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Les ambiguïtés de la république

Réponse à Pierre Delvaux

Par Denis Collin • Débat • Mercredi 30/12/2009 • 7 commentaires  • Lu 3335 fois • Version imprimable


Pierre Delvaux a ouvert sur notre site un débat important et qui mérite d’être poursuivi. Beaucoup de questions différentes sont abordées qui nécessiteraient que l’on entre dans les détails de chacune d’elles. Disons tout d’abord que la démarche adoptée par Pierre Delvaux me semble la bonne : partir des besoins du peuple, dans sa grande masse et non de clivages politiques très largement dépassés comme le clivage droite/gauche. À partir de là, chercher la voie du rassemblement le plus large – le PCF jadis utilisait la formule de « l’union du peuple de France », une formule qui, à la réflexion, me semble plutôt bonne et permettrait de contrer efficacement les manoeuvres glauques qui se trament autour de la prétendue « identité nationale ». Je voudrais néanmoins soulever deux points sur lesquels il y a à se creuser un peu les méninges.

 

Premier point : la république. Pierre Delvaux se prononce pour « gouvernement de restauration de l’unité républicaine ». J’avoue ne pas très bien saisir ce que pourrait être un gouvernement de restauration de l’unité républicaine. S’il s’agit de revenir sur toutes ces lois qui font que la loi n’est plus la même pour tous, il va de soi qu’on ne peut être que pour « l’unité républicaine ». Mais autrement je ne vois pas beaucoup de sens à cette formule. Car nous sommes confrontés à une question décisive : le lexique républicain est redevenu dominant dans le discours politique, mais le plus souvent il ne s’agit que d’un habillage de « la loi et l’ordre », c’est-à-dire le retour en force de l’autoritarisme bonapartiste paré des couleurs de la république. Un exemple : la société SFR (un de ces parasites qui vivent de la destruction du service public des télécommunications) attaque le syndicat SUD en mettant en cause sa représentativité au motif que SUD « ne reconnaît pas les valeurs républicaines » car SUD prône « la négation de l’employeur et de la liberté d’entreprendre» ! Or SFR fonde sa plainte contre le syndicat sur la loi de 2008 qui modifie les critères de représentativité. Les règles de représentativité syndicale doivent en effet respecter plusieurs critères dont le premier (loi du 30 août 2008) est désormais « le respect des valeurs républicaines ». Cette loi, résultat d’un accord entre Sarkozy, Thibault et Chérèque, n’a pas d’autre but que de liquider tous les syndicats qui ne voudraient pas systématiquement servir la soupe au pouvoir... On a déjà vu la mise en œuvre de ces principes à l‘éducation nationale : le ministre ne voulait recevoir que les syndicats signataires d’un préaccord sur le « constat partagé ». Autrement dit, les bons syndicats, vraiment républicains, sont ceux qui partagent les vues du pouvoir.

Bref dès qu’on avance un peu, on s’aperçoit que « la république », ça veut dire beaucoup de choses plutôt contradictoires. Pour les « républicains »  de droite, du centre et pour une bonne partie de ceux du PS, la république inclut la libre entreprise et la propriété capitaliste. Mais pour les républicains de Force Ouvrière, par exemple, elle inclut « l’abolition du salariat et du patronat » qui figure dans la Charte d’Amiens qui reste le texte fondateur de cette confédération... Comment faire l’unité républicaine de ceux qui sont pour la libre entreprise et de ceux qui sont pour l’abolition du salariat et du patronat ?

On pourrait évoquer le précédent du Conseil National de la Résistance, où droite et gauche se sont entendues sur un programme républicain social. Mais c’était précisément une époque où même une partie de la droite (les gaullistes, les démocrates chrétiens) était convaincue que la restauration du pays nécessitait que soient portés des coups à la propriété capitaliste et que soit instauré un État social. C’est pourquoi d’ailleurs l’article I de la constitution française affirme encore que la république française est laïque, démocratique et sociale.

