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Avant le congrès du parti socialiste: poursuivre la discussion

Par Jean-Louis Ernis • Actualités • Mercredi 12/11/2008 • 0 commentaires  • Lu 2499 fois • Version imprimable


Cet article constitue une réponse au commentaire de Denis Collin à la suite de la publication de l'article UN CONGRES POUR ASSURER L’ALTERNANCE ? ou CONSTRUIRE UNE ALTERNATIVE ? publié sur le site le 30 Octobre 2008

Je suis satisfait que ma réflexion sur le congrès du Parti Socialiste suscite débat. Je suis d’accord pour l’amplifier et comme tu le dis et ailleurs.
Je veux cependant rappeler qu’en 2007 j’avais proposé à D.D.R. un débat de plusieurs mois pour construire un projet de société.
Sur l’existence et le jeu du parti socialiste européen que tu qualifies de machin, j’ai une approche différente de la tienne.
La construction actuelle de l’Union Européenne, que nous contestons tous les deux, est néanmoins une réalité et, qu’on le veuille ou non, les structures politiques qui se sont créées en conséquences, jouent un rôle dominant pour ne pas dire de suzerain.
Il suffit de voir ce que sont devenus les partis socialistes d’Italie, d’Angleterre, du Portugal, d’Espagne, ou démocrates sociaux d’Allemagne et des pays nordiques.
Il en est de même pour la Confédération Européenne des syndicats, c’est aussi un machin, mais son rôle pèse sur les syndicats nationaux. Il suffit de se rappeler sa position sur la réforme des retraites. Sa docilité face au dogmatisme de la B.C.E. et de l’U.N.I.C.E. de contenir les salaires voire de les baisser, est patente.
Il faut se rappeler ce qu’avait déclaré John Monsk en clôture d’un congrès de la C.E.S. : « les confédérations nationales devront accepter de concéder à la C.E.S. une partie de leur prérogative » !!!
Voilà pourquoi je reste persuadé que le P.S.E. doit évoluer pour une raison supplémentaire. Il n’y a pas qu’en France que le peuple souffre, c’est donc l’occasion de réhabiliter l’internationalisme de la solidarité ouvrière, y compris en passant par l’Europe.
Aussi, je veux préciser ma pensée sur ce dossier. Je souhaite avant tout informer, même si cela a une importance toute relative, que je me suis fait mon opinion et que j’ai forgé mes convictions au fil des expériences accumulées par mon vécu.
Je ne crois pas au régime politique idéal. Je crois me rappeler que Churchill indiquait que la démocratie était le moins mauvais des systèmes.
Anthony Blair, dont je conteste l’option politique, en visite en France, avait sous le signe d’une boutade, précisé devant l’Assemblée Nationale son expérience du socialisme. Alors qu’il était jeune garçon de café, il s’était astreint à respecter les consignes de l’établissement : déposer les pourboires dans une cibile destinée à cet effet. Il avait appliqué les consignes jusqu’au jour où il s’était aperçu qu’il était le seul à les respecter !!!
On peut mépriser ces deux exemples et considérer qu’ils n’apportent rien de scientifique, pourtant ils sont bien l’expression de la réalité des rapports humains.
Au cours des années 70/80, alors que je m’interrogeais sur le système autogestionnaire, un vieux militant m’avait indiqué que c’était une fadaise. Pour me convaincre, il m’avait fait part d’un scénario simple. Il m’avait dit : « Tu mets deux bambins de 6 à 7 mois dans un parc pour enfants, tu leur donnes quelques jouets et tu les laisses faire. Dans la majorité des cas, au bout d’un moment, l’un deux se met à pleurer et si tu regardes, celui qui ne pleure pas a accaparé tous les jouets »
En résumé, l’un a dominé l’autre. Il faut l’intervention d’un adulte pour redistribuer les jouets. C’est l’école de la vie. Les rapports humains sont bâtis depuis des siècles sur le réflexe de domination quelque soient les circonstances et je crains que celui-ci ait encore de « beaux » jours.




