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La question nationale au miroir d’Israël

Réflexions à partir du livre de Shlomo Sand

Par Denis Collin • Bibliothèque • Mercredi 29/07/2009 • 3 commentaires  • Lu 3387 fois • Version imprimable


Le livre de Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé (Fayard, 2008) a rencontré un certain succès et il a même fait l’objet d’un débat d’historiens dans le numéro de juin de la revue L’Histoire. C’est que ce livre pose une question brûlante – surtout quand on voit l’évolution actuelle de la politique du gouvernement israélien – mais renvoie en même temps à des questions théoriques fondamentales.

La thèse de Sand est maintenant largement connue (tout en n’étant d’ailleurs pas si nouvelle que cela1) : l’idéologie sioniste repose sur un mythe, celui d’un peuple juif exilé en 70 de notre ère, après la destruction du second temple et la création de l’État d’Israël serait simplement la mise en œuvre d’un droit au retour inscrit dans toute l’histoire d’un peuple juif qui serait resté pour l’essentiel ce qu’il était dans le récit biblique. Or ce mythe national qui a constitué le fondement de l’idéologie et des revendications politiques du sionisme n’a tout simplement aucune base historique. Le sionisme ne serait ainsi qu’une variante des idéologies nationales ethnicistes qui se sont développées en Europe, principalement dans la deuxième partie du XIXe siècle et qui ont trouvé leur mise en pratique au cours du XXe siècle. Le sionisme et l’histoire dominante dans le système universitaire israélien ont dû procéder à un refoulement de l’histoire réelle des Juifs au profit d’une histoire mythique dont la Bible est censée exprimer la vérité objective.

 

Les travaux d’Israël Finkelstein et Neil Asher Silbermann (voir La Bible révélée) avaient montré sur des bases archéologiques indiscutables que l’histoire du peuple juif racontée par la Bible est une pure fiction, qu’il n’y a jamais eu ni peuple d’Abraham s’installant au pays de Canaan, ni esclavage et sortie d’Égypte, ni même cet horrible génocide des cananéens dont se vante le livre de Josué... Remarquons en passant que les programmes d’histoire enseignés dans les écoles de la république tiennent en gros le récit biblique pour une vérité historique objective, ce qui montre les limites de la laïcité soumise aux groupes de pression2.

 

Sand commence par évacuer le mythe de l’exil. S’appuyant sur de nombreux travaux historiques, il réfute point par point la vision du peuple juif chassé de sa terre et condamné à l’errance. Un mythe fondateur pour le sionisme mais dont l’origine doit surtout être cherchée dans la vision et la politique des chrétiens condamnant le « peuple déicide », contraignant les communautés juives à l’insécurité permanente. Conséquence: si l’exil est un mythe, pour l’essentiel les Juifs de Palestine sont restés sur place depuis la destruction du second temple. Si on considère que l’apport de population arabe après les conquêtes musulmanes a dû toujours rester relativement limité, par conséquent, les descendants du « peuple de la Bible », ceux qui sont nés « de la semence d’Abraham », sont vraisemblablement bien plus nombreux parmi les Palestiniens opprimés par l’État d’Israël que parmi les ashkénazes et les séfarades installé depuis la déclaration Balfour.

 

Contrairement à une opinion reçue, Sand rappelle que loin d’être une religion refermée sur elle-même, une religion sans prosélytisme, le judaïsme dès le IIe siècle avant notre ère s’était largement développé tant dans l’Empire romain que dans les régions orientales limitrophes et que sa rencontre avec l’hellénisme a été un prodigieux facteur de son développement. Certains auteurs estiment qu’au premier siècle de notre ère, un habitant sur huit de l’empire romain était juif3. Le christianisme s’est d’ailleurs très largement diffusé à partir des communautés juives dont il a fini par limiter l’extension … avant d’en organiser la persécution systématique quand il deviendra la religion officielle de l’Empire4. Certains royaumes se sont même convertis au judaïsme. C’est le cas du royaume d’Himyar en « Arabie heureuse », ou encore de la reine Kahina, un royaume berbère. Et c’est aussi le cas plus connu de la conversion de l’empire khazar (situé entre la Caspienne et la mer Noire). Ces faits historiques massifs permettent de réfuter la thèse d’un « peuple juif » éternel, ethniquement homogène. Sand parle d’un « peuple yiddish » parce que nous avons là un ensemble de communautés qui ont une langue (le yiddish), une histoire et des traditions culturelles communes. Les Juifs d’Afrique du Nord ont une autre histoire, sans parler des communautés juives installées depuis longtemps en France, en Italie ou en Allemagne.