Donc si restauration de l’unité républicaine il y a, celle-ci doit être laïque, démocratique et sociale ! On ne peut, cependant, se contenter de ces formules. J’ai eu l’occasion de montrer, dans Revive la République (A. Colin, 2005), comment on pouvait faire le lien entre républicanisme et revendications sociales. Dans cet ouvrage je me proposais de « définir ce que nous pourrions appeler – en dépit des risques de confusion avec les querelles politiques en cours et des appellations historiques contrôlées – un nouveau consensus que l'on pourrait appeler radical-socialiste. Ses bases seraient celles d’un accord entre le républicanisme et le socialisme, un républicanisme reformulé à partir de l’expérience du siècle écoulé et des acquis de la philosophie politique – pensons en particulier au libéralisme politique de Rawls ou au républicanisme de Skinner et Pettit – et un socialisme raisonnable capable de tirer les leçons d’une histoire douloureuse, dans laquelle le bilan reste encore à faire, tant est-il qu’on a souvent jeté le bébé avec l’eau sale du bain. » Je ne peux que renvoyer aux propositions détaillées que j’avais faites dans cet ouvrage en vue de donner un contenu concret a cet accord républicaniste/socialiste.

Il ne s’agit pas de faire de « l’expropriation des expropriateurs » la condition d’un accord politique. Mais il me semble difficile de garantir les conditions de vie des « foyers français » sans mettre un grand coup sur la tête de la « liberté d’entreprendre ». Tu dis qu’il faut un vrai travail et un vrai salaire pour tous. C’est excellent. Mais cela suppose qu’on mette un coup d’arrêt aux délocalisations et qu’on protège le marché intérieur par des barrières douanières ou autres, toutes choses qui se heurtent violemment aux intérêts des « républicains » partisans de la libre entreprise. Et on peut continuer ainsi dans tous les domaines.

Donc, il faut garder en tête l’idée que la seule vraie république est  ! C’est d’ailleurs l’intitulé de notre site et ce n’est pas par hasard. Et donc lié les revendications sociales concernant les salaires et les droits sociaux aux revendications républicaines. S’il y a un espoir de régénérescence républicaine dans ce pays, c’est des luttes sociales qu’il viendra et pas d’un accord entre partis.

Deuxième point : l’Europe. Pierre Delvaux affirme qu’il faut une rupture franche : « Il m’apparaît indispensable d’en finir totalement avec l’U.E. pour faire le pas historique de progrès auquel nous aspirons. Non seulement je crois que rien n’est à sauver de cet ensemble mais je crois aussi que toute persistance institutionnelle d’une de ses parties constituerait un obstacle à la mise en œuvre d’une véritable alternative. » Mais il ajoute, un peu plus loin : « il me paraît tout aussi évident que la rupture avec ce système ne se décrète pas dans son entièreté du jour au lendemain, surtout si, au départ, elle n’est le fait que d’un seul pays. Par parenthèse théorique, la philosophie qui en découle est que pour parvenir à un objectif révolutionnaire de fait par rapport au présent, la meilleure méthode est celle de la réforme, celle de l’exercice gouvernemental. » Moi aussi, je me suis souvent défini comme un réformiste en matière européenne et donc j’adhère assez volontiers à la deuxième partie des propositions de Pierre Delvaux. Mais du coup, je ne vois plus bien ce que signifier la première, pratiquement. Pierre Delvaux n’est pas d’accord avec Andréani en théorie mais en pratique il se peut qu’il ne dise quelque chose de différents des propositions d’Andréani.

Il me semble cependant nécessaire de fait l’état exact de la situation – l’analyse concrète de la situation concrète – faute de quoi nous pourrions bien nous retrouver avec des formules creuses demain. Par exemple, nous pouvons discuter à perte de vue pour savoir si on pourrait faire de l’euro une bonne chose ou si, au contraire, c’était un projet irrémédiablement mauvais. Chevènement, avant l’entrée dans l’euro, s’était prononcé pour une monnaie commune et contre une monnaie unique. J’avais fait campagne avec le MDC et le PCF à l’époque sur ce thème, et je crois que cela reste une bonne idée, même si le fait d’avoir deux monnaies en cours en même temps nous semble étrange, il faut rappeler que c’est la situation de beaucoup de pays et qu’historiquement ce genre d’arrangements dans la gestion de la monnaie a longtemps prévalu. Mais il est bien possible – tout dépendra de la situation économique – que cette question soit tranchée par l’histoire, par exemple si la Grèce était contrainte de sortir de la zone euro, auquel cas nous pourrions bien en venir à un double système, des monnaies nationales et une monnaie commune, le cours des monnaies nationales en euro étant révisable en cas de nécessité.