Ceci dit, après des années de réflexion et de confrontation à la réalité de l’humain, j’ai fini de rêver du grand soir. Je considère que le moins mauvais des systèmes politiques et économiques, atteignable par le plus grand nombre au plus vite, est celui qui concilie, propriété privée, liberté d’entreprendre et répartition des richesses produites. (J’ai indiqué, dans mon texte initial, ce que je voyais, de manière non exhaustive, faire partie du service public) Contrairement au discours qui circule actuellement, le capitalisme ne se moralise pas, il s’encadre, il se règlemente, c’est la primauté du politique sur l’économie et la finance, régulé par des contrepoids, entre autre le syndicalisme ouvrier, mais à condition que celui-ci impose sa liberté de ton et son indépendance de comportement, refusant d’être ravalé au rang de partenaire social.

Face à cette évidence, nous le savons, deux attitudes existent :
- considérer que c’est une fatalité et s’en remettre à la volonté du surnaturel, c’est la farce entretenue par les religions,
- résister et s’organiser pour, au minimum, assurer les équilibres, d’où la nécessité d’imposer la répartition des richesses produites, ce qui est différent de la répartition des richesses.


Je m’interroge fortement sur la question des SCOP.
Ma modeste expérience m’invite à la prudence. Je crois savoir que la CAMIF est une SCOP, cela n’a pas empêché six cents suppressions d’emplois au cours des trois dernières années et d’en prévoir mille supplémentaires dans les semaines qui viennent.
On peut toujours considérer que c’est un mauvais exemple mais on peut au moins reconnaître que dans une S.C.O.P. comme ailleurs l’esprit de domination des uns et de crédulité des autres conduit à ce fiasco. Je ne condamne pas ce type d’organisation économique, je veux simplement indiquer que ce n’est pas la panacée.
Dans le domaine du commerce alimentaire, la Normandie était bien placée dans ce type de structure économique, or je n’ai pas le souvenir que les salariés aient eu un sort plus enviable que dans une SARL ou dans une SA.
Je crois savoir que la présence d’organisation syndicale n’était pas superflue et même qu’il y était difficile de militer.

De ce fait, il est nécessaire de s’organiser pour modifier le cours des choses. Pour ce faire, il faut répondre à deux questions.

1- Peut-on faire changer la gauche de l’intérieur ? Je n’y crois absolument pas, elle dispose de structures puissantes et bien organisées et l’alimentaire anéantit le débat politique interne.

2- La nécessaire évolution passe t’elle par la création d’un nouveau parti de gauche ? Il ne faut pas exclure cette hypothèse, mais il faut tenir compte des expériences du passé.

Plusieurs hommes politiques des deux rives ont tenté ce jeu. L’expérience a tourné court.
Ceux qui avaient un passé politique quelque peu tumultueux se sont vite retrouvés à la une des journaux à scandales et la justice s’est intéressée à leur cas. Ceux dont la probité ne souffre d’aucun soupçon se sont fait dépouiller de leurs mandats électifs et ont même été accusés de traîtrise à leur ancien parti et de favoriser l’ennemi.
De plus, le quinquennat et surtout l’inversement du calendrier électoral privilégiant l’élection du Président de la République privilégie le bipartisme.
On peut donc considérer que les élus sont pieds et mains liés par leurs appareils.

Alors est-ce à dire que plus rien n’est possible ? Non. Alors quoi faire ?

La réponse est simple, mais l’action est complexe car elle oblige à une importante mobilisation pour émanciper le plus grand nombre par des débats sur plusieurs sujets sans se contenter des moyens de communication qualifiés de modernes.
Rendre conscient le plus grand nombre, que rien n’est inéluctable, que la pression sur les appareils, sur les élus, est la seule solution pour obtenir une véritable politique de répartition des richesses produites.

Cette phase d’émancipation et de pression populaire construite sur la défense et la promotion des valeurs de la République sociale devra faire l’objet de bilans d’étape afin de mesurer l’évolution de la conscience populaire et ainsi décider, si nécessaire, de la construction d’un nouveau parti de gauche défendant les fondamentaux de Jaurès.

Quoiqu’il en soit, c’est par la mobilisation des masses que passe la solution.



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