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La division sexiste du travail

Résidu ou mode de gestion?

Par Pierre Assante • Débat • Mercredi 23/06/2010 • 3 commentaires  • Lu 3146 fois • Version imprimable


C’est dans le rapport à l’égard de la femme, proie et servante de la volupté collective, que s’exprime l’infinie dégradation dans laquelle se trouve L’homme vis-à-vis de lui-même….
... Le rapport immédiat, naturel, nécessaire, de l’homme [générique] à l’homme [générique] se confond avec le rapport de l’homme à la femme…
… Dans ce rapport apparaît donc de façon sensible, comme un fait concret, à quel point l’essence humaine est devenue naturelle pour l’homme [générique], à quel point la nature est devenue l’essence humaine de l’homme….
… En partant de ce rapport, on peut donc juger du niveau culturel de l’homme…..
… Le rapport de l’homme à la femme est le rapport le plus naturel de l’homme à l’homme…..
… Dans ce rapport, apparaît aussi dans quelle mesure le besoin de l’homme est devenu un besoin humain, donc dans quelle mesure l’autre homme en tant que tel est devenu un besoin pour l’homme, dans quelle mesure l’homme dans son existence la plus individuelle est devenu en même temps un être social….
Karl . 1844.

I - Notre capacité à aimer

Nous la devons en première instance aux mères. La fusion mère-enfant en est l’origine et l’aboutissement. Cette aspiration est transférée, dans toute phase amoureuse, sur quelque l’objet d’amour que ce soit dont nous aspirons à la possession, à la fusion ; possession et fusion, immédiates, tempérées culturellement, différées ou manquées, mais concrètes.
La société toute entière est porteuse de cette fusion, de l’image de la fusion et de la représentation mentale de la fusion ; y compris pour l’individu privé de mère.
L’acte séparateur, attribué et le plus souvent exercé par le père dans la société patriarcale, constitue le second ou premier élément de la formation de l’expérience individuelle et collective de et des objets, dans son unité et sa simultanéité.
Mais ce rôle séparateur ne semble pas du tout indissoluble de la fonction paternelle et peut être exercé par toute autre personne ou collectif. Ce qui ne contredit pas l’amour, réciproque ou à sens unique, du père, de la fratrie, de la communauté restreinte, large ou universelle d’identification…
Une fonction « nourricielle » post-natale assurée par un père, une communauté, peut-elle se substituer à la fonction « fusionnelle » maternelle ?

[Pour lire l'intégralité du texte, cliquez ici]

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Commentaires

par quent1 le Mercredi 23/06/2010 à 14:28

Un mot bleu un peu ou plutôt beaucoup en dehors du sujet car de l'extrait choisi des Manuscrits 1844 je n'ai vraiment rien compris.
J'ai cependant ensuite après clic vu et lu ceci en en-tête de votre article et vous fais donc un petit signe suite au rappel musical de la poésie :
"J’ai volé vers toi
comme un enfant
vers sa mère
Sappho

De la source à la mer en 3 superbes CD, cela même si l'on ne comprend pas la langue grecque ancienne ou moderne, ce qui est mon  cas : Sappho de Mitylène, O Erotas, Mia Thalassa
Bien que dans les greniers de Karine n'y aient pas encore été invitées Angelica Ionatos et Nena Venetsanou chantant entre autres textes la poésie d e Sappho de Mytilène, muse immortelle, 2 soeurs y sont. Petite musique de nuit ici : Nadia, Lili Chez les pédagogues


par quent1 le Vendredi 25/06/2010 à 21:02

Je n'ai pas encore pu lire l'intégralité de l'essai de Pierre Assante mais sur écran en ai lu et relevé quelques pages qui m'ont paru fort intéressantes et qui mériteraient la lecture des passants de la sociale, je les ai donc ai extraits ci-dessous pour inciter les lecteurs de la sociale à la réflexion de P.A. qui si souvent correspond à ce que je pense sans aussi bien savoir l'exprimer, au risque d'insister mais avant l'extrait de l'essai  : http://remue.net/spip.php?article116+ http://www.lmda.net/din/tit_lmda.php?Id=55254

p.17 « Si tu supposes que l’homme [générique] devient humain et que son rapport au monde devient un rapport humain, tu ne peux échanger que l’amour contre l’amour, la confiance contre la confiance, etc.

Si tu veux jouir de l’art, il te faudra être un homme ayant une culture artistique ; si tu veux exercer de l’influence sur d’autres hommes, il te faudra être un homme pouvant agir d’une manière réellement incitative et stimulante sur les autres hommes. Chacun de tes rapports à l’homme –et à la nature- devra être une manifestation déterminée, répondant à l’objet de ta volonté, de ta vie individuelle réelle. Si tu aimes sans susciter l’amour réciproque, c'est-à-dire si ton amour, en tant qu’amour, ne suscite pas l’amour réciproque, si par ta manifestation vitale en tant qu’homme aimant tu ne te transformes pas en homme aimé, ton amour est impuissant et c’est un malheur » Karl. Marx, 1844.

