question.



2 - posons alors une autre bonne question :

y a-t-il une autre solution qu'interdire le capitalisme ?

- il y a toujours une solution aux problèmes qui se posent aux êtres humains, car les êtres humains sont censés faire leur propre histoire.

- comme les êtres humains ont plusieurs manières de faire leur propre histoire, il y a donc plusieurs solutions aux problèmes qui se posent aux êtres humains :

      l'interdiction du capitalisme est une bonne solution, comme l'interdiction des licenciements une bonne solution, la seconde solution peut mener à la première solution, à chacun de mener le raisonnement en actualisant l'exemple précédent (par exemple au problème de 2009, les ....etc....etc).




a+ jfm






Re: y a-t-il une autre solution qu'interdire les licenciements ? par la-sociale le Dimanche 29/03/2009 à 15:30

Cette tentative d'histoire conditionnelle est réjouissante. Et sans doute faut-il procéder de temps en temps avec des "si", non pour mettre Paris en bouteille mais pour explorer le champ des possibles.

DC.



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