 

Cette pluralité du judaïsme – la seule unité étant d’ordre religieux – va être bouleversée au XIXe siècle par l’irruption des mouvements nationaux eu Europe. L’évolution historique en Angleterre ou France et même en Allemagne semblait conduire à l’intégration progressive des Juifs comme simple groupe culturel et religieux à l’intérieur des nations démocratiques (ou en voie de devenir démocratiques). Mais les mouvements nationaux à l’est n’ont pas suivi la voie de la constitution de communautés politiques mais ont rapidement pris une tournure fortement ethnique et quand la nation devient une affaire de famille, le meilleur moyen d’assurer son unité est encore de le faire sur le dos du voisin. Autrement dit à l'est l’affirmation nationale s’est accompagnée d’un antisémitisme souvent virulent – le panslavisme a dans les pogroms son indispensable complément. Or cet antisémitisme entre en résonance avec le bouillonnement national qui se fait jour d’abord dans l’élite intellectuelle et puis dans l’ensemble de la population du « yiddishland ». Comme les autres peuples, les Juifs d’Europe de l’Est et de Russie sont pris dans le tourbillon du développement capitaliste. Le développement économique et culturel d’un côté, la discrimination et l’oppression nationale de l’autre expliquent l’apparition d’un fort sentiment national juif qui constitue la base objective du sionisme. Inutile de faire appel à on ne sait quelle théorie du complot: la mise en œuvre des principes marxiens ou marxistes suffit amplement pour comprendre ce qui s’est passé.

 

Comprenons-nous bien : il n’était pas nécessaire que ce mouvement national se traduisît par la stratégie de l’établissement d’un foyer national juif en Palestine et par l’idéologie du retour de tous les Juifs de la terre vers Jérusalem. Parti ouvrier juif, laïc et marxisant, le Bund, très implanté dans les ghettos polonais refusait le sionisme et revendiquait une autonomie culturelle et politique du peuple juif à l’intérieur d’un État multinational et c’est seulement la destruction des Juifs d’Europe par Hitler qui a pu liquider le Bund – lequel joua encore un rôle décisif dans le formidable soulèvement que fut l’insurrection du ghetto de Varsovie. Le sionisme a donné une autre solution à la question nationale des Juifs d’Europe – principalement d’Europe de l’Est et cette solution a consisté précisément a reprendre les idéologies ethnicistes des mouvements nationaux. Puisque les Russes ou les Polonais proclamaient la pureté de la race russe ou polonaise, les Juifs devaient se proclamer eux aussi une race pure et se défendre comme « race ». C’est d’ailleurs pourquoi, dès les origines, le sionisme va incorporer les conceptions racialistes de l’humanité qui ont été mise à la mode dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Une orientation qui s’est poursuivie et renforcée jusqu’à nos jours. Même si tous les sionismes ne partageaient pas les fantasmes de la race pure, l'État israélien finance toujours des recherches en génétique pour essayer de trouver le chromosome juif... Le livre de Sand insiste d’ailleurs sur la propension assez étonnante qu’a le sionisme de reprendre tous les traits saillants de l’antisémitisme, tant l’antisémitisme chrétien traditionnel que l’antisémitisme moderne à maquillage scientiste biologique.