En ce qui concerne les questions plus générales, nous avons pu voir, et je l’ai souligné dans quelques articles, combien l’évolution de l’UE était aujourd’hui très chaotique. Derrière les grandes déclarations, chaque gouvernement joue son propre jeu. Plus que jamais les Allemands jouent « perso » et sont décidés à sauver leur place comme pays exportateur en faisant payer la note par leurs partenaires. Sarkozy n’est pas le dernier dans ce chacun pour soi – et on a vu comment l’Europe s’est trouvée aux abonnés absents à Copenhague. Berlusconi joue lui aussi sa propre carte – car il n’est pas seulement le clown qu’on nous présente complaisamment dans les médias français. Et ainsi de suite. L'Union Européenne ne fonctionne réellement que tant que les gouvernements sont d’accord. En cas de désaccord, elle n’existe plus et ses règlements se révèlent des chiffons de papier. On avait gravé dans le marbre maastrichtien la limitation des déficits publics à 3% et tout cela a volé en éclat dans les premières semaines de la crise. Il me semble que le problème principal n’est pas de mettre en cause le carcan de l’UE mais la soumission volontaire de notre gouvernement à des règles européennes qui n’existent que parce que NOTRE gouvernement les demande. En bon vieux léniniste – si j’ose dire ! – je m’en tiens au principe: « l’ennemi est dans notre pays ». L’ennemi principal n’est pas à Bruxelles mais à Paris. Bruxelles n’est qu’un épouvantail agité par les gouvernements français, allemands, anglais, etc., pour justifier la politique qu’ils mènent en toute conscience parce que c’est leur propre politique. La privatisation des services publics, c’est le gouvernement français qui en est le responsable, pas Bruxelles. La privatisation des autoroutes, celle de l’énergie, et l’entrée des mutuelles dans le système de la concurrence, c’est notre gouvernement qui en est responsable, et, en l’occurrence c’est le gouvernement de Jospin dans lequel siégeaient des ministres PCF et Mélenchon !

Nous sommes toujours aussi souverains d’avant les traités européens – car les traités eux-mêmes sont un acte de souveraineté. Le problème, c’est que le représentant du peuple souverain utilise le mandat qui lui a été confié pour asservir le peuple. Rêvons quelques minutes – comme c’est bientôt la nouvelle année, c’est le moment adéquat. Supposons qu’un gouvernement vraiment républicain et social arrive au pouvoir le 1er janvier 2010 au matin. Ce gouvernement pourrait immédiatement arrêter le processus de privatisation de la poste sans que Bruxelles, ni Merkel, ni Brown puissent y trouver à redire. Il ne serait nullement nécessaire de dire « nous dénonçons immédiatement le traité de Maastricht ». Il suffirait de dire: « nous gardons la poste comme service public et d’ailleurs nous reconstituons une ministère des PTT » et personne ne nous enverrait de troupes pour nous faire obéir aux « diktats » de Bruxelles. De même nous pourrions dire très simplement à nos amis européens : « soit on rétablit un tarif européen unique pour protéger l’Europe de la concurrence déloyale de la Chine, par exemple, et ce n’est que l’application d’une règle européenne, soit nous allons le faire nous-mêmes. À vous de choisir ! » Cela ouvrirait une crise. Mais l’Allemagne, dont le premier partenaire est la France, changerait assez vite de ton si elle avait en face d’elle un gouvernement décidé à mettre fin au double jeu de Mme Merkel, européiste enragée sur le dos des autres européens.