 « . non ai de sen per un efan . aissi sui d’amor entrepres » Bernartz de Ventadorn.

p.49 Je suis parti à Assise, dans le village de ma femme, avec cette idée en tête des « humains-interface ». J’ai tenté toute ma vie professionnelle de T.O.S., de servir d’intermédiaire entre T.O.S. et enseignants, en tant que milieux sociaux différents, les uns « plus subalternes », les autres « plus couches moyennes », ce rôle m’apparaissant justement comme « rôle d’interface ».

Là-dessus, dans tout mon voyage, je lis « Ce qui reste d’Auschwitz » d’Agamben. Je constate, comparant ma réflexion à la sienne, que le rôle de témoin « qui ne peut pas témoigner » peut s’appliquer à des cas beaucoup moins extrêmes, « ordinaires ». Sagot-Duvauroux note bien la situation de celui qui a la parole et celui qui ne l’a pas dans « Héritiers de Caïn ». D’autre part, Yves Schwartz souligne les 3 points des « champs de l’activité humaine » : l’héritage culturel du champ, l’activité des humains de ce champ, et le 3° pôle, le contact avec l’inconnu.

Si l’on imagine la multiplicité des champs, mais aussi leur interpénétration, on devrait imaginer une multiplicité de « zones de témoignage » qui s’interpénètrent, et pourquoi pas, la multiplicité des individus à la fois enfermés dans leur champ et en même temps en situation de témoin et d’interface.

p.54-55 Le nazisme est en fait l’extrême du « rationalisme » étroit. Il se place dans les champs des rapports les plus « utilitaristes » et par là éliminent tout ce qui n’a pas l’apparence « touchable » de l’utilité. Le concept d’une utilité saine tronquée de l’héritage et ignorant d’une conception tripolaire de l’activité conduisent les nazis à l’élimination de l’héritage et de tout ce qui le représente : livres, « art décadent », HUMAINS symbolisant cet héritage, les Juifs et les autres ; ceci au profit de cette « race » sans activité autre qu’utilitaire symbolisée par la « race aryenne ». Le stalinisme tend en fait vers cette « rationalisation » de « l’homme nouveau » qui est une régression spectaculaire, dangereuse et dramatique pour l’individu comme pour l’espèce.

Mais il y a une différence : sa contradiction avec ses aspirations sociales et philosophiques universelles revendiquée freine cette régression, à la différence du nazisme.

Dans le judéo-christianisme il y a l’intuition de ces contradictions. Le réseau humain, « saint esprit », la pensée collective déchaîne d’abord l’échange marchand et aboutit à l’apocalypse. Dans le système marchand antique, le réseau n’est pas en abondance « au niveau de la planète » comme il se construit aujourd’hui.

La pénurie qui se dessine au bout du système marchand par la destruction par l’homme de ses ressources est sans doute la réalisation de cette apocalypse. Mais l’apocalypse n’est pas seulement destructeur, il est renouvellement, résurrection.

Il semble que tous les bonds de développement ou de disparition des espèces passent par des « évènements extérieurs ». La pénurie peut en jouer sans doute le rôle. En doit-il sortir disparition ou développement ?

La « foi », ou la « grâce », ou le « libre arbitre conscient de l’ensemble je-nous » doit jouer son rôle, c’est notre volonté collective qui peut donner le coup d’épaule vers la « bifurcation-développement ». Et cette bifurcation dépend essentiellement d’une saine, et cette fois vraiment saine conception de l’activité humaine tripolaire ; l’héritage en étant un élément

p. 86-87 La persistance du patriarcat, jointe à l’entrée des femmes dans la production moderne, de notre temps, dans une société ou la production est « automatisée », « mondialisée », « informationnalisée » montre à quel point il y a antagonisme, dissymétrie dans le temps, productrice d’une déhiscence possible d’une société basée sur un « vivre en commun » généralisé et diversifié.

Finalement, il me semble que l’athéisme militant grossier, c’est un refus d’investir un terrain essentiel, celui d’une pensée en mouvement, parce qu’on se sent encore prisonnier d’une pensée « obsolète », on se sent incapable de la dépasser sinon en la niant, ce qui n’est pas un dépassement. On est prisonnier des limites de cette pensée parce qu’elle est prisonnière d’un moment historique. Il n’est donc pas étonnant que le principe espérance et la « conceptualisation rationnelle » de l’avenir soit en panne et échappe en plus grande partie à l’athéisme militant ; Et que paradoxalement, une utopie positive, existe par contre dans la « pensée mythique ».