 

De cette analyse Sand tire un certain nombre de conclusions concernant la situation présente. Fondé sur l’affirmation de la prééminence d’un peuple juif défini à la fois religieusement et ethniquement, l'État d’Israël ne peut aucunement être qualifié de démocratique puisqu’il ne peut pas être considéré comme l'État de tous ses citoyens, les citoyens israéliens non juifs étant des citoyens de seconde zone. Sand donne d’ailleurs des exemples très parlant des imbroglios administratives et juridiques auxquels conduit la constitution actuelle d’Israël. Bien que la religion joue un rôle institutionnel massif, Sand refuse cependant de qualifier Israël d'État théocratique. De fait la religion joue ce rôle dans la vie civile que parce qu’elle a été instrumentalisée par le sionisme, c’est-à-dire par une forme perverse du nationalisme. Et sur ce point, comme sur beaucoup d’autres, sa démonstration est plutôt convaincante.

 

La solution idéale serait la création d’un État laïque et démocratique sur l’ensemble du territoire de la Palestine. Mais Sand considère – à juste titre selon moi – cette solution comme purement utopique. Il rappelle que la seule légalité international de l'État d’Israël est le partage de 1947 qui prévoyait un État juif et un État arabe. Mais une telle solution elle-même ne serait durable que si à l’intérieur même d’Israël la population juive commence à modifier ses relations avec les israéliens non juifs. Et Sand se joint sur ce point à un certain nombre de propositions de modifications constitutionnelles qui sont portées tant par des forces politiques israéliennes arabes que par certains courants juifs – encore très minoritaires, il faut le reconnaître.

 

On peut ruminer pendant encore plusieurs siècles l’injustice fondamentale et irrécusable par lequel les puissances d’Europe se sont débarrassées de la question juive en soutenant l’installation des Juifs d’Europe dans « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». La dénégation de l’existence des Palestiniens, leur expulsion massive selon les procédés d’épuration d’ethnique souvent pires que ceux utilisés en ex-Yougoslavie, tout cela est la racine du problème israélo-palestinien. Mais de même que les Amérindiens ne peuvent pas raisonnablement demander le démantèlement de toutes les colonies européennes installées sur leur territoire depuis le « may flower », de même il n’est pas d’autre existence envisageable pour les Palestiniens qu’une existence avec ces populations qui se reconnaissent dans l’État d’Israël. Mais pour que cette coexistence israelo-palestinienne soit possible, la liquidation de la mythologie sioniste (qui est portée de nouveaux degrés d’absurdités par le gouvernement Nethaniaou) risque fort d’être un préalable indispensable.

 

Au-delà de sa contribution à la « question juive », Sand nous invite à repenser la question de la nation. Il refuse le schématisme qui oppose la conception ethnique et la conception politique de la nation en classant les différentes nations de manière un peu manichéenne. L'Allemagne des Lumières et au-delà a connu de nombreux courants, de Goethe aux socialistes, qui voyaient la nation allemande comme intégratrice et ouverte. La France, même si elle s’est conçue comme une nation politique (dans la tradition républicaine révolutionnaire, n’a cessé d’être travaillée par l’ethnicisme, qui a été défait lors de l’affaire Dreyfus mais a tendu à ressurgir à la moindre occasion. Mais, s’il faut refuser ces classifications trop schématiques, en gros l’opposition entre ces deux tendances reste valable.

 

Mais si l’on doit préférer évidemment la conception politique de la nation (le « plébiscite de tous les jours » dont parlait Renan), il reste que les nations se fondent toujours sur un discours idéologique trompeur : « L'oubli, et je dirai même l'erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d'une nation, et c'est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité un danger. L'investigation historique, en effet, remet en lumière les faits de violence qui se sont passés à l'origine de toutes les formations politiques, même de celles dont les conséquences ont été le plus bienfaisantes. » (Renan, Qu’est-ce qu’une nation?)

 

On le sait: le récit glorieux de la République française a souvent servi d’alibi au colonialisme et à l’oppression des autres peuples et des classes dominées à l’intérieur. L’histoire ne fait pas bon ménage avec la politique. Ou alors elle est domestiquée et annexée à la grande fabrique de l’idéologie ou des mythes. L’expérience du sionisme porte à l’incandescence des tendances que l’on trouve en réalité dans l’histoire de toutes les nations.