Donc, tout bien pesé, il me semble que le problème n’est pas l’UE en tant que telle, car elle n’est qu’un colosse de papier doté d’un budget ridicule dont la plus grande part va à l’agriculture – ce que les Anglais qui ont exterminé depuis longtemps leurs propres paysans lui reprochent assez. Le problème, c’est le gouvernement, et pour chaque pays d’Europe, c’est son gouvernement. Le président de l’UE, un personnage sans la moindre importance et dont tout le monde ignore le nom n’est qu’un fantoche. Sarkozy et Merkel incarnent des pouvoirs réels. Il me semble donc préférable de concentrer les objectifs politiques là et même des citoyens qui espèrent « une autre Europe » pourraient s’accorder avec le « souverainistes » sur les objectifs politiques nationaux et le type de relation avec les autres pays européens que nous proposons.

DC. 30/12/2009

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Commentaires

par Pierre Delvaux le Mercredi 30/12/2009 à 18:42

Merci Denis pour cette riche réponse qui nous permet d'avancer.
D'abord sur l'objectif politique que nous pourrions partager. Ce que j'essaie de développer depuis quelque temps c'est que face au degré de destruction de la politique sarkozienne, l'urgence est d'enrayer ce processus pour, au minimum, revenir aux grands équilibres des trente glorieuses (toute comparaison gardée dans un contexte historique très différent...). Il ne s'agit donc pas de poser les bases de ce que tu appelles "radical-socialisme" (à quoi je crois pouvoir adhérer). Mon ambition du moment est plus modeste. Elle ne remet pas en cause la liberté d'entreprendre mais son omnipotence ("la concurrence libre et non faussée"). Sur cette base, je crois qu'il est possible de s'allier avec des républicains du centre et même de droite. Face aux ravages de la mondialisation dans leurs circonscriptions, beaucoup ont été amenés à revoir leurs positions libérales traditionnelles. Cela nous relie à la question européenne car, là aussi, la crise économique a ébranlé beaucoup de certitudes européistes. Elle a relancé de manière spectaculaire les tiraillements entre Etats, décomplexant beaucoup d'élus par rapport à la machinerie supranationale. Ma position là-dessus par rapport à celle de l'ami Andreani n'est pas contradictoire mais différente dans sa conclusion. Nous nous accordons sur un recouvrement de souveraineté progressif par une succession de réformes mais il semble demeurer attaché à une union européenne et, dans ce sens, vouloir conserver des lambeaux de celle-ci. Je suis, pour ma part, partisan d'une totale remise à plat en Europe à l'issue de cette série de réformes. Pour des raisons qui m'échappent un peu, tu sembles toi aussi chagriné par l'idée de voir s'éteindre totalement cette union européenne et je ne vois pas pourquoi on n'attaquerait pas de front Sarkozy et les institutions européennes. S'il est incontestable que le premier fait lui-même le choix de soumettre la France aux injonctions des deuxièmes (avec, certes, quelques bémols), il me semble primordial de dénoncer le caractère antidémocratique et l'omnipotence de la BCE et de la Commission Européenne. L'U.E. est le dieu sacré au nom duquel Sarkozy et Merkel mènent leur politique. Il n'est pas anodin qu'on demande ainsi aux peuples de se soumettre à une identité immanente ! Par ailleurs, sauf à en rester sur un plan purement juridique,on ne peut pas raisonnablement dire comme tu le fais que les traités eux-mêmes sont un acte de souveraineté vu comment on nous les a fait avaler ! Après cette forfaiture qui est restée en travers de la gorge de l'immense majorité de nos concitoyens, tous comprennent très bien que la remise en cause de leurs droits fondamentaux provient de la politique de Sarkozy qui s'inscrit elle-même dans celle de l'Union Européenne. Sarkozy est l'exécuteur d'un projet politique antidémocratique et antisocial. On ne peut combattre l'exécuteur sans s'opposer à ses inspirateurs. C'est ce qui se passe actuellement en Iran.
Parce que je suis sûr que cette vision est majoritairement partagée dans le pays, je crois à la possibilité de mettre en échec Sarkozy par une alliance républicaine comme on en a déjà vu dans notre histoire. Pas pour réaliser le socialisme mais pour vivre mieux et plus libres.