Ernst Bloch, philosophe marxiste, écrivait que « seul un chrétien peut être vraiment athée ». C’est à méditer sous une multitude d’angles. Il y a là tout un univers où, a la fois, le christianisme reste présent, l’athéisme reste présent et la pensée nouvelle, libérée, est en gestation, peut-être à déhiscence.

Le « test de la persistance du patriarcat dans l’activité humaine », de la division sexiste du travail et des activités humaine est un « test de grossesse » pour les naissances à venir

p 97  J’ai tendance à accoupler les manuscrits de 1844 de Marx avec le Mythe de Sisyphe de Camus. L’un donne une vision anthropologique de l’espèce et du spécimen humain la plus claire qui soit dans l’histoire de la pensée, l’autre trouve un principe vital dans l’absurdité de naître sous forme d’espèce pensante, ayant un cortex qui lui permet d’avoir conscience de son existence et en connaissant l’impossibilité de savoir.

Mais l’un est dans l’autre. Ce qui les différencie, c’est que l’un souligne un aspect de l’humain plus que l’autre et vice-versa.

Marx a « réglé » la question de l’absurdité, il est presque entièrement tendu vers la recherche de la solution sociétale qui permet à l’humain d’exister et d’assurer sa permanence relative. Permanence par la création, la production d’objets « touchables » et intellectuels.

L’autre provoque l’instinct de survie et de vie en s’enracinant dans le plus profond de ce que l’expérience humaine a crée de rapports mutuels moraux qui animent l’espèce.

Dans un certain sens, le communiste fait plus appel à l’individu et le moraliste à la communauté. Contradictions fécondes !

Ils sont pourtant totalement reliés l’un à l’autre. Par leur besoin d’espoir et leur besoin d’amour. L’on …

p.113 Anna Strunsky et Jack London avaient imaginé une correspondance entre un père adoptif littéraire et idéaliste et un fils adopté scientifique et mécaniste ; correspondance échangée entre l’Angleterre et les Etats-Unis, du « vieux monde » au « nouveau » à l’occasion du projet de mariage du fils et de sa rencontre d’une jeune femme. Cela a donné le roman épistolaire « De l’amour et rien d’autre », dialogue à distance sur l’amour, qu’est-il, que peut-il ? Peut-être serait-il temps de le renouveler après près d’un siècle d’accumulation de connaissances nouvelles.

p.115 Stefan Zweig et Walter Benjamin, (grands écrivains autrichien et allemand de langue allemande d’origine juive, anti-nazi, d’inspiration socialiste au sens communiste démocrate et philosophes) dont on ne peut mettre en doute la volonté d’une autre construction sociale s’opposant au capitalisme y ont répondu, in fine, par le suicide, et d’autres encore. Les circonstances de ces suicides avaient pour toile de fond la victoire momentanée d’Hitler. Ont peut imaginer que l’emprise apparemment victorieuse du néo-libéralisme sur le monde, et la morgue de ses animateurs puissent créer un climat analogue, malgré les succès relativement larges mais minoritaires de l’anti-libéralisme et de l’alter-mondialisme. Par exemple, le résultat du référendum du 29 mai 2005 en France contenant un rejet des effets du libéralisme mais pas une construction d’un autre projet, tout en étant gros d’une telle construction.

La réaction que peut engendrer une situation d’échec dans la masse de la population, nous ne la connaissons pas. Mais nous savons qu’il nous est possible d’avoir notre propre action, notre propre foi en des possibilités (optimisme de la volonté dirait Gramsci) humaine et d’agir en conséquence.

Reste que toute possibilité ne peut être mise en oeuvre sans savoir, sans connaissance relative de la réalité de cette espèce humaine. Le christianisme primitif (dont le christianisme actuel, sauf exceptions individuelles est bien éloigné) répondait à la question

p.126 On a jeté aux orties l’héritage communiste global. Cela fait penser, mais à l’envers, au « globalement positif » du PCF des années 1970 par rapports à son analyse des « pays de l’Est ». Ces précautions prises, voilà mon interrogation : Le monde est aujourd’hui organisé par un système de« centralisme démocratique ». Je m’explique. Le système soviétique prétendait, et les partis communistes du monde entier de même, qu’une société large ne peut s’administrer que par l’aboutissement de la multitude des micro activités et des micro décisions, à des organismes de directioncentrale en assurant leur cohérence. Ils appelaient cela le centralisme démocratique. Ce centralisme n’avait rien de démocratique dans ces société et pays dits communistes, au point que des partis communistes tels...

p.132 Pierre Assante, Jeudi 22 décembre 2005


Re: par Pierre Assante le Jeudi 01/07/2010 à 08:02

Merci pour ces commentaires, articles et musique.
Dommage qu'un tel échange se fasse dans la pénombre involontaire de l'internet.
C'est pourquoi j'ai eu du mal à y répondre.
Limites et anomymat des réseaux de communication, même dans la générosité....



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