 

Pourtant, comme le note très bien Sand, la démocratie n’est possible que dans une communauté d’égaux, une association politique qui soit la propriété de tous et c’est précisément cela la forme « nation », distincte de toutes les formations politiques qui l’ont précédée. Les rois et les aristocraties n’avaient que faire d’une nation, puisque les classes dirigeantes prétendaient justement être d’une autre nature que les masses populaires. En France, la noblesse se voulait née du sang des conquérants francs et affirmaient que ses privilèges n’étaient que les droits du conquérant sur les gallo-romains conquis5. Les nations sont, certes, des formes historiques, et ne valent pas pour l’éternité, mais comme le dit encore Renan, « À l'heure présente, l'existence des nations est bonne, nécessaire même. Leur existence est la garantie de la liberté, qui serait perdue si le monde n'avait qu'une loi et qu'un maître. »

 

Faire en sorte que la nation, cadre nécessaire de la liberté politique, reste vivante sans mettre en péril la liberté des autres nations, c’est-à-dire réfléchir à la manière donne les nations peuvent faire société, c’est à cette tâche proprement kantienne6 que nous devons encore atteler.

 

Denis COLLIN

1Ernest Renan avait développé des thèses assez proches dans une conférence de 1883, “Le judaisme comme race et comme religion”, une conférence largement citée par Sand, contrairement à ce que croient ceux qui le traitent de plagiaire, condamnant son livre avant même de l’avoir lu, selon les méthodes ayant cours dans ce qu’il est encore convenu d’appeler, on ne sait trop pourquoi, « débat intellectuel ». Sand cite aussi, parmi des dizaines d’autres, le dernier livre d’Arthur Kestler, La treizième tribu. L’empire khazar et son héritage, éditions Tallandier, 2008.

2Le programme officiel inclut « Le peuple de la bible : les hébreux. L'étude des Hébreux est abordée à partir de la Bible, document historique majeur et livre fondateur de la première religion monothéiste de l'Antiquité, et des sources archéologiques. ».

3Sur cette question, on se reportera à la formidable enquête de Jérôme Prieur et Gérard Mordillat consacrée aux origines du christianisme, disponible en DVD après avoir été diffusée sur Arte.

4Sur les rapports judaïsme/christianisme et les raisons qui finalement ont permis au christianisme de l’emporter, voir encore le travail de Prieur et Mordillat.

5Voir l’excellent livre de Claude Nicolet, La Fabrique d'une nation. La France entre Rome et les Germains, Perrin, Paris, 2003.

6Voir Kant, Projet de paix perpétuelle et les conclusions que j’ai essayé d’en tirer dans Revive la République et dans plusieurs articles publiés sur «  » ou sur http://denis-collin.viabloga.com .

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Commentaires

par Pierre Stambul le Jeudi 06/08/2009 à 10:04

En disant, "il n'y a eu ni exil, ni retour", Sand démonte totalement le mythe sioniste. Le sionisme est un nationalisme particulier (il a inventé le peuple et même une conception racialiste de ce peuple), un colonialisme particulier (la métropole est vaste), une tête de pont de l'impérialisme. C'est surtout la seule idéologie qui ait réussi à inventer un homme nouveau. En travestissant l'histoire et l'identité, le sionisme a transformé des communautés de parias en un hybride raciste, militariste et colonialiste. Le sionisme repose sur plein de mensonges fondateurs ( "une terre sans peuple pour un  peuple sans terre" ...) et sur l'idée épouvantable que les Juifs ne peuvent vivre qu'entre eux.


Question par Menasce le Dimanche 09/08/2009 à 18:40

J'ai lu avec beaucoup d'intérêt vos réflexions inspirées du livre de Shlomo Sand et voudrais vous faire par de quelques remarques ponctuelles et un peu disparates.

Concernant le Bund (parti des ouviers juifs de Pologne et de Lithuanie), qui défendait un projet d'autonomie nationale et culturelle des juifs existant en tant que nation dans le yddishland, pour l'essentiel la "zone de résidence" dans laquelle l'oppresseur tsariste les maintenait dans des conditions épouvantables de misère, d'entassement et d'insalubrité, il faut rappeler qu'avant même son élimination par le nazisme qui a exterminé sa base politique et sociale, il avait fait l'objet d'une répression massive de la part du régime communiste en Russie dès les années 20, qui s'est transformée en élimination physique de ses cadres et miltants lors des années 30 sous Staline.
On peut donc parler d'une liquidation violente du Bund à l'actif de la "réaction" nazie et du totalitarisme stalinien.