Quelles forces pour la république et contre l'UE? par c_berthier le Mercredi 30/12/2009 à 19:06

1- Sur la République:
Nous sommes assez d'accord ici sur le type de république que nous souhaitons. Encore faut il qu'il y aient les forces puissantes pour renverser le cours des choses et faire reculer l'oligarchie financière et toutes les forces "de droite", comme on le dit, mais aussi celles d'outre-atlantique qui font pression pour instituer l'asservissement des nations d'Europe.
Ces forces puissantes ne bougeront et ne bougeront fort et jusqu'au bout que si elles sont persuadées que c'est pour leur défense, leur survie et l'instauration d'une société meilleure par elles et pour elles. Aujourd'hui, la république ne peut plus être que sociale parce que pour le peuple et par lui-même...donc pour en satisfaire doléances et revendications.
Voilà pour le programme. Restent la mobilisation, son organisation, la direction du combat contre les forces de l'ancienne république. Et là, il faut réfléchir un peu, car après tant de flux et de reflux militants, le peuple ne va suivre personne les yeux fermés et sur de belles paroles: On a déjà donné!
2 - Sur l'Europe:
Non, L'UE n'est pas "un colosse de papier doté d’un budget ridicule". 
D'une part elle résulte de la volonté constante des USA et de la surveillance de l'OTAN. De l'autre, il est impossible d'ignorer les 6000 entreprises et 25 000 agents d'influence en contacts étroits avec les fonctionnaires et élus européens à Bruxelles, au Luxembourg et dans tous les pays d'Europe et d'ailleurs. Enfin, elle dispose d'un état major financier et politique et d'une machine de guerre juridique sophistiquée contre les "états de droit", c'est à dire contre le droit public et la volonté politique des assemblées élues des états membres.
En ce sens, l'UE est plus l'Europe des royautés et des sujets que celle des républiques et des citoyens
Ce qui placent les républicains et les laiques dans le coeur de cible des fusils de l'Union.
Il n'y a aujourd'hui aucune ambiguité dans le combat pour la République sur le terrain social.
Et aucune morale dans une ambiguité de ce genre.


par gilles le Mercredi 30/12/2009 à 22:10

À cette analyse, dont je partage de nombreux points sur la nocivité de la construction européenne et la nécessité d'en sortir, je voudrais commenter le rêve évoqué à la fin de cette contribution de Denis Collin. L'Union Européenne ayant maintenant la personnalité juridique depuis la mise en route du Traité de Lisbonne, notre souveraineté nationale en a pris un coup. D'autre part, il serait juste d'ajouter que les amendes infligées par la Commission européenne se mettraient à pleuvoir dans le cas où cette politique de " désobéissance européenne " se mettrait en place. Ceci parce que les politiques inscrites dans les traités d'interdiction des aides d'État à la Poste et d'ouverture à la concurrence des services postaux serait bafouées. Donc, la question de la sortie se poserait de manière plus rapide que ce que pense l'auteur de cet article. Sans compter que La Commission, toujours elle, finance les partis politiques orthodoxes afin de parer à toute éventualité.

Voir ici … http://europa.eu/legislation_summaries/institutional_affairs/institutions_bodies_and_agencies/l33315_fr.htm

Où l'on voit qu'une sortie sur la base de l'article 49 A du Traité de Lisbonne est la solution :

Article 49 A

1. Tout Etat membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l’Union.

2. L’Etat membre qui décide de se retirer notifie son intention au Conseil européen. A la lumière des orientations du Conseil européen, l’Union négocie et conclut avec cet Etat un accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l’Union. Cet accord est négocié conformément à l’article 188N , paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Il est conclu au nom de l’Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen.

3. Les traités cessent d’être applicables à l’Etat concerné à partir de la date d’entrée en vigueur de l’accord de retrait ou, à défaut, deux ans après la notification visée au paragraphe 2, sauf si le Conseil européen, en accord avec l’Etat membre concerné, décide à l’unanimité de proroger ce délai.

4. Aux fins des paragraphes 2 et 3, le membre du Conseil européen et du Conseil représentant l’Etat membre qui se retire ne participe ni aux délibérations ni aux décisions du Conseil européen et du Conseil qui le concernent.
La majorité qualifiée se définit conformément à l’article 205 , paragraphe 3, point b), du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.

5. Si l’Etat qui s’est retiré de l’Union demande à adhérer à nouveau, sa demande est soumise à la procédure visée à l’article 49 .

Cet article 49 A est d’une importance essentielle.

D’une part parce qu’il constitue la preuve irréfutable que l’on peut sortir de la construction européenne. Si le fait était impossible, comme l’assurent les européistes de toute obédience pour empêcher tout débat, pourquoi aurait-il été prévu ? Les apprentis dictateurs de l’européisme n’ont rien à répondre à cette évidence.

D’autre part parce que cet article 49-A donne la marche à suivre : l’Etat qui veut quitter l’Union européenne doit tout bonnement notifier sa décision à ses partenaires et tenter de négocier avec eux un accord de retrait. Lequel retrait est de toute façon prononcé au bout de deux ans si cet accord de retrait n’a pas pu être conclu plus rapidement.

À mon avis, la mise en oeuvre du retrait de l'UE ( et l'incitation à ce que d'autres pays sortent de l'UE ) sur le fondement de cet article est la base du programme d'un gouvernement vraiment républicain et social.

Merci de votre attention.



Citation du passage de Denis Collin : « Nous sommes toujours aussi souverains d’avant les traités européens – car les traités eux-mêmes sont un acte de souveraineté. Le problème, c’est que le représentant du peuple souverain utilise le mandat qui lui a été confié pour asservir le peuple. Rêvons quelques minutes – comme c’est bientôt la nouvelle année, c’est le moment adéquat. Supposons qu’un gouvernement vraiment républicain et social arrive au pouvoir le 1er janvier 2010 au matin. 

Ce gouvernement pourrait immédiatement arrêter le processus de privatisation de la poste sans que Bruxelles, ni Merkel, ni Brown puissent y trouver à redire. Il ne serait nullement nécessaire de dire « nous dénonçons immédiatement le traité de Maastricht ». Il suffirait de dire: « nous gardons la poste comme service public et d’ailleurs nous reconstituons une ministère des PTT » et personne ne nous enverrait de troupes pour nous faire obéir aux « diktats » de Bruxelles. »



 


Re: par fxb1 le Jeudi 31/12/2009 à 15:59

D'un point de vue peut-être plus immédiat et tactique, la mise au centre de la thématique de la République (chapeau bas à Chevènement qui comprit l'intérêt de la réintroduire dans le débat politique en 1984) peut être comprise soit d'un point de vue défensif, soit d'un point de vue offensif (dans ce dernier cas l'accent peut être encore plus mis sur la République SOCIALE).
Dans un cadre défensif, devant un danger imminent, les notions de gauche et droite perdent de leur force (c'était le cas en 1941 quand il fallait combatttre contre une occupation militaire étrangère; c'est ausi le cas depuis l'européisme et ses traités successifs-de Maastricht à Lisbonne).
Une question à résoudre est celle de savoir si Sarkozy, tout en n'étant pas fasciste, est déjà hors de la République-ce qu'écrivent Todd et Portelli, où s'il n'est en fait qu'1 chiraquien (ou giscardien) inculte et aux manières grossières.

Si Sarkozy est vraiment dangereux et incarne une vraie rupture avec les gouvernements libéraux de droite précédents, alors peut se trouver posée la question d'une action voire d'un programme minimum commun de la gauche avec des gens comme Villepin ou Bayrou, ce qui n'empêche pas d'être plus offensif contre le libéralisme et pour le socialisme, la république sociale si le rapport de forces le permet et sans demander leur avis aux forces bourgeoises.
Si ce que certains dirigeants du PS disent de Besson est vrai et qu'ils le pensent vraiment alors on ne devrait pas être loin d'un Front Républicain.
Mais sans doute Todd et Portelli, ainsi que pas mal de ceux qui disaient "Sarko facho" vont ils trop loin, et la nature de l'Etat français n'a pas changé en 2007-2008. Reste la question de Lisbonne, de l'OTAN et de ce que ça signifie, et aussi ce que peut signifier sur le fond l'opposition à la société du 10 décembre de gens comme Villepin, Bayrou, NDA.