A partir de cette constatation, je porte un regard un peu différent du votre sur le projet sioniste. Vous parlez en effet d'une "forme perverse" de nationalisme à son propos, formule qui semble ranger le sionisme du côté de l'aberration.
Or, il me semble qu'une des raisons du succès relatif du sionisme dans le monde juif d' "Europe de l'Est" est qu'il a su apporter des réponses pratiques et mobilisatrices à la situation de précarité et d'insécurité qu'il subissait à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, avant même le génocide organisé par les nazis.

Il est frappant de constater à la lecture des écrits personnels et correspondances de certains militants et cadres du mouvement sioniste des deux premières décades du XX e siècle, tels qu'ils ont pu être analysés dans le livre de G. Bensoussan ( Une histoire intellectuelle du sionisme, Fayard 2002), une conscience aigüe et tragique que le pire est à venir pour les juifs d'Europe orientale, en-dehors de la formation d'un foyer national.
Cela est à mettre en relation avec le sentiment diffus qui existait dans cette partie de l'Europe que les juifs étaient en "trop" sur la terre.
Ainsi, le ministre tsariste de Witte déclarant en 1905, au lendemain de pogromes sanglants, à propos des 5 millions de juifs russes; " un tiers sera exterminé, un tiers émigrera, un tiers se convertira".
Isaac Babel, écrivain juif et communiste, décrit dans son journal de guerre relatant son séjour au front durant la guerre russo polonaise de 1920, sa rencontre avec un paysan galicien qui l' ayant identifié comme juif, l'interroge sur le nombre de juifs présents en Galicie, puis lui déclare sans aucune agressivité mais comme une évidence que la moitié d'entre eux ne survivrait pas à cette guerre qui voyait se succéder les pogromes, prenant le relais de ceux de la pemière guerre mondiale et de la guerre civile en Russie ( cf, Cavalerie rouge d'Isaac Babel et Histoire d'un soldat juif de Simon Dubnov, le grand historien du Bund, assassiné en 1941 par un SS).
Enfin, pour clore cette énumération, je rappelle que dans la Pologne des années 30, un parti démocrate-chrétien qui ne pouvait pas être rangé à l'extrème-droite de l'époque, réclamait dans son progamme le boycott immédiat des magasins juifs et la mise en place d'une politique d'expulsion des juifs et d'extermination à l'encontre des récalcitrants... Le racisme antisémite exterminationniste imprégnait donc l'Europe centre-orientale avant même les nazis.

Sans tomber dans une vision téléologique de l'histoire, on peut poser la question de savoir si le sionisme, à partir de ses présupposés mystificateurs, n'a pas mieux perçu que le Bund, son grand rival malheureux au sein du Yddishland, la réalité des menaces qui pesaient sur l'existence physique des juifs de l'est européen...?
Le sionisme, mouvement national ethniciste porté par une petite partie des juifs de l'Est a survécu à la catastrophe de la guerre, son discours est devenu dominant au sein du monde juif parce qu'il prétend assurer la pérennité du "peuple juif" , qui, de mythe mobilisateur est devenue une certaine réalité, face à ce qui est perçu comme des forces de destruction prolongeant l'oeuvre de mort des nazis, au prix de l'éviction de la population palestinienne d'une partie de sa terre et de la réactivation du préjugé antisémite dans le monde entier.

Alors, "nationalisme pervers" ou perversité de la dialectique...Marx ne disait-il pas que l'Histoire avance par son mauvais côté.


Re: Question par d_collin le Dimanche 09/08/2009 à 22:29

Je suis tout prêt à vous suivre sur les raisons qui ont fait que le sionisme est apparu finalement comme une solution et même comme la seule solution pour les Juifs d'Europe.  Vous avez parfaitement raison de soulever la question du rôle du stalinisme dans la répression lancée contre le "Bund". En contrepoint, cela permet de comprendre l'importance du "yiddishland" dans les mouvements trotskystes.



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