Re: par Pierre Delvaux le Vendredi 01/01/2010 à 13:24

Nicolas Sarkozy n'est certes pas un fasciste mais en détruisant les structures républicaines de la France (tout ce qui constitue les grands équilibres du pays dans ses services publics, ses lois sociales, ses contre-pouvoirs administratifs et sociaux, etc...) il fait éclater la cohésion du pays. Et nous savons tous que les nations qui ont perdu leur cohésion sont précipitées dans des crises qui peuvent déboucher sur le pire. C'est la perspective de ce danger qui m'amène à appeler effectivement à la constitution d'un front républicain pour enrayer cette spirale infernale qui n'est pas imputable seulement à Nicolas Sarkozy, loin s'en faut. Depuis 1983, la France ne cesse de prendre des coups de par des choix politiques obéissant à une "gouvernance mondiale" qui n'est rien d'autre que le talon de fer du capitalisme. Aujourd'hui, le pays est K.O. Nous ne pouvons pas nous autoriser le luxe d'attendre d'avoir trouvé la recette magique du socialisme réalisé pour agir. L'urgence est de remettre la France sur pied, de la laisser souffler grâce à une politique peut-être pas révolutionnaire mais sauvegardant les grands équilibres économiques et sociaux, une politique acceptable par les principaux courants. Et si cela doit prendre la forme d'une politique néo-gaulienne et bien ce sera déjà beaucoup mieux que ce que nous connaissons aujourd'hui. Alors, oui. S'il faut pour cela s'allier à Bayrou, NDA et même Villepin, il est clair pour moi qu'il n'y a pas à hésiter. Cela ne nous empêchera en rien de continuer à rechercher les moyens d'en finir avec le capitalisme. Soyons des utopistes réalistes.


par regis le Vendredi 01/01/2010 à 02:38

Complètement d’accord avec «lier les revendications sociales concernant les salaires et les droits sociaux aux revendications républicaines. S’il y a un espoir de régénérescence républicaine dans ce pays, c’est des luttes sociales qu’il viendra et pas d’un accord entre partis. »,que pour ma part, je commentais les propos de Pierre Delvaux par : il faut lier revendications sociales et démocratiques. En écrivant cela, je sens bien que je tire des plans sur la comète… ce qui me semble clair à ce stade. Encore faudrait il faire une large publicité sur ce qu’il se trame dans le C.O.R., où siègent obstinément de prétendus opposants politiques et syndicaux pour nous préparer d’évidence de nouveaux mauvais coups à nos retraites. A ce point, qui peut prétendre qu’il ne s’agit pas de complicité ?

Concernant le problème de l’euro que j’avais évoqué, je ne conçois pas une dualité monétaire avec un objectif absolu de combattre l’inflation pour la B.C.E.

Plus généralement, s’il est vrai que l’U.E. « avance » beaucoup à l’aide de conseil des ministres ou de réunions de chefs d’états et de gouvernements concernés, il y a, à chaque fois, un effet de cliquet empêchant le retour en arrière, du moins tant qu’on accepte cette structure.

L’U.E. est bien évidement, une structure commode pour exonérer les gouvernants mais en retour, les engagements pris ont force contraignante, elle n’est pas neutre.

Par ailleurs, il me semble qu’un mouvement social liant les revendications sociales et politiques ne se poserait pas nécessairement à priori le problème de l’U.E. mais dans un mouvement de reconquête de la démocratie et des droits sociaux s’opposerait naturellement à cette « Europe ».        


A suivre... par Peretz le Dimanche 03/01/2010 à 14:12

Si j'approuve la parfaite lucidité des commentaires précédents, si je crois en effet que le problème de notre souveraineté dans l'U.E. pourrait être résolu (en partie ?) un jour à l'aide de l'article 49 A, je crois qu'il faudrait avant tout changer notre propre modèle républicain, en commençant par réviser profondément notre constitution. En faire un régime réellement démocratique permettrait de retrouver une cohésion nationale confisquée par les dernières oligarchies. Si j’osais, je dirais que la souveraineté monarchique britannique, qui a refusé l’Euro, et traîne les pieds dans l’U.E. est plus "républicaine" que notre République. Ce qui semble confirmé par Denis Colin. Par ailleurs, non seulement il faudrait effectivement avoir de nouveau la main sur le franc, mais, pour sortir des griffes de la finance internationale, une troisième monnaie serait la bien-venue...et par seulement pour la France.



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